Publié le 23 août 2022
Depuis plusieurs semaines cet été les combats continuent à faire rage dans la région de la centrale de Zaporijjia, les russes et ukrainiens s’accusent mutuellement de mettre le feu aux poudres autour du site de la plus grande centrale nucléaire d’Europe.
L’installation a été dans un premier temps bombardée le vendredi 5 août, à la suite de quoi les informations recueillies par la CRIIRAD font mention des dégâts suivants :
▶ Le dispositif de protection d’urgence de l’un des réacteurs s’est déclenché et il a dû être déconnecté du réseau.
▶ L’une des lignes à haute tension a été endommagée mais la centrale n’a pas été privée d’électricité externe, deux lignes électriques restant opérationnelles.
▶ Divers équipements ont été endommagés, notamment une station d’alimentation en azote-oxygène (dont l’incendie a rapidement été maîtrisé) et un bâtiment auxiliaire.
▶ Des bâtiments administratifs auraient été endommagés.
▶ Un employé aurait été blessé et hospitalisé.
▶ Trois des capteurs du système de surveillance des niveaux de radiations sur le site et ses abords auraient également été endommagés.
Aucune source d’information ne fait état de rejets radioactifs incontrôlés mais nous ignorons si le personnel de la centrale a encore accès aux données des autres capteurs (le dispositif de surveillance est constitué de 38 capteurs situés dans le périmètre de la centrale et à proximité).
Aux dernières nouvelles, rien ne permet d’affirmer qu’il y ait eu des fuites radioactives et les réacteurs eux-mêmes n’ont pas été endommagés.
Depuis de nombreuses frappes ont a nouveau eu lieu et les ukrainiens accusent Moscou de vouloir se servir de la centrale comme d’un bouclier pour y stocker des armes lourdes.
L’AIEA souhaite rapidement venir inspecter la centrale pour évaluer la sécurité du site, selon un institut ukrainien, un nuage radioactif créé par une éventuelle catastrophe nucléaire à Zaporijjia pourrait s’étendre jusqu’en Europe très rapidement.
Les infrastructures des centrales nucléaires ne sont pas conçues pour résister à des fortes explosions lors d’un conflit armé, nous nous inquiétons à nouveau très sérieusement du risque d’emballement de la situation, un risque que nous avons déjà connu à de nombreuses reprises cette année vis à vis du nucléaire en Ukraine.
Il devient urgent que les belligérants remettent les pieds sur terre pour comprendre à quel point il est suicidaire de continuer à utiliser des armes dans un tel environnement.