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Fukushima, suivi de la catastrophe - Archives 2011-2015

Chronologie du mois de février 2012

Article publié le 28 février 2012



Chronologie réalisée par Michel Bernard pour la revue Silence ! https://www.revuesilence.net

Mercredi 29 février

Diffusion d’un documentaire d’une heure par la BBC "inside the meltdown" sur la catastrophe de Fukushima et comment les autorités japonaises ont tenté de la régler...

A voir ici, en anglais :

Mardi 28 février

 Le New-York Times publie une enquête qui montre que les autorités ont travaillé sur un scénario d’évacuation de Tokyo, vers la fin mars 2011. L’article montre le double discours : d’un côté des interventions dans les médias pour dire que l’on maîtrise la situation, de l’autre, des réunions multiples où la méconnaissance de la suite de l’accident a provoqué les pires paniques. Ce que ne dit par le quotidien, c’est que c’est toujours le cas aujourd’hui !

 Le tribunal de Paris prononce une relaxe pour les deux militants de Greenpeace qui ont réussi à rester cachés sur le site de Cruas pendant plus de 12 h, le 5 décembre 2011.

 TEPCO signale des taux de radioactivité en hausse sur le réacteur n°2…

Lundi 27 février

 Trois grandes villes de la région de Kansai, au centre-ouest du Japon, Osaka, Kobe et Kyoto, ont demandé à leur compagnie d’électricité commune, Kansai Electric, de tout mettre en œuvre pour ne plus avoir recours à l’énergie nucléaire. Kansai Electric disposait de 11 réacteurs nucléaires avant l’accident, tous à l’arrêt aujourd’hui. Ces réacteurs produisaient environ la moitié de l’électricité de la région (22 millions d’habitants). Les trois communes possèdent respectivement 9%, 3 % et 0,45 % des parts de la compagnie électrique.

Vendredi 24 février

 Le gouvernement japonais annonce qu’il va abaisser les taux de radioactivité toléré dans l’alimentation. Officiellement, les limites passent de 500 à 100 Bq/kg à partir du 1er avril 2012 et même à 50 Bq/kg pour les aliments destinés aux enfants et 10 Bq/kg pour l’eau. Reste que le principal problème est l’impossibilité de vérifier l’ensemble de la nourriture qui circule… et que le gouvernement fait tout pour éviter d’interdire complètement ce qui arrive des zones les plus contaminées. Ce sont donc les producteurs et les consommateurs qui vont payer le coût des vérifications, lorsqu’elles sont faites.

 Une commission d’experts sur le futur énergétique du Japon annonce écarter la possibilité de développer une filière de surgénérateurs : la technologie n’est pas au point, un surgénérateur aurait pu avoir de graves conséquences s’il avait été construit sur le site de Fukushima, les essais de MOX (uranium-plutonium) montrent qu’en cas de libération du combustible, la situation est encore plus compliquée qu’avec le seul uranium.

 Nouveau rapport sur les niveaux de contamination des villes évacuées après l’accident. Dans la ville de Futaba, le niveau de radioactivité atteint 470 fois les limites tolérées. Le gouvernement envisage de déclarer inhabitables les zones dépassant 50 fois les limites et de concentrer les tentatives de nettoyages sur les zones moins contaminées. Le retour des population ne sera envisageable qu’après être redescendu en-dessous des normes (soit 1 millisieverts par an), ce qui n’est pas pour demain car les réacteurs de Fukushima continuent à cracher leur radioactivité jour après jour… ce qu’oublie de dire le rapport en question.

Jeudi 23 février

 Une quinzaine d’organisations suisses demandent la fermeture de la centrale de Beznau 1, située à Döttingen. Mise en route en 1969, c’est actuellement le réacteur le plus ancien en activité.

 Le gouvernement allemand annonce ses objectifs pour 2020 : baisse de la consommation électrique de 625 à 590 TWh, arrêt du nucléaire, baisse du recours au charbon, hausse du gaz et des énergies renouvelables. La capacité installée va continuer à augmenter passant de 153 GW à 179 GW principalement du fait de l’intermittence du soleil et du vent. En 2020, les énergies renouvelables fourniront 36 % de la production (18,3 % fin 2010, 20,8 % fon 2011), à égalité avec le charbon.

Mercredi 22 février

 TEPCO annonce vouloir couler une dalle en béton en fond de mer autour de la centrale de Fukushima pour fixer les particules radioactives qui s’y sont accumulées et éviter leur dispersion. Une première surface de 7 hectares devrait être réalisée dans les mois à venir.

Mardi 21 février

 Un nouveau réacteur est mis à l’arrêt au Japon. C’est le 52e. Il en reste deux en fonctionnement.

 Eric Besson se rend sur le site de Fukushima… en tenue de haute protection et pendant seulement cinquante minutes. Alors que beaucoup de visiteurs repartent en pleurs, le sinistre de l’Industrie se déclare "rassuré". Il n’a reçu "que 33 microsieverts pendant sa visite"… ce qui rapporté à l’année ferait quand même sept fois plus que ce qu’un ouvrier est autorisé à recevoir. Il est rassuré parce qu’aucun ouvrier n’est mort de radioactivité ! Son discours a été soigneusement préparé avec le gouvernement japonais. Plus crapuleux, ce sera difficile.

 Le tribunal de Troyes se déclare incompétent concernant le procès fait aux militants de Greenpeace qui ont pénétré sur le site de la centrale de Nogent-sur-Seine en décembre 2011. Les juges estiment que l’intitulé de la plainte du gouvernement "violation de domicile et locaux professionnels et dégradations en réunion" n’est pas adéquate et a été choisi délibérément pour pouvoir infliger des lourdes peines aux militants.

 De l’iode radioactif en faible concentration est détectée dans l’air en Norvège du 16 au 23 janvier, puis en Suède et en Finlande, les 21 et 23 janvier, puis du 25 au 31 janvier en Pologne, à partir du 1er février en Allemagne. L’IRSN annonce que ce nouveau nuage a atteint la France ce jour. Aucun "incident" n’a pourtant été signalé. Mystère complet sur l’origine. Fukushima semble trop loin…

Lundi 20 février

 Greenpeace publie un rapport sur la sûreté nucléaire qui conclut que si aujourd’hui un des 58 réacteurs français demandait à démarrer pour la première fois, aucun n’obtiendrait le feu vert de l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, car ils ne sont pas au niveau de recommandation post-Tchernobyl et post-Fukushima… mais on continue quand même. Le même rapport montre que ces centrales sont particulièrement fragiles en cas d’attaque terroriste.

