AREVA et les tenants du nucléaire ont fait pression depuis des années pour obtenir la construction dun EPR. Or, remplacer les réacteurs actuels par des EPR est une mauvaise tactique pour lopérateur AREVA. En effet, largument massue de la perte de compétences sapplique plus aux futures générations de réacteurs quà cet EPR, apparenté à des machines vieilles de plus de 30 ans.
Si AREVA na que lEPR dans ses cartons, cest un signe grave de la sclérose de ses services de recherche. Cette absence de vue à long terme va la placer hors des marchés futurs pour les réacteurs dits de quatrième génération. Pire, cette politique engage la France sur une voie sans issue car tôt ou tard, les brevets de ces nouveaux réacteurs devront être achetés chez nos concurrents. Cest déjà arrivé en 1974, quand EDF a commandé des réacteurs sous licence américaine, laissant tomber la filière française des graphite-gaz prétendument plus chers (10% de plus sur le kWh) : lhistoire bégaie.
Remplacer ou non tout ou partie du parc avec lEPR suppose dabord une analyse des besoins énergétiques du pays, et ensuite des possibilités de remplacement de ce parc.
Un programme énergétique cohérent doit sappuyer sur la mise en place dune politique très volontariste déconomies dénergie et dutilisation de toutes les sources possibles (bois, géothermie, solaire, éolien ...).
Dans un tel programme, lEPR na pas sa place. En effet, aux défauts connus des réacteurs à eau pressurisée - quantité non optimisée de déchets à vie longue, rendement faible (33%), donc rejets de chaleur importants - il ajoute sa taille (1500 MWé), inadaptée aux marchés des pays émergents, pour qui les paliers 300 à 600 MWé sont bien plus aptes à répondre à leurs besoins.
Si les tenants du nucléaire veulent de nouveaux réacteurs, ces derniers doivent mieux utiliser le combustible doù diminution des déchets - et voir un rendement meilleur (45 à 50 %) - doù des rejets plus faibles pour une même puissance.
Largument sécurité ne sapplique pas non plus à lEPR. Il est certes doté dune enceinte plus épaisse, de systèmes performants, mais il reste un réacteur à eau pressurisée avec ses problèmes de tenue des matériaux sous irradiation, de sa cuve sous pression. Quant à celui de la compétitivité accrue, un gain de 10 % sur le KWh nest vraiment pas suffisant pour la prouver, surtout pour un réacteur encore sur plan.
LEPR nest pas une fatalité : ce sont seulement des partisans du nucléaire et une firme sans ambition qui veulent limposer. Les citoyens disent oui à une politique énergétique ambitieuse, respectueuse de lenvironnement, et non à la mise en route dun réacteur vieillot, inutile et dangereux.
Loi sur lénergie : adoptée le 1er juin 2004
LAssemblée a adopté le 1er juin 2004 en première lecture, par 358 voix pour, 157 voix contre et 4 abstentions, le projet de loi dorientation sur lénergie. Le projet gouvernemental fait clairement le choix du nucléaire en confirmant le lancement de lEPR, réacteur nucléaire de 3e génération.
Le texte a été approuvé avec les seules voix de droite (UMP, UDF), PS et PCF ayant voté contre.
Ce texte a été adopté à deux semaines de lexamen le 15 juin à lAssemblée du projet de loi sur le changement de statut dEDF et GDF.
Source : daprès AFP
Parti Socialiste
Communiqué de presse du 10 mai 2004
Loi dorientation sur lEnergie
Le Parti socialiste dénonce le calendrier précipité du débat sur le projet de loi dorientation sur lénergie (...) ne laissant ainsi aucune place au travail de la représentation nationale.
Après plusieurs mois de discussions aboutissant à un projet de loi minimaliste, sans aucune vision densemble de la politique énergétique, le gouvernement cherche manifestement à éviter ainsi une vraie discussion au Parlement sur un sujet qui engage pourtant notre avenir pour les décennies à venir.
La nécessité de prendre des mesures courageuses, en rupture avec la politique actuelle, était pourtant unanimement soulignée. Or, il nen reste pas une trace dans le projet de loi, qui ne comprend par exemple aucune mesure significative sur les transports, après labandon du soutien aux transports collectifs en site propre décidé lannée dernière.
Le Parti socialiste proteste également contre la délégation au marché de lessentiel de la politique déconomie dénergie que constitue la création de certificats blancs, sans aucune garantie sur lefficacité dun tel système.
Enfin, il rappelle son opposition à la décision de construire aujourdhui lEPR en France, qui ne correspond pas, en létat actuel du parc nucléaire, à un vrai besoin.
Note du Réseau : la position du PS peut être considérée comme une avancée mais nous savons que cest une position prise dans lopposition (ce qui est bien moins signifiant quen étant aux affaires). Par ailleurs, une majorité des élus et de la direction du PS est toujours clairement pro-nucléaires. Citons notamment M Didier Guillaume, Président PS du Conseil Général de la Drôme au Dauphiné Libéré le 3 mai :
... Avec les élus de notre département, je suis en train de prendre toutes les dispositions et les contacts pour mettre la Drôme en tête et que nous puissions accueillir lEPR...
Malgré ceci, le Réseau Sortir du nucléaire a écrit aux vingt Présidents de Région, PS, pour quils refusent le réacteur nucléaire EPR dans leur région. Michel Sapin, président de la région Centre nous a répondu quil évoquerait cette question au cours dune prochaine réunion de lAssociation des Régions de France pour quune position commune soit adoptée à ce sujet.
Monique Sené
Groupement de scientifiques pour linformation sur lénergie nucléaire (GSIEN)
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