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Conséquences des essais nucléaires en Polynésie

Essais nucléaires : les atteintes aux enfants

Publié le 1er février 2016



La levée du secret défense, en 2013, sur près de 400 documents de la période des essais nucléaires permet de constater que le Service de santé des armées, les ministres de la défense et les présidents de la République successifs depuis 1960, étaient parfaitement informés, essai après essai, des risques sanitaires auxquels étaient exposés les populations et les personnels des sites nucléaires. Les conséquences sur les personnes les plus fragiles – enfants et femmes – sont d’autant plus préoccupantes qu’elles comportent des risques d’atteintes génétiques affectant les générations suivantes.



La France, consciente des mises en garde des scientifiques et généticiens comme Jean Rostand, a néanmoins repris des essais aériens en Polynésie de 1966 à 1974, de même que la Chine jusqu’en 1980. Peut-on mesurer les conséquences des expériences nucléaires de la France sur les populations les plus concernées de la Polynésie française ? Il faut constater qu’il n’y a eu aucune volonté de prévention et de suivi de la part des autorités sanitaires françaises. Bien au contraire, depuis le début des essais nucléaires jusqu’au milieu des années 1980, la santé publique en Polynésie était assurée par le Service de santé des Armées qui a tout fait pour couvrir du secret militaire les données sanitaires de la Polynésie.

Constatant un taux anormalement élevé de leucémies en Polynésie, le Dr Rio constatait dans La Dépêche de Tahiti du 22 novembre 2011 : "Les médecins militaires ont, pendant des années, tenu secrètes les informations relatives aux conséquences des essais nucléaires. L’armée disposait d’un hôpital militaire, l’hôpital Jean Prince, et ses médecins militaires occupaient les principaux postes à l’hôpital civil de Mamao, donc aucune information ne filtrait sur les maladies traitées en Polynésie française."

Tumeurs cérébrales des enfants polynésiens

Le 19 janvier 2010, le hasard d’une question lors de l’émission médicale "Avec ou sans rendez-vous" diffusée sur la chaîne publique France Culture aborde la question de la responsabilité des essais nucléaires dans un surnombre constaté de cancers du cerveau chez les enfants polynésiens. Interrogé par le professeur Lyon-Caen, le professeur Sainte-Rose, spécialiste du cancer des enfants, très embarrassé, raconte : "On sait par exemple que les radiations pourront entraîner, favoriser, la survenue de tumeurs, en particulier cérébrales… La seule expérience… enfin je ne sais pas si je dois vous dire ça… C’est quelque chose de confidentiel… la seule expérience que j’en ai, c’est que pendant un certain nombre d’années, dans les années 80, nous avons vu arriver à l’Hôpital des Enfants Malades un nombre anormalement important d’enfants porteurs de tumeurs cérébrales en provenance des îles du Pacifique. Depuis ça s’est tari." Le PrOlivier Lyon-Caen commente immédiatement les propos de son collègue Sainte-Rose : "Ce sont des observations qui laissent à penser qu’il peut y avoir des facteurs extérieurs, environnementaux, qui jouent un rôle chez les parents et les générations suivantes peut-être dans le développement de lésions tumorales."

Quand des spécialistes abordent, avec d’infinies précautions, la question de la transmission transgénérationnelle, voilà qui est d’importance, d’autant plus que cela met en cause les risques radioactifs auxquels des parents polynésiens auraient pu être exposés. Ce court échange, happé par le direct de l’émission, a été enregistré mais curieusement, il a été supprimé quelques heures plus tard dans l’enregistrement disponible sur le site internet de France Culture ! Pointer la responsabilité des essais nucléaires dans les causes des tumeurs cérébrales des enfants polynésiens est-il si compromettant, 20 ans plus tard, au point d’imposer le silence ?

Bruno Barrillot

Dossier pdf

Extraits du dossier "Enfants et générations futures victimes des essais nucléaires" paru dans Les Notes de Damoclès de février 2016, en parallèle du documentaire de Larbi Benchiha "Bons baisers de Moruroa" diffusé en février 2016 sur France 3

Article paru dans la Revue "Sortir du nucléaire" n°68


La France, consciente des mises en garde des scientifiques et généticiens comme Jean Rostand, a néanmoins repris des essais aériens en Polynésie de 1966 à 1974, de même que la Chine jusqu’en 1980. Peut-on mesurer les conséquences des expériences nucléaires de la France sur les populations les plus concernées de la Polynésie française ? Il faut constater qu’il n’y a eu aucune volonté de prévention et de suivi de la part des autorités sanitaires françaises. Bien au contraire, depuis le début des essais nucléaires jusqu’au milieu des années 1980, la santé publique en Polynésie était assurée par le Service de santé des Armées qui a tout fait pour couvrir du secret militaire les données sanitaires de la Polynésie.

Constatant un taux anormalement élevé de leucémies en Polynésie, le Dr Rio constatait dans La Dépêche de Tahiti du 22 novembre 2011 : "Les médecins militaires ont, pendant des années, tenu secrètes les informations relatives aux conséquences des essais nucléaires. L’armée disposait d’un hôpital militaire, l’hôpital Jean Prince, et ses médecins militaires occupaient les principaux postes à l’hôpital civil de Mamao, donc aucune information ne filtrait sur les maladies traitées en Polynésie française."

Tumeurs cérébrales des enfants polynésiens

Le 19 janvier 2010, le hasard d’une question lors de l’émission médicale "Avec ou sans rendez-vous" diffusée sur la chaîne publique France Culture aborde la question de la responsabilité des essais nucléaires dans un surnombre constaté de cancers du cerveau chez les enfants polynésiens. Interrogé par le professeur Lyon-Caen, le professeur Sainte-Rose, spécialiste du cancer des enfants, très embarrassé, raconte : "On sait par exemple que les radiations pourront entraîner, favoriser, la survenue de tumeurs, en particulier cérébrales… La seule expérience… enfin je ne sais pas si je dois vous dire ça… C’est quelque chose de confidentiel… la seule expérience que j’en ai, c’est que pendant un certain nombre d’années, dans les années 80, nous avons vu arriver à l’Hôpital des Enfants Malades un nombre anormalement important d’enfants porteurs de tumeurs cérébrales en provenance des îles du Pacifique. Depuis ça s’est tari." Le PrOlivier Lyon-Caen commente immédiatement les propos de son collègue Sainte-Rose : "Ce sont des observations qui laissent à penser qu’il peut y avoir des facteurs extérieurs, environnementaux, qui jouent un rôle chez les parents et les générations suivantes peut-être dans le développement de lésions tumorales."

Quand des spécialistes abordent, avec d’infinies précautions, la question de la transmission transgénérationnelle, voilà qui est d’importance, d’autant plus que cela met en cause les risques radioactifs auxquels des parents polynésiens auraient pu être exposés. Ce court échange, happé par le direct de l’émission, a été enregistré mais curieusement, il a été supprimé quelques heures plus tard dans l’enregistrement disponible sur le site internet de France Culture ! Pointer la responsabilité des essais nucléaires dans les causes des tumeurs cérébrales des enfants polynésiens est-il si compromettant, 20 ans plus tard, au point d’imposer le silence ?

Bruno Barrillot

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Extraits du dossier "Enfants et générations futures victimes des essais nucléaires" paru dans Les Notes de Damoclès de février 2016, en parallèle du documentaire de Larbi Benchiha "Bons baisers de Moruroa" diffusé en février 2016 sur France 3

Article paru dans la Revue "Sortir du nucléaire" n°68




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