Vendredi 17 février

 Noam Chomsky, philosophe américain, écrit aux autorités japonaises pour apporter son soutien au projet de tribunal des peuples qui se tiendra le 26 février à Tokyo et qui jugera des responsabilités dans l’accident de Fukushima. Ce tribunal est une action lancée par le collectif Sauvons les enfants de Fukushima qui demande depuis le début l’évacuation plus large des enfants autour du site accidenté.

 Naoto Kan, premier ministre au moment de l’accident, intervient dans un entretien avec Reuters pour rappeler comment il a radicalement changé de position sur l’énergie nucléaire après avoir compris que "la région de Tokyo pouvait devenir invivable et qu’il faille évacuer 35 millions de personnes". Il a affiché au-dessus de son bureau une calligraphie chinoise qui dit "soyez brave, pas imprudent". Il affirme que le peuple japonais s’est montré digne depuis le début de la catastrophe mais que l’on ne peut pas en dire autant des politiques. Dans un autre entretien accordé à AP (Agence de presse), il affirme que la responsabilité de l’accident ne peut être imputé au tremblement de terre, mais bien au gouvernement japonais qui n’a pas su mettre en place des normes de sûreté suffisamment efficaces.

 Dans un entretien aux Dernières nouvelles d’Alsace, Stéphane Hessel, auteur d’Indignez-vous et soutien de François Hollande, déclare : "le nucléaire est un pari perdant"… et d’appeler à l’insurrection démocratique contre ce choix imposé par nos dirigeants.

Jeudi 16 février

 Le New York Times publie un reportage sur le personnel affecté au nettoyage de la ville d’Iitate, à 32 km du réacteur. Il ressort de cet article que nous sommes dans l’amateurisme le plus total. Les personnes sont envoyées sans aucune formation, elles déplacent surtout la radioactivité… et cela n’a aucune efficacité réelle… comme le montrent les analyses indépendantes commandées par d’anciens habitants. Par contre, cela coûte très cher. Le gouvernement a passé contrat avec trois entreprises du bâtiment — celles qui ont construit la plupart des réacteurs nucléaires du pays — pour un coût de 10 milliards d’euros. Le but est de permettre le retour des personnes évacuées… un discours de façade puisque pour le moment, les gens continuent à fuir par leurs propres moyens. Kiyoshi Sakurai, ancien chercheur à l’Agence japonaise de l’énergie atomique, en conclut que "l’industrie japonaise est gérée de sorte que plus vous échouez, plus vous gagnez d’argent".

 EDF annonce avoir augmenté ses bénéfices en 2011 pour atteindre un résultat net de 3 milliards… et bizarrement cela se traduit par une baisse de ses actions en Bourse. Pourquoi ? Parce que les marchés savent lire entre les lignes et s’inquiètent du récent rapport de la Cour des Comptes qui demande la réalisation des travaux demandés par l’ASN (pour au moins dix milliards) et une réévaluation des réserves pour le démantèlement…

 Le département de géophysique de l’université de Tohuku annonce qu’un nouveau fort tremblement de terre est tout à fait possible prochainement. Alors que le Japon a eu droit à 1300 séismes entre 2001 et 2010, il y en a eu 24 000 dans le mois qui a suivi le 11 mars 2011. Le phénomène de friction des plaques géologiques est actuellement intense et un super-séisme est possible, le nord du pays (et donc Fukushima) étant le plus concerné.

 TEPCO annonce que c’est le thermomètre qui est défectueux dans le réacteur n°2 puisque les autres températures relevées restent stables. Cela n’explique pas la présence de Xénon, ni le fait que depuis janvier les injections d’eau ont été multipliées par dix.

 Le gouvernement de la région annonce au même moment une remontée "massive" des contaminations au césium, avec des pointes à plus de 210 000 Bq/kg.

Mercredi 15 février

 L’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, publie un rapport dans lequel il s’inquiète de la baisse du nombre des pro-nucléaires et de la baisse de confiance accordée aux autorités : seuls 24 % des Français croient le gouvernement et cet institut concernant le nucléaire. encore 24 % de naïfs !

 Le Point rappelle que c’est l’Allemagne qui, malgré la fermeture de ses réacteurs nucléaires, a sauvé la France pendant la vague de froid de la première quinzaine de février. Mais pas gratuitement ! Alors que le prix d’achat du mégawattheure est en période calme autour de 40 €, le 9 février 2012, EDF a dû le payer 628 € !

 La préfecture de Fukushima s’inquiète d’une remontée sensible des niveaux de radioactivité depuis le mois de janvier.

 TEPCO annonce une remontée de la température dans le réacteur n°3.

 Des organisations militantes japonaises dénoncent le fait que seul TEPCO puisse communiquer des mesures de radioactivité ou de température, ce qui fait que les rumeurs enflent sans aucune possible contre-enquête.

 Le gouverneur de la préfecture de Fukushima, dans une conférence de presse, s’étonne qu’aucun responsable de TEPCO ne soit encore arrêté après les multiples malfaçons révélées depuis qu’a commencé la crise nucléaire.

Mardi 14 février

 Le thermomètre du réacteur n°2 n’est malheureusement pas cassé ! Tepco annonce en effet avoir détecté la présence de Xénon 133 et 135 (demi-vie de cinq jours pour l’un, neuf heures pour l’autre)… signe que la réaction nucléaire a repris. Et le thermomètre indique toujours une température supérieure à 300°C.

 Un groupe d’industriels autour de Mitsubishi propose de construire une ferme éolienne de 12 MW au large de la province de Fukushima.

Lundi 13 février

 Le matin au Japon (vers minuit chez nous), selon Tepco, la température indiquée par un thermomètre a bondi à 285°C dans le réacteur n°2. L’opérateur en conclut que le thermomètre ne fonctionne plus ! Douze heures plus tard, (midi chez nous) le thermomètre a grimpé à 342°C selon Tepco… ce qui ne semble pas cohérent avec deux autres points de mesure où la température est restée à 35°C. Par contre, les relevés de radioactivité montrent une augmentation notable des taux de césium 134 et 137 depuis le 11 février.

 Selon des infos qui circulent sur internet, la Nisa, autorité de sûreté japonaise, demande la distribution d’iode dans le rayon de 30 à 50 km autour de la centrale !

