Note d’info du CEDRA : Excursion dans l’arrière-cuisine des cocottes-minutes atomiques
Publié le 21 août 2013
En pleine affaire « Valduc », la semaine passée, un journaliste (et non des moindres) nous disait combien les médias étaient critiqués pour ne pas assurer le suivi, bien trop souvent, aux informations qu’ils livraient. L’affaire des cocottes-minutes ayant défrayé la chronique (jusque dans la presse d’outre Manche, d’outre Rhin, de Russie), et étant à son origine, le CEDRA s’oblige à ce « devoir de suite » à travers cette ‘Note INFO’.
À la clé, des éléments de compréhension pour appréhender les questions de fond : l’utilisation, massive, de cocottes-minutes étant pour le moins « insolite », l’arrière-cuisine du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) de Valduc/Salives (Bourgogne) est-elle clean ? Que se passe-t-il réellement à Valduc/Salives et les citoyens-nes peuvent-il avoir CONFIANCE (dans le gestionnaire, dans les élus locaux… et nationaux, dans les organismes de surveillance) ?
Préambule
Une enquête telle celle menée sur ces désormais fameuses cocottes-minutes n’aurait pu voir le jour sans deux éléments majeurs, et donc incontournables, qui se doivent d’être ici salués :
▸ l’informateur, ici un ingénieur qui a révélé au CEDRA la quête par le CEA-Valduc/Salives de 4000 cocottes-minutes, avec l’appel d’offre illustrant ses dires. Sans ce genre d’information, le bout de la ficelle, impossible de lever les lièvres soigneusement tapis. Qu’on se le dise
▸ les débusqueurs de réponses, les médias, qui souvent sont les seuls à pouvoir pousser le loup à sortir du bois. Comme ici, où au commencement de l’affaire le CEA-Valduc s’était commodément mis aux abonnés absents
Cuisine atomique
Cette affaire des cocottes-minutes, si elle laisse de larges pans dans l’ombre, aura néanmoins permis de lever un coin de voile sur la cuisine atomique bourguignonne :
▸ utiliser de la quincaille dans un site présenté comme high-tech, manipulateur de l’arsenal atomique du pays, laisse songeur. Et si certains ‘responsables’ tentent de minimiser en affirmant que les autres pays nucléarisés font de même en se servant de ces ustensiles de cuisine, on mettra en parallèle, en opposition, le témoignage de stupéfaction de l’une des meilleures spécialistes françaises du sujet, la physicienne Monique Sené
▸ confirmant nos analyses, la direction du site reconnaît que le « matériau sensible » à transporter dans les autocuiseurs sera bien du plutonium. Un lingot d’un kilo par cocotte-minute, spécifie le CEA. Curieux !
- 1 kg par cocotte. Or, le CEA programme l’achat de 4000 cocottes, serait-ce à dire qu’il y aurait 4000 kg de plutonium concernés ? Soit 4 tonnes, ce qui serait énorme sachant que quelques kilos suffisent à la fabrication d’un missile nucléaire
- de plus, le plutonium ayant une densité fort élevée (quasi 20), un lingot de 1 kg prend un très faible volume de 5 cl. Or, le CEA commande des autocuiseurs d’une capacité unitaire de 17 litres. 5 cl de matériau pour 17 l de capacité ! Faut-il comprendre que le plutonium est à ce point toxique (radioactif et chimique) qu’il nécessite une protection, un enrobage, énorme ? Sans compter la particularité (criticité) qu’il développe au-delà d’une certaine masse (quelques kilos), d’auto-exploser par réaction en chaîne
▸ autre point qui pose question, la multiplication de la production de déchets radioactifs, dont nul au monde ne sait sérieusement quoi faire. Voilà donc des cocottes-minutes, des milliers, qui, contaminées, vont partir à la décharge. Invraisemblable ! Et qui éclaire crûment la filière nucléaire
Arrière-cuisine peu ragoûtante
La sordide affaire des cocottes-minutes a mené le CEDRA à pousser l’enquête sur ce qui se passe réellement à Valduc, dans son arrière-cuisine. Manifestement, les inspections, sanitaires et autres, doivent remonter à Mathusalem… ou être diligentées par des gens qui ne veulent rien voir :
