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Sortir du nucléaire n°24



Juin 2004

Alternatives

BedZED : le premier éco village est né

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°24 - Juin 2004

 Energies renouvelables  Habitat écologique
Article publié le : 1er juin 2004


Une consommation énergétique diminuée de 70%

En Angleterre, des promoteurs engagés dans le développement durable ont pour la première fois créé un village écologique pilote, sans recours aux énergies fossiles et sans rejet de CO2. Une expérience passionnante qui, de la Suisse à l’Afrique du Sud, s’exporte déjà.

En France, sous l’impulsion du WWF, des programmes d’HLM devraient suivre ce modèle.



A l’heure où, en France, on alerte de plus en plus les collectivités sur le changement climatique, une expérience pilote menée en Grande-Bretagne apporte la preuve que mettre en pratique le développement durable à l’échelle d’une ville est possible. En 2000, un village écologique, comprenant 82 logements et 2 300 m2 de bureaux et commerces, a vu le jour dans la banlieue sud de Londres, à Sutton.

Surnommé Bedzed (pour Beddington Zero Energy Development), cet éco-village, unique en son genre, veut démontrer que “l’habitat peut être pensé et construit sans dégrader l’environnement.”

Pour atteindre cet objectif, les concepteurs de Bedzed semblent avoir réalisé une gigantesque analyse de cycle de vie (ACV), qui consiste à évaluer l’impact environnemental de la vie d’un produit, depuis sa réalisation jusqu’à sa mise au rebut... ou son recyclage.

Mais si, habituellement, on établit le bilan d’un pneu ou d’une télévision, dans le cas de BedZED, c’est toute la vie d’un village (construction des logements, besoins en ressources énergétiques, déplacements, activités professionnelles, vie sociale, gestion des déchets...) dont l’impact environnemental, économique et social a été pensé et évalué. Pour aboutir à l’éco conception de ce lieu de vie d’un nouveau genre.

Avoir recours au maximum aux ressources locales

Le premier principe durable appliqué à BedZED est celui de la “boucle locale” : avoir recours au maximum aux ressources locales, à la réutilisation et au recyclage (transports limités, développement économique local renforcé et identité culturelle prévservée).

Ici, 90 % des matériaux proviennent de moins de 50 km à la ronde (bois certifiés) et sont souvent recyclés (anciens rails de chemin de fer...). Le design des logements est pensé en terme d’efficience énergétique et de qualité de vie : isolation renforcée, ensoleillement maximum, terrasses et jardinet, système de ventilation avec récupération de la chaleur... Le recours aux énergies renouvelables et l’optimisation des ressources naturelles font du projet BedZED un formidable exemple grandeur réelle de ce que peut être l’usage raisonné en matière de ressources : récupération des eaux de pluie pour les toilettes, énergie électrique et thermique fournie par la biomasse (bois de récupération), la chaleur récupérée et les panneaux photovoltaïques situés sur les façades. Cette électricité produite permet même de recharger à 100% des véhicules électriques mis à la disposition commune des habitants. Les déplacements sont réduits, puisque des espaces de travail sont proposés, que des commerces de proximité ont été créés et qu’existe un système de livraison de produits frais provenant de la région. En fin de compte, cette rationalisation permet à BedZED de réduire de 50 % son empreinte écologique. Pour donner un ordre de grandeur, comparativement à des habitations classiques, le chauffage est réduit de 90 %, la consommation totale énergétique de 70 %, et le volume des déchets de 75 %.

Habitat durable “facile, abordable et attractif”

BedZED a été conçu par la Fondation Peabody, la plus importante organisation caritative de Londres consacrée à l’habitat, en collaboration avec le Groupe de développement BioRegional, groupe environnementaliste très actif, et l’architecte Bill Dunster, réputé pour l’intérêt qu’il porte aux maisons solaires. Un trio aux desseins à la fois simples et ambitieux, comme l’expliquent Jean-Paul Jeanrenaud, du WWF international, association ayant soutenu le projet dès le départ, et Pooran Desai, directeur de BioRegional :

“(...) Faire du concept de durabilité quelque chose de facile, d’attractif et de moins cher. L’objectif global était de permettre aux gens de vivre d’une manière durable dans une empreinte écologique de deux hectares, soit l’espace environnemental moyen disponible par personne dans le monde. Et ce, sans pour autant sacrifier le confort et les avantages liés à un style de vie moderne et mobile.”

