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Contamination de l’air par l’iode 131 en Europe

Revue de presse

Article publié le 16 novembre 2011



17 novembre 2011

Source : Le Monde.fr

L’iode radioactif baladeur viendrait de Hongrie

Le mystère est sans doute résolu : une installation hongroise de production d’isotopes médicaux serait à l’origine des rejets atmosphériques d’iode radioactif détectés ces derniers jours, à l’état de traces, dans plusieurs pays d’Europe centrale ainsi qu’en Allemagne et en France. L’Institut hongrois de recherche sur les isotopes a annoncé, jeudi 17 novembre, avoir enregistré, dans son laboratoire de Budapest, une augmentation de ses émissions d’iode 131. Selon le directeur de cet institut, ces rejets n’expliqueraient pas – ou du moins pas en totalité – la contamination observée jusqu’en France. Mais, d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui n’a pas encore communiqué officiellement cette information, le laboratoire de Budapest serait bien l’origine principale de la contamination, qui ne présenterait pas de danger sur le plan sanitaire.

Ce laboratoire avait déjà constaté une hausse de ses émissions d’iode 131 au cours du premier semestre 2011. Bien que les niveaux soient restés inférieurs, selon les dirigeants, au seuil toléré par les autorités sanitaires, la production d’isotopes avait été suspendue de juin à août, pour permettre une amélioration du système de filtrage. La production a repris en septembre, mais les émissions d’iode radioactif ne sont pas redescendues à leur niveau antérieur. L’activité du laboratoire serait à nouveau interrompue.

Le 11 novembre, l’AIEA avait indiqué avoir été informée, par les autorités de contrôle de la République tchèque, de la présence de la présence dans l’air ambiant de "très faibles niveaux d’iode 131". Des traces de particules radioactives, présentes dans l’atmosphère sous forme d’aérosols, ont également été décelées en Pologne, en Slovaquie, en Autriche et en Allemagne. En France, les niveaux mesurés par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) étaient de quelques microbecquerels par mètre cube d’air. Des concentrations beaucoup trop faibles pour présenter un risque sanitaire.

Différentes hypothèses avaient été émises pour expliquer cette faible pollution à l’iode 131, dont celle de rejets accidentels provenant d’un réacteur nucléaire, industriel ou de recherche. Si la source de l’iode radioactif semble désormais identifiée, l’incapacité des autorités nationales et internationales à la localiser rapidement reste préoccupante.

Pierre Le Hir


16 novembre 2011

Source : Le Parisien

Rejets d’iode radioactif : urgent de déterminer l’origine de la contamination (Criirad)

La Criirad a estimé mercredi, après la détection en France de rejets d’iode radioactif dans l’air en provenance d’un pays inconnu, qu’il y avait "urgence à déterminer l’origine de la contamination", afin de protéger les populations proches de la source de ces rejets. Mardi, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a annoncé la détection dans l’air en France de mystérieux rejets d’iode radioactif, trop faibles toutefois pour constituer un danger.

L’origine de ces rejets étant inconnue, l’IRSN a appelé le coupable à se dénoncer et les pays européens à coopérer pour le démasquer. De faibles niveaux d’iode 131 ont été relevés en République tchèque et en Pologne notamment.

Pour ce qui concerne la France, les analyses lancées par l’IRSN montrent de très faibles niveaux de concentration d’iode radioactif dans la moitié nord du pays.

Et dans son communiqué, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) souligne que ses cinq balises de contrôle de la radioactivité en Vallée du Rhône "n’ont jusqu’à présent détecté aucune contamination".

La Criirad fait part de sa préoccupation dans la mesure où "plusieurs semaines après le début de la contamination, aucune autorité, ni au niveau international, ni au niveau national de quelque pays que ce soit, n’a été en mesure de désigner l’origine de la contamination". Pour la Criirad, "il y a urgence car les populations proches de la source pourraient avoir été ou être encore exposées à des doses importantes" de radioactivité.

"S’agissant de l’iode 131 rejeté dans l’atmosphère, les doses subies par ingestion dans les jours suivant le rejet peuvent être plus élevées que celles liées à l’inhalation", met en garde la Commission. "Des irradiations inutiles peuvent donc être encore évitées si les populations concernées sont informées et que des mesures de protection sont prises", conclut la Criirad.


16 Novembre 2011

Source :Agora Vox

Pollution à l’iode radioactif en Europe : Accident à la centrale de Krško ?

Depuis plusieurs jours des taux anormaux d’Iode 131 radioactif ont été detectés en Slovénie et en Hongrie. La contamination est maintenant constatée aussi en France. Les agences de sureté nucléaire restent muettes comme des tombes.

Un incident nucléaire en Europe, voilà ce dont l’industrie nucléaire n’avait pas besoin, maintenant que la crédibilité de la filière a été considérablement discréditée par les évenements de Fukushima.

