24 août 2022
Il participait à la fermeture de la cuve du réacteur 2 de la centrale nucléaire de Paluel (Normandie) le 21 août 2022 lorsqu’il a été contaminé à la tête par une poussière radioactive. Elle l’a irradié directement au niveau du sourcil. Son corps a reçu, lors de cette seule intervention, plus du quart de la limite maximale autorisée en 12 mois pour les travailleur.ses du nucléaire.
Du fait du dépassement du quart de la limite annuelle, EDF a déclaré un évènement significatif de (non)radioprotection aux autorités [1] . Mais aucun élément n’est avancé par l’industriel quant au pourquoi du comment de cet accident. Si le personnel est confronté à un risque d’irradiation, il doit être protégé. Il relève des devoirs de l’exploitant nucléaire, même lorsqu’il a recourt à des entreprises sous-traitantes, d’analyser les risques auxquels ses intervenants seront exposés lors de leurs activités et de fournir des équipements adaptés.
Le communiqué de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) en dit un peu plus : ce travailleur devait guider la machine qui serre et desserre les goujons de la cuve du réacteur. Il a aussi enlevé les protections des pieds de goujon [2]. Il était équipé d’une tenue classique à porter en zone nucléaire (l’intervention s’est faite dans le bâtiment du réacteur) et de gants en nitrile [3]. Manifestement, ces dispositifs de protection fournis par EDF n’étaient pas suffisants pour protéger efficacement le travailleur. EDF a-t-il sur-estimé la "propreté radiologique" du bâtiment où est le réacteur nucléaire ? Les analyses de risques préalables à l’intervention ont-elles été faites avec rigueur ? EDF met-il des moyens suffisants pour une réelle radioprotection ? Ou est-il illusoire, malgré toutes les mesures matérielles et organisationnelles, de penser pouvoir protéger les personnes de la radioactivité ?
L.B.
Contamination corporelle externe d’un intervenant ayant entraîné une exposition supérieure au quart d’une limite de dose individuelle annuelle réglementaire
Publié le 24/08/2022
Evénement radioprotection
Le 21 août 2022, un intervenant d’une entreprise partenaire se rend en zone nucléaire afin de réaliser une opération de maintenance sur l’unité de production n°2.
A sa sortie de zone nucléaire, une alarme se déclenche lors de son passage au premier portique de contrôle de la radioactivité. Conformément à nos procédures, l’intervenant est immédiatement pris en charge par le service médical de la centrale. Une particule radioactive est détectée au niveau de son sourcil et retirée.
L’exposition du salarié est calculée à partir du niveau de radioactivité de la particule présente sur la peau (activité) et du temps durant lequel cette particule a exposé effectivement le salarié. Le niveau d’exposition radiologique de l’intervenant, inférieur à la limite annuelle, n’a pas de conséquence sur sa santé et ne nécessite pas de suivi médical particulier.
En raison du dépassement du quart de la limite annuelle réglementaire, la direction de la centrale de Paluel a déclaré le 23 août 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif relatif à la radioprotection au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7.
Contamination à la tête d’un intervenant entraînant le dépassement du quart de la limite de dose individuelle annuelle réglementaire d’exposition pour la peau
Publié le 25/08/2022
Centrale nucléaire de Paluel Réacteurs de 1300 MWe - EDF
Le 23 août 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la radioprotection relatif à la contamination corporelle externe d’un travailleur, survenue le 21 août 2022 lors d’une activité liée à la fermeture de la cuve sur le réacteur 2 de la centrale nucléaire de Paluel. Cette contamination a entraîné le dépassement du quart de la limite de dose individuelle annuelle réglementaire d’exposition pour la peau.
Le 21 août 2022, un intervenant est entré dans le bâtiment réacteur pour effectuer le guidage de la machine à serrer et desserrer les goujons de cuve lors de son transfert. Il a également réalisé une activité de dépose des protections des pieds de goujon de cuve. Pour ces interventions, l’intervenant était équipé d’une tenue de zone classique et de gants nitrile. Ces équipements étaient en adéquation avec les conditions d’intervention qui lui avaient été communiquées.
Lors de la sortie de zone contrôlée, une contamination au niveau d’un des sourcils de l’intervenant a été détectée. Il a alors été pris en charge par le service médical d’EDF. Le médecin du travail a évalué la dose reçue à un niveau dépassant le quart de la limite de dose individuelle annuelle réglementaire au niveau de la peau, fixée à 500 mSv/cm², sans toutefois dépasser cette limite réglementaire.
Du fait du dépassement du quart de la limite réglementaire annuelle d’exposition pour un travailleur, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale de classement des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7 par ordre de gravité).
EDF a engagé des actions de vérification des conditions de contamination radiologique de la zone de chantier ainsi que des actions de contrôle radiologique des matériels utilisés par l’intervenant. L’ASN sera vigilante quant à l’analyse des causes profondes de cet évènement et aux actions correctives mises en œuvre pour éviter leur renouvellement.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif
[2] Un goujon est un élément en forme de tige servant à assembler ou relier mécaniquement des pièces entre elles : celle sur laquelle est monté le goujon et celle traversée par lui. Un écrou à l’extrémité permet de verrouiller l’ensemble. Source : https://www.editions-eyrolles.com/Dico-BTP/definition.html?id=4752 et https://fr.wikipedia.org/wiki/Goujon_(m%C3%A9canique)
[3] La matière nitrile ou plus précisément caoutchouc butadiène-acrylonitrile (NBR) est une matière synthétique étanche et très solide. Trois fois plus résistant à la perforation que le latex (caoutchouc naturel), le nitrile résiste également mieux aux produits chimiques et pétroliers (huile, essence), ainsi qu’aux acides. Source : https://www.protection-des-mains.com/gants-nitrile