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La phrase qui tue le nucléaire

Michel Destot (député-maire de Grenoble, ex-ingénieur au CEA)

Article publié le 6 août 2012



"Les difficultés scientifiques ou techniques de mise en œuvre de la fusion nucléaire sont immenses."



Docteur en physique nucléaire et ex-ingénieur du CEA, Michel Destot est député de l’Isère depuis 1988 et maire de Grenoble depuis 1995. Il fut rapporteur spécial du budget de l’industrie de 1997 à 2002, et initiateur des journées parlementaires sur l’Énergie.

Farouche pro-nucléaire, en 1998 il plaide vigoureusement en faveur du développement du MOX. Il est également auteur d’un rapport parlementaire très favorable au réacteur ITER de recherche sur la fusion nucléaire.

Michel Destot est également membre du comité de parrainage de l’association de promotion du nucléaire "Sauvons le climat", soutenue par EDF.

Dans l’essai "Énergie et climat – Réponses à une crise annoncée", co-écrit en 2006 par Michel Destot avec Achille Ferrari [1] et Philippe Girard [2] pour la Fondation Jean Jaurès, on peut lire ces remarques sur le réacteur ITER de recherche sur la fusion nucléaire :

"De nombreuses propositions sont formulées promettant des ressources merveilleuses, mais de tels espoirs relèvent le plus souvent de l’illusion ou du très long terme. […] La fusion est la plus vantée des sources d’abondance. Les difficultés scientifiques ou techniques de sa mise en œuvre sont immenses. Et on ne peut raisonnablement espérer disposer de centrales électriques à fusion avant la fin du siècle." (p. 116)

ainsi que les considérations suivantes :

"Il faut signaler que différentes formes d’énergie font depuis longtemps l’objet de propositions plus ou moins réalistes qui ont en commun le rêve d’une abondance énergétique illimitée et à faible prix. Théoriquement possibles, elles pêchent le plus souvent par manque de réalisme pratique ou manque de rationalité économique. Le but des choix politiques est aussi de dissiper ce qui doit être considéré comme des espoirs vains."

La fusion nucléaire est la première de ces "propositions plus ou moins réalistes" qui "pêchent par manque de réalisme pratique ou de rationalité économique", analysée par Destot et ses co-auteurs, immédiatement à la suite du passage ci-dessus, dans les termes suivants :

"Le soleil est le théâtre de réactions de fusion nucléaire dont il tire son rayonnement. Ce phénomène est l’une des sources de la vie sur terre. Sans doute faut-il voir là l’origine de la popularité dont bénéficie l’énergie de fusion. […] Le deutérium est relativement abondant : une molécule d’eau de mer sur 5000 contient des atomes de deutérium. Il n’en est pas pour autant gratuit car il faut l’extraire. Quant au tritium, élément radioactif, il n’existe même pas dans la nature. Il faut donc le créer artificiellement en recourant à une réaction nucléaire : en bombardant du lithium par des neutrons. […] Le prototype ITER devrait avoir une puissance thermique de l’ordre de 500 MW pendant quelques centaines de secondes. La faisabilité technologique ne sera que partiellement atteinte avec ces réalisations, l’énergie thermique dégagée ne compensant même pas l’énergie électrique consommée pour assurer la réaction de fusion. De ce panorama rapide, on peut conclure que l’on n’est pas à la veille de produire des kWh à partir de la fusion nucléaire. La fusion contrôlée est et restera pendant encore longtemps un thème de recherche. Autant dire que l’on ne peut la prendre en compte dans la définition d’une politique énergétique à l’horizon de 2050, ni faire le pari que la fusion sauvera l’humanité dans la deuxième moitié du XXIe siècle." (p. 55)


Notes

[1Achille Ferrari, polytechnicien, ancien conseiller en charge du secteur énergie et recherche nucléaire (1981-1982) auprès de Jean-Pierre Chevènement (ministre de la recherche et de la technologie). Il a mené sa carrière dans le secteur de l’énergie (nucléaire et pétrole) et a fini président de la holding ISIS.

[2Philippe Girard, agrégé de chimie, docteur en physique atomique, a travaillé dans la recherche avant de se consacrer aujourd’hui aux marchés énergétiques.

Docteur en physique nucléaire et ex-ingénieur du CEA, Michel Destot est député de l’Isère depuis 1988 et maire de Grenoble depuis 1995. Il fut rapporteur spécial du budget de l’industrie de 1997 à 2002, et initiateur des journées parlementaires sur l’Énergie.

Farouche pro-nucléaire, en 1998 il plaide vigoureusement en faveur du développement du MOX. Il est également auteur d’un rapport parlementaire très favorable au réacteur ITER de recherche sur la fusion nucléaire.

Michel Destot est également membre du comité de parrainage de l’association de promotion du nucléaire "Sauvons le climat", soutenue par EDF.

Dans l’essai "Énergie et climat – Réponses à une crise annoncée", co-écrit en 2006 par Michel Destot avec Achille Ferrari [1] et Philippe Girard [2] pour la Fondation Jean Jaurès, on peut lire ces remarques sur le réacteur ITER de recherche sur la fusion nucléaire :

"De nombreuses propositions sont formulées promettant des ressources merveilleuses, mais de tels espoirs relèvent le plus souvent de l’illusion ou du très long terme. […] La fusion est la plus vantée des sources d’abondance. Les difficultés scientifiques ou techniques de sa mise en œuvre sont immenses. Et on ne peut raisonnablement espérer disposer de centrales électriques à fusion avant la fin du siècle." (p. 116)

ainsi que les considérations suivantes :

"Il faut signaler que différentes formes d’énergie font depuis longtemps l’objet de propositions plus ou moins réalistes qui ont en commun le rêve d’une abondance énergétique illimitée et à faible prix. Théoriquement possibles, elles pêchent le plus souvent par manque de réalisme pratique ou manque de rationalité économique. Le but des choix politiques est aussi de dissiper ce qui doit être considéré comme des espoirs vains."

La fusion nucléaire est la première de ces "propositions plus ou moins réalistes" qui "pêchent par manque de réalisme pratique ou de rationalité économique", analysée par Destot et ses co-auteurs, immédiatement à la suite du passage ci-dessus, dans les termes suivants :

"Le soleil est le théâtre de réactions de fusion nucléaire dont il tire son rayonnement. Ce phénomène est l’une des sources de la vie sur terre. Sans doute faut-il voir là l’origine de la popularité dont bénéficie l’énergie de fusion. […] Le deutérium est relativement abondant : une molécule d’eau de mer sur 5000 contient des atomes de deutérium. Il n’en est pas pour autant gratuit car il faut l’extraire. Quant au tritium, élément radioactif, il n’existe même pas dans la nature. Il faut donc le créer artificiellement en recourant à une réaction nucléaire : en bombardant du lithium par des neutrons. […] Le prototype ITER devrait avoir une puissance thermique de l’ordre de 500 MW pendant quelques centaines de secondes. La faisabilité technologique ne sera que partiellement atteinte avec ces réalisations, l’énergie thermique dégagée ne compensant même pas l’énergie électrique consommée pour assurer la réaction de fusion. De ce panorama rapide, on peut conclure que l’on n’est pas à la veille de produire des kWh à partir de la fusion nucléaire. La fusion contrôlée est et restera pendant encore longtemps un thème de recherche. Autant dire que l’on ne peut la prendre en compte dans la définition d’une politique énergétique à l’horizon de 2050, ni faire le pari que la fusion sauvera l’humanité dans la deuxième moitié du XXIe siècle." (p. 55)



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