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Contamination au Niger (et au Gabon) par les mines d’Uranium de la Cogéma-Areva

Mines d’uranium au Niger : "Sortir du nucléaire" lance une grande souscription pour mener une inspection indépendante

Article publié le 14 février 2005



Communiqué de presse du 14/02/2005



Au cours d’un débat télévisé, le 16 novembre dernier, le Réseau "Sortir du nucléaire" a dénoncé les conséquences pour la santé des mineurs et pour l’environnement du fait des conditions de l’extraction de l’uranium au Niger par la société Cogéma. Mme Lauvergeon, Présidente du directoire d’Areva (maison mère de la Cogéma) avait répondu par... une invitation au Niger, qui vient d’être confirmée par courrier daté du 4 janvier 2005.

Répondant ce jour à Areva, le Réseau "Sortir du nucléaire" :
 décline le financement d’Areva
 lance une souscription afin de monter une mission indépendante d’inspection des mines d’uranium du Niger avec des experts indépendants

Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande qu’Areva s’engage à ne pas entraver cette mission qui doit pouvoir :
 accéder sans restriction aux site miniers exploités par la Cogéma.
 être accompagnés de représentants de la presse.

Enfin, le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à avoir accès aux données et statistiques concernant :
 les types, durées et renouvellement des contrats de travail, mais aussi salaires, charges sociales,
 les accidents du travail (fréquence, gravité, suivi des accidentés),
 les risques de contamination (inhalation de particules d’uranium ou autre). Suivi médical.
 les doses d’irradiation reçues par les mineurs. Radioactivité dans les mines.
 le suivi médical des anciens mineurs : quel suivi, sur combien d’années, etc

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle les importantes difficultés rencontrées lors d’une première mission menée en décembre 2003 par la Criirad, qui, en particulier, s’était vue confisquer tous ses appareils de mesure.


Lettre en réponse à AREVA


Lundi 14 février 2005
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 701 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon
à Mme Lauvergeon, Présidente du Directoire d’Areva s/c M. Saulnier, Directeur de la communication d’Areva

Objet : Invitation à visiter les mines d’uranium opérées par Cogéma au Niger

Madame,

Nous avons bien reçu votre invitation, en date du 4 janvier 2005, à venir visiter les mines d’uranium exploitées par votre filiale Cogéma au Niger. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a bien l’intention de se rendre dès que possible au Niger, mais en restant fidèle à sa ligne de conduite basée sur une totale indépendance. Aussi, nous lançons ces jours-ci une grande souscription afin de monter une mission indépendante d’inspection des mines d’uranium du Niger, à laquelle nous allons inviter des experts indépendants que nous contactons actuellement.

Nous n’acceptons donc pas votre financement mais, par contre, nous vous demandons :

1) de nous assurer que cette mission pourra se dérouler normalement contrairement à la mission qu’a tenté de mener la Criirad en décembre 2003 :
"Le 3 décembre, dès leur arrivée à l’aéroport de Niamey, les représentants de la Criirad étaient fouillés - les seuls à l’être -, et leur matériel de mesure confisqué." (Extrait du compte-rendu publié par la Criirad le 18 décembre 2003).

2) de prendre des engagements fermes en terme de transparence. En particulier, nous souhaitons :
 pouvoir accéder sans restriction aux sites miniers que vous exploitez tout en nous conformant, bien entendu, aux mesures de sécurité en vigueur.
 être accompagnés de représentants de la presse.

Par ailleurs, nous vous demandons d’ores et déjà d’avoir accès aux informations et statistiques concernant :
 les types, durées et renouvellement des contrats de travail, mais aussi salaires et charges sociales
 les accidents du travail (fréquence, gravité, suivi des accidentés)
 les risques de contamination (inhalation de particules d’uranium ou autre). Suivi médical.
 les doses d’irradiation reçues par les mineurs. Radioactivité dans les mines.
 le suivi médical des anciens mineurs : quel suivi, sur combien d’années, etc

Nous attirons votre attention sur le fait que ces demandes vous sont faites dans le but de réunir les conditions indispensables pour réaliser une inspection sérieuse.

Nous vous prions de croire, Madame, à notre engagement pour la préservation de l’environnement et de la démocratie.