Un pari gagné, semble t-il, car BedZED n’est pas réservé à une élite “bobo” ou à des militants extrémistes. Plus de la moitié des logements ont été réservés par la Fondation Peabody à des familles à faibles revenus, et les habitations ont été vendues à un prix égalant ceux du marché traditionnel, le surcoût de certaines installations étant comblé par les revenus fournis par les activités de commerce et de bureaux développés dans BedZED. Le confort moderne n’est pas sacrifié : baignoire, et non douche dans les salles de bain, four et cuisinières électriques, machine à laver individuelle... Le village est par ailleurs doté de lieux de vie communautaires : centre de santé, club sportif, terrain de jeux, garderie, cafés, restaurants...

Importer l’approche de ce village en France

BedZED a été primé en juillet 2000 par l’Institut Royal des Bâtisseurs et des Architectes (IRCA) et va servir d’inspiration au programme de logement prévu par le gouvernement anglais (1 million de logements sur 10 ans !). L’Afrique du Sud, la Chine ou encore le Portugal nouent des partenariats pour des programmes de construction.

“L’ensemble des régions anglaises s’est engagé dans un calcul de leur empreinte écologique et la construction de scénarios macro, et un réseau mondial est en train de se constituer pour mettre en place des sites pionniers vivant selon les principes de durabilité démontrés à BedZED”, se félicite Thanh Nguiem, membre bénévole de la direction générale du WWF, à l’origine d’une structure franco-britannique pour importer l’approche de BedZED dans l’Hexagone.

En France, le WWF, très enthousiaste, se réjouit déjà de programmes de réhabilitation et de construction d’HLM selon les critères durables de BedZED, en partenariat avec des entreprises (Caisse d’épargne, Nature & Découvertes...) et de grandes villes intéressées (Nantes, Lyon, Lille...).
Le guide de l’habitat écologique

Un guide complet : 2000 adresses et contacts en habitat sain et énergies renouvelables, des centaines d’astuces et de conseils en écoconstruction, une aide à la réflexion écologique et aux choix durables. Deux ouvrages en un : un texte explicatif sur l’habitat écologique et un annuaire des professionnels de l’écoconstruction.

Livre format “poche”, 1344 pages, 21,50 euros (port compris). A commander au Réseau “Sortir du nucléaire”,

9, rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04

Chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”

Le chauffage électrique banni...

Le nouveau contrat de plan de la Communauté urbaine de Lyon prévoit de supprimer le chauffage électrique de tous ses logements sociaux (près de 110 000). Et tous les nouveaux logements sociaux subventionnés devront être qualifiés HQE (Haute Qualité environnementale)...

Un exemple à suivre.

Espagne : vers la sortie du nucléaire !

Le nouveau chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est montré à nouveau favorable au développement d’”énergies alternatives” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et à l’abandon progressif de l’énergie d’origine nucléaire.

M. Zapatero, leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et vainqueur des législatives du 14 mars, s’exprimait lors de son discours d’investiture comme chef du gouvernement au Congrès des députés.

Sources : AFP - 15/04

Allemagne : cinq centrales nucléaires devraient fermer

L’agence allemande de sûreté nucléaire (BfS) souhaite la fermeture de cinq des 18 centrales atomiques car elle juge que ces sites ne sont pas suffisamment protégés pour parer à un éventuel attentat similaire à ceux perpétrés le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Wolfram König, président de la BfS, a estimé que des doutes existaient quant à la capacité de ces centrales à supporter le choc provoqué par l’écrasement d’un avion précipité sur elles. “Les cinq opérateurs n’ont pas pris les responsabilités qu’ils devaient prendre après le 11 septembre”, a-t-il dit.

