Les raisons de la publication du document "confidentiel défense" sur le réacteur nucléaire EPR
Article publié le 15 juin 2006
En novembre 2003, et à de nombreuses reprises par la suite, le Réseau "Sortir du nucléaire" a fait savoir quil détenait un document « confidentiel défense » de la plus grande importance : issu dEDF, ce document reconnaît que, contrairement à la thèse officielle, le futur réacteur nucléaire EPR nest pas conçu pour résister à un crash suicide.
Pendant près de trois ans, malgré divers articles dans la presse nationale, laffaire na pas fait le bruit quelle méritait : il sagit tout simplement de lavenir du nucléaire français. En effet, sil est construit, lEPR sera le premier réacteur « post 11 septembre 2001 » et, chacun le comprend bien, il est injustifiable quil ne résiste pas à un crash suicide.
Cette évidence a dailleurs été bien perçue par les autorités françaises et les industriels du nucléaire (Areva et EDF) qui ont décidé de cacher la vérité aux citoyens. Parmi de nombreux exemples, on peut citer la déclaration de Mme Lauvergeon (PDG dAreva) le 9 juillet 2005 lors des Rencontres économiques dAix-en-Provence consacrées au terrorisme : « Le réacteur EPR a été conçu pour résister à tout, y compris les chutes davion ». Or, le fameux document Confidentiel défense dEDF reconnaît que « les hypothèses relatives à limpact [dun avion] doivent assurer une couverture « raisonnable » du risque et ne peuvent prétendre couvrir toutes les éventualités ». Laveu est clair et sans appel.
On trouve aussi dans ce document des raisonnements biscornus comme « Compte-tenu quune centrale nucléaire ne forme pas un très grosse cible et quelle est nettement moins haute quun immeuble de grande hauteur, il est sans doute assez difficile pour un pilote non chevronné de viser très précisément une zone sensible ». Cest fort peu convaincant dautant que, le 11 septembre 2001, ces pilotes « non chevronnés » ont malheureusement prouvé quils étaient capables de véritables prouesses.
Mieux : « Un impact en vol horizontal stabilisé supposerait un vol a très basse altitude à peu près impossible à envisager sauf peut-être pour certains sites en bord de mer ». Or, lEPR est justement prévu pour être installé en bord de mer. (*)
Depuis bientôt trois ans, le Réseau « Sorti du nucléaire » brandissait obstinément ce document qui montre que, derrière le « secret défense », se trouve un véritable mensonge dEtat. Laffaire vient de bénéficier dun important coup daccélérateur grâce à lintervention impromptue, mardi 16 juin 2006, de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Quelle en soit remerciée.
Malgré un interrogatoire dune durée de 15h, la confiscation de nombreux documents, de disques durs et autres CD, les pouvoirs publics nont pas de réponse à la question qui les préoccupe : « Qui, à EDF, a procuré des informations au Réseau Sortir du nucléaire ? ».
Face à ce qui ressemble bien à une tentative dintimidation par lenvoi de la DST, le mouvement antinucléaire a réagi promptement par la publication in extenso du document Confidentiel défense sur les sites web du Réseau "Sortir du nucléaire", de Greenpeace, de parlementaires et de diverses associations en France et à létranger.
Nous tenons à bien préciser que, par cette action de désobéissance citoyenne, nous ne mettons personne en danger puisque lEPR nexiste pour le moment que sur le papier. Pour que les terroristes potentiels ne puissent mettre à profit les informations désormais publiques, il suffit donc
de ne pas construire lEPR !
Nous laffirmons haut et fort en direction des pouvoirs publics, la seule décision à prendre nest pas de pourchasser les militants antinucléaires et leurs informateurs, mais bien dannuler le projet EPR. Nous ajoutons quil faut aussi programmer immédiatement une sortie du nucléaire la plus rapide possible. Car, ne loublions pas, les 58 réacteurs nucléaires qui jonchent le territoire français ne sont pas non plus conçus pour résister au crash dun avion.
Qui plus est, sur dautres questions fondamentales, lindustrie nucléaire continue de nous mener
en bateau. En effet, contrairement à ce que lon nous raconte ici où là, force est de constater que, malgré ses 58 réacteurs nucléaires, la France est frappée par :
- le réchauffement climatique : la canicule 2003 et la sécheresse désormais chronique sont là pour en attester.