▸ fin 2010 des personnes sont contaminées dans la banlieue parisienne. En cause, des instruments radioactifs venant de Valduc. Soulevées : la violation des prescriptions du code de la santé publique et du code du travail relatives à la prévention des risques sanitaires liés aux rayonnements ionisants, la violation des prescriptions du code de l’environnement relatives à la gestion des matières radioactives ainsi qu’à la protection de l’air et de l’eau, la violation des dispositions du règlement relatif au transport des matières nucléaires et radioactives
▸ fin 2012 on découvre que Valduc expédie à Andra-Soulaines (poubelle nucléaire, en Champagne) des déchets qui y sont interdits, et ce depuis 2007
▸ quant à la « propreté » du site, dès 1995 le laboratoire indépendant de la CRIIRAD démontrait, à l’issue d’une rocambolesque campagne de prélèvements, une large contamination des eaux par des rejets radioactifs issus de l’usine de Valduc
Saine gestion ? Confiance ?
De ces invraisemblables défaillances, qu’en est-il aujourd’hui des conséquences et leçons tirées par les ‘responsables’ ? Jugeons-en :
▸ non seulement les dites ‘autorités’ ni ne closent, ni ne restreignent les activités de l’usine mais elles ouvrent au contraire la porte à une véritable mitose, à une gangrènisation : tout ce que ce faisait le site militaire atomique et secret de Pontfaverger-Moronvilliers (Marne/Champagne) est transféré à Valduc, ce à quoi va s’ajouter un dense programme de manipulations communes avec les Britanniques (sous le doux nom de code ‘Toutates’, gris-gris pour éviter que le ciel ne tombe sur la tête). Résultat ? L’autorisation de multiplier les rejets radioactifs. Par 3 ! Manifestement, ces nouvelles normes n’ont pas pour objectif de protéger la santé des riverains mais bien celle de l’industrie militaire de Valduc
▸ curieusement, le fromage de Langres, fleuron local (appellation AOC), poursuit sa production dans un tel environnement sans que les élus locaux, pourtant obsédés par l’emploi, ne s’émeuvent des atteintes économiques potentielles
▸ par ailleurs, des grandes manœuvres se déroulent pour créer localement un ‘parc national’, englobant forêt entre Champagne et Bourgogne, avec l’usine atomique de Valduc en bordure, voire au sein même. Seraient pas tombés sur la tête tous ces gens-là ?
▸ pourtant il est un organisme de surveillance, auto-proclamé « gendarme du nucléaire ». Au vu des multiples affaires découvertes et non sanctionnées les délinquants peuvent courir tranquilles
▸ il est un autre organisme local, la SEIVA, dont on pourra chercher l’efficacité et le rôle exact et si un coup de tonnerre (page 4) vient d’ébranler le ciel serein radioactif de Valduc, il est plus dû à un membre de la SEIVA que de celle-ci : « Le centre de Valduc nous a donné à maintes reprises une information fausse sur l’existence de rejets liquides. Non seulement Valduc n’a jamais eu d’autorisation de rejets radioactifs liquides mais il a toujours déclaré qu’il n’en effectuait aucun. Or, le rapport annuel 2011 du CEA nous apprend que le centre de Valduc avait effectué des rejets radioactifs liquides de tritium de 2007 à 2010 inclus. La DARPE – Demande d’Autorisation de Rejets et de Prélèvement d’Eau – de 2009 précise que ces rejets ont été éliminés par voie atmosphérique (par évaporation et vaporisation). De plus, la stratégie antérieure des rejets évoluant, ils rejoindront désormais sources et rivières. Ainsi, la concentration de tritium dans un ruisseau en aval du centre dépassera 4 fois la valeur guide de potabilité de l’eau ! Information à vérifier lors d’une prochaine Commission de la SEIVA. »
QU’ON NE S’Y TROMPE PAS
L’arrière-cuisine du CEA Valduc/Salives n’a rien d’une exception que l’on se penche sur celle de ANDRA Soulaines-Morvillers par exemple ou encore celle de ANDRA Bure
À la clé, des éléments de compréhension pour appréhender les questions de fond : l’utilisation, massive, de cocottes-minutes étant pour le moins « insolite », l’arrière-cuisine du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) de Valduc/Salives (Bourgogne) est-elle clean ? Que se passe-t-il réellement à Valduc/Salives et les citoyens-nes peuvent-il avoir CONFIANCE (dans le gestionnaire, dans les élus locaux… et nationaux, dans les organismes de surveillance) ?
