Madame, Monsieur,
Vous êtes salarié-e dEDF. Malgré les dénégations de votre nouveau ministre de tutelle Nicolas Sarkozy, cest bien la privatisation dEDF (et de GDF) qui est à lordre du jour (1).
Si nous sommes militants antinucléaires, ce nest pas seulement parce que la radioactivité est dangereuse : cest parce que nous voulons construire un monde où seraient respectés lenvironnement et les gens qui y vivent. Une société dans laquelle lintérêt général primerait.
Cest ainsi que nous animons depuis plusieurs mois une campagne dopinion intitulée Pour un vrai service public de lélectricité sans nucléaire (plus de 200 000 documents diffusés). Sans nucléaire, nous allons y revenir. Mais aussi Pour un vrai service public. Résolument.
En fin de compte, nos objectifs sont très proches de ceux que vous défendez en tant quagents du service public. Aujourdhui, nous risquons de perdre simultanément sur les deux tableaux : relance du nucléaire ET destruction du service public.
En effet, il apparaît que le gouvernement prépare un étonnant donnant-donnant : la construction du réacteur nucléaire EPR en échange de la casse de votre statut. Et cest aux dirigeants de vos principaux syndicats que ce marché est proposé. Accusation dénuée de sens ?
Pourtant, rappelez-vous le référendum interne qui vous a été proposé le 9 janvier 2003 : même le secrétaire général de la CGT-Energie de lépoque (2) vous avait appelés à voter... pour la destruction de votre régime de retraite ! (Cette opération est indispensable dans la perspective de la privatisation dEDF.)
Heureusement, vous aviez majoritairement repoussé ce piège. Mais le gouvernement Raffarin revient aujourdhui à la charge. Nous avons besoin du service public, nous avons besoin de vous pour empêcher ce coup de force. De même, nous pensons que vous avez besoin des millions de citoyens qui ne veulent pas se voir imposer le nucléaire.
Contrairement à ce qui est souvent dit, ce nest pas parce que nous voulons la sortie du nucléaire que nous serions vos ennemis. Lexpérience menée en Allemagne depuis 2000 montre incontestablement que la mise en uvre des énergies renouvelables est bien plus créatrice demplois que le nucléaire. Qui plus est, il sagit demplois beaucoup plus harmonieusement répartis sur le territoire, et qui nimposent pas dêtre irradié pour gagner sa vie (3).
Nous voudrions tellement que ce soit le service public qui mette en uvre les plans déconomies dénergie, defficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables ! Ces plans sont nécessaires pour, simultanément, sortir de limpasse nucléaire ET lutter contre le réchauffement climatique.
De toute façon, un plan de sortie du nucléaire ne signifierait pas la disparition des emplois du nucléaire : le temps de fermer toutes les centrales, de les démanteler, etc., il est clair quil y aurait largement le temps de basculer lemploi vers les énergies renouvelables.
Pourquoi les dirigeants dEDF continuent-ils à privilégier le nucléaire, énergie dangereuse et coûteuse, contre lavis dune majorité de lopinion publique ? Un vrai service public, au service du public, devrait avoir comme mission essentielle de favoriser des énergies respectueuses de lenvironnement, qui ne mettent pas en danger les générations présentes et futures : il est en effet totalement immoral et irresponsable de léguer le démantèlement des centrales nucléaires à nos descendants, ainsi que des déchets radioactifs qui vont rester dangereux pour des milliers dannées.
De même, où est lintérêt des usagers lorsque la direction dEDF pousse à toujours plus de consommation délectricité (chauffage électrique, climatisation) dans le seul but de justifier la filière nucléaire ? Dailleurs, prenant acte de votre vote courageux du 9 janvier 2003, la direction dEDF se consolait dans un communiqué en annonçant triomphalement : Le jour même de la consultation, EDF est fière dannoncer que le record de production et de consommation délectricité a été une nouvelle fois pulvérisé en France (80 200 MW). Cest la négation même du service public, qui doit produire pour satisfaire les besoins réels et non créer des besoins et des surconsommations pour justifier la production.
Le Réseau Sortir du nucléaire appelle tous les citoyens à se mobiliser contre le processus de privatisation et de destruction du service public. Nous vous proposons de nous rencontrer dès que possible dans les communes, les départements, les régions, afin dunir nos forces pour, simultanément, sauver le service public et préserver lenvironnement.
Le Conseil dadministration du Réseau Sortir du nucléaire
(1) Vous connaissez le processus . Dabord, cest juste une ouverture du capital, mais lEtat reste actionnaire majoritaire. Un peu plus tard : LEtat passe sous la barre des 50%, mais il conserve une minorité de blocage. Et un jour, cest la privatisation totale. Votre statut ny survivra pas, vous le savez bien.
(2) Il a depuis été recyclé comme responsable du développement durable au PCF, doù il réclame à cor et à cri... la construction du réacteur nucléaire EPR. Quelle surprise !
(3) Une étude réalisée en 2003 pour EDF par le centre de recherche en gestion de lEcole polytechnique a montré que 92 % des salariés du nucléaire souhaiteraient quitter le secteur !
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