Le CA du Réseau "Sortir du nucléaire"


RAPPEL : COURRIER D’AREVA


Areva
Paris, le 4 janvier 2005
JES - 05/002
M. Lhomme Stéphane
SORTIR DU NUCLEAIRE
9 rue Dumenge 69000 Lyon

Monsieur, Au cours de l’émission France Europe Express diffusée le 16 novembre 2004, Anne Lauvergeon, Présidente du Directoire d’AREVA, vous a invité à visiter les mines d’uranium opérées par COGEMA au Niger. J’ai le plaisir de vous confirmer cette proposition et souhaiterais connaître vos disponibilités pour organiser ce déplacement dans le région d’Arlit, où se trouvent les deux sites miniers Cominak et Somaïr. Mon collaborateur, Charles Hufnaghel, est à votre disposition pour vous fournir les informations complémentaires dont vous souhaiterez disposer. Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleures salutations.

Jacques-Emmanuel Saulnier Directeur de la Communication Porte-parole AREVA


ARTICLES PARU DANS "20 minutes"


20 minutes - Vendredi 11 février 2005
Le géant Areva extrait de la colère

Terrain miné. Le géant français du nucléaire Areva fait face à la fronde de salariés de deux mines d’uranium qu’il exploite au Niger, à Arlit. En cause  : le respect de la santé de 1 600 employés et de l’environnement dans cette région de 30 000 habitants. Ce conflit a pris une ampleur suffisante pour que l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et l’ONG française Sherpa soient dépêchées sur place par les camps en présence, qui pour l’heure ne disposent d’aucune expertise indépendante à l’appui de leurs affirmations. Récit d’un affrontement. Une ONG locale : « A Arlit, tout le monde est malade. » Dans un entretien téléphonique à 20 Minutes, le président de l’ONG locale Bouclier vivant se dit inquiet. « A Artlit, tout le monde est malade ! assure Almoustapha Alhacen. Hypertension, diabète, typhoïde, grossesses difficiles... Une partie de la faune, comme les gazelles ou les autruches, a presque disparu. Et il y a des déchets radioactifs à ciel ouvert. » Inquiétant. Sauf que Almonstapaha Alhacen ne dispose d’aucune étude prouvant ses allégations. « Je n’accuse pas Areva de nuire à notre santé, je dénonce l’absence d’études indépendantes, les hôpitaux locaux lui appartenant », nuance- t-il. L’ONG Sherpa, présente actuellement à Arlit, appuie cette version. Sa coordinatrice, Samira Daoud, effectue son troisième séjour au Niger : « Nous avons parlé à beaucoup de monde, il ressort qu’il existe des raisons sérieuses de s’interroger sur l’origine des problèmes de santé des populations locales », assène-t-elle. Areva : « Les mêmes normes qu’en Europe ou au Canada. » Lassée par ces accusations, Areva met en avant plusieurs arguments : ses deux hôpitaux privés bâtis près des mines dispensent gratuitement des soins à toute la population. « C’est la région où les populations du Niger sont les mieux soignées. » L’entreprise nie farouchement toute volonté de cacher la situation sanitaire. « Nous respectons à Arlit les meilleurs standards internationaux. Les conditions de travail sont calées sur les règles suivies dans nos mines du Canada (...) et les critères de radioprotection des travailleurs sont aussi exigeants qu’en Europe. » Ne disposant pas plus que ses accusateurs d’étude indépendante, Areva nous a indiqué avoir sollicité l’ASN, dont les conclusions pourraient être publiées fin mars. Problème, l’efficacité de l’ASN est souvent mise en doute par les antinucléaires. Il n’est pas certain qu’elle règle le cas d’Arlit. Stéphane Colineau