Préambule
Une enquête telle celle menée sur ces désormais fameuses cocottes-minutes n’aurait pu voir le jour sans deux éléments majeurs, et donc incontournables, qui se doivent d’être ici salués :
▸ l’informateur, ici un ingénieur qui a révélé au CEDRA la quête par le CEA-Valduc/Salives de 4000 cocottes-minutes, avec l’appel d’offre illustrant ses dires. Sans ce genre d’information, le bout de la ficelle, impossible de lever les lièvres soigneusement tapis. Qu’on se le dise
▸ les débusqueurs de réponses, les médias, qui souvent sont les seuls à pouvoir pousser le loup à sortir du bois. Comme ici, où au commencement de l’affaire le CEA-Valduc s’était commodément mis aux abonnés absents
Cuisine atomique
Cette affaire des cocottes-minutes, si elle laisse de larges pans dans l’ombre, aura néanmoins permis de lever un coin de voile sur la cuisine atomique bourguignonne :
▸ utiliser de la quincaille dans un site présenté comme high-tech, manipulateur de l’arsenal atomique du pays, laisse songeur. Et si certains ‘responsables’ tentent de minimiser en affirmant que les autres pays nucléarisés font de même en se servant de ces ustensiles de cuisine, on mettra en parallèle, en opposition, le témoignage de stupéfaction de l’une des meilleures spécialistes françaises du sujet, la physicienne Monique Sené
▸ confirmant nos analyses, la direction du site reconnaît que le « matériau sensible » à transporter dans les autocuiseurs sera bien du plutonium. Un lingot d’un kilo par cocotte-minute, spécifie le CEA. Curieux !
- 1 kg par cocotte. Or, le CEA programme l’achat de 4000 cocottes, serait-ce à dire qu’il y aurait 4000 kg de plutonium concernés ? Soit 4 tonnes, ce qui serait énorme sachant que quelques kilos suffisent à la fabrication d’un missile nucléaire
- de plus, le plutonium ayant une densité fort élevée (quasi 20), un lingot de 1 kg prend un très faible volume de 5 cl. Or, le CEA commande des autocuiseurs d’une capacité unitaire de 17 litres. 5 cl de matériau pour 17 l de capacité ! Faut-il comprendre que le plutonium est à ce point toxique (radioactif et chimique) qu’il nécessite une protection, un enrobage, énorme ? Sans compter la particularité (criticité) qu’il développe au-delà d’une certaine masse (quelques kilos), d’auto-exploser par réaction en chaîne
▸ autre point qui pose question, la multiplication de la production de déchets radioactifs, dont nul au monde ne sait sérieusement quoi faire. Voilà donc des cocottes-minutes, des milliers, qui, contaminées, vont partir à la décharge. Invraisemblable ! Et qui éclaire crûment la filière nucléaire
Arrière-cuisine peu ragoûtante
La sordide affaire des cocottes-minutes a mené le CEDRA à pousser l’enquête sur ce qui se passe réellement à Valduc, dans son arrière-cuisine. Manifestement, les inspections, sanitaires et autres, doivent remonter à Mathusalem… ou être diligentées par des gens qui ne veulent rien voir :
▸ fin 2010 des personnes sont contaminées dans la banlieue parisienne. En cause, des instruments radioactifs venant de Valduc. Soulevées : la violation des prescriptions du code de la santé publique et du code du travail relatives à la prévention des risques sanitaires liés aux rayonnements ionisants, la violation des prescriptions du code de l’environnement relatives à la gestion des matières radioactives ainsi qu’à la protection de l’air et de l’eau, la violation des dispositions du règlement relatif au transport des matières nucléaires et radioactives
▸ fin 2012 on découvre que Valduc expédie à Andra-Soulaines (poubelle nucléaire, en Champagne) des déchets qui y sont interdits, et ce depuis 2007
▸ quant à la « propreté » du site, dès 1995 le laboratoire indépendant de la CRIIRAD démontrait, à l’issue d’une rocambolesque campagne de prélèvements, une large contamination des eaux par des rejets radioactifs issus de l’usine de Valduc
Saine gestion ? Confiance ?
