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Exercice d’évacuation à Gravelines : halte à la mascarade !

Revue de presse

Article publié le 20 janvier 2011



Simulation d’un accident nucléaire à Gravelines : "mascarade" ou "culture du risque" ?

Article sonore du Monde - 19/01/11 (Cliquer sur le titre)


Accident nucléaire virtuel à Gravelines (Nord)

Le Monde - 19/01/11

Mardi 18 janvier, 8 h 30, centre de crise de la préfecture du Nord, à Lille. Tous les services de l’Etat ou presque sont sur le pont : à 8 h 04, un accident a eu lieu à la centrale nucléaire EDF de Gravelines. La situation est préoccupante. Ce n’est qu’un exercice, dont le scénario doit conduire à la fusion du coeur d’un réacteur, avec dégagement radioactif. "Il y a une chance sur un million que cela se produise", dira le directeur de la centrale. Les autorités, qui ont communiqué en amont sur l’événement, tablent sur plus de 3 000 évacués, l’opération de ce type la plus importante à ce jour en France.

Anita Villers, présidente de l’association Environnement développement alternatif, observe cette ruche avec intérêt. Affiliée au réseau Sortir du nucléaire, qui a dénoncé la veille une "mascarade", elle réserve son jugement. "L’important, c’est le bilan qui sera tiré. Et aussi montrer aux habitants qu’ils sont responsables en cas d’alerte."

9 h 26 : l’alerte téléphonique automatique de 8 000 foyers dans la zone à risque est enclenchée. Deux radios locales ont entamé la diffusion de messages de mise à l’abri. 11 heures, PC de crise au poste de police municipal de Gravelines. L’ordre d’évacuation est donné. Quartier des Huttes, une noria d’autobus se déploie dans les rues désertes. Un gymnase accueille les personnes évacuées, au compte-gouttes. "On se demande si ça sert à quelque chose, témoigne une retraitée. Il s’agit de faire en sorte que la population ne panique pas. Mais la centrale fait partie de notre vie. On est plus incommodé par les poussières de l’industrie."

"Effet soldes"

11 h 45, école élémentaire du pont de Pierre. L’équipe pédagogique a préparé les esprits avec un dessin animé, Arlette la tortue d’alerte, indique la maîtresse, Brigitte Heysen, calmant deux classes de CP impatientes. 12 h 30, salle de l’agriculture, dans la rue principale. Les bus s’agglutinent devant les rideaux baissés des commerçants, un responsable hésite à faire embarquer, attendant le feu vert du préfet, qui est à trois pas. De quoi nourrir l’analyse critique de la journée...

13 heures, à la centrale. Les chiffres sont à peu près consolidés : quelque 160 habitants ont été évacués par car, en plus des 1 000 élèves sur un effectif de 1 300 prévus, 350 personnes ont refusé de partir. De toute évidence, beaucoup de Gravelinois, agents d’EDF ou leurs proches, rompus aux exercices de crise interne, avaient anticipé cette journée ville morte. Un "effet soldes" est évoqué. Le maire Bertrand Ringot relativise : "C’était une première étape. Il faut développer et entretenir cette culture du risque depuis le plus jeune âge."

15 h 15, sous-préfecture de Dunkerque. Les évacués ont été rapatriés, l’exercice de crise continue pour les services de l’Etat. Le sous-préfet, Jérôme Gutton, salue la mobilisation des agents et des associatifs, Croix-Rouge et protection civile. "Elle est peut-être insuffisante de la part des habitants, concède-t-il. Il faut faire de la pédagogie." Hervé Morin


Risques industriels : le site de Gravelines et tant d’autres...

La Voix du Nord - 19/01/11

Hier, un millier d’élèves gravelinois ont été évacués. Mais tous les autocars - une cinquantaine - mobilisés par la préfecture pour emmener les riverains dans les gymnases n’ont pas servi.

Hier, la centrale nucléaire de Gravelines était la méchante héroïne d’un scénario catastrophe joué tous les quatre ans. On nous annonçait un exercice d’évacuation hors norme - 1 750 foyers et 1 300 élèves concernés. Si la population n’a pas montré un enthousiasme débordant, les pouvoirs publics espèrent tirer profit de l’expérience.

« On sait qu’il se passe quelque chose à la centrale, mais c’est un peu pour s’amuser. On va aller avec le bus, pas très loin, pour pique-niquer dans une salle. On n’a même pas peur », expliquent Thomas et Baptiste, six ans, à l’école du Pont-de-Pierre. Dans ce quartier, comme dans celui des Huttes, voisins de la centrale nucléaire, 1 750 foyers, cinq écoles et un collège doivent être évacués.