20 minutes - Lundi 14 février 2005
Areva : Sortir du nucléaire réagit

Sortir du nucléaire s’immisce dans les affaires d’Areva et de sa filiale Cogema au Niger. Ce réseau de 698 associations a indiqué à 20 Minutes qu’il lançait à partir d’aujourd’hui une souscription destinée à financer une expédition indépendante. Celle-ci doit expertiser les éventuels impacts sanitaires et environnementaux de l’exploitation par la Cogema de deux mines d’uranium à Arlit au Niger. Une ONG locale, Bouclier vivant, réclame depuis des mois une étude épidémiologique (lire 20 Minutes de vendredi), affirmant avoir constaté la recrudescence de certaines pathologies chez les 1 600 employés des mines et les 30 000 habitants alentours. Mais elle ne peut fournir de preuve scientifique. La Cogema déclare appliquer au Niger les mêmes normes de sécurité qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Incapable de fournir une expertise indépendante pour faire taire les critiques, Areva a convié sur place l’Autorité de sûreté du nucléaire, qui doit rendre prochainement ses conclusions. Un voyage de presse est aussi programmé, mais est en suspens en raison des bandes armées qui sévissent dans la région. Des ONG et des antinucléaires ont aussi été invités. Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, a ainsi reçu une invitation d’Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva. Sa réponse, adressée dans un courrier daté d’aujourd’hui : « Le réseau Sortir du nucléaire a bien l’intention de se rendre dès que possible au Niger, mais en restant fidèle à sa ligne de conduite basée sur une totale indépendance. » S. C.


COMMUNIQUE CRIIRAD du mercredi 16 février 2005


Communication du groupe COGEMA-AREVA sur les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger

La CRIIRAD vient d’apprendre que COGEMA-AREVA organise une mission de communication à destination de certains journalistes, les 23 et 24 février prochains, à ARLIT où ses filiales COMINAK et SOMAÏR exploitent des mines d’uranium depuis les années 70. A la demande de l’ONG nigérienne AGHIR IN’MAN, la CRIIRAD (laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité) et SHERPA (association de juristes) ont conduit, en décembre 2003, une mission exploratoire afin d’évaluer l’impact radiologique des activités minières et son lien éventuel avec la dégradation de la situation sanitaire des habitants des cités minières.

De nombreux éléments sont venus entraver la réalisation de la mission et notamment la confiscation du matériel de contrôle radiologique de l’équipe CRIIRAD dès son atterrissage à Niamey. Bien que Mme Lauvergeon, présidente de COGEMA-AREVA aie nié, lors d’un débat télévisé (1), la responsabilité de son groupe, des témoignages de responsables politiques et associatifs nigériens attestent au contraire que COGEMA est à l’origine de ce blocage.

Bien que son matériel professionnel aie été confisqué, l’équipe CRIIRAD a pu effectuer sur place un certain nombre de constatations inquiétantes (cf. compte rendu complet : www.criirad.org , dossiers 2005 / Niger) et notamment :

 La dissémination de ferrailles radioactives dans les rues d’Arlit, d’autant plus préoccupante que tout est recyclé (y compris comme ustensile de cuisine)
 Le stockage à l’air libre de déchets radifères très radiotoxiques,
 L’insuffisance des moyens de contrôle radiologique des services de l’Etat nigérien.

Information et actions alternatives : Durant l’année 2004, l’association SHERPA a poursuivi son enquête sanitaire à Arlit, tandis que le laboratoire de la CRIIRAD effectuait des analyses complémentaires sur les échantillons prélevés sur place. Les résultats de ces enquêtes et l’interprétation scientifique des résultats seront présentés au cours d’une conférence de presse CRIIRAD-SHERPA qui aura lieu à Paris, postérieurement à la mission de communication organisée par AREVA. Ceci permettra d’intégrer aux exposés les réponses aux arguments que COGEMA-AREVA se propose de diffuser à l’occasion du voyage qu’elle organise fin février pour certains journalistes (2). Compte tenu des bénéfices que tire la France de l’exploitation minière au Niger, il importe que les citoyens français se mobilisent pour aider les populations locales à défendre leurs droits : droit à une surveillance des activités à risque par leur propre gouvernement, droit à la gestion correcte des déchets toxiques, droit à l’information et à la réalisation de contrôles indépendants, droit à la préservation de leur environnement et de leur santé. C’est dans cet esprit que le Réseau Sortir du Nucléaire a lancé, le 14 février dernier, une souscription afin de financer une expertise indépendante complémentaire aux investigations préliminaires conduites par la CRIIRAD.


(1) le 16 novembre 2004
(2) En effet, les informations officielles rassurantes données en général par COGEMA ne rendent pas compte de la réalité de la situation radiologique sur le terrain. Le laboratoire de la CRIIRAD a pu le constater sur tous les sites COGEMA qu’il a contrôlés depuis plus de 10 ans, qu’il s’agisse de l’impact des usines de retraitement de MARCOULE et de la HAGUE ou des mines d’uranium (en Limousin, Loire-Atlantique, dans le Cantal, le Lodévois ou la Loire).