 Selon Tepco, son déficit sur les 9 derniers mois de 2011 serait de 6 milliards malgré les aides de l’Etat. Un groupe d’experts mandatés par le gouvernement estime que l’accident a déjà coûté 44 milliards d’euros. Sondage en Suisse : 17% pour l’arrêt immédiat, 52% pour ne pas remplacer les existantes, 19% pour renouveler sans augmenter, 9% pour la construction de nouveaux réacteurs et 3% sans opinion. Soit 69% pour la sortie du nucléaire.

 Selon les instances scolaires japonaises, le nombre d’enfants scolarisés (et dans les crèches) de la province de Fukushima est en baisse de 17 308 depuis l’accident, ceux de la province de Miyagi de 5124 et ceux d’Iwaté de 3735. Ceux et celles qui sont encore scolarisés risquent d’avoir un avenir bien sombre. Sentaku magazine, un magazine japonais titre : "Prendre en considération les enfants avant les politiques" et de dénoncer les tergiversations entre partis politiques alors que l’avenir du pays, via les enfants, est sérieusement compromis.

Dimanche 12 février

 La température dans le réacteur n°2 de Fukushima continue de monter. On en est à 82°C en moyenne, une température qui n’avait pas été atteinte depuis novembre 2011. Vu l’emplacement de la mesure, il est fort possible qu’au niveau du cœur, on ait dépassé les 100°C et donc le début de l’ébullition pour l’eau que l’on injecte. Tepco annonce que depuis le début de l’année 2012, les injections d’eau ont dû être multipliées par 10 : on en est à 17,4 m3/h, un niveau jamais atteint jusqu’à maintenant. Tepco alerte la Nisa, l’autorité de sûreté nucléaire, pour annoncer une probable reprise de l’accident nucléaire. L’annonce de la fin de l’accident le 26 décembre 2011 relève donc bien de la désinformation officielle.

Samedi 11 février


 La température dans le réacteur n°2 de Fukushima continue d’augmenter et Tepco augmente encore les quantités d’eau injectées : on passe à 14,6 tonnes/heure.

 12 000 personnes manifestent pour l’abandon de l’énergie nucléaire à Tokyo. De nombreuses autres manifestations se sont tenues dans d’autres villes du pays. L’acteur japonais Taro Yamamoto, qui aurait été écarté de plusieurs distributions du fait de ses prises de position contre le nucléaire, a déclaré aux manifestants : "Notre pays cessera d’exister s’il est confronté à nouveau à un grand séisme". Selon les spécialistes, il y a 70 % de probabilité qu’un nouveau séisme aussi important que le 11 mars dernier ait lieu d’ici 2016, 98 % d’ici trente ans.

Vendredi 10 février


 Le gouvernement ukrainien a approuvé la construction d’un site de stockage des déchets nucléaires dans la zone interdite de Tchernobyl. Sachant que l’Ukraine est candidate pour entrer dans l’Union européenne et que celle-ci a voté une résolution permettant à un pays d’exporter ses déchets nucléaires dans un autre pays de l’Union si celle-ci a une solution de stockage, devinez dans combien de temps nos déchets partiront à Tchernobyl…

 Le gouvernement taïwanais réagit à la publication d’un article paru dans Le Monde du 8 février présentant le pays comme des "apprentis sorciers du nucléaire". Selon eux, les trois centrales du pays obéissent aux meilleures normes de sûreté au monde. Le Monde cite lui des membres de l’AEC, l’autorité de sûreté nucléaire du pays.

 Le réacteur n°2 de Cattenom tombe en panne… provoquant une hausse des importations allemandes.

Jeudi 9 février


 L’association citoyenne qui a lancé un appel à la tenue de référendum sur l’arrêt du nucléaire dans chaque département, annonce avoir dépassé les 250 000 signatures à Tokyo, largement au-dessus des 214 000 nécessaires.

 Sarkozy se rend à Fessenheim pour annoncer qu’il ne fermera pas ce réacteur. Pour son déplacement, il s’est entouré d’un fort déploiement militaire. Les antinucléaires ont pu photographier des blindés dans les communes environnantes… et même certains peints aux couleurs de l’ONU ! Il faut croire que la tension est importante à la frontière ! Dès fois que les antinucléaires Allemands attaquent ! Les journaux ont repris benoîtement les déclarations de Nicolas Sarkozy "On ne fermera pas Fessenheim" en oubliant que la région voisine Allemande est actionnaire de la centrale et que cette région est dirigée par les Verts… donc rien n’est joué !

 Les journaux ont repris avec confiance la dépêche de l’AFP annonçant un redémarrage de centrale nucléaire en Allemagne. Hors c’est une fausse information que l’AFP n’a que faiblement démenti ce jour. En fait c’est une centrale au charbon allemande qui a été démarrée… pour se substituer à une centrale nucléaire française, le réacteur n°2 de la centrale du Tricastin tombé en panne. La désinformation est donc totale… et pas corrigé dans les médias !

 Pour la première fois depuis 1978, la NRC, autorité de sûreté nucléaire des Etats-Unis, approuve une résolution visant à autoriser la construction de nouveau réacteur nucléaire par Toshiba. Le président de la NRC, Gregory Jaczko, a fait part de sa propre opposition : " Je ne peux pas soutenir la délivrance de cette autorisation comme si Fukushima n’avait jamais eu lieu". D’autant plus que Toshiba est associé au Japon avec TEPCO. Les médias américains annoncent toutefois que cela ne change pas grand chose : depuis quelques années, l’exploitation du gaz de schistes à fait baisser le prix de l’électricité provenant du gaz et il est peu probable que de nouveaux réacteurs nucléaires voient le jour dans le pays dans les années à venir.


Mercredi 8 février


 Selon l’AFP, l’Allemagne annonce avoir redémarré un des huit réacteurs arrêtés au printemps 2011… pour produire de l’électricité… Pourtant en Allemagne, le chauffage électrique n’existe quasiment pas et le froid ne fait pas monter la demande en électricité. Alors d’où vient le besoin d’électricité ? De la France à qui l’Allemagne vend du courant à un prix très intéressant ?


Mardi 7 février


 Le SER, Syndicat des énergies renouvelables (dans lequel on retrouve EDF, Areva…) présente à la presse un scénario prévoyant qu’en 2020, 25 % de l’électricité française soit d’origine renouvelable. Selon leur étude, cela permettrait de créer 125 000 emplois. Pour y arriver, le SER demande que l’on autorise l’implantation d’éolienne individuelle (actuellement, il en faut au minimum 5), que l’on aide à redémarrer la filière photovoltaïque, que l’on harmonise les démarches administratives… L’idée est de produite toujours plus et absolument pas d’économiser.