Ce mardi matin, à 8 h 04, un accident de niveau 5 à 6 sur l’échelle INES - qui en compte 7 - est survenu à la centrale. C’est un accident de type cinétique lente : on a au moins 24 heures pour évacuer (voir le reportage photo). « Ce scénario catastrophe a été imaginé par les spécialistes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et ceux d’EDF, révèle François Godin, patron régional de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Ils l’ont bâti en fonction des attentes des pouvoirs publics, qui veulent savoir comment réagir face à l’évacuation des populations. » L’exercice est préparé depuis cinq mois, mais seule une dizaine de personnes connaît le scénario... « Un scénario, j’insiste, hautement improbable », martèle Jean-Michel Quilichini, directeur de la centrale aux six réacteurs, à l’origine de 9 % de la production électrique nationale. « Et des conséquences sanitaires pour les populations seraient encore plus improbables. » Si un exercice national grandeur nature comme celui d’hier n’a lieu que tous les quatre ans en moyenne, des entraînements mensuels ont lieu en interne.

La sirène au son modulé a réveillé la population et déclenché l’ensemble des services de secours du Nord. L’évacuation a été décidée à 11 heures, en lien avec les experts de l’ASN, par le préfet du Nord, Jean-Michel Bérard, depuis le poste de commandement de Gravelines : « On fait ces exercices pour assurer la transparence des conditions d’exploitation. Ça permettrait, le jour où un pépin se produirait, moins de panique et une meilleure maîtrise du problème. » « Pédagogie »

Le préfet est conscient que « c’est un exercice, pas une pièce de théâtre parfaitement huilée ». Un secouriste, chargé du porte-à-porte, confie : « Les gens ne jouent pas le jeu. » Un homme lui répond qu’il ne veut pas rater son feuilleton. Une femme qu’elle a « deux enfants, un chien, deux chats, un rat et un serpent ». À midi, deux ouvriers mangent leur gamelle dans leur camionnette, fenêtres ouvertes, contemplant le spectacle des secours déployés.

Dans une des cinq salles où se regroupent les habitants avant d’être évacués en bus vers les communes voisines, on ne dénombre que 29 personnes. Corinne, 52 ans, bracelet numéroté au poignet, explique : « J’ai bien eu le message automatique par téléphone et j’ai entendu le haut-parleur dans la rue, mais on ne comprenait pas si on devait venir ici par nous-mêmes ou attendre qu’on vienne nous chercher. » Sarah, 29 ans, avec son petit Enzo, enceinte, renchérit : « Il n’y avait pas de navette, j’ai dû faire 1 km à pied pour arriver ici. Je le fais pour Enzo, pour lui expliquer si jamais, un jour... » « En tout, 1 000 scolaires et 400 personnes ont été évacués, sans compter ceux partis avec leurs propres voitures », indiquait hier soir Jérôme Gutton, sous-préfet de Dunkerque. Loin des objectifs affichés. « Mais ça valait la peine en termes de pédagogie, d’autant que c’est valable aussi pour les risques Seveso, d’incendie ou d’inondation, pour l’arrondissement Dunkerque-Gravelines, et plus loin. »

Un exercice « bidon » ?

Quelle est la valeur d’une simulation comme celle d’hier à Gravelines ? Pour les écologistes du littoral (Europe Écologie - les Verts Flandre maritime), il s’agit d’un exercice de sécurité « sans lendemain » : « L’option choisie laisse penser que la survenue d’un accident majeur serait prévisible et que sa progression serait assez lente pour laisser le temps aux autorités d’y faire face, ce qui ne serait pas le cas dans le réel. » Encore plus véhément, le réseau « Sortir du nucléaire » dénonce un exercice « bidon » : le périmètre d’évacuation prévu (5 km autour des réacteurs) serait-il suffisant, alors que Tchernobyl a contaminé l’Europe ? Dans la région, y a-t-il assez de professionnels de santé formés à la prise en charge de patients irradiés ? « Face à l’ampleur d’un accident nucléaire majeur, les moyens seraient dérisoires et les leçons tirées des exercices globalement inutiles. » Aux yeux des antinucléaires, une seule solution : l’arrêt pur et simple des réacteurs.


