11 mai 2020
Fin janvier 2020, un des moteurs diesel du réacteur 1 de Fessenheim (Grand Est) ne démarre pas comme il se doit lors d’un essai. Le réacteur - qui n’est pas équipé de diesels d’Ultime secours mais seulement de 2 diesels classiques - reste avec 1 seul moteur pour prendre automatiquement le relai en cas de coupure électrique.
Les règles d’exploitation des centrales nucléaires imposent l’arrêt de tout réacteur qui n’aurait qu’un seul moteur diesel de fonctionnel pendant plus de quelques heures. Il est en effet absolument fondamental d’avoir toujours plusieurs sources électriques de secours afin de pouvoir alimenter les circuits dits de sauvegarde, qui vont éviter tant que possible un accident nucléaire majeur par perte de refroidissement du combustible nucléaire en cas de coupure électrique. C’est dire l’enjeu pour la sûreté du bon fonctionnement des sources électriques de secours et leur multiplicité nécessaire.
Pourtant, c’est justement une opération de maintenance qui a causé la défaillance du diesel de Fessenheim 1. Une opération qui date de fin novembre 2019. Le disjoncteur aura fonctionné moins de 2 mois avant de tomber en panne, entraînant l’impossibilité pour le diesel de fonctionner. EDF a initialement déclaré l’incident 2 mois plus tard, le 12 mars 2020 et au plus bas niveau de l’échelle INES*, considérant qu’il n’avait aucune gravité à ce que le réacteur nucléaire n’ait eu qu’un seul moteur diesel pour lui fournir de électricité au cas où. Mais ce niveau de gravité vient d’être relevé : l’incident est classé depuis le 11 mai 2020 au niveau 1. Pour le fait qu’EDF n’ait pas vérifié convenablement l’opération de maintenance après son exécution. Et n’ait pas détecté que le fonctionnement de l’équipement de secours si crucial n’était pas fiable. Le diesel était depuis le 24 novembre 2019 prêt à disjoncter à tout moment. La perspective de l’arrêt définitif n’exclue pas de fait la probabilité d’un accident dans une installation nucléaire. Loin de là même si elle génère des maintenance et des contrôles de piètre qualité.
L.B.
Déclaration d’un événement significatif pour la sûreté de niveau 1
Publié le 11/05/2020
Le 17 janvier 2020, un défaut survenu sur un disjoncteur électrique a entraîné l’indisponibilité, durant quelques heures, de l’un des deux diesels de l’unité de production n°1. Des mesures correctives ont aussitôt été apportées pour rendre ce diesel à nouveau disponible. Dans l’intervalle, le second diesel est toujours resté opérationnel.
Révisé à l’occasion d’une maintenance réalisée le 24 novembre 2019, le disjoncteur électrique concerné avait été sollicité à plusieurs reprises jusqu’au 17 janvier 2020, sans qu’aucun défaut n’ait été mis en évidence. L’expertise technique du constructeur reçue le 11 mars 2020, a montré que le dysfonctionnement de ce disjoncteur était dû à une non-qualité de maintenance.
Suite à la réception de cette expertise et après analyses complémentaires, le site de Fessenheim a conclu que la défaillance du disjoncteur datait de sa dernière maintenance effectuée fin novembre 2019.
En raison de cette détection tardive, l’événement initialement déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire le 12 mars 2020 au niveau 0 de l’échelle INES, a fait l’objet le 11 mai 2020, d’une déclaration au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7.
Indisponibilité d’un des deux groupes électrogènes de secours du réacteur 1
Publié le 25/05/2020
Centrale nucléaire de Fessenheim - Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 11 mai 2020, l’exploitant de la centrale nucléaire de Fessenheim a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté, relatif à la détection tardive de l’indisponibilité d’un des deux groupes électrogènes de secours.
Chaque réacteur dispose de deux groupes électrogènes de secours à moteur diesel, permettant de pallier la défaillance du réseau électrique externe. Ces groupes électrogènes peuvent assurer, de manière redondante, l’alimentation électrique de l’ensemble des matériels nécessaires au maintien du réacteur dans un état sûr.
Lors du démarrage des groupes électrogènes en cas de perte des alimentations électriques externes, un certain nombre de disjoncteurs sont utilisés pour permettre automatiquement la réalimentation progressive des installations. Si la réalimentation est trop rapide, le groupe électrogène est susceptible de s’arrêter et un démarrage manuel, prévu par les procédures de secours, doit alors être mis en œuvre.
Le 17 janvier 2020 lors d’un essai périodique, un défaut sur un disjoncteur électrique a entraîné un non-respect de la procédure de démarrage de l’un des deux groupes électrogènes de secours du réacteur 1.
Même si le disjoncteur concerné n’avait pas connu de défaut jusqu’au 17 janvier 2020, l’expertise technique du constructeur a montré que son dysfonctionnement était dû à une non-qualité de maintenance dans le cadre d’une intervention réalisée fin novembre 2019. L’exploitant considère ainsi, de manière conservatoire, que le groupe électrogène est indisponible depuis cette date.
Le second groupe électrogène de secours est resté disponible pendant toute cette période ; il aurait été en mesure d’assurer l’alimentation électrique des matériels nécessaires en cas de perte des alimentations externes. Toutefois, dans une telle situation, la robustesse de la redondance des alimentations électriques de secours aurait été limitée par la nécessité de procéder à un démarrage manuel du premier diesel, impacté par le défaut.
Cet événement avait été déclaré le 12 mars 2020, avec un classement au niveau 0 de l’échelle INES. A l’issue de l’expertise du constructeur, qui a identifié l’origine de l’écart et ainsi mis en évidence le caractère tardif de sa détection, il a été reclassé le 11 mai 2020 au niveau 1 de l’INES (échelle internationale des événements nucléaires).
* INES : International nuclear and radiological event scale (Échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques) - Description et niveaux ici - https://www.asn.fr/Lexique/I/INES