 Selon les statistiques de l’association européenne de l’énergie éolienne, 71 % des nouvelles capacités de production d’électricité en Europe en 2011 sont d’origine renouvelables. Le reste provient du gaz et du charbon. Le nucléaire est lui en baisse du fait de l’arrêt des réacteurs en Allemagne.

Lundi 6 février


 TEPCO augmente encore les injections d’eau dans le réacteur n°2 (13 tonnes à l’heure) car la température ne redescend pas. TEPCO estime toutefois que la réaction nucléaire n’a pas repris car il n’y a pas détection de xénon.

 Le quotidien japonais Asahi révèle qu’au moins trois experts sur les questions énergétiques appelés à se prononcer sur le futur énergétique du pays ont reçu des sommes importantes de l’industrie nucléaire : environ 200 000 euros pour les trois.

 Le quotidien japonais Mainichi Japan publie lui une enquête sur un trafic de faux contrats de travail mis en place pour les travailleurs pauvres envoyés sur le site de la centrale de Fukushima. Apparemment la mafia (yakuza) a mis en place un système de travail au noir permettant d’éviter le suivi des doses de radioactivité reçues. Les journalistes ont réussi a entrer en contact avec une vingtaine de ces travailleurs clandestins.

 Le Nouvel Obs rapporte qu’un journaliste français, correspondant de la chaîne France 24, à Tokyo, a été arrêté le 3 janvier dernier pour avoir pénétré illégalement sur le site de la centrale de Fukushima, en ayant utilisé un pass d’un des travailleurs. Il a été libéré quelques jours après mais va passer en procès. Il est accusé d’avoir tenté de dérober des documents démontrant des pratiques frauduleuses.

 L’ASN classe au niveau 2 la découverte d’un défaut de conception sur les réacteurs 2 et 3 de Cattenom (Lorraine). Ce défaut pourrait amplifier un accident sur les piscines d’entreposage des combustibles.

Dimanche 5 février


 Selon le quotidien japonais Yomiuri Shimbun, l’accident nucléaire de Fukushima aurait déjà fait officiellement 573 morts. Ces morts seraient celles provoquées par l’évacuation des habitants à la suite de l’accident dans 13 communes de la préfecture de Fukushima. Des personnes malades, fatiguées, âgées, qui n’ont pas supporter le choc du déménagement.

 Le Ministre d’état d’urgence ukrainien, qui suit les conséquences de l’accident de Tchernobyl, annonce la signature d’une convention avec le Japon pour partager les informations et les connaissances sur les accidents nucléaires.

 La revue international Environnemental pollution publie un article scientifique sur la baisse du nombre d’oiseaux autour du site de Fukushima. Les auteurs, qui avaient déjà fait une étude autour de Tchernobyl, montre que les oiseaux sont particulièrement sensibles aux radiations : celles-ci les rendent stériles.

 Le groupe de musique japonais Fryong Dutchman (https://fryingdutchman.jp) qui a réalisé une chanson Human error qui a fait un tube au Japon et qui dénonce le fait que le gouvernement préfère protéger l’économie plutôt que les gens, lance un appel à manifester partout le 11 mars 2012.

 TEPCO annonce que parallèlement à des fuites d’eau détectées, la température du cœur du réacteur n°2 est remontée ce jour de 45°C le 27 janvier à 72 °C aujourd’hui. De l’eau a été massivement rajoutées pour restabiliser la situation (10 tonnes à l’heure).

Samedi 4 février


 Le gouvernement annonce que le taux de radioactivité toléré dans le riz baissera de 500 à 100 bq/kg au 1er avril 2012. Pas sûr que cela suffise à faire baisser les taux de contamination : 84 % des échantillons de riz mesurés dans la préfecture de Fukushima sont contaminés. 38 producteurs de trois communes, ont déjà vu leur récolte confisquées parce que dépassant les 500 bq/kg, limite actuelle.

Jeudi 2 février


 L’association française Cités unies et son équivalente japonaise CLAIR ont organisé un voyage à Fukushima pour les élus ayant une centrale nucléaire sur leur commune. Sept maires ont accepté l’invitation et Le Monde raconte leur "émotion" à la vue des superbes paysages de la région… paysages sans plus aucun humain. Yves Dauge, maire de Chinon, avoue qu’il ne peut s’empêcher de penser à ce que deviendrait sa région en cas d’accident. Les rencontres avec les élus japonais sont "bouleversants" quand on parle de l’"ennemi invisible" qu’est la radioactivité. Jacques Maugein, élu près du Blayais, estime, en écoutant les récits sur les manques de TEPCO, qu’EDF aurait sans doute fait de même et de s’interroger : "En France, c’est le préfet qui a normalement l’autorité pour décider une évacuation. Que devraient faire les élus s’il ne la décide pas ?"

Mercredi 1er février


 En réaction à la publication de la Cour des Comptes qui pointent les nombreuses incertitudes sur le coût réel du nucléaire, la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, demande "un audit pour contrôler les devis de démantèlement". Le problème est que pour faire un chiffrage, il faudrait avoir des expériences de démantèlement et que pour le moment, il n’y en a pas…

 La conclusion de la Cour des comptes sur le coût de la filière incite des politiques à affirmer que seule la poursuite de l’exploitation des réacteurs actuels est réaliste économiquement. C’est oublier un peu vite que ces réacteurs ont été pensé pour une durée de vie de 30 ans, âge que certains ont déjà dépassé. Et plus un réacteur vieilli, plus il se fragilise du fait de l’irradiation de ses structures.

 La cour des Comptes n’a pas étudié le coût d’un accident majeur, mais rappelle qu’au delà de 700 millions d’euros de dégâts, c’est l’Etat qui paie, car le nucléaire est exclu des assurances. Par comparaison, l’accident de Tchernobyl a déjà dépassé les 1000 milliards de dollars (environ 800 milliards d’euros). Autant dire qu’un accident, c’est la ruine de l’Etat assuré. Le Japon ne commence que maintenant à s’en rendre compte.

 De nouvelles fuites d’eau (8,5 tonnes au moins) ont été détectées sur le réacteur n°4. Depuis le tremblement de terre du 1er janvier 2012, la radioactivité dans ce réacteur est en hausse. Il y a probablement eu des dégâts dans l’étanchéité de la piscine de stockage des barres de combustibles, piscine qui avait déjà eu des soucis après le tremblement de terre du 11 mars 2011.

