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Sortir du nucléaire n°69



Mai 2016

Nous avons lu...

Transition énergétique

Comment fait l’Allemagne

Vincent Boulanger, Éd. Les Petits Matins / Institut Veblen, 2015, 172 p., 14 €, à commander en librairie.

Lorsqu’il est question de la sortie du nucléaire en Allemagne dans les médias, revient fréquemment un refrain du genre : "l’Allemagne relance le charbon et fait exploser les factures d’électricité". Diverses personnalités politiques relaient de telles affirmations. En quelques chapitres, Vincent Boulanger reprend les unes après les autres les représentations erronées de la transition énergétique allemande, en les démontant avec méthode et précision.

Toutes ses explications sont appuyées sur des données chiffrées concernant la part des différentes énergie, leurs coûts, le développement des énergies renouvelables, les pertes et créations d’emplois dues à la transition énergétique, etc. Des éléments de comparaison sont donnés par rapport à la situation française. On trouve aussi une analyse des raisons pour lesquelles en Allemagne la population accepte plus facilement l’implantation d’éoliennes qu’en France, où nombre de projets rencontrent des oppositions, pas toujours pour de bonnes raisons. Les militant-e-s antinucléaires trouveront dans ce très bon livre des arguments solides pour contrer les propos mensongers du lobby nucléaire et ses relais.

Martial Château

CRILAN, 40 ans de luttes antinucléaires... et ce n’est pas fini !

Paulette Anger, Christiane Durchon et le conseil d’administration du CRILAN, 2016, 48 pages, à commander pour 13 € port compris au CRILAN, 10 route d’Étang Val, 50340 Les Pieux.

Depuis cinquante ans des hommes et des femmes agissent contre l’industrie nucléaire. Les premières résistances à la pieuvre atomique ont commencé dès les années 1960. Mais c’est dans les années 1970 que l’opposition au nucléaire s’affirme et rallie à elle de nombreux soutiens. La Normandie est l’une des régions où le mouvement antinucléaire a pris le plus d’ampleur. Dès 1973 est fondé un Comité contre la pollution atomique dans La Hague. Deux ans plus tard, une nouvelle organisation voit le jour, le Comité régional d’information et de lutte antinucléaire (CRILAN). Fort d’une vingtaine de comités locaux dans la Manche et le Calvados, le CRILAN n’a jamais renoncé. Il poursuit sans faillir son action de mobilisation contre la pieuvre atomique.

Le CRILAN publie aujourd’hui une brochure passionnante "40 ans de luttes antinucléaires... et ce n’est pas fini !" Nous est présentée une histoire du mouvement antinucléaire de Normandie. Illustré de dizaines de photographies et d’affiches ce document donne à voir une résolution indéfectible à dénoncer l’horreur atomique. Une résolution jamais entamée malgré l’intransigeance d’une industrie absurde et les violences de l’État.

Guillaume Blavette

Traverser Tchernobyl

Galia Ackerman, Éd. Premier Parallèle, 2016, 228 p., 18 €, à commander en librairie

Galia Ackerman nous propose une immersion géographique, historique et humaine dans la région de Tchernobyl. Il y est question de la catastrophe, mais c’est surtout un voyage à la rencontre de celles et ceux qui ont fait l’histoire, ou qui participent aujourd’hui à une nouvelle page de l’histoire de cette région.

L’autrice est allée sur place échanger avec des personnes qui sont retournées vivre dans un rayon plus ou moins proche de la centrale, dans des zones plus ou moins contaminées, sous un statut plus ou moins légal. Ce qui a poussé ces individus, la plupart du temps des anciens qui se mouraient loin de leurs terres et cultures, à revenir ce n’est pas la vente au marché noir de la ferraille contaminée ou celle des champignons radioactifs. C’est un sentiment d’appartenir à un pays qui semble toujours exister et proposer une nature verdoyante et luxuriante. Car tel est le cas, si on ne prend pas en compte la radioactivité omniprésente, qui ne se voit pas et ne se sent pas. Le témoignage d’Ackerman est fort en rencontres, en tendresse et en tristesse, celle qui vous prend à la lecture des ressentis d’une population qui n’a fait que subir les décisions d’une dictature communiste devenue capitaliste. Une population abandonnée, qui vit dans une misère noire comme le cataclysme qui s’est abattu sur leur simplicité.

