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Technocentre de Fessenheim



Consultation publique du 10 octobre 2024 au 7 février 2025

Le projet de Technocentre de Fessenheim : une aberration !

Consultation publique du 10 octobre 2024 au 7 février 2025

Publié le 10 janvier 2025



Le Réseau "Sortir du nucléaire" ne participe pas directement à la consultation organisée par la CNDP sur le Technocentre, projet d’usine de recyclage de métaux très faiblement radioactifs d’EDF. Il soutient néanmoins les structures qui composent la fédération, quelle que soit leur opinion sur le sujet, et s’efforcera de rappeler que le Technocentre est une aberration.



Le projet de Technocentre de Fessenheim qui s’installerait à proximité de la centrale nucléaire fermée en 2020, est présenté comme une installation permettant de VALORISER les métaux très faiblement radioactifs issus de l’activité de l’industrie nucléaire. Pourtant puisqu’il vaut mieux appeler les choses par leur vrai nom la Commission particulière du débat public qui consulte actuellement la population sur le sujet a modifié l’intitulé de sa consultation : Technocentre, projet d’usine de RECYCLAGE de métaux très faiblement radioactifs…
Il pourrait "préparer" des métaux radioactifs ayant servis dans les centrales et usines de la filière nucléaire à vivre une deuxième vie, tout en polluant sa région d’implantation. Attention, danger !

Droit et santé publique mises à mal

Jusqu’en 2022, l’article R1333-2 du Code de la santé publique interdisait l’utilisation de substances contaminées ou radioactives provenant de l’activité nucléaire dans la fabrication de biens de consommation, c’est-à-dire d’équipements ou d’objets de la vie quotidienne. C’était sans compter la malignité des dirigeants à la botte de l’industrie nucléaire. Le 14 février 2022, le Premier ministre a édicté deux décrets [1] permettant de déroger à cet article, aux conditions suivantes : répondre à un motif impérieux d’intérêt public, répondre à une absence d’autre solution satisfaisante et ne pas toucher à l’état de conservation des espèces ou des habitats.

Répandre de faibles doses de radioactivité, comme EDF risque de le faire avec son projet d’usine de recyclage des métaux très faiblement radioactifs qui, une fois traités, pourraient être utilisés dans la fabrication de nouveaux objets, n’est-ce pas toucher à l’état de conservation de l’espèce humaine ? C’est en tous cas ce que montre Inworks, une étude en matière de faible doses de radioactivité, rapportée en avril 2024 par l’IRSN : « Les résultats globaux confortent l’hypothèse d’une absence de seuil pour le risque de cancer aux faibles doses et montrent que des expositions cumulées étalées dans le temps peuvent entraîner un risque faible de cancer. »

Ce n’était peut-être pas pour rien que dès 2016 l’Autorité de sûreté nucléaire indiquait concernant les déchets de faible activité [2] :

Considérant que la mise en place de seuils de libération poserait notamment les problèmes suivants :

  • Les mesures préalables à la libération seraient complexes et longues, tout particulièrement dans le cas de grandes quantités de matériaux, en vrac ou contaminés par de nombreux radionucléides. En effet, les valeurs retenues pour les seuils de libération seraient nécessairement très basses ;
  • Le public pourrait être exposé au contact de déchets d’activité significative dans le cas d’une défaillance, toujours possible, du contrôle ;
  • La dissémination volontaire et généralisée de substances, même très faiblement radioactives, paraît difficilement compatible avec les principes de justification et d’optimisation ;
  • Une telle mise en place pourrait inciter au recours à la dilution, pratique difficilement détectable.

Actuellement, le projet présenté par EDF ne donne aucun élément d’explication sur la traçabilité des métaux une fois « recyclés ». On ne sait ni si cette traçabilité est prévue, ni qui en aura la charge et encore moins qui la financera. Pourtant, sans cette dernière, des métaux radioactifs seront mis sur le marché sans que l’on sache où ils se trouvent et sans pouvoir mesurer leurs impacts éventuels sur l’environnement et le vivant.

Pollution et déni de démocratie pour la population locale

Ce projet ce n’est pas seulement de la radioactivité dont on perdra la trace dans des biens de consommation mais c’est aussi de la pollution garantie pour la population locale. Le nombre de camions sur la route va augmenter drastiquement pour acheminer les métaux radioactifs à destination et en provenance du Technocentre, et le risque d’accidents avec. D’ailleurs, dans son projet EDF se garde bien de donner des éléments sur le nombre réel de transports prévus, l’information du public ou le coût des protections policières nécessaires à ce type de transport, sans parler du bilan carbone !

Au bilan carbone en hausse s’ajouterait un risque de pollution chimique : le traitement des métaux radioactifs prévu va de paire avec l’utilisation de produits chimiques potentiellement dangereux . Catastrophe garantie s’ils se répandaient dans l’eau, dans l’air ou dans les sols. Sans compter que la fonderie du Technocentre est prévue pour être située 8m50 sous le niveau du Grand Canal d’Alsace en zone sismique. En cas de rupture de la digue ce sera une dissémination irréversible de radioactivité et de produits chimiques dans la plus grand réserve d’eau douce en Europe.

