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Sortir du nucléaire n°72



Février 2017

L’île de Sein privée de transition énergétique

Des habitants de l’île bretonne non raccordée au réseau électrique continental se bagarrent pour produire leur électricité à partir des énergies renouvelables plutôt qu’avec du pétrole. EDF et l’administration française leur barrent la route.

C’est le comble de l’absurde à la française à l’heure de la "transition énergétique" : une petite île bretonne du Finistère qui se bat pour gagner son autonomie énergétique grâce aux renouvelables face à une administration qui fait tout pour l’en empêcher, avec la complicité active d’EDF.

Le 12 février 2015, la ministre de l’Écologie et de l’Énergie remettait le Trophée des énergies renouvelables au président … d’El Hierro, l’île des Canaries récompensée pour son modèle énergétique alimenté à 100 % par les renouvelables depuis décembre 2014. En oubliant qu’en Bretagne, l’île de Sein (189 habitants permanents, jusqu’à 1500 l’été), se désespère de ne pouvoir viser l’indépendance énergétique grâce aux énergies renouvelables. L’an prochain, Ségolène Royal aura le choix entre deux autres îles autonomes en Europe : Eigg, en Écosse et Samsø, au Danemark. L’île de Sein peut bien attendre…

Espagne, Écosse et Danemark : trois expériences réussies d’autonomie énergétique

Avec El Hierro, primée à Paris, deux autres îles européennes sont aujourd’hui autonomes grâce aux énergies renouvelables : l’île d’Eigg, en Écosse et Samsø, au Danemark.

En Espagne, l’île d’El Hierro a mis plus de trente ans pour que son projet aboutisse, grâce à un système qui infirme l’argument d’EDF selon lequel l’équilibre du réseau ne pourrait pas être assuré par les énergies renouvelables. Le système "hydro-éolien" de l’île canarienne est basé sur la production de cinq grandes éoliennes et d’une centrale hydroélectrique. Il permet d’offrir à ses 8 000 habitants une électricité 100 % renouvelable. L’astuce ? Une station de transfert d’énergie par pompage à laquelle est relié le parc éolien : lorsque les éoliennes produisent plus d’électricité que nécessaire, le surplus permet de pomper l’eau d’un réservoir et de la déplacer dans un réservoir situé en amont du premier. Et lorsque le vent ne suffit pas à faire tourner les éoliennes, l’eau stockée est turbinée pour compenser la demande, d’où une production constante d’électricité renouvelable. Avec à la clé des économies substantielles : 8 millions d’euros par an et près de 19 000 tonnes de CO2 évitées. Afin de compléter l’offre énergétique, le soleil et les huiles usagées remplaceront bientôt le pétrole pour développer des transports neutres en carbone d’ici 2020.

En Écosse, l’île d’Eigg (90 habitants) à la devise faussement modeste : "Trying to be that little bit greener, step by step" (Tentant d’être un petit peu plus vert, pas à pas) a réussi son pari d’autosuffisance énergétique. Gâtée par le vent, la pluie et le soleil, cette île des Hébrides était privée jusqu’en 1997, lorsqu’elle a pu être rachetée par ses habitants. En 2008, elle obtenait de pouvoir décider de son destin énergétique en lançant des projets d’énergies renouvelables financés en partie par les habitants réunis dans une régie participative. Les renouvelables fournissent aujourd’hui jusqu’à 95 % de l’électricité grâce à des barrages au fil de l’eau, des éoliennes, des panneaux solaires photovoltaïques, des batteries, du chauffage au bois et des bâtiments bien isolés pour réduire la demande d’énergie. L’effort a été couronné dès 2010 par une victoire au "Big green challenge" avec un prix de 300 000 livres (environ 400 000 euros).

Au Danemark, enfin, l’île de Samsø (4100 habitants) est une pionnière. Elle s’est lancée en 1997 dans un projet de communauté autosuffisante en énergie en misant à fond sur les renouvelables grâce à la conviction d’un homme, Soren Harmesen et à une forte incitation du gouvernement qui avait mis en concurrence quatre îles sur un projet d’autonomie exemplaire. L’éolien y fournit toute l’électricité, tandis qu’un réseau de chaleur (bois et solaire thermique) distribue l’eau chaude dans les bâtiments. En cas de production excédentaire d’électricité, l’île qui est reliée au continent y envoie le surplus. Samsø est devenue célèbre dans tout le pays et des touristes viennent spécialement se former à l’autonomie énergétique insulaire à la "Samsø Energy Academy". Une formation qui ne serait pas inutile au fournisseur d’énergie EDF et à l’administration française.

