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Fessenheim : la fermeture se profile-t-elle enfin ?

Article publié le 14 décembre 2017



Sans tambours ni trompettes, la fermeture de Fessenheim commence enfin à se concrétiser. Même s’il ne faut pas crier victoire trop vite, 2018 sera vraisemblablement la dernière année de fonctionnement de la doyenne des centrales nucléaires françaises.



Des indices d’une fermeture qui se rapproche

Après s’être arc-boutée pendant des années pour garder en fonctionnement une centrale à bout de souffle, EDF a-t-elle enfin fini par entendre raison ? Bien que l’entreprise se garde de le claironner sur les toits, il semble bien qu’elle a enfin consenti à admettre la fermeture des deux réacteurs alsaciens.

Le 10 novembre 2017, Philippe Sasseigne, directeur de la production nucléaire d’EDF, en visite à Fessenheim, aurait confirmé aux salariés réunis la fermeture de la centrale, ajoutant que les effectifs seraient réduits d’un tiers d’ici fin 2018. Rapportés par un militant, ces propos ne seront dans un premier temps pas confirmés par EDF.

Le 23 novembre, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, confirme sur le plateau de Public Sénat une fermeture « fin 2018-début 2019 », au moment de la mise en service prévue de l’EPR de Flamanville. En effet, en vertu de la loi de transition énergétique, qui plafonne la puissance nucléaire installée, EDF est tenue de remettre 6 mois avant la date prévue de démarrage du réacteur un courrier de demande d’abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale alsacienne.

Mais ce n’est que le 8 décembre qu’EDF finira – bien discrètement – par confirmer la nouvelle par quelques informations sibyllines publiées sur une page de son site indiquant la disponibilité des réacteurs. La production du réacteur 1 de Fessenheim, qui multiplie les avaries, est ainsi annoncée comme nulle pour une période s’étendant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2099 (!).

Et pour le réacteur n°2, à l’arrêt depuis juin 2016 en raison d’un générateur de vapeur suspicieux [1], EDF ne veut pas renoncer à un ultime baroud d’honneur. Sur son site, l’exploitant table sur un redémarrage le 15 mars 2018 (partant du principe que l’Autorité de sûreté nucléaire finira enfin par déclarer la pièce défectueuse bonne pour le service, comme elle l’a fait pour la cuve de l’EPR de Flamanville)… mais prévoit également l’arrêt de la production au 1er janvier 2019 !

Ci-dessus, capture d’écran de la page indiquant les indisponibilités du réacteur 2 de Fessenheim.

En Alsace, l’après-Fessenheim se prépare…

Les riverains de Fessenheim aussi semblent s’être fait une raison. Si le maire de Fessenheim et le président de la communauté de commune continuent de dénoncer la fermeture d’une centrale qu’ils prétendent « sûre », l’heure est maintenant à la reconversion du territoire et des travailleurs, sur laquelle le gouvernement doit se pencher avec les élus.

Si cette étape ne doit surtout pas être négligée, par égard pour les travailleurs (en particulier les sous-traitants sous statut précaire), elle ne s’avèrera sans doute pas aussi dramatique que le prétendent les adversaires de la fermeture. Entre les nombreux départs à la retraite prévus, la garantie d’emploi pour les salariés d’EDF, les travaux de démantèlement et de mise à l’arrêt et les projets de nouveaux parcs d’activité dans la plaine du Rhin, l’impact de la fermeture doit être relativisé ; sans compter que les prestataires en charge de la maintenance intervenaient aussi sur d’autres centrales et ne vont pas manquer de travail… Les communes biberonnées pendant des décennies aux subventions atomiques devront cependant apprendre à renoncer à la manne financière à laquelle elles s’étaient habituées !

…mais ne vendons pas la peau de l’ours !

Les associations antinucléaires alsaciennes se réjouissent de ces indices d’une fermeture désormais inéluctable. Cependant, elles restent vigilantes, s’inquiétant de la volonté d’EDF de redémarrer à tout prix le réacteur n°2 pour quelques mois malgré son générateur de vapeur suspect. Surtout, comme elles le dénoncent depuis des années, le gouvernement a accepté de conditionner l’arrêt de Fessenheim à la mise en service de l’EPR de Flamanville (à laquelle elles s’opposent également). Si le chantier venait à prendre encore du retard – hypothèse plus que probable – , EDF envisagerait-elle de décaler d’autant le calendrier d’arrêt de la centrale alsacienne ?

Une telle éventualité nécessite de rester mobilisés. Situation en zone sismique et inondable, alimentation électrique de secours non garantie en cas de séisme, vieillissement des installations, générateur de vapeur défectueux : les associations alsaciennes, de concert avec le Réseau "Sortir du nucléaire", continuent de rappeler les éléments factuels qui plaident pour l’arrêt immédiat et définitif de la centrale pour raison de sûreté et de sécurité. Et même l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaît timidement que les conditions ne sont pas réunies pour envisager une visite décennale destinée à préparer la prolongation des réacteurs. La centrale est à bout de souffle et EDF a beau jeu d’exiger une indemnisation pour fermeture « anticipée » !

Retrouver la synthèse des dysfonctionnements de Fessenheim :

Si cette nouvelle se concrétise enfin, on pourra se féliciter d’une « mise à la retraite » amplement justifiée pour la doyenne des centrales et de l’aboutissement de près de 50 ans de lutte pour une plaine du Rhin débarrassée de la menace nucléaire. Avec l’arrêt de Fessenheim, ouvrira-t-on enfin le bal de la sortie du nucléaire en France ?