Au cours d’un débat télévisé, le 16 novembre dernier, le Réseau "Sortir du nucléaire" a dénoncé les conséquences pour la santé des mineurs et pour l’environnement du fait des conditions de l’extraction de l’uranium au Niger par la société Cogéma. Mme Lauvergeon, Présidente du directoire d’Areva (maison mère de la Cogéma) avait répondu par... une invitation au Niger, qui vient d’être confirmée par courrier daté du 4 janvier 2005.

Répondant ce jour à Areva, le Réseau "Sortir du nucléaire" :
 décline le financement d’Areva
 lance une souscription afin de monter une mission indépendante d’inspection des mines d’uranium du Niger avec des experts indépendants

Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande qu’Areva s’engage à ne pas entraver cette mission qui doit pouvoir :
 accéder sans restriction aux site miniers exploités par la Cogéma.
 être accompagnés de représentants de la presse.

Enfin, le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à avoir accès aux données et statistiques concernant :
 les types, durées et renouvellement des contrats de travail, mais aussi salaires, charges sociales,
 les accidents du travail (fréquence, gravité, suivi des accidentés),
 les risques de contamination (inhalation de particules d’uranium ou autre). Suivi médical.
 les doses d’irradiation reçues par les mineurs. Radioactivité dans les mines.
 le suivi médical des anciens mineurs : quel suivi, sur combien d’années, etc

Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle les importantes difficultés rencontrées lors d’une première mission menée en décembre 2003 par la Criirad, qui, en particulier, s’était vue confisquer tous ses appareils de mesure.


Lettre en réponse à AREVA


Lundi 14 février 2005
Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 701 associations
9 rue Dumenge 69004 Lyon
à Mme Lauvergeon, Présidente du Directoire d’Areva s/c M. Saulnier, Directeur de la communication d’Areva

Objet : Invitation à visiter les mines d’uranium opérées par Cogéma au Niger

Madame,

Nous avons bien reçu votre invitation, en date du 4 janvier 2005, à venir visiter les mines d’uranium exploitées par votre filiale Cogéma au Niger. Le Réseau "Sortir du nucléaire" a bien l’intention de se rendre dès que possible au Niger, mais en restant fidèle à sa ligne de conduite basée sur une totale indépendance. Aussi, nous lançons ces jours-ci une grande souscription afin de monter une mission indépendante d’inspection des mines d’uranium du Niger, à laquelle nous allons inviter des experts indépendants que nous contactons actuellement.

Nous n’acceptons donc pas votre financement mais, par contre, nous vous demandons :

1) de nous assurer que cette mission pourra se dérouler normalement contrairement à la mission qu’a tenté de mener la Criirad en décembre 2003 :
"Le 3 décembre, dès leur arrivée à l’aéroport de Niamey, les représentants de la Criirad étaient fouillés - les seuls à l’être -, et leur matériel de mesure confisqué." (Extrait du compte-rendu publié par la Criirad le 18 décembre 2003).

2) de prendre des engagements fermes en terme de transparence. En particulier, nous souhaitons :
 pouvoir accéder sans restriction aux sites miniers que vous exploitez tout en nous conformant, bien entendu, aux mesures de sécurité en vigueur.
 être accompagnés de représentants de la presse.

Par ailleurs, nous vous demandons d’ores et déjà d’avoir accès aux informations et statistiques concernant :
 les types, durées et renouvellement des contrats de travail, mais aussi salaires et charges sociales
 les accidents du travail (fréquence, gravité, suivi des accidentés)
 les risques de contamination (inhalation de particules d’uranium ou autre). Suivi médical.
 les doses d’irradiation reçues par les mineurs. Radioactivité dans les mines.
 le suivi médical des anciens mineurs : quel suivi, sur combien d’années, etc

Nous attirons votre attention sur le fait que ces demandes vous sont faites dans le but de réunir les conditions indispensables pour réaliser une inspection sérieuse.

Nous vous prions de croire, Madame, à notre engagement pour la préservation de l’environnement et de la démocratie.