Berlin, 21 février 2004 (Reuters)
Sylvie Touboul

(Novethic)

A l’heure où, en France, on alerte de plus en plus les collectivités sur le changement climatique, une expérience pilote menée en Grande-Bretagne apporte la preuve que mettre en pratique le développement durable à l’échelle d’une ville est possible. En 2000, un village écologique, comprenant 82 logements et 2 300 m2 de bureaux et commerces, a vu le jour dans la banlieue sud de Londres, à Sutton.

Surnommé Bedzed (pour Beddington Zero Energy Development), cet éco-village, unique en son genre, veut démontrer que “l’habitat peut être pensé et construit sans dégrader l’environnement.”

Pour atteindre cet objectif, les concepteurs de Bedzed semblent avoir réalisé une gigantesque analyse de cycle de vie (ACV), qui consiste à évaluer l’impact environnemental de la vie d’un produit, depuis sa réalisation jusqu’à sa mise au rebut... ou son recyclage.

Mais si, habituellement, on établit le bilan d’un pneu ou d’une télévision, dans le cas de BedZED, c’est toute la vie d’un village (construction des logements, besoins en ressources énergétiques, déplacements, activités professionnelles, vie sociale, gestion des déchets...) dont l’impact environnemental, économique et social a été pensé et évalué. Pour aboutir à l’éco conception de ce lieu de vie d’un nouveau genre.

Avoir recours au maximum aux ressources locales

Le premier principe durable appliqué à BedZED est celui de la “boucle locale” : avoir recours au maximum aux ressources locales, à la réutilisation et au recyclage (transports limités, développement économique local renforcé et identité culturelle prévservée).

Ici, 90 % des matériaux proviennent de moins de 50 km à la ronde (bois certifiés) et sont souvent recyclés (anciens rails de chemin de fer...). Le design des logements est pensé en terme d’efficience énergétique et de qualité de vie : isolation renforcée, ensoleillement maximum, terrasses et jardinet, système de ventilation avec récupération de la chaleur... Le recours aux énergies renouvelables et l’optimisation des ressources naturelles font du projet BedZED un formidable exemple grandeur réelle de ce que peut être l’usage raisonné en matière de ressources : récupération des eaux de pluie pour les toilettes, énergie électrique et thermique fournie par la biomasse (bois de récupération), la chaleur récupérée et les panneaux photovoltaïques situés sur les façades. Cette électricité produite permet même de recharger à 100% des véhicules électriques mis à la disposition commune des habitants. Les déplacements sont réduits, puisque des espaces de travail sont proposés, que des commerces de proximité ont été créés et qu’existe un système de livraison de produits frais provenant de la région. En fin de compte, cette rationalisation permet à BedZED de réduire de 50 % son empreinte écologique. Pour donner un ordre de grandeur, comparativement à des habitations classiques, le chauffage est réduit de 90 %, la consommation totale énergétique de 70 %, et le volume des déchets de 75 %.

Habitat durable “facile, abordable et attractif”

BedZED a été conçu par la Fondation Peabody, la plus importante organisation caritative de Londres consacrée à l’habitat, en collaboration avec le Groupe de développement BioRegional, groupe environnementaliste très actif, et l’architecte Bill Dunster, réputé pour l’intérêt qu’il porte aux maisons solaires. Un trio aux desseins à la fois simples et ambitieux, comme l’expliquent Jean-Paul Jeanrenaud, du WWF international, association ayant soutenu le projet dès le départ, et Pooran Desai, directeur de BioRegional :

“(...) Faire du concept de durabilité quelque chose de facile, d’attractif et de moins cher. L’objectif global était de permettre aux gens de vivre d’une manière durable dans une empreinte écologique de deux hectares, soit l’espace environnemental moyen disponible par personne dans le monde. Et ce, sans pour autant sacrifier le confort et les avantages liés à un style de vie moderne et mobile.”