Chronologie réalisée par Michel Bernard pour la revue Silence ! https://www.revuesilence.net

Mercredi 29 février

Diffusion d’un documentaire d’une heure par la BBC "inside the meltdown" sur la catastrophe de Fukushima et comment les autorités japonaises ont tenté de la régler...

A voir ici, en anglais :

Mardi 28 février

 Le New-York Times publie une enquête qui montre que les autorités ont travaillé sur un scénario d’évacuation de Tokyo, vers la fin mars 2011. L’article montre le double discours : d’un côté des interventions dans les médias pour dire que l’on maîtrise la situation, de l’autre, des réunions multiples où la méconnaissance de la suite de l’accident a provoqué les pires paniques. Ce que ne dit par le quotidien, c’est que c’est toujours le cas aujourd’hui !

 Le tribunal de Paris prononce une relaxe pour les deux militants de Greenpeace qui ont réussi à rester cachés sur le site de Cruas pendant plus de 12 h, le 5 décembre 2011.

 TEPCO signale des taux de radioactivité en hausse sur le réacteur n°2…

Lundi 27 février

 Trois grandes villes de la région de Kansai, au centre-ouest du Japon, Osaka, Kobe et Kyoto, ont demandé à leur compagnie d’électricité commune, Kansai Electric, de tout mettre en œuvre pour ne plus avoir recours à l’énergie nucléaire. Kansai Electric disposait de 11 réacteurs nucléaires avant l’accident, tous à l’arrêt aujourd’hui. Ces réacteurs produisaient environ la moitié de l’électricité de la région (22 millions d’habitants). Les trois communes possèdent respectivement 9%, 3 % et 0,45 % des parts de la compagnie électrique.

Vendredi 24 février

 Le gouvernement japonais annonce qu’il va abaisser les taux de radioactivité toléré dans l’alimentation. Officiellement, les limites passent de 500 à 100 Bq/kg à partir du 1er avril 2012 et même à 50 Bq/kg pour les aliments destinés aux enfants et 10 Bq/kg pour l’eau. Reste que le principal problème est l’impossibilité de vérifier l’ensemble de la nourriture qui circule… et que le gouvernement fait tout pour éviter d’interdire complètement ce qui arrive des zones les plus contaminées. Ce sont donc les producteurs et les consommateurs qui vont payer le coût des vérifications, lorsqu’elles sont faites.

 Une commission d’experts sur le futur énergétique du Japon annonce écarter la possibilité de développer une filière de surgénérateurs : la technologie n’est pas au point, un surgénérateur aurait pu avoir de graves conséquences s’il avait été construit sur le site de Fukushima, les essais de MOX (uranium-plutonium) montrent qu’en cas de libération du combustible, la situation est encore plus compliquée qu’avec le seul uranium.

 Nouveau rapport sur les niveaux de contamination des villes évacuées après l’accident. Dans la ville de Futaba, le niveau de radioactivité atteint 470 fois les limites tolérées. Le gouvernement envisage de déclarer inhabitables les zones dépassant 50 fois les limites et de concentrer les tentatives de nettoyages sur les zones moins contaminées. Le retour des population ne sera envisageable qu’après être redescendu en-dessous des normes (soit 1 millisieverts par an), ce qui n’est pas pour demain car les réacteurs de Fukushima continuent à cracher leur radioactivité jour après jour… ce qu’oublie de dire le rapport en question.

Jeudi 23 février

 Une quinzaine d’organisations suisses demandent la fermeture de la centrale de Beznau 1, située à Döttingen. Mise en route en 1969, c’est actuellement le réacteur le plus ancien en activité.

 Le gouvernement allemand annonce ses objectifs pour 2020 : baisse de la consommation électrique de 625 à 590 TWh, arrêt du nucléaire, baisse du recours au charbon, hausse du gaz et des énergies renouvelables. La capacité installée va continuer à augmenter passant de 153 GW à 179 GW principalement du fait de l’intermittence du soleil et du vent. En 2020, les énergies renouvelables fourniront 36 % de la production (18,3 % fin 2010, 20,8 % fon 2011), à égalité avec le charbon.

Mercredi 22 février

 TEPCO annonce vouloir couler une dalle en béton en fond de mer autour de la centrale de Fukushima pour fixer les particules radioactives qui s’y sont accumulées et éviter leur dispersion. Une première surface de 7 hectares devrait être réalisée dans les mois à venir.

Mardi 21 février

 Un nouveau réacteur est mis à l’arrêt au Japon. C’est le 52e. Il en reste deux en fonctionnement.

 Eric Besson se rend sur le site de Fukushima… en tenue de haute protection et pendant seulement cinquante minutes. Alors que beaucoup de visiteurs repartent en pleurs, le sinistre de l’Industrie se déclare "rassuré". Il n’a reçu "que 33 microsieverts pendant sa visite"… ce qui rapporté à l’année ferait quand même sept fois plus que ce qu’un ouvrier est autorisé à recevoir. Il est rassuré parce qu’aucun ouvrier n’est mort de radioactivité ! Son discours a été soigneusement préparé avec le gouvernement japonais. Plus crapuleux, ce sera difficile.

 Le tribunal de Troyes se déclare incompétent concernant le procès fait aux militants de Greenpeace qui ont pénétré sur le site de la centrale de Nogent-sur-Seine en décembre 2011. Les juges estiment que l’intitulé de la plainte du gouvernement "violation de domicile et locaux professionnels et dégradations en réunion" n’est pas adéquate et a été choisi délibérément pour pouvoir infliger des lourdes peines aux militants.

 De l’iode radioactif en faible concentration est détectée dans l’air en Norvège du 16 au 23 janvier, puis en Suède et en Finlande, les 21 et 23 janvier, puis du 25 au 31 janvier en Pologne, à partir du 1er février en Allemagne. L’IRSN annonce que ce nouveau nuage a atteint la France ce jour. Aucun "incident" n’a pourtant été signalé. Mystère complet sur l’origine. Fukushima semble trop loin…

Lundi 20 février

 Greenpeace publie un rapport sur la sûreté nucléaire qui conclut que si aujourd’hui un des 58 réacteurs français demandait à démarrer pour la première fois, aucun n’obtiendrait le feu vert de l’ASN, Autorité de sûreté nucléaire, car ils ne sont pas au niveau de recommandation post-Tchernobyl et post-Fukushima… mais on continue quand même. Le même rapport montre que ces centrales sont particulièrement fragiles en cas d’attaque terroriste.