Centrale de Gravelines : "Sortir du Nucléaire" dénonce une "simulation bidon"

Nord éclair - 18/01/11

Le Réseau Sortir du Nucléaire critique la simulation d’accident nucléaire organisé ce mardi 18 janvier dans un périmètre de 5 km autour de la centrale de Gravelines, près de Dunkerque.

Ce mardi, une simulation d’accident doit être simulée à la centrale nucléaire de Gravelines. L’objectif est, selon les termes de Jean-Michel Bérard, préfet du Nord est « orienté sur la protection des populations ». Il est prévu que deux quartiers de la commune soit évacués, dans un périmètre de cinqs kilomètres autour de la centrale. Les habitants, volontaires, des quartiers des Huttes et du Pont de Pierre, soit 1 750 foyers et 1 300 écoliers répartis sur 5 écoles et un collège, seront évacués au cours de l’exercice.

Pour le réseau « Sortir du nucléaire », cet exercice est une « simulation bidon, qui veut donner l’illusion que l’Etat maîtriserait un accident nucléaire ». Qualifiant l’exercice de « grotesque », le réseau s’interroge sur plusieurs points concernant l’exercice. Affirmant qu’il « a fallu plusieurs mois à l’État pour trouver des cars destinés à évacuer 3000 personnes lors de cet exercice », l’association souligne également que « si la centrale de Gravelines explosait vraiment, le panache radioactif pourrait atteindre Londres, Bruxelles ou Paris ». L’association, dans un communiqué, « déplore le fait que l’État instrumentalise les habitants de Gravelines, à qui personne n’a jamais demandé leur avis » et martèle que « La seule prévention possible d’une catastrophe nucléaire est d’arrêter les réacteurs au plus vite ».


Le risque zéro n’existe pas

Nord Littoral - 17/01/11

Pour la première fois depuis sa mise en service en 1980 et alors que l’année 2011 sera marquée par les 25 ans de l’explosion du réacteur de Tchernobyl, la centrale nucléaire de Gravelines va être le théâtre ce matin d’un exercice engendrant l’évacuation de tous les habitants présents dans un rayon de cinq kilomètres autour du site.

Un exercice qualifié « de bidon » par le réseau "Sortir du nucléaire". La Fédération d’associations pour la protection de l’environnement dénonce une simulation « qui veut donner l’illusion que l’Etat maîtriserait un accident nucléaire.

Or, ce type d’exercice soulève différentes interrogations. Selon elle, il a fallu plusieurs mois à l’État pour trouver des cars destinés à évacuer quelque 3 000 personnes. « Or, un accident arrive sans prévenir. Comment alors l’évacuation se passerait-elle ? », s’interroge un porte-parole du réseau.

Exercice « bidon » selon "Sortir du nucléaire"

Si la centrale de Gravelines explosait vraiment, le panache radioactif pourrait atteindre Londres, Bruxelles ou Paris. Le périmètre d’évacuation prévu ce matin (5 km autour des réacteurs), est-il alors suffisant pour protéger les populations, alors que Tchernobyl a contaminé toute l’Europe ? D’ailleurs, excepté les douze communes situées à moins de 10 kilomètres de la centrale qui ont mis en place un plan de sauvegarde, aucune mesure concrète n’existe. A Calais, par exemple, une commune pourtant située à moins de 20 km des six réacteurs, hormis quelques milliers de comprimés d’iode stockés à l’hôpital, rien n’est mis en place pour protéger la population en cas d’incident grave.

Le réseau "Sortir du nucléaire" rappelle d’ailleurs qu’un accident nucléaire « est ingérable et irréversible ». « Face à l’ampleur d’un accident majeur, les moyens actuellement disponibles seraient absolument dérisoires et les leçons tirées des exercices seraient globalement inutiles. La seule prévention possible d’une catastrophe nucléaire est d’arrêter les réacteurs au plus vite. » Car force est de constater que le risque zéro n’existe pas, même si le directeur de la centrale de Gravelines, Jean-Michel Quilichini, assure que la probabilité qu’un réacteur soit un jour gravement endommagé n’est que de un sur un million.

En 2009, de nombreux exercices ont été organisés au sein de la plus grande centrale nucléaire d’Europe (qui produit 9 % de l’électricité française) pour tester les organisations et apporter des améliorations, dont dix exercices de simulation du Plan d’urgence interne, dix exercices d’évacuation, deux exercices de mobilisation hors heures travaillées, pour les personnes d’astreinte, ainsi que de très nombreux exercices incendie, dont une dizaine avec les sapeurs-pompiers.

