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Sortir du nucléaire n°59



Novembre 2013

Nucléaire militaire

Par Toutatis ! Ils sont fous…

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°59 - Novembre 2013

 Nucléaire militaire


En novembre 2010, Nicolas Sarkozy et le Premier ministre britannique, David Cameron, ont conclu les accords de Lancaster House portant sur une coopération militaire poussée entre les deux pays, y compris dans le domaine "dissuasion nucléaire" inclus dans un traité distinct [1].



 

Un traité illégal

Selon le ministère de la Défense, ce traité Teutatès [2] "concerne la mise en commun des technologies des deux pays en matière d’essais nucléaires en laboratoire. L’objectif sera de tester conjointement la performance des ogives nucléaires et la sécurité des arsenaux".

La France et le Royaume-Uni, en s’associant dans ce traité de très longue durée "50 ans ou au-delà", persistent dans leur volonté de conserver indéfiniment leurs armes nucléaires et d’en concevoir de nouvelles. C’est une étape de plus dans la violation de l’esprit et des intentions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Quant à la clause du Traité de non prolifération relative à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, elle est complètement oubliée.

 

Des technologies coûteuses

Le traité Teutatès se traduit concrètement par la construction et l’exploitation en commun de deux complexes scientifiques : l’installation d’études radiographiques et hydrodynamiques Epure, au CEA de Valduc (Bourgogne), et le centre de développement technologique TDC sur le site de l’Atomic Weapons Establishment (AWE) à Aldermaston (Angleterre).

La première phase de construction d’Epure est presque achevée. Airix, la machine de radiographie à rayons X en service au Polygone d’expérimentation de Moronvilliers, y a été transférée. Dans les six prochaines années, deux autres machines de radiographie seront construites au centre TDC d’Aldermaston pour être implantées à Valduc.

 

Des pollutions radioactives

La radiographie à rayons X sert à étudier les "tirs froids" dans lesquels les matières nucléaires fissiles utilisées dans une arme sont remplacées par des matériaux inertes aux comportements mécanique et thermique très similaires. Ces matériaux inertes, comprimés puis dispersés par des explosifs chimiques, sont des métaux lourds toxiques comme le plomb ou le béryllium mais aussi radioactifs comme l’uranium appauvri ou le Pu 242, un isotope non fissile du plutonium.

Selon Peter Burt, de Nuclear Resource Service, les Britanniques utilisaient le Pu 242 dans leur programme de simulation Hydrus et procèderont de même à Epure puisque chaque pays peut y réaliser de façon indépendante tous les essais nécessaires à ses programmes nationaux.

C’est pourquoi une installation spécifique de traitement des déchets est prévue dans la deuxième phase d’Epure concernant "les installations répondant aux exigences du programme britannique". Teutatès prévoit que les déchets résultant des expériences menées à Valduc et à Aldermaston demeurent la propriété du pays d’origine auquel ils seront restitués après traitement et conditionnement. Est-ce pour conditionner le plutonium britannique que le CEA de Valduc a besoin de milliers de cocottes-minutes ? [3]

 

Des mini-explosions nucléaires ?

Le traité précise que les expériences conduites dans l’installation TDC n’utilisent pas de matières fissiles mais rien n’est spécifié pour Epure. Des essais nucléaires sous-critiques, d’une puissance inférieure à 1,8 kg de TNT, y seront-ils réalisés dans le futur ?

 

Une résistance franco-anglaise

En août, des militants britanniques et français ont manifesté ensemble devant le CEA de Valduc et deux jeûnes contre les armes nucléaires se sont tenus à Paris et à Aldermaston. En septembre, des Français ont participé au camp d’action d’Aldermaston. Des perspectives d’actions concertées semblent donc se dessiner pour le futur.

 

Sophie Morel


Notes

[2Nom d’un dieu gaulois, parfois orthographié "Toutatis", comme dans la bande-dessinée Astérix, dont les personnages craignent que le ciel ne leur tombe sur la tête...

 

Un traité illégal

Selon le ministère de la Défense, ce traité Teutatès [1] "concerne la mise en commun des technologies des deux pays en matière d’essais nucléaires en laboratoire. L’objectif sera de tester conjointement la performance des ogives nucléaires et la sécurité des arsenaux".

La France et le Royaume-Uni, en s’associant dans ce traité de très longue durée "50 ans ou au-delà", persistent dans leur volonté de conserver indéfiniment leurs armes nucléaires et d’en concevoir de nouvelles. C’est une étape de plus dans la violation de l’esprit et des intentions du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Quant à la clause du Traité de non prolifération relative à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire, elle est complètement oubliée.

 

Des technologies coûteuses

Le traité Teutatès se traduit concrètement par la construction et l’exploitation en commun de deux complexes scientifiques : l’installation d’études radiographiques et hydrodynamiques Epure, au CEA de Valduc (Bourgogne), et le centre de développement technologique TDC sur le site de l’Atomic Weapons Establishment (AWE) à Aldermaston (Angleterre).

La première phase de construction d’Epure est presque achevée. Airix, la machine de radiographie à rayons X en service au Polygone d’expérimentation de Moronvilliers, y a été transférée. Dans les six prochaines années, deux autres machines de radiographie seront construites au centre TDC d’Aldermaston pour être implantées à Valduc.

 

Des pollutions radioactives

La radiographie à rayons X sert à étudier les "tirs froids" dans lesquels les matières nucléaires fissiles utilisées dans une arme sont remplacées par des matériaux inertes aux comportements mécanique et thermique très similaires. Ces matériaux inertes, comprimés puis dispersés par des explosifs chimiques, sont des métaux lourds toxiques comme le plomb ou le béryllium mais aussi radioactifs comme l’uranium appauvri ou le Pu 242, un isotope non fissile du plutonium.

Selon Peter Burt, de Nuclear Resource Service, les Britanniques utilisaient le Pu 242 dans leur programme de simulation Hydrus et procèderont de même à Epure puisque chaque pays peut y réaliser de façon indépendante tous les essais nécessaires à ses programmes nationaux.

C’est pourquoi une installation spécifique de traitement des déchets est prévue dans la deuxième phase d’Epure concernant "les installations répondant aux exigences du programme britannique". Teutatès prévoit que les déchets résultant des expériences menées à Valduc et à Aldermaston demeurent la propriété du pays d’origine auquel ils seront restitués après traitement et conditionnement. Est-ce pour conditionner le plutonium britannique que le CEA de Valduc a besoin de milliers de cocottes-minutes ? [2]

 

Des mini-explosions nucléaires ?

Le traité précise que les expériences conduites dans l’installation TDC n’utilisent pas de matières fissiles mais rien n’est spécifié pour Epure. Des essais nucléaires sous-critiques, d’une puissance inférieure à 1,8 kg de TNT, y seront-ils réalisés dans le futur ?

 

Une résistance franco-anglaise

En août, des militants britanniques et français ont manifesté ensemble devant le CEA de Valduc et deux jeûnes contre les armes nucléaires se sont tenus à Paris et à Aldermaston. En septembre, des Français ont participé au camp d’action d’Aldermaston. Des perspectives d’actions concertées semblent donc se dessiner pour le futur.

 

Sophie Morel



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