Vendredi 17 février

 Noam Chomsky, philosophe américain, écrit aux autorités japonaises pour apporter son soutien au projet de tribunal des peuples qui se tiendra le 26 février à Tokyo et qui jugera des responsabilités dans l’accident de Fukushima. Ce tribunal est une action lancée par le collectif Sauvons les enfants de Fukushima qui demande depuis le début l’évacuation plus large des enfants autour du site accidenté.

 Naoto Kan, premier ministre au moment de l’accident, intervient dans un entretien avec Reuters pour rappeler comment il a radicalement changé de position sur l’énergie nucléaire après avoir compris que "la région de Tokyo pouvait devenir invivable et qu’il faille évacuer 35 millions de personnes". Il a affiché au-dessus de son bureau une calligraphie chinoise qui dit "soyez brave, pas imprudent". Il affirme que le peuple japonais s’est montré digne depuis le début de la catastrophe mais que l’on ne peut pas en dire autant des politiques. Dans un autre entretien accordé à AP (Agence de presse), il affirme que la responsabilité de l’accident ne peut être imputé au tremblement de terre, mais bien au gouvernement japonais qui n’a pas su mettre en place des normes de sûreté suffisamment efficaces.

 Dans un entretien aux Dernières nouvelles d’Alsace, Stéphane Hessel, auteur d’Indignez-vous et soutien de François Hollande, déclare : "le nucléaire est un pari perdant"… et d’appeler à l’insurrection démocratique contre ce choix imposé par nos dirigeants.

Jeudi 16 février

 Le New York Times publie un reportage sur le personnel affecté au nettoyage de la ville d’Iitate, à 32 km du réacteur. Il ressort de cet article que nous sommes dans l’amateurisme le plus total. Les personnes sont envoyées sans aucune formation, elles déplacent surtout la radioactivité… et cela n’a aucune efficacité réelle… comme le montrent les analyses indépendantes commandées par d’anciens habitants. Par contre, cela coûte très cher. Le gouvernement a passé contrat avec trois entreprises du bâtiment — celles qui ont construit la plupart des réacteurs nucléaires du pays — pour un coût de 10 milliards d’euros. Le but est de permettre le retour des personnes évacuées… un discours de façade puisque pour le moment, les gens continuent à fuir par leurs propres moyens. Kiyoshi Sakurai, ancien chercheur à l’Agence japonaise de l’énergie atomique, en conclut que "l’industrie japonaise est gérée de sorte que plus vous échouez, plus vous gagnez d’argent".

 EDF annonce avoir augmenté ses bénéfices en 2011 pour atteindre un résultat net de 3 milliards… et bizarrement cela se traduit par une baisse de ses actions en Bourse. Pourquoi ? Parce que les marchés savent lire entre les lignes et s’inquiètent du récent rapport de la Cour des Comptes qui demande la réalisation des travaux demandés par l’ASN (pour au moins dix milliards) et une réévaluation des réserves pour le démantèlement…

 Le département de géophysique de l’université de Tohuku annonce qu’un nouveau fort tremblement de terre est tout à fait possible prochainement. Alors que le Japon a eu droit à 1300 séismes entre 2001 et 2010, il y en a eu 24 000 dans le mois qui a suivi le 11 mars 2011. Le phénomène de friction des plaques géologiques est actuellement intense et un super-séisme est possible, le nord du pays (et donc Fukushima) étant le plus concerné.

 TEPCO annonce que c’est le thermomètre qui est défectueux dans le réacteur n°2 puisque les autres températures relevées restent stables. Cela n’explique pas la présence de Xénon, ni le fait que depuis janvier les injections d’eau ont été multipliées par dix.

 Le gouvernement de la région annonce au même moment une remontée "massive" des contaminations au césium, avec des pointes à plus de 210 000 Bq/kg.

Mercredi 15 février

 L’IRSN, Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, publie un rapport dans lequel il s’inquiète de la baisse du nombre des pro-nucléaires et de la baisse de confiance accordée aux autorités : seuls 24 % des Français croient le gouvernement et cet institut concernant le nucléaire. encore 24 % de naïfs !

 Le Point rappelle que c’est l’Allemagne qui, malgré la fermeture de ses réacteurs nucléaires, a sauvé la France pendant la vague de froid de la première quinzaine de février. Mais pas gratuitement ! Alors que le prix d’achat du mégawattheure est en période calme autour de 40 €, le 9 février 2012, EDF a dû le payer 628 € !

 La préfecture de Fukushima s’inquiète d’une remontée sensible des niveaux de radioactivité depuis le mois de janvier.

 TEPCO annonce une remontée de la température dans le réacteur n°3.

 Des organisations militantes japonaises dénoncent le fait que seul TEPCO puisse communiquer des mesures de radioactivité ou de température, ce qui fait que les rumeurs enflent sans aucune possible contre-enquête.

 Le gouverneur de la préfecture de Fukushima, dans une conférence de presse, s’étonne qu’aucun responsable de TEPCO ne soit encore arrêté après les multiples malfaçons révélées depuis qu’a commencé la crise nucléaire.

Mardi 14 février

 Le thermomètre du réacteur n°2 n’est malheureusement pas cassé ! Tepco annonce en effet avoir détecté la présence de Xénon 133 et 135 (demi-vie de cinq jours pour l’un, neuf heures pour l’autre)… signe que la réaction nucléaire a repris. Et le thermomètre indique toujours une température supérieure à 300°C.

 Un groupe d’industriels autour de Mitsubishi propose de construire une ferme éolienne de 12 MW au large de la province de Fukushima.

Lundi 13 février

 Le matin au Japon (vers minuit chez nous), selon Tepco, la température indiquée par un thermomètre a bondi à 285°C dans le réacteur n°2. L’opérateur en conclut que le thermomètre ne fonctionne plus ! Douze heures plus tard, (midi chez nous) le thermomètre a grimpé à 342°C selon Tepco… ce qui ne semble pas cohérent avec deux autres points de mesure où la température est restée à 35°C. Par contre, les relevés de radioactivité montrent une augmentation notable des taux de césium 134 et 137 depuis le 11 février.

 Selon des infos qui circulent sur internet, la Nisa, autorité de sûreté japonaise, demande la distribution d’iode dans le rayon de 30 à 50 km autour de la centrale !