Simulation d’un accident nucléaire à Gravelines : "mascarade" ou "culture du risque" ?

Article sonore du Monde - 19/01/11 (Cliquer sur le titre)


Accident nucléaire virtuel à Gravelines (Nord)

Le Monde - 19/01/11

Mardi 18 janvier, 8 h 30, centre de crise de la préfecture du Nord, à Lille. Tous les services de l’Etat ou presque sont sur le pont : à 8 h 04, un accident a eu lieu à la centrale nucléaire EDF de Gravelines. La situation est préoccupante. Ce n’est qu’un exercice, dont le scénario doit conduire à la fusion du coeur d’un réacteur, avec dégagement radioactif. "Il y a une chance sur un million que cela se produise", dira le directeur de la centrale. Les autorités, qui ont communiqué en amont sur l’événement, tablent sur plus de 3 000 évacués, l’opération de ce type la plus importante à ce jour en France.

Anita Villers, présidente de l’association Environnement développement alternatif, observe cette ruche avec intérêt. Affiliée au réseau Sortir du nucléaire, qui a dénoncé la veille une "mascarade", elle réserve son jugement. "L’important, c’est le bilan qui sera tiré. Et aussi montrer aux habitants qu’ils sont responsables en cas d’alerte."

9 h 26 : l’alerte téléphonique automatique de 8 000 foyers dans la zone à risque est enclenchée. Deux radios locales ont entamé la diffusion de messages de mise à l’abri. 11 heures, PC de crise au poste de police municipal de Gravelines. L’ordre d’évacuation est donné. Quartier des Huttes, une noria d’autobus se déploie dans les rues désertes. Un gymnase accueille les personnes évacuées, au compte-gouttes. "On se demande si ça sert à quelque chose, témoigne une retraitée. Il s’agit de faire en sorte que la population ne panique pas. Mais la centrale fait partie de notre vie. On est plus incommodé par les poussières de l’industrie."

"Effet soldes"

11 h 45, école élémentaire du pont de Pierre. L’équipe pédagogique a préparé les esprits avec un dessin animé, Arlette la tortue d’alerte, indique la maîtresse, Brigitte Heysen, calmant deux classes de CP impatientes. 12 h 30, salle de l’agriculture, dans la rue principale. Les bus s’agglutinent devant les rideaux baissés des commerçants, un responsable hésite à faire embarquer, attendant le feu vert du préfet, qui est à trois pas. De quoi nourrir l’analyse critique de la journée...

13 heures, à la centrale. Les chiffres sont à peu près consolidés : quelque 160 habitants ont été évacués par car, en plus des 1 000 élèves sur un effectif de 1 300 prévus, 350 personnes ont refusé de partir. De toute évidence, beaucoup de Gravelinois, agents d’EDF ou leurs proches, rompus aux exercices de crise interne, avaient anticipé cette journée ville morte. Un "effet soldes" est évoqué. Le maire Bertrand Ringot relativise : "C’était une première étape. Il faut développer et entretenir cette culture du risque depuis le plus jeune âge."

15 h 15, sous-préfecture de Dunkerque. Les évacués ont été rapatriés, l’exercice de crise continue pour les services de l’Etat. Le sous-préfet, Jérôme Gutton, salue la mobilisation des agents et des associatifs, Croix-Rouge et protection civile. "Elle est peut-être insuffisante de la part des habitants, concède-t-il. Il faut faire de la pédagogie." Hervé Morin


Risques industriels : le site de Gravelines et tant d’autres...

La Voix du Nord - 19/01/11

Hier, un millier d’élèves gravelinois ont été évacués. Mais tous les autocars - une cinquantaine - mobilisés par la préfecture pour emmener les riverains dans les gymnases n’ont pas servi.

Hier, la centrale nucléaire de Gravelines était la méchante héroïne d’un scénario catastrophe joué tous les quatre ans. On nous annonçait un exercice d’évacuation hors norme - 1 750 foyers et 1 300 élèves concernés. Si la population n’a pas montré un enthousiasme débordant, les pouvoirs publics espèrent tirer profit de l’expérience.

« On sait qu’il se passe quelque chose à la centrale, mais c’est un peu pour s’amuser. On va aller avec le bus, pas très loin, pour pique-niquer dans une salle. On n’a même pas peur », expliquent Thomas et Baptiste, six ans, à l’école du Pont-de-Pierre. Dans ce quartier, comme dans celui des Huttes, voisins de la centrale nucléaire, 1 750 foyers, cinq écoles et un collège doivent être évacués.