Le CA du Réseau "Sortir du nucléaire"


RAPPEL : COURRIER D’AREVA


Areva
Paris, le 4 janvier 2005
JES - 05/002
M. Lhomme Stéphane
SORTIR DU NUCLEAIRE
9 rue Dumenge 69000 Lyon

Monsieur, Au cours de l’émission France Europe Express diffusée le 16 novembre 2004, Anne Lauvergeon, Présidente du Directoire d’AREVA, vous a invité à visiter les mines d’uranium opérées par COGEMA au Niger. J’ai le plaisir de vous confirmer cette proposition et souhaiterais connaître vos disponibilités pour organiser ce déplacement dans le région d’Arlit, où se trouvent les deux sites miniers Cominak et Somaïr. Mon collaborateur, Charles Hufnaghel, est à votre disposition pour vous fournir les informations complémentaires dont vous souhaiterez disposer. Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes meilleures salutations.

Jacques-Emmanuel Saulnier Directeur de la Communication Porte-parole AREVA


ARTICLES PARU DANS "20 minutes"


20 minutes - Vendredi 11 février 2005
Le géant Areva extrait de la colère

Terrain miné. Le géant français du nucléaire Areva fait face à la fronde de salariés de deux mines d’uranium qu’il exploite au Niger, à Arlit. En cause  : le respect de la santé de 1 600 employés et de l’environnement dans cette région de 30 000 habitants. Ce conflit a pris une ampleur suffisante pour que l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN) et l’ONG française Sherpa soient dépêchées sur place par les camps en présence, qui pour l’heure ne disposent d’aucune expertise indépendante à l’appui de leurs affirmations. Récit d’un affrontement. Une ONG locale : « A Arlit, tout le monde est malade. » Dans un entretien téléphonique à 20 Minutes, le président de l’ONG locale Bouclier vivant se dit inquiet. « A Artlit, tout le monde est malade ! assure Almoustapha Alhacen. Hypertension, diabète, typhoïde, grossesses difficiles... Une partie de la faune, comme les gazelles ou les autruches, a presque disparu. Et il y a des déchets radioactifs à ciel ouvert. » Inquiétant. Sauf que Almonstapaha Alhacen ne dispose d’aucune étude prouvant ses allégations. « Je n’accuse pas Areva de nuire à notre santé, je dénonce l’absence d’études indépendantes, les hôpitaux locaux lui appartenant », nuance- t-il. L’ONG Sherpa, présente actuellement à Arlit, appuie cette version. Sa coordinatrice, Samira Daoud, effectue son troisième séjour au Niger : « Nous avons parlé à beaucoup de monde, il ressort qu’il existe des raisons sérieuses de s’interroger sur l’origine des problèmes de santé des populations locales », assène-t-elle. Areva : « Les mêmes normes qu’en Europe ou au Canada. » Lassée par ces accusations, Areva met en avant plusieurs arguments : ses deux hôpitaux privés bâtis près des mines dispensent gratuitement des soins à toute la population. « C’est la région où les populations du Niger sont les mieux soignées. » L’entreprise nie farouchement toute volonté de cacher la situation sanitaire. « Nous respectons à Arlit les meilleurs standards internationaux. Les conditions de travail sont calées sur les règles suivies dans nos mines du Canada (...) et les critères de radioprotection des travailleurs sont aussi exigeants qu’en Europe. » Ne disposant pas plus que ses accusateurs d’étude indépendante, Areva nous a indiqué avoir sollicité l’ASN, dont les conclusions pourraient être publiées fin mars. Problème, l’efficacité de l’ASN est souvent mise en doute par les antinucléaires. Il n’est pas certain qu’elle règle le cas d’Arlit. Stéphane Colineau

20 minutes - Lundi 14 février 2005
Areva : Sortir du nucléaire réagit

Sortir du nucléaire s’immisce dans les affaires d’Areva et de sa filiale Cogema au Niger. Ce réseau de 698 associations a indiqué à 20 Minutes qu’il lançait à partir d’aujourd’hui une souscription destinée à financer une expédition indépendante. Celle-ci doit expertiser les éventuels impacts sanitaires et environnementaux de l’exploitation par la Cogema de deux mines d’uranium à Arlit au Niger. Une ONG locale, Bouclier vivant, réclame depuis des mois une étude épidémiologique (lire 20 Minutes de vendredi), affirmant avoir constaté la recrudescence de certaines pathologies chez les 1 600 employés des mines et les 30 000 habitants alentours. Mais elle ne peut fournir de preuve scientifique. La Cogema déclare appliquer au Niger les mêmes normes de sécurité qu’en Europe ou en Amérique du Nord. Incapable de fournir une expertise indépendante pour faire taire les critiques, Areva a convié sur place l’Autorité de sûreté du nucléaire, qui doit rendre prochainement ses conclusions. Un voyage de presse est aussi programmé, mais est en suspens en raison des bandes armées qui sévissent dans la région. Des ONG et des antinucléaires ont aussi été invités. Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire, a ainsi reçu une invitation d’Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva. Sa réponse, adressée dans un courrier daté d’aujourd’hui : « Le réseau Sortir du nucléaire a bien l’intention de se rendre dès que possible au Niger, mais en restant fidèle à sa ligne de conduite basée sur une totale indépendance. » S. C.


