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La Hague : feu vert scandaleux pour étendre « l’entreposage » de déchets hautement radioactifs

Article publié le 16 juin 2015



Début juin, suite à une consultation dérisoire (consultation réduite aux mairies des communes situées dans un rayon de 5 kilomètres [1] ), une commission d’enquête publique vient de donner son avis favorable au doublement des capacités d’entreposage de l’usine de retraitement Areva de La Hague.



L’Usine Areva de La Hague

L’usine Areva de La Hague : une concentration exceptionnelle de matières dangereuses

Rappelons ce que représente cette usine de « retraitement » de La Hague, qui s’étend sur 300 hectares [2] :

  • quatre piscines contenant près de 15 000 tonnes de combustibles radioactifs usés en attente de retraitement
  • 60 tonnes de plutonium (potentiellement la quantité pour fabriquer 10 000 bombes atomiques comparables à celle de Nagasaki )
  • plusieurs centaines de tonnes d’uranium de retraitement (le reste, soit près de 300 000 tonnes, étant stocké sur le site du Tricastin dans la Drôme et à Bessines-sur-Gartempe dans le Limousin)
  • près de 17 000 « colis » (1 300 m3) de déchets vitrifiés très hautement radioactifs
  • 80% des rejets dans l’environnement autorisés en France en matières d’éléments radioactifs (krypton-85, carbone-14, tritium)
  • un des plus gros consommateurs de produits chimiques (acide, base ...) de France, ainsi qu’un des plus gros émetteurs de rejets chimiques dans l’environnement.
  • un site d’entreposage de déchets anciens très mal conditionnés, dont l’Autorité de Sûreté Nucléaire exige depuis des années la complète reprise pour une mise en sécurité.

Devant une telle accumulation de matières dangereuses, une erreur humaine, la chute d’un avion de ligne [3], la folie d’un acte terroriste … pourraient provoquer une catastrophe nucléaire inimaginable, pire encore que celles de Tchernobyl et Fukushima !

Le bon sens et la sagesse commanderaient de tout faire pour diminuer ces risques. C’est tout le contraire qui vient d’être décidé à l’issue de l’enquête publique, et ce malgré l’opposition de milliers de citoyen-ne-s, en donnant un scandaleux avis favorable à l’extension de 75% de l’entreposage de colis vitrifiés de haute activité !

Le « retraitement » : une activité coûteuse, dangereuse et inutile

Le « retraitement » ne consiste en réalité qu’à séparer les différents éléments radioactifs qui composent le combustible usé les uns des autres. L’un des objectifs est notamment d’extraire le plutonium présent dans le combustible usé : celui-ci servira à fabriquer du « MOX » (un combustible particulièrement dangereux)... ou rentrera dans la composition de l’arme nucléaire. C’est d’abord pour des finalités militaires que le « retraitement » a été mis en place en France.

Présentée à tort comme du recyclage, cette opération ne diminue pas la quantité de déchets radioactifs, mais l’augmente au contraire. En outre, elle est extrêmement polluante. Par ailleurs, l’industrie du retraitement nécessite d’innombrables transports dangereux de matières radioactives à travers toute la France : acheminement des combustibles usés des centrales vers La Hague, envoi du plutonium de La Hague vers les sites de fabrication du MOX, évacuation des milliers de tonnes d’uranium de retraitement …

L’inutilité du retraitement et ses coûts sont critiqués depuis des années ; en 2000, un rapport avait déjà souligné les surcoûts engendrés par cette option. Mis à part la France, la quasi-totalité des pays nucléarisés y ont renoncé. Même la Grande-Bretagne a annoncé en 2011 l’arrêt de son usine de retraitement de Sellafield.

Alors que la situation financière d’Areva est catastrophique, la poursuite de cette activité coûteuse et l’augmentation des capacités d’entreposage de déchets vitrifiés constitue une fuite en avant aberrante.

Par ailleurs, cette extension est prévue alors même qu’Areva envisage de supprimer plusieurs centaines de postes sur le site, ce qui pourrait avoir des impacts lourds sur les conditions de travail des travailleurs restants et d’inquiétantes conséquences sur la sûreté.

Sortir du nucléaire et arrêter le retraitement, une urgence !

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ rappelle son exigence de sortie rapide du nucléaire civil et militaire. Celle-ci implique notamment l’arrêt immédiat du retraitement, qui est inutile, coûteux et dangereux.

Si une telle décision était adoptée, il serait dans tous les cas indispensable de maintenir des emplois après l’arrêt du retraitement pour assurer la sécurité du site. Quant aux salariés restants, ils pourraient bénéficier d’un plan de reconversion ne lésant pas leurs intérêts, ce qui serait plus juste que de les rendre otages d’une filière qui décline déjà dans le monde entier.

Pour éviter que les déchets ne continuent de s’accumuler à La Hague, la meilleure solution reste d’arrêter leur production par une fermeture rapide des réacteurs, à commencer par les plus anciens. Dans une telle optique, le projet CIGÉO d’enfouissement des déchets à 500 m sous terre à Bure dans la Meuse doit aussi être abandonné !


