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Enfin la sobriété énergétique ?

Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°101 le 1er avril 2024, mis en ligne le 31 juillet 2024



Depuis des années, des citoyens et des associations plaident pour la sobriété énergétique en réduisant la consommation d’énergie par des comportements vertueux. Il aura fallu attendre le 6 octobre 2022 pour que le gouvernement français affirme la nécessité de la sobriété énergétique et propose un plan. Au-delà de cet effet d’annonce, comment la sobriété énergétique peut-elle se concrétiser ?



Le 6 octobre 2022, lors de son discours pour défendre le plan de sobriété, Élisabeth Borne fait l’état des lieux : guerre en Ukraine et risques de pénuries et d’augmentation des prix liés à l’arrêt presque total des livraisons de gaz russe, indisponibilité d’une partie du parc nucléaire… L’exécutif français semble ne découvrir qu’alors l’urgence de la transition énergétique du pays. Le plan gouvernemental de sobriété indique des objectifs et pistes d’actions : la « neutralité carbone » doit être atteinte en 2050, grâce à une réduction d’émissions carbonées de 10% fin 2024. Mais, ignorant l’urgence climatique, ce plan n’impose aucune contrainte législative.

Pour les plus précaires, une sobriété contrainte

Fin 2022, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC) publie une étude montrant que 65% des Français ont diminué leur consommation d’énergie depuis l’automne 2021, en réduisant leurs déplacements et le chauffage. 44% des Français s’estiment contraints dans leurs dépenses. Ceux qui souffrent déjà de précarité énergétique (logement mal isolé, mobilité contrainte) n’ont pas à être davantage pénalisés. À l’inverse, les surconsommations des plus riches, liées à la climatisation, l’éclairage, le chauffage et les voyages touristiques, sont des gouffres énergétiques.

Les collectivités et les entreprises doivent aussi contribuer

La réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est aussi le rôle des collectivités et des entreprises. Certains responsables ont déjà consenti à des efforts (souvent subventionnés) en termes d’éclairage et de chauffage. La participation volontaire des salariés doit contribuer à la sobriété des entreprises (mobilité collective, innovation, mise en œuvre de procédés, ...). Le devoir de vigilance et la concertation peuvent favoriser la sobriété énergétique, mais cela suppose un effort préalable de formation des dirigeants et salariés, et de sensibilisation des élus et des citoyens à la sobriété.

Des objectifs peu précis ni chiffrés

En juin 2023, l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) a remis un rapport parlementaire portant sur la sobriété énergétique, qualifiée de « pilier essentiel de la transition écologique ». Ce document évoque l’importance du « juste assez » en termes de consommation énergétique, mais il se révèle peu chiffré et limité à des constats et recommandations sans objectifs précis. Il est aussi à craindre que les récentes coupes budgétaires annoncées ne permettront pas, en fin d’année, de concrétiser les objectifs de sobriété définis en 2022, tout du moins pour les indispensables rénovations de bâtiments. Décidément, en termes d’énergie, la politique française actuelle n’est pas claire.

  • Bernard Cottier

Le 6 octobre 2022, lors de son discours pour défendre le plan de sobriété, Élisabeth Borne fait l’état des lieux : guerre en Ukraine et risques de pénuries et d’augmentation des prix liés à l’arrêt presque total des livraisons de gaz russe, indisponibilité d’une partie du parc nucléaire… L’exécutif français semble ne découvrir qu’alors l’urgence de la transition énergétique du pays. Le plan gouvernemental de sobriété indique des objectifs et pistes d’actions : la « neutralité carbone » doit être atteinte en 2050, grâce à une réduction d’émissions carbonées de 10% fin 2024. Mais, ignorant l’urgence climatique, ce plan n’impose aucune contrainte législative.

Pour les plus précaires, une sobriété contrainte

Fin 2022, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (CRÉDOC) publie une étude montrant que 65% des Français ont diminué leur consommation d’énergie depuis l’automne 2021, en réduisant leurs déplacements et le chauffage. 44% des Français s’estiment contraints dans leurs dépenses. Ceux qui souffrent déjà de précarité énergétique (logement mal isolé, mobilité contrainte) n’ont pas à être davantage pénalisés. À l’inverse, les surconsommations des plus riches, liées à la climatisation, l’éclairage, le chauffage et les voyages touristiques, sont des gouffres énergétiques.

Les collectivités et les entreprises doivent aussi contribuer

La réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est aussi le rôle des collectivités et des entreprises. Certains responsables ont déjà consenti à des efforts (souvent subventionnés) en termes d’éclairage et de chauffage. La participation volontaire des salariés doit contribuer à la sobriété des entreprises (mobilité collective, innovation, mise en œuvre de procédés, ...). Le devoir de vigilance et la concertation peuvent favoriser la sobriété énergétique, mais cela suppose un effort préalable de formation des dirigeants et salariés, et de sensibilisation des élus et des citoyens à la sobriété.

Des objectifs peu précis ni chiffrés

En juin 2023, l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) a remis un rapport parlementaire portant sur la sobriété énergétique, qualifiée de « pilier essentiel de la transition écologique ». Ce document évoque l’importance du « juste assez » en termes de consommation énergétique, mais il se révèle peu chiffré et limité à des constats et recommandations sans objectifs précis. Il est aussi à craindre que les récentes coupes budgétaires annoncées ne permettront pas, en fin d’année, de concrétiser les objectifs de sobriété définis en 2022, tout du moins pour les indispensables rénovations de bâtiments. Décidément, en termes d’énergie, la politique française actuelle n’est pas claire.

  • Bernard Cottier


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