COMMUNIQUE CRIIRAD du mercredi 16 février 2005


Communication du groupe COGEMA-AREVA sur les conditions d’exploitation de l’uranium au Niger

La CRIIRAD vient d’apprendre que COGEMA-AREVA organise une mission de communication à destination de certains journalistes, les 23 et 24 février prochains, à ARLIT où ses filiales COMINAK et SOMAÏR exploitent des mines d’uranium depuis les années 70. A la demande de l’ONG nigérienne AGHIR IN’MAN, la CRIIRAD (laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité) et SHERPA (association de juristes) ont conduit, en décembre 2003, une mission exploratoire afin d’évaluer l’impact radiologique des activités minières et son lien éventuel avec la dégradation de la situation sanitaire des habitants des cités minières.

De nombreux éléments sont venus entraver la réalisation de la mission et notamment la confiscation du matériel de contrôle radiologique de l’équipe CRIIRAD dès son atterrissage à Niamey. Bien que Mme Lauvergeon, présidente de COGEMA-AREVA aie nié, lors d’un débat télévisé (1), la responsabilité de son groupe, des témoignages de responsables politiques et associatifs nigériens attestent au contraire que COGEMA est à l’origine de ce blocage.

Bien que son matériel professionnel aie été confisqué, l’équipe CRIIRAD a pu effectuer sur place un certain nombre de constatations inquiétantes (cf. compte rendu complet : www.criirad.org , dossiers 2005 / Niger) et notamment :

 La dissémination de ferrailles radioactives dans les rues d’Arlit, d’autant plus préoccupante que tout est recyclé (y compris comme ustensile de cuisine)
 Le stockage à l’air libre de déchets radifères très radiotoxiques,
 L’insuffisance des moyens de contrôle radiologique des services de l’Etat nigérien.

Information et actions alternatives : Durant l’année 2004, l’association SHERPA a poursuivi son enquête sanitaire à Arlit, tandis que le laboratoire de la CRIIRAD effectuait des analyses complémentaires sur les échantillons prélevés sur place. Les résultats de ces enquêtes et l’interprétation scientifique des résultats seront présentés au cours d’une conférence de presse CRIIRAD-SHERPA qui aura lieu à Paris, postérieurement à la mission de communication organisée par AREVA. Ceci permettra d’intégrer aux exposés les réponses aux arguments que COGEMA-AREVA se propose de diffuser à l’occasion du voyage qu’elle organise fin février pour certains journalistes (2). Compte tenu des bénéfices que tire la France de l’exploitation minière au Niger, il importe que les citoyens français se mobilisent pour aider les populations locales à défendre leurs droits : droit à une surveillance des activités à risque par leur propre gouvernement, droit à la gestion correcte des déchets toxiques, droit à l’information et à la réalisation de contrôles indépendants, droit à la préservation de leur environnement et de leur santé. C’est dans cet esprit que le Réseau Sortir du Nucléaire a lancé, le 14 février dernier, une souscription afin de financer une expertise indépendante complémentaire aux investigations préliminaires conduites par la CRIIRAD.


(1) le 16 novembre 2004
(2) En effet, les informations officielles rassurantes données en général par COGEMA ne rendent pas compte de la réalité de la situation radiologique sur le terrain. Le laboratoire de la CRIIRAD a pu le constater sur tous les sites COGEMA qu’il a contrôlés depuis plus de 10 ans, qu’il s’agisse de l’impact des usines de retraitement de MARCOULE et de la HAGUE ou des mines d’uranium (en Limousin, Loire-Atlantique, dans le Cantal, le Lodévois ou la Loire).



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