11 février 2022
C’est à la suite d’une série de contrôle imposée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en raison de trop nombreux incidents survenus dans l’installation en 2020 que la découverte a été faite : 7 échantillons de combustible nucléaire irradiés, normalement interdits en raison de leurs caractéristiques, ont été retrouvés dans un laboratoire du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Saclay (Île de France). Une petite découverte qui en dit long.
On ne sait ni depuis combien de temps ils étaient là, ni comment se fait-il qu’ils aient été acceptés dans le laboratoire, ni pourquoi ils n’ont pas été découverts plus tôt par le CEA. L’exploitant nucléaire ne communiquant pas ses déclarations d’incidents sur les sites internet de ses installations, aucune explication n’est fournie. Le communiqué de l’ASN ne donne pas non plus beaucoup de précisions. Le règlement fixant les conditions d’acceptation des combustibles irradiés dans ce laboratoire est en vigueur depuis près de 20 ans. Soit ce règlement n’est toujours pas connu, soit les contrôles du CEA ne sont pas assez poussés.
Quoiqu’il en soit, des échantillons de matière fissile on été acceptés et entreposés dans le laboratoire, alors qu’ils ne devaient pas y être admis. On ne sait ni de quelle type de matière fissile il s’agit, ni de la quantité impliquée. Mais les faits indiquent que l’exploitant ne sait pas exactement ce qu’il y a dans ses armoires. Or, lorsqu’une masse trop importante de matière fissile est rassemblée, une réaction nucléaire peut se déclencher toute seule : c’est le risque de criticité [1]
. Un risque que les exploitants nucléaires sont censés surveiller de très près. Manifestement, le CEA l’a oublié.
L.B.
Présence d’échantillons historiques de combustibles non autorisés par le référentiel
Publié le 11/02/2022
Laboratoire d’essais sur combustibles irradiés (LECI) Utilisation de substances radioactives - CEA
Le Laboratoire d’essais des combustibles irradiés (LECI), exploité par le CEA à Saclay, a pour mission essentielle l’expertise de matériaux irradiés provenant d’installations nucléaires diverses, en particulier de réacteurs de recherche. Les manipulations des matériaux irradiés expertisés sont réalisées par l’intermédiaire de bras articulés, dans des cellules blindées.
Dans le cadre d’une inspection menée en 2020 faisant suite à un événement significatif déclaré cette même année, l’ASN a demandé la vérification, par le CEA, du respect des prescriptions concernant les conditions de fonctionnement et les critères d’acceptabilité des combustibles irradiés dans l’INB n° 50.
Cette vérification, finalisée fin décembre 2021, a été menée sur six cellules blindées et deux armoires contenant de la matière fissile. Il est apparu que sept échantillons historiques entreposés dans la cellule K14 ne respectaient pas le référentiel en vigueur depuis 2003. Cependant, cette cellule est techniquement dimensionnée pour recevoir ces échantillons dans des quantités plus importantes que celles mises en jeu dans cet événement. Il n’y avait donc pas d’enjeu de sûreté immédiat.
Cet événement n’a pas eu d’incidence sur les installations, les personnes et l’environnement. Néanmoins, en raison de la détection tardive de l’événement et d’un contrôle défaillant vis-à-vis de la prévention du risque de criticité, il est classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
[1] Le risque de criticité est défini comme le risque de démarrage d’une réaction nucléaire en chaîne lorsqu’une masse de matière fissile trop importante est rassemblée au même endroit. Un milieu contenant un matériau nucléaire fissile devient critique lorsque le taux de production de neutrons (par les fissions de ce matériau) est exactement égal au taux de disparitions des neutrons (absorptions et fuites à l’extérieur). https://www.asn.fr/lexique/C/criticite