 Selon Tepco, son déficit sur les 9 derniers mois de 2011 serait de 6 milliards malgré les aides de l’Etat. Un groupe d’experts mandatés par le gouvernement estime que l’accident a déjà coûté 44 milliards d’euros. Sondage en Suisse : 17% pour l’arrêt immédiat, 52% pour ne pas remplacer les existantes, 19% pour renouveler sans augmenter, 9% pour la construction de nouveaux réacteurs et 3% sans opinion. Soit 69% pour la sortie du nucléaire.

 Selon les instances scolaires japonaises, le nombre d’enfants scolarisés (et dans les crèches) de la province de Fukushima est en baisse de 17 308 depuis l’accident, ceux de la province de Miyagi de 5124 et ceux d’Iwaté de 3735. Ceux et celles qui sont encore scolarisés risquent d’avoir un avenir bien sombre. Sentaku magazine, un magazine japonais titre : "Prendre en considération les enfants avant les politiques" et de dénoncer les tergiversations entre partis politiques alors que l’avenir du pays, via les enfants, est sérieusement compromis.

Dimanche 12 février

 La température dans le réacteur n°2 de Fukushima continue de monter. On en est à 82°C en moyenne, une température qui n’avait pas été atteinte depuis novembre 2011. Vu l’emplacement de la mesure, il est fort possible qu’au niveau du cœur, on ait dépassé les 100°C et donc le début de l’ébullition pour l’eau que l’on injecte. Tepco annonce que depuis le début de l’année 2012, les injections d’eau ont dû être multipliées par 10 : on en est à 17,4 m3/h, un niveau jamais atteint jusqu’à maintenant. Tepco alerte la Nisa, l’autorité de sûreté nucléaire, pour annoncer une probable reprise de l’accident nucléaire. L’annonce de la fin de l’accident le 26 décembre 2011 relève donc bien de la désinformation officielle.

Samedi 11 février


 La température dans le réacteur n°2 de Fukushima continue d’augmenter et Tepco augmente encore les quantités d’eau injectées : on passe à 14,6 tonnes/heure.

 12 000 personnes manifestent pour l’abandon de l’énergie nucléaire à Tokyo. De nombreuses autres manifestations se sont tenues dans d’autres villes du pays. L’acteur japonais Taro Yamamoto, qui aurait été écarté de plusieurs distributions du fait de ses prises de position contre le nucléaire, a déclaré aux manifestants : "Notre pays cessera d’exister s’il est confronté à nouveau à un grand séisme". Selon les spécialistes, il y a 70 % de probabilité qu’un nouveau séisme aussi important que le 11 mars dernier ait lieu d’ici 2016, 98 % d’ici trente ans.

Vendredi 10 février


 Le gouvernement ukrainien a approuvé la construction d’un site de stockage des déchets nucléaires dans la zone interdite de Tchernobyl. Sachant que l’Ukraine est candidate pour entrer dans l’Union européenne et que celle-ci a voté une résolution permettant à un pays d’exporter ses déchets nucléaires dans un autre pays de l’Union si celle-ci a une solution de stockage, devinez dans combien de temps nos déchets partiront à Tchernobyl…

 Le gouvernement taïwanais réagit à la publication d’un article paru dans Le Monde du 8 février présentant le pays comme des "apprentis sorciers du nucléaire". Selon eux, les trois centrales du pays obéissent aux meilleures normes de sûreté au monde. Le Monde cite lui des membres de l’AEC, l’autorité de sûreté nucléaire du pays.

 Le réacteur n°2 de Cattenom tombe en panne… provoquant une hausse des importations allemandes.

Jeudi 9 février


 L’association citoyenne qui a lancé un appel à la tenue de référendum sur l’arrêt du nucléaire dans chaque département, annonce avoir dépassé les 250 000 signatures à Tokyo, largement au-dessus des 214 000 nécessaires.

 Sarkozy se rend à Fessenheim pour annoncer qu’il ne fermera pas ce réacteur. Pour son déplacement, il s’est entouré d’un fort déploiement militaire. Les antinucléaires ont pu photographier des blindés dans les communes environnantes… et même certains peints aux couleurs de l’ONU ! Il faut croire que la tension est importante à la frontière ! Dès fois que les antinucléaires Allemands attaquent ! Les journaux ont repris benoîtement les déclarations de Nicolas Sarkozy "On ne fermera pas Fessenheim" en oubliant que la région voisine Allemande est actionnaire de la centrale et que cette région est dirigée par les Verts… donc rien n’est joué !

 Les journaux ont repris avec confiance la dépêche de l’AFP annonçant un redémarrage de centrale nucléaire en Allemagne. Hors c’est une fausse information que l’AFP n’a que faiblement démenti ce jour. En fait c’est une centrale au charbon allemande qui a été démarrée… pour se substituer à une centrale nucléaire française, le réacteur n°2 de la centrale du Tricastin tombé en panne. La désinformation est donc totale… et pas corrigé dans les médias !

 Pour la première fois depuis 1978, la NRC, autorité de sûreté nucléaire des Etats-Unis, approuve une résolution visant à autoriser la construction de nouveau réacteur nucléaire par Toshiba. Le président de la NRC, Gregory Jaczko, a fait part de sa propre opposition : " Je ne peux pas soutenir la délivrance de cette autorisation comme si Fukushima n’avait jamais eu lieu". D’autant plus que Toshiba est associé au Japon avec TEPCO. Les médias américains annoncent toutefois que cela ne change pas grand chose : depuis quelques années, l’exploitation du gaz de schistes à fait baisser le prix de l’électricité provenant du gaz et il est peu probable que de nouveaux réacteurs nucléaires voient le jour dans le pays dans les années à venir.


Mercredi 8 février


 Selon l’AFP, l’Allemagne annonce avoir redémarré un des huit réacteurs arrêtés au printemps 2011… pour produire de l’électricité… Pourtant en Allemagne, le chauffage électrique n’existe quasiment pas et le froid ne fait pas monter la demande en électricité. Alors d’où vient le besoin d’électricité ? De la France à qui l’Allemagne vend du courant à un prix très intéressant ?


Mardi 7 février


 Le SER, Syndicat des énergies renouvelables (dans lequel on retrouve EDF, Areva…) présente à la presse un scénario prévoyant qu’en 2020, 25 % de l’électricité française soit d’origine renouvelable. Selon leur étude, cela permettrait de créer 125 000 emplois. Pour y arriver, le SER demande que l’on autorise l’implantation d’éolienne individuelle (actuellement, il en faut au minimum 5), que l’on aide à redémarrer la filière photovoltaïque, que l’on harmonise les démarches administratives… L’idée est de produite toujours plus et absolument pas d’économiser.