Ce mardi matin, à 8 h 04, un accident de niveau 5 à 6 sur l’échelle INES - qui en compte 7 - est survenu à la centrale. C’est un accident de type cinétique lente : on a au moins 24 heures pour évacuer (voir le reportage photo). « Ce scénario catastrophe a été imaginé par les spécialistes de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire et ceux d’EDF, révèle François Godin, patron régional de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN).

Ils l’ont bâti en fonction des attentes des pouvoirs publics, qui veulent savoir comment réagir face à l’évacuation des populations. » L’exercice est préparé depuis cinq mois, mais seule une dizaine de personnes connaît le scénario... « Un scénario, j’insiste, hautement improbable », martèle Jean-Michel Quilichini, directeur de la centrale aux six réacteurs, à l’origine de 9 % de la production électrique nationale. « Et des conséquences sanitaires pour les populations seraient encore plus improbables. » Si un exercice national grandeur nature comme celui d’hier n’a lieu que tous les quatre ans en moyenne, des entraînements mensuels ont lieu en interne.

La sirène au son modulé a réveillé la population et déclenché l’ensemble des services de secours du Nord. L’évacuation a été décidée à 11 heures, en lien avec les experts de l’ASN, par le préfet du Nord, Jean-Michel Bérard, depuis le poste de commandement de Gravelines : « On fait ces exercices pour assurer la transparence des conditions d’exploitation. Ça permettrait, le jour où un pépin se produirait, moins de panique et une meilleure maîtrise du problème. » « Pédagogie »

Le préfet est conscient que « c’est un exercice, pas une pièce de théâtre parfaitement huilée ». Un secouriste, chargé du porte-à-porte, confie : « Les gens ne jouent pas le jeu. » Un homme lui répond qu’il ne veut pas rater son feuilleton. Une femme qu’elle a « deux enfants, un chien, deux chats, un rat et un serpent ». À midi, deux ouvriers mangent leur gamelle dans leur camionnette, fenêtres ouvertes, contemplant le spectacle des secours déployés.

Dans une des cinq salles où se regroupent les habitants avant d’être évacués en bus vers les communes voisines, on ne dénombre que 29 personnes. Corinne, 52 ans, bracelet numéroté au poignet, explique : « J’ai bien eu le message automatique par téléphone et j’ai entendu le haut-parleur dans la rue, mais on ne comprenait pas si on devait venir ici par nous-mêmes ou attendre qu’on vienne nous chercher. » Sarah, 29 ans, avec son petit Enzo, enceinte, renchérit : « Il n’y avait pas de navette, j’ai dû faire 1 km à pied pour arriver ici. Je le fais pour Enzo, pour lui expliquer si jamais, un jour... » « En tout, 1 000 scolaires et 400 personnes ont été évacués, sans compter ceux partis avec leurs propres voitures », indiquait hier soir Jérôme Gutton, sous-préfet de Dunkerque. Loin des objectifs affichés. « Mais ça valait la peine en termes de pédagogie, d’autant que c’est valable aussi pour les risques Seveso, d’incendie ou d’inondation, pour l’arrondissement Dunkerque-Gravelines, et plus loin. »

Un exercice « bidon » ?

Quelle est la valeur d’une simulation comme celle d’hier à Gravelines ? Pour les écologistes du littoral (Europe Écologie - les Verts Flandre maritime), il s’agit d’un exercice de sécurité « sans lendemain » : « L’option choisie laisse penser que la survenue d’un accident majeur serait prévisible et que sa progression serait assez lente pour laisser le temps aux autorités d’y faire face, ce qui ne serait pas le cas dans le réel. » Encore plus véhément, le réseau « Sortir du nucléaire » dénonce un exercice « bidon » : le périmètre d’évacuation prévu (5 km autour des réacteurs) serait-il suffisant, alors que Tchernobyl a contaminé l’Europe ? Dans la région, y a-t-il assez de professionnels de santé formés à la prise en charge de patients irradiés ? « Face à l’ampleur d’un accident nucléaire majeur, les moyens seraient dérisoires et les leçons tirées des exercices globalement inutiles. » Aux yeux des antinucléaires, une seule solution : l’arrêt pur et simple des réacteurs.


