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Des accidents nucléaires partout

France : Chooz : Protection anti-acide décollée et béton attaqué

Un problème récurrent depuis des années




29 novembre 2021


L’acide utilisé pour traiter l’eau de refroidissement de la centrale nucléaire de Chooz (Grand Est) a fortement attaqué le revêtement de protection. Au point d’aller ronger le béton sous-jacent qui fait office de barrière avec l’environnement. Le problème est récurrent depuis 2019 sur le site, mais EDF ne semble pas savoir comment le traiter.


Pour traiter l’eau qui va refroidir une partie de ses centrales nucléaires, EDF utilise de l’acide sulfurique, de l’eau de javel et de l’ammoniaque. Le but est de limiter le développement du tartre et des agents pathogènes type amibes ou légionelles qui adorent les milieux humides et chauds. Mais le réservoir du système de traitement chimique des 2 réacteurs de Chooz est mis à mal par ces produits. Au point que le carrelage anti-acide a été retrouvé décollé. Les substances ont même attaqué le béton qui est en dessous. Les réservoirs des produits dangereux et les rétentions dans lesquelles ils sont doivent pourtant être étanches. En tant que barrière ultime avec l’environnement, l’industriel se doit de surveiller leur état et de les entretenir correctement. C’est le seul moyen pour EDF d’éviter que l’acide et les autres produits qu’il utilise ne se répandent dans l’environnement.

Ces problèmes sont récurrents depuis 2019 à la centrale nucléaire de Chooz, le même phénomène ayant été constaté à plusieurs reprises. EDF n’en dit pas plus. EDF était donc averti. Mais pour autant, l’industriel n’ apas mis en place une surveillance suffisamment rapprochée. Sinon, comment expliquer que la rétention soit dans un état de dégradation si avancée ?

On ne sait pas bien quand la dégradation a été constatée par l’exploitant. Ce que l’on sait, c’est que le 26 octobre, le service Chimie de la centrale a demandé une intervention de maintenance pour remettre la protection anti-acide en état. C’est lors de cette intervention, 10 jours plus tard, qu’il est découvert que le béton sous le carrelage est lui aussi attaqué. Et c’est encore plus tard, 3 semaines plus tard, le 25 novembre, que l’industriel déclarera les faits comme significatifs pour l’environnement aux autorités.

D’après les constats de l’exploitant, le réservoir reste étanche, il y a encore suffisamment de béton pour éviter que les produits chimiques de ces eaux de refroidissement n’aillent polluer l’environnement. Mais EDF va devoir se pencher sur les causes de ces dégradations répétées. La qualité des réparations effectuées depuis 2019 qui laisserait à désirer ? Une surveillance pas assez rapprochée ? Des revêtements dont les propriétés physiques ne sont pas adaptées au caractère corrosif des produits utilisés ? Quoiqu’il en soit, l’industriel est tenu par la loi de tout faire pour garantir que les produits qu’il utilise dans ses centrales n’aillent pas altérer l’environnement.
Étant donné que c’est seulement fin 2021 qu’EDF va analyser les causes de phénomènes qui répètent depuis 3 ans, vu le délai temporel avec lequel a été traité cet incident malgré son caractère significatif pour l’environnement, on peut supposer que la mise en œuvre de solutions pérennes à ces problèmes de corrosion des rétentions ne sera pas pour demain. Espérons que d’ici là, le béton suffira.

Ce que dit EDF :

Déclaration d’un événement significatif environnement relatif à la dégradation récurrente du revêtement d’une rétention d’eau

Evénement environnement

Publié le 29/11/2021

Le 26 octobre 2021, les équipes du laboratoire Environnement de la centrale de Chooz réalisent une demande d’intervention après avoir constaté la dégradation du revêtement d’une rétention d’eau sur le circuit tertiaire des deux unités de production. Ce système assure notamment le traitement chimique de l’eau de circulation et d’appoint pour éviter l’entartrage des tours aéroréfrigérantes, des condenseurs et des circuits associés.

Le 5 novembre 2021, les équipes du génie civil chargées de réaliser la réfection du revêtement constatent que le carrelage de protection anti-acide n’adhère plus au sol bétonné et que le béton présente également des dégradations. Au regard de l’épaisseur de béton restant pour assurer l’étanchéité de la rétention (30 à 60 cm), la protection de l’environnement n’a pas été remise en cause.

Cependant, le même phénomène ayant été constaté à plusieurs reprises depuis 2019, la direction de la centrale de Chooz a ouvert une analyse pour identifier les causes profondes de cette dégradation et a déclaré cet événement à l’Autorité de sûreté nucléaire comme significatif pour l’environnement le 25 novembre 2021.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-chooz/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-chooz/declaration-d-un-evenement-significatif-environnement-relatif-a-la-degradation-recurrente-du-revetement-d-une-retention-d-eau


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Chooz B

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