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Crédit photo : Schoella - Wikimedia Commons - CC BY 3.0 - image modifiée

EPR de Flamanville : mise en service d’un "échec"

Communiqué du 7 mai 2024



Ce 7 mai 2024, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a donné son accord pour que l’EPR de Flamanville soit mis en service, c’est-à-dire pour qu’il reçoive son premier chargement de combustible. De nombreuses personnes s’y sont pourtant opposées dans la consultation au public organisée par l’ASN au sujet de son projet de décision de mise en service.



Beaucoup d’avis défavorables lors de la consultation publique

La population était appelée à se prononcer du 27 mars au 17 avril 2024 sur le projet de décision de l’ASN autorisant la mise en service de l’EPR. [1] 996 contributions ont été déposées sur le site de l’ASN. Un grand nombre d’entre elles sont défavorables à l’autorisation de mise en service.

105 avis pointent du doigt le problème de la cuve du réacteur [2] et 85 celui du couvercle. Et n’en déplaise à certains qui remettent en cause le principe même de la consultation au prétexte que cela n’aurait aucun intérêt de recueillir la parole citoyenne [3], la plupart des contributions, malgré des pseudonymes fantaisistes, sont très étayées. Comme celle de Cacal 43 qui argumente :

"L’ASN a validé le fait d’autoriser la mise en production par EDF d’un réacteur dont le design en fond de cuve est défectueux par conception, entraînant des vibrations préjudiciables au pilotage du dit réacteur et aggravant l’usure des grappes (pastilles/crayons/grilles/grappes) de combustible."

Ou encore Dudu18 qui détaille son opposition en 7 arguments techniques et très détaillés. D’autres sont légitimés par l’expérience de celles et ceux qui les déposent. T. S., qui s’exprime en tant que "père de 2 enfants, physicien et expert en radioprotection", s’oppose formellement à la mise en service de l’EPR Flamanville 3. Frédéric 871, qui a travaillé 6 ans chez AREVA, juge lui que "l’industrie française n’est plus apte à assurer la sûreté". Et Chut de conclure : "Le démarrage de l’EPR n’est pas une décision technique mais politique".

Des pressions pour que l’EPR soit mis en service

Nous avons déjà argumenté en ce sens : pour nous, cette mise en service hâtive peut s’expliquer par la volonté du gouvernement de démontrer que son EPR français peut fonctionner et que EDF est venu à bout de ce chantier catastrophique. L’exploitant n’est pas en reste et pousse également dans ce sens. Pour la Cour des comptes, dans un rapport rendu en juin 2020 :

"Le temps passé par EDF, entre 2015 et 2019, à essayer de convaincre l’Autorité de sûreté nucléaire que les écarts entre les exigences techniques et ce qui avait été réalisé pouvaient être considérés comme acceptables, a conduit à un arrêt du chantier, et par suite, renchéri le coût du projet." [4]

Cela alors même que d’après de nombreux avis, l’EPR est d’ores et déjà un échec pour EDF. C’est ce qu’on lit dans le Rapport Folz [5], publié en octobre 2019 et dans le rapport de la Cour des comptes cité ci-dessus [6]. Mais c’est aussi ce qu’on a entendu en substance de l’aveu même d’Henri Proglio, ancien PDG d’EDF :

"L’EPR est un engin trop compliqué, quasi inconstructible. On en voit le résultat aujourd’hui."

Et la suite ? Une succession d’arrêts

Le résultat, le voici : le réacteur qui va être mis en service et qui sera peut-être un jour démarré (aucune date précise n’a à ce jour été communiquée) serait arrêté au bout d’un cycle de fonctionnement, soit après 15 à 18 mois afin de changer le couvercle de la cuve [7]. Ce déchet radioactif, que l’ASN assume de créer un jour et dont la manipulation exposerait les travailleurs du nucléaire aux radiations, serait entreposé sur place car aucune filière de traitement n’existe à ce jour.

Dans le cas où l’EPR démarrerait, deux soupapes qui protègent les circuits secondaires principaux contre les surpressions devraient être changées [8] après 4 cycles de fonctionnement (environ 6 ans).

Lors de la première visite décennale, des échangeurs entre les circuits de refroidissement intermédiaire (RRI) et d’eau brute (SEC) [9] devraient également être remplacés.

À un moment donné, une fois que le calendrier aura été fixé par EDF qui est tenu de le faire pour le 31 décembre... 2026, un dispositif serait mis en place pour limiter les fluctuations d’eau dans la cuve du réacteur qui participent à détériorer les crayons de combustible [10].

Et une fois que l’ASN et EDF auront assumé qu’il y a bien un nouveau problème de vibrations au sein du circuit primaire, peut-être y aura-t-il de nouveau des arrêts prévus pour changer des pièces du réacteur ?

Nous espérons juste sincèrement pour Lucie de Heauville, contributrice de la consultation publique sur la mise en service de l’EPR, que, si le démarrage advient, aucun arrêt d’urgence ne se produira avant une année de fonctionnement. Si c’était le cas, elle a juré dans son avis qu’elle se fera tatouer "j’aime le nucléaire" sur le front. Un argument massif qui, nous le souhaitons, fera basculer l’ASN au moment de statuer sur l’autorisation ou non de l’opération de divergence et donc le démarrage de l’EPR.

Contact presse :

Damien Renault, administrateur du Réseau "Sortir du nucléaire" - 07 82 39 87 28


Notes

[1Le Réseau "Sortir du nucléaire" n’a pas appelé à participer à cette consultation.