C’est pourtant bien ce qui s’est passé vers le 11 novembre 2011 quelque part dans le nord des Balkans.A partir de cette date, de l’iode-131 a été détecté en Slovénie et en Croatie, à quatre endroits différents : à Zagreb, à Ljubljana, à Krško, et dans la région où les frontières de la Croatie, de la Hongrie et de la Serbie se rejoignent.

Depuis les traces d’iode radioactif ont été mesurée en Tchécoslovaquie et en Turquie.

Ces données ont été publiées par l’EURDEP (Plateforme Européenne d’Echange de Données radiologiques) sur son site internet.

https://eurdep.jrc.ec.europa.eu/Basi...

Des pollution au Césium-134 et au Césium-137 ont également été constatées mais à un seul endroit : la centrale nucléaire de Krško en Slovènie.

Les autorités Slovène n’ont pas communiqué sur l’apparition de cette pollution dans l’athmosphère en Europe et l’AIEA s’est contentée de constater que "de très faibles niveaux d’iode-131 radioactive ont été détectés en République Tchèque et ailleurs (sic) en Europe, mais les particules sont considérées comme ne présentant pas un risque de santé publique." mais prétend en ignorer l’origine.

La seule hypothèse avancée serait que l’iode-131 pourrait provenir d’un site de production de matériels radioactifs utilisés dans le milieu médical.

La centrale de Krško avait connu des problèmes de fuites en juin 2008.


16 Novembre 2011

Source : https://fukushima.over-blog.fr/

Mise à jour du 16/11/11

Dans un article du Point, Bruno Chareyron de la Criirad est interviewé. Il partage notre analyse : « Ce qui est grave et choquant dans cette affaire, c’est de voir que, plusieurs jours, vraisemblablement même plusieurs semaines, après le début de cette contamination, on ne sait toujours pas d’où vient la pollution. Il est vraiment très inquiétant que, y compris après la catastrophe de Fukushima, les instances internationales et l’AIEA ne soient pas en mesure de faire un tel diagnostic. »

Et plus loin : « Pour l’instant, les niveaux de contamination détectés en France ne nécessitent absolument pas de mesures de protection particulières, mais il faut suivre la situation avec vigilance. Tout dépend du temps que cela va durer et de comment les choses vont évoluer. Car, actuellement, on ignore si, à la source de cette contamination, la situation est en train de s’améliorer ou de s’aggraver... Tant qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé et d’où ça vient, on ne peut faire aucune projection sur les conséquences du phénomène. Il va falloir que les autorités de radioprotection dans tous les pays potentiellement concernés multiplient les analyses, rapidement et avec des appareillages de haut niveau, pour pouvoir faire une cartographie de cette pollution et de son évolution dans le temps. »

Le site https://www.simplyinfo.org/ fait des mises à jour régulières sur la situation en Europe à ce sujet (langue anglaise).

Sinon, en attendant des compléments d’information, on peut consulter le site de l’IRSN pour comparer les mesures récentes de l’IRSN avec les anciennes.

Station de Charleville-Mézière : 5,7 µBq/m3 en novembre 2011 au lieu de 0,76 µBq/m3 en moyenne pour les 6 mesures effectuées en janvier-févier 2011, cela signifie que le taux a augmenté de 7,5 fois par rapport à une situation « normale » (bien que le normal devrait être un taux de 0%).

En observant les données fournies par l’IRSN, on constate qu’un évènement nucléaire a eu lieu en 2008 : la concentration d’iode-131 a fortement augmenté cette année-là, avec une valeur haute de 32 µBq/m3 le 22 février 2008. Ce pic de radioactivité dans l’atmosphère avait été causé à l’époque par un « incident »à la centrale nucléaire de Fessenheim : le 18 février 2008, un tube d’un générateur de vapeur du réacteur n°2 de la centrale s’était fissuré à la suite d’une « anomalie de supportage », conduisant à une fuite du circuit primaire vers le circuit secondaire.

L’observation des relevés du Vésinet (région parisienne) permet de constater que l’iode-131 est beaucoup plus présent dans cette zone que dans l’est de la France. On remarque en particulier des taux dépassant 1000 µBq/m3 du 16 au 25 septembre 2005. Que s’est-il passé ? Les médias en ont-ils parlé ? Il semble que non.

On remarque aussi l’absence de diffusion de données sur l’iode depuis début 2009 pour cette station.

source IRSN : https://sws.irsn.fr/sws/mesure/index

Mise à jour 15/11/11, 19 h

Au fur et à mesure que la nouvelle se répand, les choses commencent à bouger…

On apprenait ce matin que de nouveaux pays étaient concernés par la pollution à l’iode-131 : d’après le site Zero Hedge, le Danemark et la Russie font désormais partie de la liste, ce qui portait à 12 le nombre de pays impliqués. Ca commence à faire beaucoup !

Et surprise à 11h55 ‒ mais est-ce une surprise pour la France avec l’antécédent de 1986 ? ‒ le site du Monde annonce que l’Hexagone est également touché par le nuage radioactif !