Notes

[1Pour rappel, le dossier de fabrication de cette pièce fabriquée à l’usine Areva du Creusot avait été falsifié, lui prêtant des caractéristiques en termes de sûreté qu’elle n’avait pas. En juillet 2016, l’Autorité de sûreté nucléaire avait suspendu le certificat d’épreuve de ce générateur de vapeur, imposant de fait l’arrêt de la centrale (voir le communiqué des associations)

Des indices d’une fermeture qui se rapproche

Après s’être arc-boutée pendant des années pour garder en fonctionnement une centrale à bout de souffle, EDF a-t-elle enfin fini par entendre raison ? Bien que l’entreprise se garde de le claironner sur les toits, il semble bien qu’elle a enfin consenti à admettre la fermeture des deux réacteurs alsaciens.

Le 10 novembre 2017, Philippe Sasseigne, directeur de la production nucléaire d’EDF, en visite à Fessenheim, aurait confirmé aux salariés réunis la fermeture de la centrale, ajoutant que les effectifs seraient réduits d’un tiers d’ici fin 2018. Rapportés par un militant, ces propos ne seront dans un premier temps pas confirmés par EDF.

Le 23 novembre, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministre de la transition écologique et solidaire, confirme sur le plateau de Public Sénat une fermeture « fin 2018-début 2019 », au moment de la mise en service prévue de l’EPR de Flamanville. En effet, en vertu de la loi de transition énergétique, qui plafonne la puissance nucléaire installée, EDF est tenue de remettre 6 mois avant la date prévue de démarrage du réacteur un courrier de demande d’abrogation de l’autorisation d’exploiter la centrale alsacienne.

Mais ce n’est que le 8 décembre qu’EDF finira – bien discrètement – par confirmer la nouvelle par quelques informations sibyllines publiées sur une page de son site indiquant la disponibilité des réacteurs. La production du réacteur 1 de Fessenheim, qui multiplie les avaries, est ainsi annoncée comme nulle pour une période s’étendant du 1er janvier 2019 au 31 décembre 2099 (!).

Et pour le réacteur n°2, à l’arrêt depuis juin 2016 en raison d’un générateur de vapeur suspicieux [1], EDF ne veut pas renoncer à un ultime baroud d’honneur. Sur son site, l’exploitant table sur un redémarrage le 15 mars 2018 (partant du principe que l’Autorité de sûreté nucléaire finira enfin par déclarer la pièce défectueuse bonne pour le service, comme elle l’a fait pour la cuve de l’EPR de Flamanville)… mais prévoit également l’arrêt de la production au 1er janvier 2019 !

Ci-dessus, capture d’écran de la page indiquant les indisponibilités du réacteur 2 de Fessenheim.

En Alsace, l’après-Fessenheim se prépare…

Les riverains de Fessenheim aussi semblent s’être fait une raison. Si le maire de Fessenheim et le président de la communauté de commune continuent de dénoncer la fermeture d’une centrale qu’ils prétendent « sûre », l’heure est maintenant à la reconversion du territoire et des travailleurs, sur laquelle le gouvernement doit se pencher avec les élus.

Si cette étape ne doit surtout pas être négligée, par égard pour les travailleurs (en particulier les sous-traitants sous statut précaire), elle ne s’avèrera sans doute pas aussi dramatique que le prétendent les adversaires de la fermeture. Entre les nombreux départs à la retraite prévus, la garantie d’emploi pour les salariés d’EDF, les travaux de démantèlement et de mise à l’arrêt et les projets de nouveaux parcs d’activité dans la plaine du Rhin, l’impact de la fermeture doit être relativisé ; sans compter que les prestataires en charge de la maintenance intervenaient aussi sur d’autres centrales et ne vont pas manquer de travail… Les communes biberonnées pendant des décennies aux subventions atomiques devront cependant apprendre à renoncer à la manne financière à laquelle elles s’étaient habituées !

…mais ne vendons pas la peau de l’ours !

Les associations antinucléaires alsaciennes se réjouissent de ces indices d’une fermeture désormais inéluctable. Cependant, elles restent vigilantes, s’inquiétant de la volonté d’EDF de redémarrer à tout prix le réacteur n°2 pour quelques mois malgré son générateur de vapeur suspect. Surtout, comme elles le dénoncent depuis des années, le gouvernement a accepté de conditionner l’arrêt de Fessenheim à la mise en service de l’EPR de Flamanville (à laquelle elles s’opposent également). Si le chantier venait à prendre encore du retard – hypothèse plus que probable – , EDF envisagerait-elle de décaler d’autant le calendrier d’arrêt de la centrale alsacienne ?

Une telle éventualité nécessite de rester mobilisés. Situation en zone sismique et inondable, alimentation électrique de secours non garantie en cas de séisme, vieillissement des installations, générateur de vapeur défectueux : les associations alsaciennes, de concert avec le Réseau "Sortir du nucléaire", continuent de rappeler les éléments factuels qui plaident pour l’arrêt immédiat et définitif de la centrale pour raison de sûreté et de sécurité. Et même l’Autorité de sûreté nucléaire reconnaît timidement que les conditions ne sont pas réunies pour envisager une visite décennale destinée à préparer la prolongation des réacteurs. La centrale est à bout de souffle et EDF a beau jeu d’exiger une indemnisation pour fermeture « anticipée » !

Retrouver la synthèse des dysfonctionnements de Fessenheim :

Si cette nouvelle se concrétise enfin, on pourra se féliciter d’une « mise à la retraite » amplement justifiée pour la doyenne des centrales et de l’aboutissement de près de 50 ans de lutte pour une plaine du Rhin débarrassée de la menace nucléaire. Avec l’arrêt de Fessenheim, ouvrira-t-on enfin le bal de la sortie du nucléaire en France ?



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