Cette anomalie soulève de nombreuses interrogations concernant l’état de sûreté du parc. Selon Karine Herviou , directrice générale de l’IRSN, "On ne sait pas s’il n’y a pas de problèmes ailleurs. EDF est en train de revoir tous les enregistrements [des contrôles effectués dans le passé sur le parc]". Un tel aveu sonne comme une remise en question de la qualité des contrôles et de l’analyse des données effectués jusqu’ici. Ces trois dernières années, plus de 10 réacteurs des paliers potentiellement concernés ont connu leur 2ème ou 3ème visite décennale sans que ce problème n’attire l’attention. Faut-il en conclure que les investigations menées étaient superficielles, et ce d’autant plus pour celles effectuées sous le Covid ?
Ce défaut générique entraînant la défaillance imprévue des plus puissants réacteurs du parc, pose également de nombreuses questions d’un point de vue énergétique. Cette situation apporte la preuve renouvelée que le nucléaire, présenté comme fiable par ses partisans, peut s’avérer intermittent. Surtout, elle survient alors même que la disponibilité du parc est historiquement basse, laissant craindre un conflit dangereux entre sûreté et sécurité d’approvisionnement électrique si d’autres réacteurs sont encore concernés. Un risque sur lequel l’Autorité de sûreté nucléaire alerte depuis longtemps déjà [1]...
Entre les retards à répétition pour l’EPR de Flamanville et les défaillances de réacteurs, les prévisions d’EDF sont à revoir. À moyen terme, tabler sur la prolongation massive du parc à 50 ans et plus, alors que même les plus récents réacteurs connaissent des défauts inquiétants, apparaît comme un scénario bien hasardeux et une dangereuse prise de risque, sans même parler d’envisager de nouveaux réacteurs qui accumuleront retard sur retard.
La découverte de ce défaut doit sonner comme un avertissement pour abandonner des projets irréalistes et prendre d’urgence le virage de la sobriété et des énergies renouvelables.
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