Une alarmante dégradation d’équipements de sûreté vitaux
Comme en attestent les documents reçus par le Journal de l’énergie, une très grande partie des moteurs diesels de secours qui équipent les centrales nucléaires présentaient un état extrêmement dégradé en 2014. Aucun ne présentait un état de fiabilité « correct » et pour 13% d’entre eux, selon les termes mêmes d’EDF, l’état de fiabilité était considéré comme « inacceptable » ! Parmi les centrales les plus touchées, tous les générateurs de secours de Paluel (Seine-Maritime) présentaient pendant plusieurs trimestres un état de fiabilité "inacceptable", ainsi qu’une partie de ceux de Flamanville (Manche) et de Gravelines (Nord). Au dernier trimestre 2014, les diesels du réacteur 1 de Fessenheim étaient également dans un état de fiabilité "inacceptable" [1]
Ce constat est grave : ce sont ces générateurs qui, en cas de défaut d’alimentation électrique (en cas d’accident, séisme, mise à mal du réseau électrique…) sont censés fournir le courant nécessaire pour, pendant 15 jours, assurer les fonctions vitales de la centrale, dont le refroidissement du combustible nucléaire. À Fukushima, ces diesels avaient étés noyés et la fusion du coeur s’en était suivie en quelques heures.
Le gouvernement doit cesser de cautionner le comportement irresponsable d’EDF !
Il apparaît dans ces documents que la dégradation de ces moteurs diesels résulte de nombreux facteurs : vieillissement et obsolescence accélérée - un fait sur lequel le Réseau "Sortir du nucléaire" avait déjà alerté en 2011 [2]- mais aussi erreurs humaines et maintenance insuffisante. Pour réduire son manque à gagner lié aux arrêts de réacteurs pour maintenance, EDF aurait donc fait des impasses sur l’entretien d’équipements de sûreté indispensables ?
Que penser des dispositifs post-Fukushima tant vantés par EDF si l’entreprise ne peut même pas compter sur la disponibilité de ses équipements de secours les plus importants ? Il est dans tous les cas irresponsable qu’EDF prétende allonger la durée de fonctionnement de ses centrales alors qu’elle est déjà incapable d’assurer le bon fonctionnement de ces diesels.
Pourquoi faut-il attendre une fuite dans la presse pour que ces informations soient connues ? Quant à l’Autorité de sûreté nucléaire, pourquoi n’est-elle pas informée de ces données et pourquoi n’intervient-elle pas ? Devant une telle situation d’insécurité, l’ASN doit exiger d’EDF la mise à l’arrêt immédiat de tous les réacteurs aux systèmes de secours défaillants.
Le Réseau "Sortir du nucléaire", qui étudie la possibilité d’action en justice, interpelle Ségolène Royal. Il est inacceptable que se poursuive la complaisance envers une entreprise qui met en danger les Français et dissimule de telles informations sur l’état de dégradation de ses équipements.
Cet exemple de dégradation des installations conforte la nécessité de l’arrêt des réacteurs vieillissants, à commencer par ceux qui ont dépassé leur durée de fonctionnement initialement assignée.
Article du Journal de l’Énergie : https://journaldelenergie.com/nucleaire/diagnostic-alarmant-edf-diesels-secours-reacteurs/
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