31 mai 2018
Le 21 mai 2018, le réacteur 2 de la centrale de Fessenheim s’est arrêté automatiquement. Un arrêt automatique n’est jamais anodin. Ce processus de protection du réacteur s’est déclenché suite à la détection d’une anomalie du niveau d’eau sur un générateur de vapeur*. Le problème venait de la carte électronique qui permet la régulation du niveau d’eau dans le générateur de vapeur. Le réacteur a redémarré 10 jours plus tard, l’exploitant en a profité pour intervenir sur un autre problème : une fuite sur une vanne du circuit secondaire**. Il faut dire que la doyenne des centrales française cumule les problèmes techniques et les anomalies lourdes de conséquences pour la sûreté, alors même qu’EDF vient d’annoncer le report probable de son arrêt définitif à l’été 2019.
Un arrêt automatique de l’unité de production n°2 s’est produit le 21mai 2018 un peu avant 15h30.
Les équipes de la centrale appliquent les procédures prévues à cet effet et effectuent le diagnostic des causes de cet arrêt automatique.
Suite aux manœuvres d’exploitation qui vont être réalisées dans le cadre de cet arrêt, des panaches de vapeur non radioactive pourront être visibles au-dessus de la centrale et des bruits perceptibles aux alentours.
L’unité de production n° 1 est quant à elle à la disposition du réseau électrique national.
Le 31 mai 2018 à 12h57, l’unité de production n°2 a été reconnectée au réseau électrique national.
Elle s’était arrêtée de manière automatique le 21 mai 2018, conformément aux dispositifs de sûreté et de protection du réacteur, en raison de la défaillance d’une carte électronique permettant de réguler le niveau d’eau du générateur de vapeur.
Cet arrêt a également été mis à profit pour anticiper de quelques jours une intervention de maintenance sur une vanne du circuit secondaire, pour laquelle un arrêt de production était programmé début juin.
Après avoir effectué l’ensemble des contrôles nécessaires, les équipes de la centrale ont procédé au redémarrage de l’unité de production n°2. L’unité de production n°1 est elle aussi en fonctionnement et à la disposition du réseau électrique national.
Le 10 avril 2018, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif relatif à la détection d’écarts dans le contrôle de la réalisation de certaines soudures du circuit secondaire principal de l’EPR de Flamanville et a engagé une expertise afin d’analyser les causes et la nature de ces écarts [1].
Sur la base des investigations réalisées par EDF, les échanges avec l’Autorité de sûreté nucléaire vont se poursuivre encore quelques semaines. Les conséquences sur le planning et le cas échéant, sur le coût du projet Flamanville 3 seront précisées à cette échéance.
Un décalage de quelques mois du démarrage du réacteur EPR de Flamanville 3 faisant partie des hypothèses envisagées, EDF se met en situation de poursuivre l’exploitation des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim jusqu’à l’été 2019.
Arrêt de Fessenheim à nouveau reporté
Le vieux nucléaire dangereux ne doit pas pallier le nouveau nucléaire défectueux !
Jeudi 31 mai, Libération a dévoilé qu’EDF serait sans doute contrainte de reprendre la quasi-totalité des 150 soudures défectueuses du circuit secondaire de l’EPR de Flamanville, ce qui pourrait occasionner un retard conséquent.
Cherchant à minimiser la gravité des faits, l’entreprise s’est contentée d’indiquer dans un communiqué laconique qu’ « un décalage de quelques mois du démarrage du réacteur EPR de Flamanville 3 [fait] partie des hypothèses envisagées »… et d’en déduire qu’en conséquence, « EDF se met en situation de poursuivre l’exploitation des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim jusqu’à l’été 2019 ».
Le Réseau “Sortir du nucléaire“ dénonce fermement cette logique aussi dangereuse qu’absurde. Puisque le chantier catastrophique d’un réacteur dangereux prend du retard, il faudrait donc continuer à faire fonctionner en marche forcée une centrale vieille, qui cumule les risques, équipée d’un générateur de vapeur défectueux et constamment en panne ? Si l’on suit ce raisonnement, Fessenheim pourrait ne jamais fermer, les malfaçons détectées sur le chantier de l’EPR de Flamanville étant si nombreuses et si graves qu’elles justifient un abandon du chantier.
Contrairement au raisonnement appliqué par EDF, le plafonnement de la puissance nucléaire installée inscrit dans la loi de transition énergétique n’est pas un plancher en-dessous duquel il ne faudrait pas descendre. Il n’existe aucune raison légale ni technique de conditionner la fermeture de Fessenheim - qui s’impose pour raisons de sûreté - à l’ouverture de l’EPR de Flamanville.
Tout aussi choquante est la réaction du gouvernement, Sébastien Lecornu s’étant contenté de « prendre acte » de l’annonce d’EDF et de préciser qu’il appartenait à cette dernière de communiquer le calendrier de fermeture. Avec une telle attitude, le gouvernement confirme qu’il abandonne les décisions de politique énergétique aux mains d’une entreprise dont il est pourtant actionnaire principal à 83,5%. Une telle déclaration est d’extrêmement mauvaise augure quant au contenu de la future programmation pluriannuelle de l’énergie.
https://www.sortirdunucleaire.org/Arret-de-Fessenheim-a-nouveau-reporte-Le-vieux
* : Un générateur de vapeur (GV) est un échangeur thermique entre l’eau du circuit primaire, portée à haute température (320 °C) et à pression élevée (155 bars) dans le cœur du réacteur, et l’eau du circuit secondaire qui se transforme en vapeur et alimente la turbine. Chaque générateur de vapeur comporte plusieurs milliers de tubes en forme de U, qui permettent les échanges de chaleur entre l’eau du circuit primaire et l’eau des circuits secondaires pour la production de la vapeur alimentant la turbine. les réacteurs à eau sous pression de 900 MWe comportent 3 générateurs de vapeur, les réacteurs de 1 300 MWe comportent 4 GV. https://www.asn.fr/Lexique/G/Generateur-de-vapeur
** : Le circuit secondaire est un circuit fermé dans lequel la vapeur produite dans le générateur de vapeur est conduite à la turbine, qui transforme son énergie en énergie mécanique. Il comprend : la partie secondaire des générateurs de vapeur, la turbine, le condenseur, les systèmes d’extraction et de réchauffage de l’eau condensée jusqu’au retour au générateur de vapeur, ainsi que les tuyauteries associées. https://www.asn.fr/Lexique/C/Circuit-secondaire
[1] Cf. Communiqué de presse EDF du 10 avril 2018