8 mars 2023
Encore une preuve que la préservation des ressources naturelles est loin d’être la priorité de l’industriel. EDF a laissé des hydrocarbures polluer les eaux, parce que le tuyau utilisé était "dégradé". La pollution, dont on ne sait rien (quantité, durée etc.) a été découverte le 20 février 2023 à la centrale de Belleville (Centre - Val de Loire).
Une tuyauterie de transfert a été installée entre 2 déshuileurs. Quand ? On ne sait pas. Ce tuyau a fuit. Pourquoi ? On ne sait pas. Était-il percé avant ? A-t-il été abîmé après ? Mystère. Le transfert d’hydrocarbures n’a manifestement pas été enregistré par l’industriel comme une activité potentiellement risquée pour l’environnement, puisque le temps que la fuite soit détectée, des litres d’huile, essence ou autre liquide polluant s’étaient déversés dans le caniveau du réseau d’eaux pluviales. Ce réseau est directement relié à l’environnement, mais passe d’abord par des bassins. Une nappe d’hydrocarbures était clairement visible à la surface de l’un d’eux. Il ne s’agit donc pas de quelques gouttes d’hydrocarbures. Le tuyau percé a donc déversé ses polluants un certain temps avant que quoique ce soit ne soit engagé par l’exploitant.
Quand EDF s’est rendu compte d’une pollution en cours, en bon responsable, il a donné l’ordre d’arrêter les pompes qui envoient l’eau du bassin dans la Loire. Selon l’industriel, les hydrocarbures sont restés sagement confinés dans le bassin et n’auraient pas atteint l’environnement. Une affirmation qui n’est étayée d’aucun résultat d’analyse. L’industriel ne mentionne même pas une quelconque surveillance des eaux fleuve suite à l’incident. Et quand bien même, il serait trop tard : si des prélèvements sont faits après la détection de la pollution, après l’arrêt des pompes, normal qu’on ne trouve pas de trace d’hydrocarbures dans la Loire. C’est avant qu’il aurait fallu aller voir et faire des prélèvements.
Qui plus est, le sacro-saint principe de dilution, sur lequel repose tous les rejets d’EDF dans l’environnement, permettra de toute façon de noyer la pollution et réduisant les teneurs à peau de chagrin. Ce qui ne veut pas dire qu’elle n’a pas eu lieu. Qu’EDF n’ait rien vu passer ne veut pas dire que des hydrocarbures n’ont pas été déversés dans la nature. C’est sur le coup, et non après le déversement, une fois les vannes fermées qu’il faut faire des prélèvements. Quant à savoir si le réseau d’eau pluviale est étanche et s’il n’y a pas eu d’infiltrations dans le sol....
Le dernier incident du genre sur le site nucléaire date de décembre 2022 et était très similaire. Sauf que les substances déversées au sol et dans le réseau d’eaux pluviales étaient hautement radioactives. Là encore l’activité avait été préparée avec un peu trop de légèreté. Et EDF a fait preuve de beaucoup d’inconséquences quant aux risques générés pour l’environnement : l’industriel a supposé que la portion du réseau dans laquelle la fuite s’est déversée était fermée et n’a même pas pris la peine d’aller vérifier que la pollution était effectivement confinée. Ce qui n’était pas le cas, le réseau était ouvert. Avec un minimum de précautions, la pollution radioactive des eaux aurait pu être évitée. Avec un minimum de réflexion, l’industriel n’aurait pas dégradé un peu plus une ressource naturelle dont il n’est pas propriétaire.
Bis repetita donc, des déversements de polluants sur le site nucléaire qui finissent dans l’eau, parce que l’industriel gère mal ses activités et ne montre aucune considération, aucun souci de préservation de notre environnement. Quant à l’information du public et la "transparence" selon EDF, jugez vous-même : aucun élément ne permettant de caractériser ni de quantifier la pollution, aucune explication sur l’origine de l’incident, aucune mesure évoquée pour éviter son renouvellement, un communiqué minimisant, publié des semaines après les faits. En terme d’information et de protection de l’environnement, mieux vaut tard que jamais ?
Déclaration d’un événement significatif environnement relatif à un écoulement d’hydrocarbures dans le circuit de collecte des eaux pluviales, sans atteinte de l’environnement
Publié le 08/03/2023
Evénement environnement
La centrale dispose de plusieurs déshuileurs au sein de ses installations. Il s’agit d’un équipement qui permet de séparer les hydrocarbures de l’eau. Repartis sur le site, les déshuileurs récupèrent les fluides (non radioactifs) susceptibles de contenir des hydrocarbures, provenant des installations (salle des machines principalement) ou des voies de circulation du site.
Le 20 février 2023, la présence d’eau avec hydrocarbures est constatée sur une voirie de la centrale de Belleville-sur-Loire, dans la partie non nucléaire des installations.
L’origine de l’écoulement est la dégradation d’une tuyauterie provisoire de transfert, positionnée sur la voirie, entre deux déshuileurs. Dès la détection de l’événement, la pompe de transfert a été arrêtée, supprimant la source de l’écoulement.
L’eau et les hydrocarbures présents sur la chaussée se sont déversés dans le réseau SEO (collecte des eaux pluviales). Ce réseau est relié à un bassin, dans lequel des hydrocarbures ont été identifiés. Les pompes du bassin ont été arrêtées, isolant ainsi le bassin de l’extérieur du site. Les hydrocarbures surnageant dans le bassin ont été pompés, et ont été évacués dans la filière de traitement adaptée.
Le contrôle des autres bassins SEO et la surveillance continue de l’environnement et de nos rejets au milieu extérieur mettent en évidence l’absence d’hydrocarbures en dehors du bassin.
Cet événement n’a eu aucun impact réel sur l’environnement. En raison de l’écoulement d’hydrocarbures en dehors des voies normales de collecte, il a été déclaré par la direction de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire le 27 février 2023 auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire.
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