Il s’appuie pour cela sur la publication d’une note de l’IRSN toute fraîche sortie, qui fait le point sur des analyses faites la semaine dernière. Ce qui est très surprenant, c’est que cet organisme dit avoir été informé « de façon informelle à travers les réseaux scientifiques dont il est membre ». Ce qui signifie que l’AIEA, au courant de la pollution depuis plusieurs semaines, n’a pas estimé utile d’alerter les services nationaux compétents de tous les pays européens. Ce manque de réactivité est très grave, car il veut dire clairement que pour l’AIEA, un incident nucléaire, ce n’est pas si grave que cela, et que l’enquête qu’elle était censée faire de manière rapide dans un souci de protection des populations n’a pas été menée sérieusement. A vrai dire, ce n’est pas étonnant, car il faut bien savoir que cette structure internationale n’a pas vraiment pour objet le bien-être des populations mais principalement le développement de l’utilisation l’énergie nucléaire (Article 3 de ses statuts).

Revenons à l’analyse faite par l’IRSN : cet organisme a engagé en France des analyses par spectrométrie gamma sur des prélèvements d’aérosols et d’iode sous forme gazeuse pour y rechercher la présence éventuelle d’iode-131. Les analyses ont été effectuées par le laboratoire de mesure de la radioactivité de l’environnement d’Orsay et dans celui du Vésinet.

Les valeurs significatives relevées par l’IRSN sont les suivantes :

Bure (55) : 0,79 µBq/m3 +/- 0,22

Charleville-Mézières (08) : 5,7 µBq/m3 +/- 1,9

Orsay (91) : 4,9 µBq/m3 +/- 1,4

Le Vésinet (78) : 12 µBq/m3 +/- 6

L’IRSN précise que la présence d’iode-131 dans l’air, qui est tout à fait inhabituelle à cette échelle du territoire national, indique l’existence de rejets radioactifs anormaux dans l’atmosphère dont l’activité la plus marquée en France se situe entre le 7 et le 10 novembre. L’IRSN, comme l’AIEA, rejettent l’hypothèse que ces taux anormaux d’iode-131 puissent trouver leur origine à l’ex-centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Le possible évènement de reprise de criticité de Fukushima annoncé par Tepco le 3 novembre a pourtant été mis à la connaissance de tous, et l’arrivée d’iode-131 sur l’Europe une semaine plus tard pourrait bien avoir un lien avec cet épisode que l’industrie nucléaire a voulu rapidement étouffer. Il reste à nos yeux une hypothèse plausible. En mars, le nuage radioactif de Fukushima avait bien atteint la France à compter du 27 mars, soit 15 jours après l’explosion du réacteur 1. Avec un même régime des vents et une réaction moindre qui aurait diffusé moins de radionucléides qu’une explosion, il est tout à fait possible que cette pollution provienne de Fukushima. En effet, la pollution n’a jamais cessé depuis le 12 mars 2011, et l’hémisphère nord est désormais couvert d’un vaste nuage radioactif permanent. Or, tant qu’il ne pleut pas, les gaz et les aérosols radioactifs restent en suspensions dans l’atmosphère et se cumulent, ils ne disparaissent jamais.

Pollution de l’hémisphère nord par Fukushima en mai 2011 (source)

Afin de déterminer la source, l’IRSN réalise actuellement des calculs de rétro-trajectoires pour tenter de localiser la provenance des masses d’air ayant transporté l’iode 131 détecté. Nous attendons avec impatience les résultats de cette recherche.

Pour mémoire, les niveaux en iode 131 mesurés en France après l’accident de Fukushima avaient atteint quelques milliBecquerels par m3 d’air (voir le bulletin du 10 juin 2011), soit plus de 100 fois les valeurs mesurées actuellement.

Mise à jour du 15/11/11, 7 h :

Le mystère demeure. Pas de nouveau communiqué de l’AIEA.

Selon un article de MailOnline, la France, la Grande Bretagne, l’Espagne, la Russie, l’Ukraine, la Finlande, la Suisse, la Pologne et la Norvège n’ont pas remarqué d’augmentation du taux d’iode dans l’atmosphère.

Les mentions de l’Ukraine et de la Pologne sont étranges car l’article de l’Associated Press of Pakistan les mentionne comme ayant relevé un taux anormal d’iode : « Higher radiation levels were detected in Poland and Ukraine even before October 19 ». Cette anomalie nous rapproche de l’ex-centrale nucléaire de Tchernobyl. Le Pakistan, qui ne fait pas partie de l’Europe, ne prend pas de gants pour parler de ce qu’il sait. Alors que les pays européens se serrent les coudes sous le traité Euratom qui a été l’acte fondateur de l’Europe le 25 mars 1957. Tandis que l’industrie nucléaire a du mal à se remettre de la catastrophe de Fukushima, une reprise de criticité dans le corium de Tchernobyl ferait un des plus mauvais effets pour essayer de redorer l’image du nucléaire en Europe.

