17 juin 2024
La centrale du Bugey (Rhône-Alpes) vient découvrir, en juin 2024, que depuis octobre 2023 un robinet qui aurait dû être ouvert était fermé. C’est non seulement la qualité des interventions mais aussi la fréquence des vérifications que questionne cette mauvaise configuration.
Crédit photo : André Paris
Le robinet en question permet le fonctionnement d’un circuit servant en cas d’accident, le circuit d’aspersion de l’enceinte [1] . Le principe de ce circuit est de pulvériser dans l’enceinte du réacteur de l’eau et de la soude, afin de diminuer la température et la pression dans le bâtiment (pour maintenir des conditions ambiantes acceptables pour les matériels et éviter une explosion) et de rabattre au sol les radioéléments (afin d’éviter une dispersion de radioactivité à l’extérieur). S’il n’est pas censé être utilisé (car ce serait synonyme d’un grave accident nucléaire), il est toujours censé pouvoir fonctionner lorsque le réacteur est en marche (un délai de 8 heure est toléré pour réparer le circuit, mais pas plus). EDF se doit de vérifier, avant tout redémarrage et après toute intervention sur ce circuit, qu’il est bien opérationnel.
Et c’est justement à l’occasion d’essais réalisés sur le réacteur 3 du Bugey, alors à l’arrêt, que les équipes d’EDF "s’interrogent sur la position d’un robinet du système d’injection de soude" du réacteur 2, qui lui est en fonctionnement. Le robinet en question est resté fermé après une intervention faite en octobre 2023. Manifestement, personne n’a pensé à le remettre en position ouverte après. Ni même à vérifier que le circuit d’aspersion était correctement configuré.
Durant 8 mois, EDF a donc annihilé un de ses circuits de secours, par ce "petit oubli". Une "indisponibilité prolongée" qui en dit long. Les faits démontrent en effet que les vérifications ne sont ni assez fréquentes, ni assez rigoureuses. Et laissent planer le doute sur la bonne configuration des circuits du réacteur, donc leur aptitude à pouvoir remplir leurs fonctions en cas de sollicitations.
L.B.
Déclaration d’un événement significatif de niveau 1 relatif au non-respect a posteriori de la conduite à tenir suite à l’indisponibilité de l’injection de soude du système d’aspersion de l’unité de production n°2
Publié le 17/06/2024
Le 11 juin 2024, à la suite d’essais menés sur l’unité de production n°3 en arrêt programmé dans le cadre de sa visite décennale, les équipes d’exploitation s’interrogent sur la position d’un robinet du système d’injection de soude de l’unité de production n°2 alors en fonctionnement. A la centrale nucléaire du Bugey, comme sur l’ensemble du parc, les unités de production sont appairées : l’unité n°2 avec l’unité n°3 et la n°4 avec la n°5. Ainsi, lorsqu’un doute existe sur la position du matériel, l’analyse d’impact sur l’unité appairée est réalisée et peut conduire à des contrôles sur celle-ci.
Le système d’aspersion de l’enceinte du bâtiment réacteur est un circuit de sauvegarde permettant de pulvériser de l’eau contenant de la soude dans l’enceinte du réacteur en cas d’accident.
Les équipes de robinetiers réalisent un diagnostic sur les unités 2 et 3, qui confirme le mauvais réglage du robinet et donc l’indisponibilité de l’injection de soude de l’unité n°2 alors que le réacteur est en exploitation et que le fonctionnement de ce circuit est requis.
Une intervention est programmée le jour-même, permettant de retrouver la pleine disponibilité du système.
Après investigations, le circuit était indisponible depuis la réalisation d’un essai périodique nécessitant la fermeture temporaire du matériel au mois d’octobre 2023.
En raison de sa détection tardive, cet événement, qui n’a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations, a été déclaré à l’Autorité de Sûreté Nucléaire le 13 juin 2024, au niveau 1 de l’échelle INES qui en compte 7.
Indisponibilité prolongée de l’injection de soude du système d’aspersion enceinte
Publié le 25/06/2024
Centrale nucléaire du Bugey Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 13 juin 2024, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à la détection tardive de l’indisponibilité de l’injection de soude du système d’aspersion de l’enceinte du réacteur n°2 de la centrale nucléaire du Bugey.
Le circuit d’aspersion dans l’enceinte (EAS) est un système de sauvegarde, constitué de deux voies redondantes, qui pulvérise de l’eau contenant de la soude, en cas d’accident dans l’enceinte du réacteur, afin d’y diminuer la pression et la température et de diminuer la quantité d’iode radioactif sous forme de gaz. Ce système est mis en service automatiquement dans certaines situations.
Le 11 juin 2024, alors que le réacteur n°2 était en puissance, un opérateur a relevé que la vanne située sur la ligne d’injection de soude, commune aux deux voies du système EAS, n’était pas dans la position attendue, rendant impossible sa manœuvre à distance ou par les automates de protection du réacteur. L’injection de soude du système EAS était donc indisponible, le fonctionnement automatique de la vanne étant requis lorsque le réacteur est en puissance.
En cas d’indisponibilité de la fonction d’injection de soude du système EAS, les règles générales d’exploitation (RGE) du réacteur tolèrent un délai de fonctionnement de huit heures. La dernière intervention sur cette vanne ayant eu lieu pendant les essais de redémarrage du réacteur, à l’automne 2023, l’injection de soude du système EAS était donc indisponible depuis cette date.
Aucune situation nécessitant l’aspersion enceinte du réacteur n’étant survenue, cet évènement n’a pas eu de conséquence directe sur les installations ou sur l’environnement. Cependant, la durée de l’indisponibilité de la fonction d’injection de soude du système EAS étant supérieure au délai toléré par les RGE, cet évènement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES.
[1] Circuit d’aspersion de secours (EAS) : En cas d’accident conduisant à une augmentation de pression et de température dans le bâtiment réacteur, le circuit d’aspersion de secours pulvérise de l’eau additionnée de soude afin de rétablir des conditions ambiantes acceptables, de préserver l’intégrité de l’enceinte de confinement et de rabattre au sol les aérosols radioactifs éventuellement disséminés. Source : https://www.asn.fr/lexique/C/Circuit-d-aspersion-de-secours