23 juin 2022
Parce que 2 porte-fusibles ont été mal positionnés après une intervention de maintenance le 2 juin 2022, le circuit d’injection de sécurité des réacteurs 3 et 4 de la centrale du Blayais (Gironde) avait une pompe hors service. Ce circuit sert à injecter de l’eau pour refroidir le combustible nucléaire et stopper la réaction en chaîne dans la cuve du réacteur en cas de problème.
EDF ne dit pas combien de pompes équipent ce circuit. Les précisions données par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) éclaireront ce point : c’est la seule et unique pompe qui permet d’injecter de l’eau au niveaux des pompes du circuit primaire, le circuit qui refroidit le réacteur, et elle est commune à 2 réacteurs nucléaires du site. En fonctionnement normal, cette injection est assurée par le circuit de contrôle volumétrique et chimique. En cas de perte totale des alimentations électriques, cette injection aux joints des pompes primaires est assurée par une pompe de secours spécifique : c’est cette pompe qui a été mise hors-service par une intervention de maintenance d’EDF ratée. Si le communiqué de l’industriel n’est pas clair sur les circonstances qui ont conduit à l’incident, une chose est sûre : l’intervention du 2 juin n’a pas été contrôlée techniquement après avoir été réalisée. Ou alors le contrôle a été insuffisant.
Ce n’est que 2 semaines plus tard, le 16 juin, lors d’un essai, qu’EDF s’est aperçu du problème. Ce circuit est pourtant si important pour éviter un accident nucléaire majeur qu’il est censé être pleinement opérationnel lorsque les réacteurs fonctionnent. Les faits ont été déclarés comme étant significatifs [1] pour la sûreté [2] puisque EDF a lui-même mis en péril les dispositifs existants pour limiter le risque d’accident nucléaire. Par manque d’application et de rigueur dans l’entretien de ses réacteurs. Mais aussi par manque de surveillance de son installation, car un essai réalisé plus fréquemment aurait permis de mettre à jour plus tôt que la pompe ne fonctionnait pas. Par son manque de compétences et de moyens, l’industriel accroît lui-même les risques d’accident dans ses réacteurs nucléaires. Mais EDF résume l’incident au "non respect de la conduite à tenir".
Non-respect de la conduite à tenir prévue dans les spécifications techniques d’exploitation
Publié le 23/06/2022
Le 16 juin 2022, le réacteur 4 est connecté au réseau électrique national, dans le domaine d’exploitation Réacteur en Production (RP).
Lors de la réalisation d’un essai de fonctionnement d’une pompe du circuit RIS [3] des unités de production n°3 et 4, les équipes constatent que celle-ci ne démarre pas. Lors du diagnostic du matériel, deux portes-fusibles situés dans l’armoire d’alimentation de la pompe sont retrouvés en position non-conforme (ouverts). Ils ont immédiatement été remis en conformité et la pompe du système d’injection de sécurité était de nouveau fonctionnelle dès le 17 juin.
La précédente intervention permettant de vérifier la position conforme des porte-fusibles ayant été réalisé le 2 juin, la pompe RIS est considérée a posteriori indisponible depuis cette date. Les Spécifications techniques d’exploitations (STE) [4] exigent sa disponibilité dans l’état Réacteur en production, ce qui n’a pas été le cas du 2 au 17 juin.
Cet événement n’a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations. Toutefois, la détection tardive de l’indisponibilité de ce matériel entraînant le non-respect des spécifications techniques d’exploitation a conduit la direction de la centrale nucléaire du Blayais à déclarer à l’Autorité de sûreté nucléaire, le 22 juin 2022, un événement significatif de niveau 1 sur l’échelle INES qui en compte 7 [5].
Détection tardive de l’indisponibilité de la pompe d’injection de secours aux joints des pompes primaires des réacteurs 3 et 4
Publié le 11/07/2022
Centrale nucléaire du Blayais Réacteurs de 900 MWe - EDF
Le 22 juin 2022, l’exploitant de la centrale nucléaire du Blayais a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement significatif pour la sûreté relatif à la détection tardive de l’indisponibilité de la pompe d’injection de secours aux joints des pompes primaires [6], qui est commune aux réacteurs 3 et 4.
Le 16 juin 2022, le réacteur 3 était à l’arrêt pour maintenance et renouvellement du combustible et le réacteur 4 était en exploitation.
L’exploitant a réalisé un essai visant à tester le bon fonctionnement de la pompe d’injection de secours aux joints des pompes primaires. Au cours de cet essai, la pompe de secours n’a pas démarré. Lors du diagnostic, l’exploitant a constaté que deux portes-fusibles du circuit électrique de la pompe étaient en position ouverte, ce qui empêchait son démarrage. Cette situation non conforme était présente depuis la précédente opération de maintenance sur ce matériel, réalisée le 2 juin 2022.
Ayant découvert tardivement l’indisponibilité de la pompe d’injection de secours aux joints des pompes primaires, l’exploitant n’a pas pu respecter les délais prévus par les règles générales d’exploitation pour remettre en conformité ce matériel.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur les installations, les personnes et l’environnement. Toutefois, l’événement a affecté la fonction de sûreté liée au confinement du réacteur 4.
En raison du non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur et de sa détection tardive, cet événement a été classé au niveau 1 de l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité).
Dès la découverte de l’événement, les porte-fusibles ont été remis en position conforme. La disponibilité de la pompe d’injection de secours aux joints des pompes primaires a été confirmée le 17 juin par l’essai démontrant son bon fonctionnement.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif
[2] La sûreté nucléaire est l’ensemble des dispositions techniques et des mesures d’organisation relatives à la conception, à la construction, au fonctionnement, à l’arrêt et au démantèlement des installations nucléaires de base, ainsi qu’au transport des substances radioactives, prises en vue de prévenir les accidents ou d’en limiter les effets. https://www.asn.fr/Lexique/S/Surete-nucleaire
[3] Le système d’injection de sécurité (RIS) permet d’injecter dans le circuit primaire de l’eau contenant du bore (matière neutrophage) afin de refroidir le réacteur.
[4] Les spécifications techniques d’exploitation (STE) sont un recueil de règles d’exploitation approuvées par l’Autorité de sûreté nucléaire, qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement d’une centrale nucléaire et les prescriptions de conduite du réacteur associées. Elles prescrivent également les délais maximums de réparations en cas de dysfonctionnement de certains matériels.
[5] International Nuclear Event Scale
[6] Le rôle des pompes primaires est d’assurer la circulation de l’eau dans le circuit primaire et donc de refroidir le cœur. Au niveau des joints de ces pompes, de l’eau sous haute pression est injectée afin d’assurer l’étanchéité du circuit primaire en évitant toute remontée d’eau de ce circuit. En fonctionnement normal, cette injection est assurée par le circuit de contrôle volumétrique et chimique. En situation de perte totale des alimentations électriques, cette injection aux joints des pompes primaires est assurée par une pompe de secours spécifique.
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