Centrale de Gravelines : "Sortir du Nucléaire" dénonce une "simulation bidon"

Nord éclair - 18/01/11

Le Réseau Sortir du Nucléaire critique la simulation d’accident nucléaire organisé ce mardi 18 janvier dans un périmètre de 5 km autour de la centrale de Gravelines, près de Dunkerque.

Ce mardi, une simulation d’accident doit être simulée à la centrale nucléaire de Gravelines. L’objectif est, selon les termes de Jean-Michel Bérard, préfet du Nord est « orienté sur la protection des populations ». Il est prévu que deux quartiers de la commune soit évacués, dans un périmètre de cinqs kilomètres autour de la centrale. Les habitants, volontaires, des quartiers des Huttes et du Pont de Pierre, soit 1 750 foyers et 1 300 écoliers répartis sur 5 écoles et un collège, seront évacués au cours de l’exercice.

Pour le réseau « Sortir du nucléaire », cet exercice est une « simulation bidon, qui veut donner l’illusion que l’Etat maîtriserait un accident nucléaire ». Qualifiant l’exercice de « grotesque », le réseau s’interroge sur plusieurs points concernant l’exercice. Affirmant qu’il « a fallu plusieurs mois à l’État pour trouver des cars destinés à évacuer 3000 personnes lors de cet exercice », l’association souligne également que « si la centrale de Gravelines explosait vraiment, le panache radioactif pourrait atteindre Londres, Bruxelles ou Paris ». L’association, dans un communiqué, « déplore le fait que l’État instrumentalise les habitants de Gravelines, à qui personne n’a jamais demandé leur avis » et martèle que « La seule prévention possible d’une catastrophe nucléaire est d’arrêter les réacteurs au plus vite ».


Le risque zéro n’existe pas

Nord Littoral - 17/01/11

Pour la première fois depuis sa mise en service en 1980 et alors que l’année 2011 sera marquée par les 25 ans de l’explosion du réacteur de Tchernobyl, la centrale nucléaire de Gravelines va être le théâtre ce matin d’un exercice engendrant l’évacuation de tous les habitants présents dans un rayon de cinq kilomètres autour du site.

Un exercice qualifié « de bidon » par le réseau "Sortir du nucléaire". La Fédération d’associations pour la protection de l’environnement dénonce une simulation « qui veut donner l’illusion que l’Etat maîtriserait un accident nucléaire.

Or, ce type d’exercice soulève différentes interrogations. Selon elle, il a fallu plusieurs mois à l’État pour trouver des cars destinés à évacuer quelque 3 000 personnes. « Or, un accident arrive sans prévenir. Comment alors l’évacuation se passerait-elle ? », s’interroge un porte-parole du réseau.

Exercice « bidon » selon "Sortir du nucléaire"

Si la centrale de Gravelines explosait vraiment, le panache radioactif pourrait atteindre Londres, Bruxelles ou Paris. Le périmètre d’évacuation prévu ce matin (5 km autour des réacteurs), est-il alors suffisant pour protéger les populations, alors que Tchernobyl a contaminé toute l’Europe ? D’ailleurs, excepté les douze communes situées à moins de 10 kilomètres de la centrale qui ont mis en place un plan de sauvegarde, aucune mesure concrète n’existe. A Calais, par exemple, une commune pourtant située à moins de 20 km des six réacteurs, hormis quelques milliers de comprimés d’iode stockés à l’hôpital, rien n’est mis en place pour protéger la population en cas d’incident grave.

Le réseau "Sortir du nucléaire" rappelle d’ailleurs qu’un accident nucléaire « est ingérable et irréversible ». « Face à l’ampleur d’un accident majeur, les moyens actuellement disponibles seraient absolument dérisoires et les leçons tirées des exercices seraient globalement inutiles. La seule prévention possible d’une catastrophe nucléaire est d’arrêter les réacteurs au plus vite. » Car force est de constater que le risque zéro n’existe pas, même si le directeur de la centrale de Gravelines, Jean-Michel Quilichini, assure que la probabilité qu’un réacteur soit un jour gravement endommagé n’est que de un sur un million.

En 2009, de nombreux exercices ont été organisés au sein de la plus grande centrale nucléaire d’Europe (qui produit 9 % de l’électricité française) pour tester les organisations et apporter des améliorations, dont dix exercices de simulation du Plan d’urgence interne, dix exercices d’évacuation, deux exercices de mobilisation hors heures travaillées, pour les personnes d’astreinte, ainsi que de très nombreux exercices incendie, dont une dizaine avec les sapeurs-pompiers.



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