Jocelyn Peyret

Les écluses du temps

Guillaume Kosmowski, Ed. Bookelis-Artefact, 2015, 82 p., 9,5 €, à commander en librairie.

La fiction spéculative sur fond de nucléaire et d’écologie connaît un regain éditorial depuis Fukushima. Côté qualité, on y trouve un peu de tout. Ce très court roman est indubitablement une très bonne sur- prise et une réussite, dont je recommande la lecture – on ne peut plus aisée, le destinant tant aux adolescents qu’aux adultes. Neuf brefs chapitres, chacun consacré à un personnage différent, déploient avec une vraie maîtrise de l’ellipse les prémices et les conséquences d’une catastrophe nucléaire qui frappe la centrale du Tricastin. Prescience ? Publié peu de temps avant les attaques terroristes du 13 novembre 2015, le roman imagine un attentat perpétré par un commando lybien. Or en avril 2016, on apprenait que les terroristes qui ont frappé Bruxelles avaient initialement visé une centrale nucléaire... Au fil des personnages, c’est aussi le temps qu’on parcourt : au-delà de la catastrophe nucléaire, c’est l’effondrement de la société industrielle que dépeint aussi Kosmowski, projetant finalement ses personnages 30 ans après la catastrophe nucléaire.

Bien documenté, doté d’une perception claire et pertinente du sujet, l’auteur réussit à parler de nucléaire et d’écologie sans aucune lourdeur didactique - un écueil que n’évitent pas d’autres fictions du genre.

Xavier Rabilloud

La tribu des derniers romantiques

Jocelyn Peyret, Éd. de la Question, 2015, 234 pages, à commander auprès de l’auteur sur https://editions-la-question.blogspot.fr

Voilà un polar haletant avec du sexe et du sang ! Les héros principaux, Val’ et Tonyo, reviennent à Darwin en Australie pour participer à la lutte conte l’extraction d’uranium sur les terres sacrées des Aborigènes... Une manière originale de traiter des problèmes liés à l’extraction de l’uranium, un des côtés “sale” du nucléaire trop souvent oublié. L’auteur, ancien salarié du Réseau "Sortir du nucléaire" et collaborateur bénévole de la revue, retrace dans ce roman, sous couvert d’une enquête policière, le combat d’un peuple autochtone pour sa souveraineté, contre les holdings internationales prêtes à saccager leurs terres pour implanter de vastes mines. Une lutte inégale où tous les coups sont permis et qui peut conduire jusqu’à la mort... Ce road-movie permet de découvrir l’Australie, un continent envoûtant et dépaysant que l’auteur connaît bien pour avoir participé à des marches militantes antinucléaires à travers le bush. Une lecture à suspense, conseillée à celles et ceux qui souhaitent s’informer de façon ludique sur un des nombreux problèmes liés à l’exploitation du nucléaire. Simone Fest

LOVE

Richard Morgiève, Éd. Montparnasse, 2015, 304 p., 18 €, à commander en librairie.

En Ardèche, la fin du monde commence par la destruction de la centrale du Tricastin. "Un virus a contaminé une culture de tissus organiques dans lesquels on avait implanté des micro-processeurs... Mutation/Propagation ". Dans le monde entier, le chaos s’installe "chacun pour soi et le désastre pour tous".

Dans les convulsions de ce monde en train de sombrer, parmi ces humains résignés ou capables du pire pour vivre ou pour jouir, il y a Chance. Cyborg conçu et piloté par une mystérieuse agence, machine à tuer dépourvue de sentiments, survivre lui est facile. Mais dans quel but ?

Il y a la fille sans nom, rencontrée par hasard. Elle va toucher la part humaine enfouie en lui et lui offrir le seul avenir possible : redevenir un être humain tandis que l’humanité retourne à la sauvagerie. La retrouver, voilà la quête éperdue où se lance Chance.

Une histoire nouvelle commence : se libérer des chaines d’un monde mort, retrouver l’innocence de l’amour, la confiance dans l’autre. Et pour eux deux, et peut-être pour l’humanité, vivre au-delà du désastre.