Louis Germain

Article initialement paru sur le site Le Journal de l’Énergie

https://journaldelenergie.com/

C’est le comble de l’absurde à la française à l’heure de la "transition énergétique" : une petite île bretonne du Finistère qui se bat pour gagner son autonomie énergétique grâce aux renouvelables face à une administration qui fait tout pour l’en empêcher, avec la complicité active d’EDF.

Le 12 février 2015, la ministre de l’Écologie et de l’Énergie remettait le Trophée des énergies renouvelables au président … d’El Hierro, l’île des Canaries récompensée pour son modèle énergétique alimenté à 100 % par les renouvelables depuis décembre 2014. En oubliant qu’en Bretagne, l’île de Sein (189 habitants permanents, jusqu’à 1500 l’été), se désespère de ne pouvoir viser l’indépendance énergétique grâce aux énergies renouvelables. L’an prochain, Ségolène Royal aura le choix entre deux autres îles autonomes en Europe : Eigg, en Écosse et Samsø, au Danemark. L’île de Sein peut bien attendre…

Espagne, Écosse et Danemark : trois expériences réussies d’autonomie énergétique

Avec El Hierro, primée à Paris, deux autres îles européennes sont aujourd’hui autonomes grâce aux énergies renouvelables : l’île d’Eigg, en Écosse et Samsø, au Danemark.

En Espagne, l’île d’El Hierro a mis plus de trente ans pour que son projet aboutisse, grâce à un système qui infirme l’argument d’EDF selon lequel l’équilibre du réseau ne pourrait pas être assuré par les énergies renouvelables. Le système "hydro-éolien" de l’île canarienne est basé sur la production de cinq grandes éoliennes et d’une centrale hydroélectrique. Il permet d’offrir à ses 8 000 habitants une électricité 100 % renouvelable. L’astuce ? Une station de transfert d’énergie par pompage à laquelle est relié le parc éolien : lorsque les éoliennes produisent plus d’électricité que nécessaire, le surplus permet de pomper l’eau d’un réservoir et de la déplacer dans un réservoir situé en amont du premier. Et lorsque le vent ne suffit pas à faire tourner les éoliennes, l’eau stockée est turbinée pour compenser la demande, d’où une production constante d’électricité renouvelable. Avec à la clé des économies substantielles : 8 millions d’euros par an et près de 19 000 tonnes de CO2 évitées. Afin de compléter l’offre énergétique, le soleil et les huiles usagées remplaceront bientôt le pétrole pour développer des transports neutres en carbone d’ici 2020.

En Écosse, l’île d’Eigg (90 habitants) à la devise faussement modeste : "Trying to be that little bit greener, step by step" (Tentant d’être un petit peu plus vert, pas à pas) a réussi son pari d’autosuffisance énergétique. Gâtée par le vent, la pluie et le soleil, cette île des Hébrides était privée jusqu’en 1997, lorsqu’elle a pu être rachetée par ses habitants. En 2008, elle obtenait de pouvoir décider de son destin énergétique en lançant des projets d’énergies renouvelables financés en partie par les habitants réunis dans une régie participative. Les renouvelables fournissent aujourd’hui jusqu’à 95 % de l’électricité grâce à des barrages au fil de l’eau, des éoliennes, des panneaux solaires photovoltaïques, des batteries, du chauffage au bois et des bâtiments bien isolés pour réduire la demande d’énergie. L’effort a été couronné dès 2010 par une victoire au "Big green challenge" avec un prix de 300 000 livres (environ 400 000 euros).

Au Danemark, enfin, l’île de Samsø (4100 habitants) est une pionnière. Elle s’est lancée en 1997 dans un projet de communauté autosuffisante en énergie en misant à fond sur les renouvelables grâce à la conviction d’un homme, Soren Harmesen et à une forte incitation du gouvernement qui avait mis en concurrence quatre îles sur un projet d’autonomie exemplaire. L’éolien y fournit toute l’électricité, tandis qu’un réseau de chaleur (bois et solaire thermique) distribue l’eau chaude dans les bâtiments. En cas de production excédentaire d’électricité, l’île qui est reliée au continent y envoie le surplus. Samsø est devenue célèbre dans tout le pays et des touristes viennent spécialement se former à l’autonomie énergétique insulaire à la "Samsø Energy Academy". Une formation qui ne serait pas inutile au fournisseur d’énergie EDF et à l’administration française.

Louis Germain

Article initialement paru sur le site Le Journal de l’Énergie

https://journaldelenergie.com/



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