Enfin et c’est peut-être le plus gênant dans ce projet de Technocentre, c’est qu’il ignore complètement la démocratie ! Il ne respecte en rien le projet de territoire de Fessenheim puisque l’ action 4.2 (§1) par laquelle EDF a tenté d’y introduire le Technocentre se conclue par ces termes : « À ce stade, le projet de Technocentre ne fait PAS l’objet d’un accord ».
Il méconnaît également les luttes des années 70-80 pendant lesquelles Alsaciens et Badois ont notamment obtenu l’abandon des réacteurs nucléaires 3 et 4 de Fessenheim, du projet de centrale nucléaire à Whyl et de celui à Gerstheim. L’amitié franco-allemande indéfectible créée à travers ces luttes viendra-t-elle aussi à bout du projet de Technocentre ? Ces luttes ont scellé une amitié franco-allemande indéfectible…


Notes

[1Décrets n° 2022-174 et n°2022-175 du 14 février 2022

[2Avis n° 2016-AV-0258

Le projet de Technocentre de Fessenheim qui s’installerait à proximité de la centrale nucléaire fermée en 2020, est présenté comme une installation permettant de VALORISER les métaux très faiblement radioactifs issus de l’activité de l’industrie nucléaire. Pourtant puisqu’il vaut mieux appeler les choses par leur vrai nom la Commission particulière du débat public qui consulte actuellement la population sur le sujet a modifié l’intitulé de sa consultation : Technocentre, projet d’usine de RECYCLAGE de métaux très faiblement radioactifs…
Il pourrait "préparer" des métaux radioactifs ayant servis dans les centrales et usines de la filière nucléaire à vivre une deuxième vie, tout en polluant sa région d’implantation. Attention, danger !

Droit et santé publique mises à mal

Jusqu’en 2022, l’article R1333-2 du Code de la santé publique interdisait l’utilisation de substances contaminées ou radioactives provenant de l’activité nucléaire dans la fabrication de biens de consommation, c’est-à-dire d’équipements ou d’objets de la vie quotidienne. C’était sans compter la malignité des dirigeants à la botte de l’industrie nucléaire. Le 14 février 2022, le Premier ministre a édicté deux décrets [1] permettant de déroger à cet article, aux conditions suivantes : répondre à un motif impérieux d’intérêt public, répondre à une absence d’autre solution satisfaisante et ne pas toucher à l’état de conservation des espèces ou des habitats.

Répandre de faibles doses de radioactivité, comme EDF risque de le faire avec son projet d’usine de recyclage des métaux très faiblement radioactifs qui, une fois traités, pourraient être utilisés dans la fabrication de nouveaux objets, n’est-ce pas toucher à l’état de conservation de l’espèce humaine ? C’est en tous cas ce que montre Inworks, une étude en matière de faible doses de radioactivité, rapportée en avril 2024 par l’IRSN : « Les résultats globaux confortent l’hypothèse d’une absence de seuil pour le risque de cancer aux faibles doses et montrent que des expositions cumulées étalées dans le temps peuvent entraîner un risque faible de cancer. »

Ce n’était peut-être pas pour rien que dès 2016 l’Autorité de sûreté nucléaire indiquait concernant les déchets de faible activité [2] :

Considérant que la mise en place de seuils de libération poserait notamment les problèmes suivants :

  • Les mesures préalables à la libération seraient complexes et longues, tout particulièrement dans le cas de grandes quantités de matériaux, en vrac ou contaminés par de nombreux radionucléides. En effet, les valeurs retenues pour les seuils de libération seraient nécessairement très basses ;
  • Le public pourrait être exposé au contact de déchets d’activité significative dans le cas d’une défaillance, toujours possible, du contrôle ;
  • La dissémination volontaire et généralisée de substances, même très faiblement radioactives, paraît difficilement compatible avec les principes de justification et d’optimisation ;
  • Une telle mise en place pourrait inciter au recours à la dilution, pratique difficilement détectable.

Actuellement, le projet présenté par EDF ne donne aucun élément d’explication sur la traçabilité des métaux une fois « recyclés ». On ne sait ni si cette traçabilité est prévue, ni qui en aura la charge et encore moins qui la financera. Pourtant, sans cette dernière, des métaux radioactifs seront mis sur le marché sans que l’on sache où ils se trouvent et sans pouvoir mesurer leurs impacts éventuels sur l’environnement et le vivant.

Pollution et déni de démocratie pour la population locale

Ce projet ce n’est pas seulement de la radioactivité dont on perdra la trace dans des biens de consommation mais c’est aussi de la pollution garantie pour la population locale. Le nombre de camions sur la route va augmenter drastiquement pour acheminer les métaux radioactifs à destination et en provenance du Technocentre, et le risque d’accidents avec. D’ailleurs, dans son projet EDF se garde bien de donner des éléments sur le nombre réel de transports prévus, l’information du public ou le coût des protections policières nécessaires à ce type de transport, sans parler du bilan carbone !

Au bilan carbone en hausse s’ajouterait un risque de pollution chimique : le traitement des métaux radioactifs prévu va de paire avec l’utilisation de produits chimiques potentiellement dangereux . Catastrophe garantie s’ils se répandaient dans l’eau, dans l’air ou dans les sols. Sans compter que la fonderie du Technocentre est prévue pour être située 8m50 sous le niveau du Grand Canal d’Alsace en zone sismique. En cas de rupture de la digue ce sera une dissémination irréversible de radioactivité et de produits chimiques dans la plus grand réserve d’eau douce en Europe.

Enfin et c’est peut-être le plus gênant dans ce projet de Technocentre, c’est qu’il ignore complètement la démocratie ! Il ne respecte en rien le projet de territoire de Fessenheim puisque l’ action 4.2 (§1) par laquelle EDF a tenté d’y introduire le Technocentre se conclue par ces termes : « À ce stade, le projet de Technocentre ne fait PAS l’objet d’un accord ».
Il méconnaît également les luttes des années 70-80 pendant lesquelles Alsaciens et Badois ont notamment obtenu l’abandon des réacteurs nucléaires 3 et 4 de Fessenheim, du projet de centrale nucléaire à Whyl et de celui à Gerstheim. L’amitié franco-allemande indéfectible créée à travers ces luttes viendra-t-elle aussi à bout du projet de Technocentre ? Ces luttes ont scellé une amitié franco-allemande indéfectible…



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