Dans ce roman âpre du chaos final, Richard Morgiève transmet sa foi dans l’humanité capable, par la rédemption et l’amour, d’inventer un avenir meilleur même "dans la nuit atomique, sur les traces de la mort et du pire". Sophie Morel

Transition énergétique

Comment fait l’Allemagne

Vincent Boulanger, Éd. Les Petits Matins / Institut Veblen, 2015, 172 p., 14 €, à commander en librairie.

Lorsqu’il est question de la sortie du nucléaire en Allemagne dans les médias, revient fréquemment un refrain du genre : "l’Allemagne relance le charbon et fait exploser les factures d’électricité". Diverses personnalités politiques relaient de telles affirmations. En quelques chapitres, Vincent Boulanger reprend les unes après les autres les représentations erronées de la transition énergétique allemande, en les démontant avec méthode et précision.

Toutes ses explications sont appuyées sur des données chiffrées concernant la part des différentes énergie, leurs coûts, le développement des énergies renouvelables, les pertes et créations d’emplois dues à la transition énergétique, etc. Des éléments de comparaison sont donnés par rapport à la situation française. On trouve aussi une analyse des raisons pour lesquelles en Allemagne la population accepte plus facilement l’implantation d’éoliennes qu’en France, où nombre de projets rencontrent des oppositions, pas toujours pour de bonnes raisons. Les militant-e-s antinucléaires trouveront dans ce très bon livre des arguments solides pour contrer les propos mensongers du lobby nucléaire et ses relais.

Martial Château

CRILAN, 40 ans de luttes antinucléaires... et ce n’est pas fini !

Paulette Anger, Christiane Durchon et le conseil d’administration du CRILAN, 2016, 48 pages, à commander pour 13 € port compris au CRILAN, 10 route d’Étang Val, 50340 Les Pieux.

Depuis cinquante ans des hommes et des femmes agissent contre l’industrie nucléaire. Les premières résistances à la pieuvre atomique ont commencé dès les années 1960. Mais c’est dans les années 1970 que l’opposition au nucléaire s’affirme et rallie à elle de nombreux soutiens. La Normandie est l’une des régions où le mouvement antinucléaire a pris le plus d’ampleur. Dès 1973 est fondé un Comité contre la pollution atomique dans La Hague. Deux ans plus tard, une nouvelle organisation voit le jour, le Comité régional d’information et de lutte antinucléaire (CRILAN). Fort d’une vingtaine de comités locaux dans la Manche et le Calvados, le CRILAN n’a jamais renoncé. Il poursuit sans faillir son action de mobilisation contre la pieuvre atomique.

Le CRILAN publie aujourd’hui une brochure passionnante "40 ans de luttes antinucléaires... et ce n’est pas fini !" Nous est présentée une histoire du mouvement antinucléaire de Normandie. Illustré de dizaines de photographies et d’affiches ce document donne à voir une résolution indéfectible à dénoncer l’horreur atomique. Une résolution jamais entamée malgré l’intransigeance d’une industrie absurde et les violences de l’État.

Guillaume Blavette

Traverser Tchernobyl

Galia Ackerman, Éd. Premier Parallèle, 2016, 228 p., 18 €, à commander en librairie

Galia Ackerman nous propose une immersion géographique, historique et humaine dans la région de Tchernobyl. Il y est question de la catastrophe, mais c’est surtout un voyage à la rencontre de celles et ceux qui ont fait l’histoire, ou qui participent aujourd’hui à une nouvelle page de l’histoire de cette région.

L’autrice est allée sur place échanger avec des personnes qui sont retournées vivre dans un rayon plus ou moins proche de la centrale, dans des zones plus ou moins contaminées, sous un statut plus ou moins légal. Ce qui a poussé ces individus, la plupart du temps des anciens qui se mouraient loin de leurs terres et cultures, à revenir ce n’est pas la vente au marché noir de la ferraille contaminée ou celle des champignons radioactifs. C’est un sentiment d’appartenir à un pays qui semble toujours exister et proposer une nature verdoyante et luxuriante. Car tel est le cas, si on ne prend pas en compte la radioactivité omniprésente, qui ne se voit pas et ne se sent pas. Le témoignage d’Ackerman est fort en rencontres, en tendresse et en tristesse, celle qui vous prend à la lecture des ressentis d’une population qui n’a fait que subir les décisions d’une dictature communiste devenue capitaliste. Une population abandonnée, qui vit dans une misère noire comme le cataclysme qui s’est abattu sur leur simplicité.