Selon un article du 14 novembre du site Decoded Science, la Suède est à ajouter à la liste des pays européens qui ont remarqué cette hausse d’iode-131, ce qui porte à 10 le nombre de pays concernés, représentant une surface de 2 millions de km² : l’Allemagne, l’Autriche, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, et l’Ukraine.

Des hypothèses supplémentaires ont été émises ici ou là : sous-marin atomique, radiations cosmiques de la nébuleuse de la Tarentule, guerre de Lybie, excréments de patients soignés à l’iode-131… Oui vous avez bien lu ! Le Professeur Malcolm Sperrin, directeur de la physique médicale à l’hôpital de Grande-Bretagne du Royal Berkshire, après avoir écarté tout lien avec Fukushima, a déclaré : « It is far more likely that the iodine may be as a result of excretion by patients undergoing medical treatment. »

Donc résumons : 2 millions de km² pollués par de l’iode-131, certes très faiblement, mais aussi très durablement (depuis 4 semaines maintenant). Tous les pays concernés se renvoient la balle : personne n’est responsable, aucune installation nucléaire ne déclare de fuite, d’incident, ou d’accident.

L’AIEA informe, puis se tait. Elle enquête. Elle prend son temps. Si elle met deux mois pour envoyer des experts comme pour Fukushima, il faudra encore attendre un moment avant d’avoir du nouveau ! Le temps de réparer la fuite et de classer cette affaire sans suite ?

Peut-être qu’en demandant des explications à l’AIEA, on obtiendra plus d’informations ? Si vous avez une réponse, merci de la mettre dans les commentaires pour en faire profiter tous les lecteurs.

Contacter l’AIEA : info@iaea.org


15 novembre 2011

Source : Le Point

Bruno Chareyron, responsable de la CRIIRAD, écarte tout danger immédiat en France, mais regrette que les leçons de Fukushima n’aient pas été retenues.

Des traces d’iode radioactif ont été détectées dans l’air, en France, depuis plusieurs jours. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure qu’il n’y a, pour l’heure, aucun risque sanitaire. Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), répond aux questions du Point.fr.

Le Point.fr : Que peut-on dire aujourd’hui de l’ampleur de la pollution radioactive détectée en France ?

Bruno Chareyron : La concentration d’iode radioactif dans l’air est, pour l’instant, très faible dans le pays. Au regard des mesures effectuées ces derniers jours par l’IRSN, les niveaux de contamination sont environ cent fois inférieurs à ceux enregistrés, en France, au plus fort de la catastrophe japonaise de Fukushima. En ce qui concerne le réseau de balises géré par la CRIIRAD dans la vallée du Rhône, nous avions, à l’époque, mesuré des niveaux d’iode radioactif de plusieurs millibecquerels par mètre cube. Or, actuellement, le niveau d’iode radioactif est en dessous de notre capacité de détection, c’est-à-dire en dessous de 0,1 millibecquerel par mètre cube pour l’iode gazeux et en dessous de 0,02 millibecquerel par mètre cube pour l’iode sous forme particulaire. Cela dit, dans la mesure où cet iode radioactif a également été détecté en Hongrie, en Allemagne et en République tchèque, apparemment dès fin octobre, cela veut dire qu’il y a une contamination diffuse en Europe. Toute la question est de savoir depuis combien de temps et d’où elle vient, car il faut penser aux populations qui sont au plus près de la zone de contamination, exposées aux doses les plus importantes.

Quelle peut être l’origine de cette contamination ?

Il y a beaucoup d’hypothèses possibles, tellement que je ne préfère en citer aucune. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une source artificielle de contamination quelque part, car l’iode radioactif n’existe pas dans la nature. Depuis le 12 novembre dernier, la CRIIRAD surveille, tous les jours, les sites d’une dizaine de pays d’Europe qui font des mesures de radioactivité dans l’air. Or, il y a très peu de résultats exploitables qui permettent de se faire une opinion sur l’origine de cette contamination. Ce qui est grave et choquant dans cette affaire, c’est de voir que, plusieurs jours, vraisemblablement même plusieurs semaines, après le début de cette contamination, on ne sait toujours pas d’où vient la pollution. Il est vraiment très inquiétant que, y compris après la catastrophe de Fukushima, les instances internationales et l’AIEA ne soient pas en mesure de faire un tel diagnostic.

L’IRSN assure qu’il n’y a pas de danger. Peut-on vraiment l’exclure ?

Pour l’instant, les niveaux de contamination détectés en France ne nécessitent absolument pas de mesures de protection particulières, mais il faut suivre la situation avec vigilance. Tout dépend du temps que cela va durer et de comment les choses vont évoluer. Car, actuellement, on ignore si, à la source de cette contamination, la situation est en train de s’améliorer ou de s’aggraver... Tant qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé et d’où ça vient, on ne peut faire aucune projection sur les conséquences du phénomène. Il va falloir que les autorités de radioprotection dans tous les pays potentiellement concernés multiplient les analyses, rapidement et avec des appareillages de haut niveau, pour pouvoir faire une cartographie de cette pollution et de son évolution dans le temps.