 Selon les statistiques de l’association européenne de l’énergie éolienne, 71 % des nouvelles capacités de production d’électricité en Europe en 2011 sont d’origine renouvelables. Le reste provient du gaz et du charbon. Le nucléaire est lui en baisse du fait de l’arrêt des réacteurs en Allemagne.

Lundi 6 février


 TEPCO augmente encore les injections d’eau dans le réacteur n°2 (13 tonnes à l’heure) car la température ne redescend pas. TEPCO estime toutefois que la réaction nucléaire n’a pas repris car il n’y a pas détection de xénon.

 Le quotidien japonais Asahi révèle qu’au moins trois experts sur les questions énergétiques appelés à se prononcer sur le futur énergétique du pays ont reçu des sommes importantes de l’industrie nucléaire : environ 200 000 euros pour les trois.

 Le quotidien japonais Mainichi Japan publie lui une enquête sur un trafic de faux contrats de travail mis en place pour les travailleurs pauvres envoyés sur le site de la centrale de Fukushima. Apparemment la mafia (yakuza) a mis en place un système de travail au noir permettant d’éviter le suivi des doses de radioactivité reçues. Les journalistes ont réussi a entrer en contact avec une vingtaine de ces travailleurs clandestins.

 Le Nouvel Obs rapporte qu’un journaliste français, correspondant de la chaîne France 24, à Tokyo, a été arrêté le 3 janvier dernier pour avoir pénétré illégalement sur le site de la centrale de Fukushima, en ayant utilisé un pass d’un des travailleurs. Il a été libéré quelques jours après mais va passer en procès. Il est accusé d’avoir tenté de dérober des documents démontrant des pratiques frauduleuses.

 L’ASN classe au niveau 2 la découverte d’un défaut de conception sur les réacteurs 2 et 3 de Cattenom (Lorraine). Ce défaut pourrait amplifier un accident sur les piscines d’entreposage des combustibles.

Dimanche 5 février


 Selon le quotidien japonais Yomiuri Shimbun, l’accident nucléaire de Fukushima aurait déjà fait officiellement 573 morts. Ces morts seraient celles provoquées par l’évacuation des habitants à la suite de l’accident dans 13 communes de la préfecture de Fukushima. Des personnes malades, fatiguées, âgées, qui n’ont pas supporter le choc du déménagement.

 Le Ministre d’état d’urgence ukrainien, qui suit les conséquences de l’accident de Tchernobyl, annonce la signature d’une convention avec le Japon pour partager les informations et les connaissances sur les accidents nucléaires.

 La revue international Environnemental pollution publie un article scientifique sur la baisse du nombre d’oiseaux autour du site de Fukushima. Les auteurs, qui avaient déjà fait une étude autour de Tchernobyl, montre que les oiseaux sont particulièrement sensibles aux radiations : celles-ci les rendent stériles.

 Le groupe de musique japonais Fryong Dutchman (https://fryingdutchman.jp) qui a réalisé une chanson Human error qui a fait un tube au Japon et qui dénonce le fait que le gouvernement préfère protéger l’économie plutôt que les gens, lance un appel à manifester partout le 11 mars 2012.

 TEPCO annonce que parallèlement à des fuites d’eau détectées, la température du cœur du réacteur n°2 est remontée ce jour de 45°C le 27 janvier à 72 °C aujourd’hui. De l’eau a été massivement rajoutées pour restabiliser la situation (10 tonnes à l’heure).

Samedi 4 février


 Le gouvernement annonce que le taux de radioactivité toléré dans le riz baissera de 500 à 100 bq/kg au 1er avril 2012. Pas sûr que cela suffise à faire baisser les taux de contamination : 84 % des échantillons de riz mesurés dans la préfecture de Fukushima sont contaminés. 38 producteurs de trois communes, ont déjà vu leur récolte confisquées parce que dépassant les 500 bq/kg, limite actuelle.

Jeudi 2 février


 L’association française Cités unies et son équivalente japonaise CLAIR ont organisé un voyage à Fukushima pour les élus ayant une centrale nucléaire sur leur commune. Sept maires ont accepté l’invitation et Le Monde raconte leur "émotion" à la vue des superbes paysages de la région… paysages sans plus aucun humain. Yves Dauge, maire de Chinon, avoue qu’il ne peut s’empêcher de penser à ce que deviendrait sa région en cas d’accident. Les rencontres avec les élus japonais sont "bouleversants" quand on parle de l’"ennemi invisible" qu’est la radioactivité. Jacques Maugein, élu près du Blayais, estime, en écoutant les récits sur les manques de TEPCO, qu’EDF aurait sans doute fait de même et de s’interroger : "En France, c’est le préfet qui a normalement l’autorité pour décider une évacuation. Que devraient faire les élus s’il ne la décide pas ?"

Mercredi 1er février


 En réaction à la publication de la Cour des Comptes qui pointent les nombreuses incertitudes sur le coût réel du nucléaire, la ministre de l’écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, demande "un audit pour contrôler les devis de démantèlement". Le problème est que pour faire un chiffrage, il faudrait avoir des expériences de démantèlement et que pour le moment, il n’y en a pas…

 La conclusion de la Cour des comptes sur le coût de la filière incite des politiques à affirmer que seule la poursuite de l’exploitation des réacteurs actuels est réaliste économiquement. C’est oublier un peu vite que ces réacteurs ont été pensé pour une durée de vie de 30 ans, âge que certains ont déjà dépassé. Et plus un réacteur vieilli, plus il se fragilise du fait de l’irradiation de ses structures.

 La cour des Comptes n’a pas étudié le coût d’un accident majeur, mais rappelle qu’au delà de 700 millions d’euros de dégâts, c’est l’Etat qui paie, car le nucléaire est exclu des assurances. Par comparaison, l’accident de Tchernobyl a déjà dépassé les 1000 milliards de dollars (environ 800 milliards d’euros). Autant dire qu’un accident, c’est la ruine de l’Etat assuré. Le Japon ne commence que maintenant à s’en rendre compte.

 De nouvelles fuites d’eau (8,5 tonnes au moins) ont été détectées sur le réacteur n°4. Depuis le tremblement de terre du 1er janvier 2012, la radioactivité dans ce réacteur est en hausse. Il y a probablement eu des dégâts dans l’étanchéité de la piscine de stockage des barres de combustibles, piscine qui avait déjà eu des soucis après le tremblement de terre du 11 mars 2011.



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