[2Au sujet des problèmes que continue de poser l’EPR de Flamanville et une analyse du rapport d’instruction et du projet de décision de l’ASN voir : https://www.sortirdunucleaire.org/Consultation-de-l-ASN-sur-la-mise-en-service-de-l

[3C’est notamment l’avis de Quichotte qui se demande : "En quoi la consultation des ménagères de plus de 30 ans peut avoir le moindre intérêt dans une procédure qui doit rester sérieuse ?". Les ménagères auraient-elles moins de risque de se faire irradier en cas d’accident ? Dans une seconde consultation, il s’excuse et explique : "J’ai été un peu haineux, je m’en excuse, c’est parce que je ne maîtrise pas bien mes sentiments".

[4Rapport de la Cour des comptes de juin 2020, p.13 : https://www.ccomptes.fr/system/files/2020-08/20200709-rapport-filiere-EPR.pdf#page=68

[6P.12.

[8P.32 du même rapport.

[9Voir schéma p. 97 du Rapport d’instruction.

[10Voir pp. 61 et 62 du Rapport d’instruction.

Beaucoup d’avis défavorables lors de la consultation publique

La population était appelée à se prononcer du 27 mars au 17 avril 2024 sur le projet de décision de l’ASN autorisant la mise en service de l’EPR. [1] 996 contributions ont été déposées sur le site de l’ASN. Un grand nombre d’entre elles sont défavorables à l’autorisation de mise en service.

105 avis pointent du doigt le problème de la cuve du réacteur [2] et 85 celui du couvercle. Et n’en déplaise à certains qui remettent en cause le principe même de la consultation au prétexte que cela n’aurait aucun intérêt de recueillir la parole citoyenne [3], la plupart des contributions, malgré des pseudonymes fantaisistes, sont très étayées. Comme celle de Cacal 43 qui argumente :

"L’ASN a validé le fait d’autoriser la mise en production par EDF d’un réacteur dont le design en fond de cuve est défectueux par conception, entraînant des vibrations préjudiciables au pilotage du dit réacteur et aggravant l’usure des grappes (pastilles/crayons/grilles/grappes) de combustible."

Ou encore Dudu18 qui détaille son opposition en 7 arguments techniques et très détaillés. D’autres sont légitimés par l’expérience de celles et ceux qui les déposent. T. S., qui s’exprime en tant que "père de 2 enfants, physicien et expert en radioprotection", s’oppose formellement à la mise en service de l’EPR Flamanville 3. Frédéric 871, qui a travaillé 6 ans chez AREVA, juge lui que "l’industrie française n’est plus apte à assurer la sûreté". Et Chut de conclure : "Le démarrage de l’EPR n’est pas une décision technique mais politique".

Des pressions pour que l’EPR soit mis en service

Nous avons déjà argumenté en ce sens : pour nous, cette mise en service hâtive peut s’expliquer par la volonté du gouvernement de démontrer que son EPR français peut fonctionner et que EDF est venu à bout de ce chantier catastrophique. L’exploitant n’est pas en reste et pousse également dans ce sens. Pour la Cour des comptes, dans un rapport rendu en juin 2020 :

"Le temps passé par EDF, entre 2015 et 2019, à essayer de convaincre l’Autorité de sûreté nucléaire que les écarts entre les exigences techniques et ce qui avait été réalisé pouvaient être considérés comme acceptables, a conduit à un arrêt du chantier, et par suite, renchéri le coût du projet." [4]

Cela alors même que d’après de nombreux avis, l’EPR est d’ores et déjà un échec pour EDF. C’est ce qu’on lit dans le Rapport Folz [5], publié en octobre 2019 et dans le rapport de la Cour des comptes cité ci-dessus [6]. Mais c’est aussi ce qu’on a entendu en substance de l’aveu même d’Henri Proglio, ancien PDG d’EDF :

"L’EPR est un engin trop compliqué, quasi inconstructible. On en voit le résultat aujourd’hui."

Et la suite ? Une succession d’arrêts

Le résultat, le voici : le réacteur qui va être mis en service et qui sera peut-être un jour démarré (aucune date précise n’a à ce jour été communiquée) serait arrêté au bout d’un cycle de fonctionnement, soit après 15 à 18 mois afin de changer le couvercle de la cuve [7]. Ce déchet radioactif, que l’ASN assume de créer un jour et dont la manipulation exposerait les travailleurs du nucléaire aux radiations, serait entreposé sur place car aucune filière de traitement n’existe à ce jour.

Dans le cas où l’EPR démarrerait, deux soupapes qui protègent les circuits secondaires principaux contre les surpressions devraient être changées [8] après 4 cycles de fonctionnement (environ 6 ans).

Lors de la première visite décennale, des échangeurs entre les circuits de refroidissement intermédiaire (RRI) et d’eau brute (SEC) [9] devraient également être remplacés.

À un moment donné, une fois que le calendrier aura été fixé par EDF qui est tenu de le faire pour le 31 décembre... 2026, un dispositif serait mis en place pour limiter les fluctuations d’eau dans la cuve du réacteur qui participent à détériorer les crayons de combustible [10].

Et une fois que l’ASN et EDF auront assumé qu’il y a bien un nouveau problème de vibrations au sein du circuit primaire, peut-être y aura-t-il de nouveau des arrêts prévus pour changer des pièces du réacteur ?

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