17 novembre 2011

Source : Le Monde.fr

L’iode radioactif baladeur viendrait de Hongrie

Le mystère est sans doute résolu : une installation hongroise de production d’isotopes médicaux serait à l’origine des rejets atmosphériques d’iode radioactif détectés ces derniers jours, à l’état de traces, dans plusieurs pays d’Europe centrale ainsi qu’en Allemagne et en France. L’Institut hongrois de recherche sur les isotopes a annoncé, jeudi 17 novembre, avoir enregistré, dans son laboratoire de Budapest, une augmentation de ses émissions d’iode 131. Selon le directeur de cet institut, ces rejets n’expliqueraient pas – ou du moins pas en totalité – la contamination observée jusqu’en France. Mais, d’après l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui n’a pas encore communiqué officiellement cette information, le laboratoire de Budapest serait bien l’origine principale de la contamination, qui ne présenterait pas de danger sur le plan sanitaire.

Ce laboratoire avait déjà constaté une hausse de ses émissions d’iode 131 au cours du premier semestre 2011. Bien que les niveaux soient restés inférieurs, selon les dirigeants, au seuil toléré par les autorités sanitaires, la production d’isotopes avait été suspendue de juin à août, pour permettre une amélioration du système de filtrage. La production a repris en septembre, mais les émissions d’iode radioactif ne sont pas redescendues à leur niveau antérieur. L’activité du laboratoire serait à nouveau interrompue.

Le 11 novembre, l’AIEA avait indiqué avoir été informée, par les autorités de contrôle de la République tchèque, de la présence de la présence dans l’air ambiant de "très faibles niveaux d’iode 131". Des traces de particules radioactives, présentes dans l’atmosphère sous forme d’aérosols, ont également été décelées en Pologne, en Slovaquie, en Autriche et en Allemagne. En France, les niveaux mesurés par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) étaient de quelques microbecquerels par mètre cube d’air. Des concentrations beaucoup trop faibles pour présenter un risque sanitaire.

Différentes hypothèses avaient été émises pour expliquer cette faible pollution à l’iode 131, dont celle de rejets accidentels provenant d’un réacteur nucléaire, industriel ou de recherche. Si la source de l’iode radioactif semble désormais identifiée, l’incapacité des autorités nationales et internationales à la localiser rapidement reste préoccupante.

Pierre Le Hir


16 novembre 2011

Source : Le Parisien

Rejets d’iode radioactif : urgent de déterminer l’origine de la contamination (Criirad)

La Criirad a estimé mercredi, après la détection en France de rejets d’iode radioactif dans l’air en provenance d’un pays inconnu, qu’il y avait "urgence à déterminer l’origine de la contamination", afin de protéger les populations proches de la source de ces rejets. Mardi, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a annoncé la détection dans l’air en France de mystérieux rejets d’iode radioactif, trop faibles toutefois pour constituer un danger.

L’origine de ces rejets étant inconnue, l’IRSN a appelé le coupable à se dénoncer et les pays européens à coopérer pour le démasquer. De faibles niveaux d’iode 131 ont été relevés en République tchèque et en Pologne notamment.

Pour ce qui concerne la France, les analyses lancées par l’IRSN montrent de très faibles niveaux de concentration d’iode radioactif dans la moitié nord du pays.

Et dans son communiqué, la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) souligne que ses cinq balises de contrôle de la radioactivité en Vallée du Rhône "n’ont jusqu’à présent détecté aucune contamination".

La Criirad fait part de sa préoccupation dans la mesure où "plusieurs semaines après le début de la contamination, aucune autorité, ni au niveau international, ni au niveau national de quelque pays que ce soit, n’a été en mesure de désigner l’origine de la contamination". Pour la Criirad, "il y a urgence car les populations proches de la source pourraient avoir été ou être encore exposées à des doses importantes" de radioactivité.

"S’agissant de l’iode 131 rejeté dans l’atmosphère, les doses subies par ingestion dans les jours suivant le rejet peuvent être plus élevées que celles liées à l’inhalation", met en garde la Commission. "Des irradiations inutiles peuvent donc être encore évitées si les populations concernées sont informées et que des mesures de protection sont prises", conclut la Criirad.


16 Novembre 2011

Source :Agora Vox

Pollution à l’iode radioactif en Europe : Accident à la centrale de Krško ?

Depuis plusieurs jours des taux anormaux d’Iode 131 radioactif ont été detectés en Slovénie et en Hongrie. La contamination est maintenant constatée aussi en France. Les agences de sureté nucléaire restent muettes comme des tombes.

Un incident nucléaire en Europe, voilà ce dont l’industrie nucléaire n’avait pas besoin, maintenant que la crédibilité de la filière a été considérablement discréditée par les évenements de Fukushima.

C’est pourtant bien ce qui s’est passé vers le 11 novembre 2011 quelque part dans le nord des Balkans.A partir de cette date, de l’iode-131 a été détecté en Slovénie et en Croatie, à quatre endroits différents : à Zagreb, à Ljubljana, à Krško, et dans la région où les frontières de la Croatie, de la Hongrie et de la Serbie se rejoignent.