Un pari gagné, semble t-il, car BedZED n’est pas réservé à une élite “bobo” ou à des militants extrémistes. Plus de la moitié des logements ont été réservés par la Fondation Peabody à des familles à faibles revenus, et les habitations ont été vendues à un prix égalant ceux du marché traditionnel, le surcoût de certaines installations étant comblé par les revenus fournis par les activités de commerce et de bureaux développés dans BedZED. Le confort moderne n’est pas sacrifié : baignoire, et non douche dans les salles de bain, four et cuisinières électriques, machine à laver individuelle... Le village est par ailleurs doté de lieux de vie communautaires : centre de santé, club sportif, terrain de jeux, garderie, cafés, restaurants...

Importer l’approche de ce village en France

BedZED a été primé en juillet 2000 par l’Institut Royal des Bâtisseurs et des Architectes (IRCA) et va servir d’inspiration au programme de logement prévu par le gouvernement anglais (1 million de logements sur 10 ans !). L’Afrique du Sud, la Chine ou encore le Portugal nouent des partenariats pour des programmes de construction.

“L’ensemble des régions anglaises s’est engagé dans un calcul de leur empreinte écologique et la construction de scénarios macro, et un réseau mondial est en train de se constituer pour mettre en place des sites pionniers vivant selon les principes de durabilité démontrés à BedZED”, se félicite Thanh Nguiem, membre bénévole de la direction générale du WWF, à l’origine d’une structure franco-britannique pour importer l’approche de BedZED dans l’Hexagone.

En France, le WWF, très enthousiaste, se réjouit déjà de programmes de réhabilitation et de construction d’HLM selon les critères durables de BedZED, en partenariat avec des entreprises (Caisse d’épargne, Nature & Découvertes...) et de grandes villes intéressées (Nantes, Lyon, Lille...).
Le guide de l’habitat écologique

Un guide complet : 2000 adresses et contacts en habitat sain et énergies renouvelables, des centaines d’astuces et de conseils en écoconstruction, une aide à la réflexion écologique et aux choix durables. Deux ouvrages en un : un texte explicatif sur l’habitat écologique et un annuaire des professionnels de l’écoconstruction.

Livre format “poche”, 1344 pages, 21,50 euros (port compris). A commander au Réseau “Sortir du nucléaire”,

9, rue Dumenge, 69317 Lyon Cedex 04

Chèque à l’ordre de “Sortir du nucléaire”

Le chauffage électrique banni...

Le nouveau contrat de plan de la Communauté urbaine de Lyon prévoit de supprimer le chauffage électrique de tous ses logements sociaux (près de 110 000). Et tous les nouveaux logements sociaux subventionnés devront être qualifiés HQE (Haute Qualité environnementale)...

Un exemple à suivre.

Espagne : vers la sortie du nucléaire !

Le nouveau chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, s’est montré à nouveau favorable au développement d’”énergies alternatives” pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et à l’abandon progressif de l’énergie d’origine nucléaire.

M. Zapatero, leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et vainqueur des législatives du 14 mars, s’exprimait lors de son discours d’investiture comme chef du gouvernement au Congrès des députés.

Sources : AFP - 15/04

Allemagne : cinq centrales nucléaires devraient fermer

L’agence allemande de sûreté nucléaire (BfS) souhaite la fermeture de cinq des 18 centrales atomiques car elle juge que ces sites ne sont pas suffisamment protégés pour parer à un éventuel attentat similaire à ceux perpétrés le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Wolfram König, président de la BfS, a estimé que des doutes existaient quant à la capacité de ces centrales à supporter le choc provoqué par l’écrasement d’un avion précipité sur elles. “Les cinq opérateurs n’ont pas pris les responsabilités qu’ils devaient prendre après le 11 septembre”, a-t-il dit.

Berlin, 21 février 2004 (Reuters)
Sylvie Touboul

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