Notes

[2Pour plus d’informations, consulter Le casse-tête des matières et déchets nucléaires , cahier n°34 de l’association Global Chance

L’Usine Areva de La Hague

L’usine Areva de La Hague : une concentration exceptionnelle de matières dangereuses

Rappelons ce que représente cette usine de « retraitement » de La Hague, qui s’étend sur 300 hectares [1] :

  • quatre piscines contenant près de 15 000 tonnes de combustibles radioactifs usés en attente de retraitement
  • 60 tonnes de plutonium (potentiellement la quantité pour fabriquer 10 000 bombes atomiques comparables à celle de Nagasaki )
  • plusieurs centaines de tonnes d’uranium de retraitement (le reste, soit près de 300 000 tonnes, étant stocké sur le site du Tricastin dans la Drôme et à Bessines-sur-Gartempe dans le Limousin)
  • près de 17 000 « colis » (1 300 m3) de déchets vitrifiés très hautement radioactifs
  • 80% des rejets dans l’environnement autorisés en France en matières d’éléments radioactifs (krypton-85, carbone-14, tritium)
  • un des plus gros consommateurs de produits chimiques (acide, base ...) de France, ainsi qu’un des plus gros émetteurs de rejets chimiques dans l’environnement.
  • un site d’entreposage de déchets anciens très mal conditionnés, dont l’Autorité de Sûreté Nucléaire exige depuis des années la complète reprise pour une mise en sécurité.

Devant une telle accumulation de matières dangereuses, une erreur humaine, la chute d’un avion de ligne [2], la folie d’un acte terroriste … pourraient provoquer une catastrophe nucléaire inimaginable, pire encore que celles de Tchernobyl et Fukushima !

Le bon sens et la sagesse commanderaient de tout faire pour diminuer ces risques. C’est tout le contraire qui vient d’être décidé à l’issue de l’enquête publique, et ce malgré l’opposition de milliers de citoyen-ne-s, en donnant un scandaleux avis favorable à l’extension de 75% de l’entreposage de colis vitrifiés de haute activité !

Le « retraitement » : une activité coûteuse, dangereuse et inutile

Le « retraitement » ne consiste en réalité qu’à séparer les différents éléments radioactifs qui composent le combustible usé les uns des autres. L’un des objectifs est notamment d’extraire le plutonium présent dans le combustible usé : celui-ci servira à fabriquer du « MOX » (un combustible particulièrement dangereux)... ou rentrera dans la composition de l’arme nucléaire. C’est d’abord pour des finalités militaires que le « retraitement » a été mis en place en France.

Présentée à tort comme du recyclage, cette opération ne diminue pas la quantité de déchets radioactifs, mais l’augmente au contraire. En outre, elle est extrêmement polluante. Par ailleurs, l’industrie du retraitement nécessite d’innombrables transports dangereux de matières radioactives à travers toute la France : acheminement des combustibles usés des centrales vers La Hague, envoi du plutonium de La Hague vers les sites de fabrication du MOX, évacuation des milliers de tonnes d’uranium de retraitement …

L’inutilité du retraitement et ses coûts sont critiqués depuis des années ; en 2000, un rapport avait déjà souligné les surcoûts engendrés par cette option. Mis à part la France, la quasi-totalité des pays nucléarisés y ont renoncé. Même la Grande-Bretagne a annoncé en 2011 l’arrêt de son usine de retraitement de Sellafield.

Alors que la situation financière d’Areva est catastrophique, la poursuite de cette activité coûteuse et l’augmentation des capacités d’entreposage de déchets vitrifiés constitue une fuite en avant aberrante.

Par ailleurs, cette extension est prévue alors même qu’Areva envisage de supprimer plusieurs centaines de postes sur le site, ce qui pourrait avoir des impacts lourds sur les conditions de travail des travailleurs restants et d’inquiétantes conséquences sur la sûreté.

Sortir du nucléaire et arrêter le retraitement, une urgence !

Le Réseau “Sortir du nucléaire“ rappelle son exigence de sortie rapide du nucléaire civil et militaire. Celle-ci implique notamment l’arrêt immédiat du retraitement, qui est inutile, coûteux et dangereux.

Si une telle décision était adoptée, il serait dans tous les cas indispensable de maintenir des emplois après l’arrêt du retraitement pour assurer la sécurité du site. Quant aux salariés restants, ils pourraient bénéficier d’un plan de reconversion ne lésant pas leurs intérêts, ce qui serait plus juste que de les rendre otages d’une filière qui décline déjà dans le monde entier.

Pour éviter que les déchets ne continuent de s’accumuler à La Hague, la meilleure solution reste d’arrêter leur production par une fermeture rapide des réacteurs, à commencer par les plus anciens. Dans une telle optique, le projet CIGÉO d’enfouissement des déchets à 500 m sous terre à Bure dans la Meuse doit aussi être abandonné !