Depuis les traces d’iode radioactif ont été mesurée en Tchécoslovaquie et en Turquie.

Ces données ont été publiées par l’EURDEP (Plateforme Européenne d’Echange de Données radiologiques) sur son site internet.

https://eurdep.jrc.ec.europa.eu/Basi...

Des pollution au Césium-134 et au Césium-137 ont également été constatées mais à un seul endroit : la centrale nucléaire de Krško en Slovènie.

Les autorités Slovène n’ont pas communiqué sur l’apparition de cette pollution dans l’athmosphère en Europe et l’AIEA s’est contentée de constater que "de très faibles niveaux d’iode-131 radioactive ont été détectés en République Tchèque et ailleurs (sic) en Europe, mais les particules sont considérées comme ne présentant pas un risque de santé publique." mais prétend en ignorer l’origine.

La seule hypothèse avancée serait que l’iode-131 pourrait provenir d’un site de production de matériels radioactifs utilisés dans le milieu médical.

La centrale de Krško avait connu des problèmes de fuites en juin 2008.


16 Novembre 2011

Source : https://fukushima.over-blog.fr/

Mise à jour du 16/11/11

Dans un article du Point, Bruno Chareyron de la Criirad est interviewé. Il partage notre analyse : « Ce qui est grave et choquant dans cette affaire, c’est de voir que, plusieurs jours, vraisemblablement même plusieurs semaines, après le début de cette contamination, on ne sait toujours pas d’où vient la pollution. Il est vraiment très inquiétant que, y compris après la catastrophe de Fukushima, les instances internationales et l’AIEA ne soient pas en mesure de faire un tel diagnostic. »

Et plus loin : « Pour l’instant, les niveaux de contamination détectés en France ne nécessitent absolument pas de mesures de protection particulières, mais il faut suivre la situation avec vigilance. Tout dépend du temps que cela va durer et de comment les choses vont évoluer. Car, actuellement, on ignore si, à la source de cette contamination, la situation est en train de s’améliorer ou de s’aggraver... Tant qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé et d’où ça vient, on ne peut faire aucune projection sur les conséquences du phénomène. Il va falloir que les autorités de radioprotection dans tous les pays potentiellement concernés multiplient les analyses, rapidement et avec des appareillages de haut niveau, pour pouvoir faire une cartographie de cette pollution et de son évolution dans le temps. »

Le site https://www.simplyinfo.org/ fait des mises à jour régulières sur la situation en Europe à ce sujet (langue anglaise).

Sinon, en attendant des compléments d’information, on peut consulter le site de l’IRSN pour comparer les mesures récentes de l’IRSN avec les anciennes.

Station de Charleville-Mézière : 5,7 µBq/m3 en novembre 2011 au lieu de 0,76 µBq/m3 en moyenne pour les 6 mesures effectuées en janvier-févier 2011, cela signifie que le taux a augmenté de 7,5 fois par rapport à une situation « normale » (bien que le normal devrait être un taux de 0%).

En observant les données fournies par l’IRSN, on constate qu’un évènement nucléaire a eu lieu en 2008 : la concentration d’iode-131 a fortement augmenté cette année-là, avec une valeur haute de 32 µBq/m3 le 22 février 2008. Ce pic de radioactivité dans l’atmosphère avait été causé à l’époque par un « incident »à la centrale nucléaire de Fessenheim : le 18 février 2008, un tube d’un générateur de vapeur du réacteur n°2 de la centrale s’était fissuré à la suite d’une « anomalie de supportage », conduisant à une fuite du circuit primaire vers le circuit secondaire.

L’observation des relevés du Vésinet (région parisienne) permet de constater que l’iode-131 est beaucoup plus présent dans cette zone que dans l’est de la France. On remarque en particulier des taux dépassant 1000 µBq/m3 du 16 au 25 septembre 2005. Que s’est-il passé ? Les médias en ont-ils parlé ? Il semble que non.

On remarque aussi l’absence de diffusion de données sur l’iode depuis début 2009 pour cette station.

source IRSN : https://sws.irsn.fr/sws/mesure/index

Mise à jour 15/11/11, 19 h

Au fur et à mesure que la nouvelle se répand, les choses commencent à bouger…

On apprenait ce matin que de nouveaux pays étaient concernés par la pollution à l’iode-131 : d’après le site Zero Hedge, le Danemark et la Russie font désormais partie de la liste, ce qui portait à 12 le nombre de pays impliqués. Ca commence à faire beaucoup !

Et surprise à 11h55 ‒ mais est-ce une surprise pour la France avec l’antécédent de 1986 ? ‒ le site du Monde annonce que l’Hexagone est également touché par le nuage radioactif !