De ces invraisemblables défaillances, qu’en est-il aujourd’hui des conséquences et leçons tirées par les ‘responsables’ ? Jugeons-en :
▸ non seulement les dites ‘autorités’ ni ne closent, ni ne restreignent les activités de l’usine mais elles ouvrent au contraire la porte à une véritable mitose, à une gangrènisation : tout ce que ce faisait le site militaire atomique et secret de Pontfaverger-Moronvilliers (Marne/Champagne) est transféré à Valduc, ce à quoi va s’ajouter un dense programme de manipulations communes avec les Britanniques (sous le doux nom de code ‘Toutates’, gris-gris pour éviter que le ciel ne tombe sur la tête). Résultat ? L’autorisation de multiplier les rejets radioactifs. Par 3 ! Manifestement, ces nouvelles normes n’ont pas pour objectif de protéger la santé des riverains mais bien celle de l’industrie militaire de Valduc
▸ curieusement, le fromage de Langres, fleuron local (appellation AOC), poursuit sa production dans un tel environnement sans que les élus locaux, pourtant obsédés par l’emploi, ne s’émeuvent des atteintes économiques potentielles
▸ par ailleurs, des grandes manœuvres se déroulent pour créer localement un ‘parc national’, englobant forêt entre Champagne et Bourgogne, avec l’usine atomique de Valduc en bordure, voire au sein même. Seraient pas tombés sur la tête tous ces gens-là ?
▸ pourtant il est un organisme de surveillance, auto-proclamé « gendarme du nucléaire ». Au vu des multiples affaires découvertes et non sanctionnées les délinquants peuvent courir tranquilles
▸ il est un autre organisme local, la SEIVA, dont on pourra chercher l’efficacité et le rôle exact et si un coup de tonnerre (page 4) vient d’ébranler le ciel serein radioactif de Valduc, il est plus dû à un membre de la SEIVA que de celle-ci : « Le centre de Valduc nous a donné à maintes reprises une information fausse sur l’existence de rejets liquides. Non seulement Valduc n’a jamais eu d’autorisation de rejets radioactifs liquides mais il a toujours déclaré qu’il n’en effectuait aucun. Or, le rapport annuel 2011 du CEA nous apprend que le centre de Valduc avait effectué des rejets radioactifs liquides de tritium de 2007 à 2010 inclus. La DARPE – Demande d’Autorisation de Rejets et de Prélèvement d’Eau – de 2009 précise que ces rejets ont été éliminés par voie atmosphérique (par évaporation et vaporisation). De plus, la stratégie antérieure des rejets évoluant, ils rejoindront désormais sources et rivières. Ainsi, la concentration de tritium dans un ruisseau en aval du centre dépassera 4 fois la valeur guide de potabilité de l’eau ! Information à vérifier lors d’une prochaine Commission de la SEIVA. »
QU’ON NE S’Y TROMPE PAS
L’arrière-cuisine du CEA Valduc/Salives n’a rien d’une exception que l’on se penche sur celle de ANDRA Soulaines-Morvillers par exemple ou encore celle de ANDRA Bure