Jocelyn Peyret

Les écluses du temps

Guillaume Kosmowski, Ed. Bookelis-Artefact, 2015, 82 p., 9,5 €, à commander en librairie.

La fiction spéculative sur fond de nucléaire et d’écologie connaît un regain éditorial depuis Fukushima. Côté qualité, on y trouve un peu de tout. Ce très court roman est indubitablement une très bonne sur- prise et une réussite, dont je recommande la lecture – on ne peut plus aisée, le destinant tant aux adolescents qu’aux adultes. Neuf brefs chapitres, chacun consacré à un personnage différent, déploient avec une vraie maîtrise de l’ellipse les prémices et les conséquences d’une catastrophe nucléaire qui frappe la centrale du Tricastin. Prescience ? Publié peu de temps avant les attaques terroristes du 13 novembre 2015, le roman imagine un attentat perpétré par un commando lybien. Or en avril 2016, on apprenait que les terroristes qui ont frappé Bruxelles avaient initialement visé une centrale nucléaire... Au fil des personnages, c’est aussi le temps qu’on parcourt : au-delà de la catastrophe nucléaire, c’est l’effondrement de la société industrielle que dépeint aussi Kosmowski, projetant finalement ses personnages 30 ans après la catastrophe nucléaire.

Bien documenté, doté d’une perception claire et pertinente du sujet, l’auteur réussit à parler de nucléaire et d’écologie sans aucune lourdeur didactique - un écueil que n’évitent pas d’autres fictions du genre.

Xavier Rabilloud

La tribu des derniers romantiques

Jocelyn Peyret, Éd. de la Question, 2015, 234 pages, à commander auprès de l’auteur sur https://editions-la-question.blogspot.fr

Voilà un polar haletant avec du sexe et du sang ! Les héros principaux, Val’ et Tonyo, reviennent à Darwin en Australie pour participer à la lutte conte l’extraction d’uranium sur les terres sacrées des Aborigènes... Une manière originale de traiter des problèmes liés à l’extraction de l’uranium, un des côtés “sale” du nucléaire trop souvent oublié. L’auteur, ancien salarié du Réseau "Sortir du nucléaire" et collaborateur bénévole de la revue, retrace dans ce roman, sous couvert d’une enquête policière, le combat d’un peuple autochtone pour sa souveraineté, contre les holdings internationales prêtes à saccager leurs terres pour implanter de vastes mines. Une lutte inégale où tous les coups sont permis et qui peut conduire jusqu’à la mort... Ce road-movie permet de découvrir l’Australie, un continent envoûtant et dépaysant que l’auteur connaît bien pour avoir participé à des marches militantes antinucléaires à travers le bush. Une lecture à suspense, conseillée à celles et ceux qui souhaitent s’informer de façon ludique sur un des nombreux problèmes liés à l’exploitation du nucléaire. Simone Fest

LOVE

Richard Morgiève, Éd. Montparnasse, 2015, 304 p., 18 €, à commander en librairie.

En Ardèche, la fin du monde commence par la destruction de la centrale du Tricastin. "Un virus a contaminé une culture de tissus organiques dans lesquels on avait implanté des micro-processeurs... Mutation/Propagation ". Dans le monde entier, le chaos s’installe "chacun pour soi et le désastre pour tous".

Dans les convulsions de ce monde en train de sombrer, parmi ces humains résignés ou capables du pire pour vivre ou pour jouir, il y a Chance. Cyborg conçu et piloté par une mystérieuse agence, machine à tuer dépourvue de sentiments, survivre lui est facile. Mais dans quel but ?

Il y a la fille sans nom, rencontrée par hasard. Elle va toucher la part humaine enfouie en lui et lui offrir le seul avenir possible : redevenir un être humain tandis que l’humanité retourne à la sauvagerie. La retrouver, voilà la quête éperdue où se lance Chance.

Une histoire nouvelle commence : se libérer des chaines d’un monde mort, retrouver l’innocence de l’amour, la confiance dans l’autre. Et pour eux deux, et peut-être pour l’humanité, vivre au-delà du désastre.

Dans ce roman âpre du chaos final, Richard Morgiève transmet sa foi dans l’humanité capable, par la rédemption et l’amour, d’inventer un avenir meilleur même "dans la nuit atomique, sur les traces de la mort et du pire". Sophie Morel



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