Il s’appuie pour cela sur la publication d’une note de l’IRSN toute fraîche sortie, qui fait le point sur des analyses faites la semaine dernière. Ce qui est très surprenant, c’est que cet organisme dit avoir été informé « de façon informelle à travers les réseaux scientifiques dont il est membre ». Ce qui signifie que l’AIEA, au courant de la pollution depuis plusieurs semaines, n’a pas estimé utile d’alerter les services nationaux compétents de tous les pays européens. Ce manque de réactivité est très grave, car il veut dire clairement que pour l’AIEA, un incident nucléaire, ce n’est pas si grave que cela, et que l’enquête qu’elle était censée faire de manière rapide dans un souci de protection des populations n’a pas été menée sérieusement. A vrai dire, ce n’est pas étonnant, car il faut bien savoir que cette structure internationale n’a pas vraiment pour objet le bien-être des populations mais principalement le développement de l’utilisation l’énergie nucléaire (Article 3 de ses statuts).

Revenons à l’analyse faite par l’IRSN : cet organisme a engagé en France des analyses par spectrométrie gamma sur des prélèvements d’aérosols et d’iode sous forme gazeuse pour y rechercher la présence éventuelle d’iode-131. Les analyses ont été effectuées par le laboratoire de mesure de la radioactivité de l’environnement d’Orsay et dans celui du Vésinet.

Les valeurs significatives relevées par l’IRSN sont les suivantes :

Bure (55) : 0,79 µBq/m3 +/- 0,22

Charleville-Mézières (08) : 5,7 µBq/m3 +/- 1,9

Orsay (91) : 4,9 µBq/m3 +/- 1,4

Le Vésinet (78) : 12 µBq/m3 +/- 6

L’IRSN précise que la présence d’iode-131 dans l’air, qui est tout à fait inhabituelle à cette échelle du territoire national, indique l’existence de rejets radioactifs anormaux dans l’atmosphère dont l’activité la plus marquée en France se situe entre le 7 et le 10 novembre. L’IRSN, comme l’AIEA, rejettent l’hypothèse que ces taux anormaux d’iode-131 puissent trouver leur origine à l’ex-centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Le possible évènement de reprise de criticité de Fukushima annoncé par Tepco le 3 novembre a pourtant été mis à la connaissance de tous, et l’arrivée d’iode-131 sur l’Europe une semaine plus tard pourrait bien avoir un lien avec cet épisode que l’industrie nucléaire a voulu rapidement étouffer. Il reste à nos yeux une hypothèse plausible. En mars, le nuage radioactif de Fukushima avait bien atteint la France à compter du 27 mars, soit 15 jours après l’explosion du réacteur 1. Avec un même régime des vents et une réaction moindre qui aurait diffusé moins de radionucléides qu’une explosion, il est tout à fait possible que cette pollution provienne de Fukushima. En effet, la pollution n’a jamais cessé depuis le 12 mars 2011, et l’hémisphère nord est désormais couvert d’un vaste nuage radioactif permanent. Or, tant qu’il ne pleut pas, les gaz et les aérosols radioactifs restent en suspensions dans l’atmosphère et se cumulent, ils ne disparaissent jamais.

Pollution de l’hémisphère nord par Fukushima en mai 2011 (source)

Afin de déterminer la source, l’IRSN réalise actuellement des calculs de rétro-trajectoires pour tenter de localiser la provenance des masses d’air ayant transporté l’iode 131 détecté. Nous attendons avec impatience les résultats de cette recherche.

Pour mémoire, les niveaux en iode 131 mesurés en France après l’accident de Fukushima avaient atteint quelques milliBecquerels par m3 d’air (voir le bulletin du 10 juin 2011), soit plus de 100 fois les valeurs mesurées actuellement.

Mise à jour du 15/11/11, 7 h :

Le mystère demeure. Pas de nouveau communiqué de l’AIEA.

Selon un article de MailOnline, la France, la Grande Bretagne, l’Espagne, la Russie, l’Ukraine, la Finlande, la Suisse, la Pologne et la Norvège n’ont pas remarqué d’augmentation du taux d’iode dans l’atmosphère.

Les mentions de l’Ukraine et de la Pologne sont étranges car l’article de l’Associated Press of Pakistan les mentionne comme ayant relevé un taux anormal d’iode : « Higher radiation levels were detected in Poland and Ukraine even before October 19 ». Cette anomalie nous rapproche de l’ex-centrale nucléaire de Tchernobyl. Le Pakistan, qui ne fait pas partie de l’Europe, ne prend pas de gants pour parler de ce qu’il sait. Alors que les pays européens se serrent les coudes sous le traité Euratom qui a été l’acte fondateur de l’Europe le 25 mars 1957. Tandis que l’industrie nucléaire a du mal à se remettre de la catastrophe de Fukushima, une reprise de criticité dans le corium de Tchernobyl ferait un des plus mauvais effets pour essayer de redorer l’image du nucléaire en Europe.

Selon un article du 14 novembre du site Decoded Science, la Suède est à ajouter à la liste des pays européens qui ont remarqué cette hausse d’iode-131, ce qui porte à 10 le nombre de pays concernés, représentant une surface de 2 millions de km² : l’Allemagne, l’Autriche, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Slovénie, la Suède, et l’Ukraine.

