16 août 2024
La centrale nucléaire de Chinon (Centre - Val de Loire) comporte plusieurs anciens réacteurs, arrêtés depuis des années (Chinon A1, A2 et A3). Issus de la filière UNGG (fonctionnant à l’uranium naturel, au graphite et au gaz), leur démantèlement pose beaucoup de problèmes. EDF avance difficilement. Et a aussi du mal à appliquer les règles établies pour gérer les déchets qui sont encore produits par ces installations.
Crédit photo : André paris
Le réacteur A1 de Chinon n’a fonctionné que 10 ans, il a été arrêté en 1973. 50 ans après, EDF ne l’a toujours pas démantelé. Les travaux sont prévus pour durer jusqu’à 2060, presque 100 ans après qu’il ait cessé de fonctionner.
L’industriel a quand même commencé à évacuer une partie des équipements et un cap a été franchi lorsque l’ancienne salle des machines a été comblée début 2023 [1]. Mais il y a des infiltrations d’eau problématiques, car celles-ci sont possiblement contaminées chimiquement et radiologiquement. Il a fallu installer des puits pour les collecter et les envoyer vers des systèmes de traitement et de vérification. En somme, le réacteur A1 de Chinon produit encore des effluents, 50 ans après son arrêt. En plus des déchets produits par le chantier de démantèlement, évidemment.
Ces infiltrations sont censées être traitées comme les effluents liquides de tous les réacteurs nucléaires : c’est-à-dire rejetées dans le milieu naturel. La Loire en l’occurrence, pour Chinon. Mais avant ça, leur composition doit être analysée (caractérisation), et les limites définies des autorisations de rejet doivent être respectées (détermination des conditions de rejet). Ces effluents transitent donc par des réservoirs spécifiques. Le système est en place depuis juillet 2023, il a été prévu et autorisé, et il est réglementé : la gestion de ces effluents doit donc se faire conformément à cet ensemble de règles... Ce qui n’a pas été le cas.
EDF a mis plus d’une année à s’en apercevoir. C’est dire si l’industriel accorde de l’attention au règlement et à la gestion de ses effluents... Il y a bien eu "deux évènements", en décembre 2023 et au printemps 2024 - dont l’industriel ne dit rien - qui lui ont semble-t-il quand même mis la puce à l’oreille. Il a donc lancé des investigations (on ne sait pas quand) et a découvert que ces infiltrations n’allaient pas là où elles sont censées aller, mais dans un autre réservoir que celui prévu pour les recueillir.
Quelles ont été les conséquences ? Les réservoirs ont-ils été débordés par ce surplus d’effluents ? Rien n’est précisé par EDF dans son communiqué annonçant un évènement significatif pour l’environnement. Si ce n’est qu’il y a eu "un cumul du non-respect du cadre réglementaire de la gestion des effluents de Chinon A1". Plusieurs éléments du règlement n’ont donc pas été respectés par l’exploitant. Il précise toutefois que les effluents ont bien été analysés avant d’être rejetés dans la nature.
Le fait qu’EDF n’ai pas été capable d’appliquer correctement un système récent, établi pour gérer les effluents générés par son installation arrêtée depuis 50 ans, et qu’il lui ai fallu une année pour s’en apercevoir malgré deux "évènements" survenus entre-temps ne laisse rien présager de bon, ni pour la qualité de gestion du chantier de démantèlement, ni pour la qualité apportée à la protection de l’environnement.
L.B.
Déclaration d’un évènement significatif environnement suite au cumul du non-respect du cadre règlementaire de la collecte des eaux d’infiltration sur Chinon A1
16/08/2024
Événement environnement
Dans le cadre du programme de démantèlement de l’unité Chinon A1, des puisards de collecte ont été créés suite aux travaux de comblement de la salle des machines. Opérationnels depuis juillet 2023, ils permettent de collecter les eaux d’infiltration qui sont ensuite transférées vers des réservoirs dédiés au traitement des effluents liquides de CHINON A.
Après investigation des équipes, il est constaté, par deux évènements en décembre 2023 et entre mi-mars et mi-avril 2024, que les eaux d’infiltration collectées dans ces puisards n’ont pas été rejetées dans les réservoirs notifiés dans le cadre réglementaire mais dans d’autres réservoirs.
Cette situation n’a pas eu de conséquence réelle ni potentielle pour l’environnement car le processus de traitement des rejets a été respecté, il est identique entre les réservoirs utilisés : caractérisation, détermination des conditions de rejet, réalisation du rejet.
Cet évènement n’a pas eu d’impact réel sur la sûreté des installations ni sur l’environnement. En raison du cumul du non-respect du cadre réglementaire de gestion des effluents de Chinon A1, la direction de la centrale de Chinon a déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire un événement significatif environnement le 13 août 2024.
[1] Source : EDF, fiche de presse 2024