Des hypothèses supplémentaires ont été émises ici ou là : sous-marin atomique, radiations cosmiques de la nébuleuse de la Tarentule, guerre de Lybie, excréments de patients soignés à l’iode-131… Oui vous avez bien lu ! Le Professeur Malcolm Sperrin, directeur de la physique médicale à l’hôpital de Grande-Bretagne du Royal Berkshire, après avoir écarté tout lien avec Fukushima, a déclaré : « It is far more likely that the iodine may be as a result of excretion by patients undergoing medical treatment. »

Donc résumons : 2 millions de km² pollués par de l’iode-131, certes très faiblement, mais aussi très durablement (depuis 4 semaines maintenant). Tous les pays concernés se renvoient la balle : personne n’est responsable, aucune installation nucléaire ne déclare de fuite, d’incident, ou d’accident.

L’AIEA informe, puis se tait. Elle enquête. Elle prend son temps. Si elle met deux mois pour envoyer des experts comme pour Fukushima, il faudra encore attendre un moment avant d’avoir du nouveau ! Le temps de réparer la fuite et de classer cette affaire sans suite ?

Peut-être qu’en demandant des explications à l’AIEA, on obtiendra plus d’informations ? Si vous avez une réponse, merci de la mettre dans les commentaires pour en faire profiter tous les lecteurs.

Contacter l’AIEA : info@iaea.org


15 novembre 2011

Source : Le Point

Bruno Chareyron, responsable de la CRIIRAD, écarte tout danger immédiat en France, mais regrette que les leçons de Fukushima n’aient pas été retenues.

Des traces d’iode radioactif ont été détectées dans l’air, en France, depuis plusieurs jours. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure qu’il n’y a, pour l’heure, aucun risque sanitaire. Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD), répond aux questions du Point.fr.

Le Point.fr : Que peut-on dire aujourd’hui de l’ampleur de la pollution radioactive détectée en France ?

Bruno Chareyron : La concentration d’iode radioactif dans l’air est, pour l’instant, très faible dans le pays. Au regard des mesures effectuées ces derniers jours par l’IRSN, les niveaux de contamination sont environ cent fois inférieurs à ceux enregistrés, en France, au plus fort de la catastrophe japonaise de Fukushima. En ce qui concerne le réseau de balises géré par la CRIIRAD dans la vallée du Rhône, nous avions, à l’époque, mesuré des niveaux d’iode radioactif de plusieurs millibecquerels par mètre cube. Or, actuellement, le niveau d’iode radioactif est en dessous de notre capacité de détection, c’est-à-dire en dessous de 0,1 millibecquerel par mètre cube pour l’iode gazeux et en dessous de 0,02 millibecquerel par mètre cube pour l’iode sous forme particulaire. Cela dit, dans la mesure où cet iode radioactif a également été détecté en Hongrie, en Allemagne et en République tchèque, apparemment dès fin octobre, cela veut dire qu’il y a une contamination diffuse en Europe. Toute la question est de savoir depuis combien de temps et d’où elle vient, car il faut penser aux populations qui sont au plus près de la zone de contamination, exposées aux doses les plus importantes.

Quelle peut être l’origine de cette contamination ?

Il y a beaucoup d’hypothèses possibles, tellement que je ne préfère en citer aucune. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a une source artificielle de contamination quelque part, car l’iode radioactif n’existe pas dans la nature. Depuis le 12 novembre dernier, la CRIIRAD surveille, tous les jours, les sites d’une dizaine de pays d’Europe qui font des mesures de radioactivité dans l’air. Or, il y a très peu de résultats exploitables qui permettent de se faire une opinion sur l’origine de cette contamination. Ce qui est grave et choquant dans cette affaire, c’est de voir que, plusieurs jours, vraisemblablement même plusieurs semaines, après le début de cette contamination, on ne sait toujours pas d’où vient la pollution. Il est vraiment très inquiétant que, y compris après la catastrophe de Fukushima, les instances internationales et l’AIEA ne soient pas en mesure de faire un tel diagnostic.

L’IRSN assure qu’il n’y a pas de danger. Peut-on vraiment l’exclure ?

Pour l’instant, les niveaux de contamination détectés en France ne nécessitent absolument pas de mesures de protection particulières, mais il faut suivre la situation avec vigilance. Tout dépend du temps que cela va durer et de comment les choses vont évoluer. Car, actuellement, on ignore si, à la source de cette contamination, la situation est en train de s’améliorer ou de s’aggraver... Tant qu’on ne sait pas exactement ce qui s’est passé et d’où ça vient, on ne peut faire aucune projection sur les conséquences du phénomène. Il va falloir que les autorités de radioprotection dans tous les pays potentiellement concernés multiplient les analyses, rapidement et avec des appareillages de haut niveau, pour pouvoir faire une cartographie de cette pollution et de son évolution dans le temps.


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