- lexplosion de la facture énergétique : +35% en 2005, sûrement bien plus en 2006
A cela, il faut ajouter la propre facture du nucléaire qui va elle aussi être explosive, ne serait-ce que pour le démantèlement des centrales et la gestion (sans solution) des déchets radioactifs.
Pour sauver la planète et, tant quà faire, lavenir du pays, chacun sait bien quil faut arrêter de chercher dillusoires solutions (comme la fusion nucléaire) qui permettraient de continuer à surconsommer et gaspiller lénergie. Comme la reconnu le Président de la République à Johannesburg lors du Sommet de la Terre, si nous continuons ainsi, il nous faudra trois planètes pour y puiser des ressources naturelles. Mais ne suivons pas lexemple du Président qui a continué à agir à lopposé exact de ses propres préconisations, en particulier en soutenant les activités injustifiables de lobbies comme ceux du nucléaire, du transport routier, de lagriculture productiviste, etc.
Il nous faut certes développer massivement les énergies renouvelables, mais la priorité est de réduire de façon considérable notre consommation énergétique. Cela peut dailleurs se faire à confort égal, et même en améliorant la qualité de la vie. Par exemple en démultipliant les habitations dites « passives » qui ne nécessitent pas dêtre reliées au réseau électrique. Et en interdisant le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres : cest la « relocalisation de léconomie ». Utopique ? Sûrement pas : cest même la seule option réaliste
Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire"
(*) En effet, ce réacteur nécessite de très grandes quantités deau pour assurer son refroidissement or, avec le réchauffement climatique, il ny a plus assez deau dans les rivières plusieurs mois par an.
En novembre 2003, et à de nombreuses reprises par la suite, le Réseau "Sortir du nucléaire" a fait savoir quil détenait un document « confidentiel défense » de la plus grande importance : issu dEDF, ce document reconnaît que, contrairement à la thèse officielle, le futur réacteur nucléaire EPR nest pas conçu pour résister à un crash suicide.
Pendant près de trois ans, malgré divers articles dans la presse nationale, laffaire na pas fait le bruit quelle méritait : il sagit tout simplement de lavenir du nucléaire français. En effet, sil est construit, lEPR sera le premier réacteur « post 11 septembre 2001 » et, chacun le comprend bien, il est injustifiable quil ne résiste pas à un crash suicide.
Cette évidence a dailleurs été bien perçue par les autorités françaises et les industriels du nucléaire (Areva et EDF) qui ont décidé de cacher la vérité aux citoyens. Parmi de nombreux exemples, on peut citer la déclaration de Mme Lauvergeon (PDG dAreva) le 9 juillet 2005 lors des Rencontres économiques dAix-en-Provence consacrées au terrorisme : « Le réacteur EPR a été conçu pour résister à tout, y compris les chutes davion ». Or, le fameux document Confidentiel défense dEDF reconnaît que « les hypothèses relatives à limpact [dun avion] doivent assurer une couverture « raisonnable » du risque et ne peuvent prétendre couvrir toutes les éventualités ». Laveu est clair et sans appel.
On trouve aussi dans ce document des raisonnements biscornus comme « Compte-tenu quune centrale nucléaire ne forme pas un très grosse cible et quelle est nettement moins haute quun immeuble de grande hauteur, il est sans doute assez difficile pour un pilote non chevronné de viser très précisément une zone sensible ». Cest fort peu convaincant dautant que, le 11 septembre 2001, ces pilotes « non chevronnés » ont malheureusement prouvé quils étaient capables de véritables prouesses.
Mieux : « Un impact en vol horizontal stabilisé supposerait un vol a très basse altitude à peu près impossible à envisager sauf peut-être pour certains sites en bord de mer ». Or, lEPR est justement prévu pour être installé en bord de mer. (*)
Depuis bientôt trois ans, le Réseau « Sorti du nucléaire » brandissait obstinément ce document qui montre que, derrière le « secret défense », se trouve un véritable mensonge dEtat. Laffaire vient de bénéficier dun important coup daccélérateur grâce à lintervention impromptue, mardi 16 juin 2006, de la Direction de la surveillance du territoire (DST). Quelle en soit remerciée.
Malgré un interrogatoire dune durée de 15h, la confiscation de nombreux documents, de disques durs et autres CD, les pouvoirs publics nont pas de réponse à la question qui les préoccupe : « Qui, à EDF, a procuré des informations au Réseau Sortir du nucléaire ? ».
Face à ce qui ressemble bien à une tentative dintimidation par lenvoi de la DST, le mouvement antinucléaire a réagi promptement par la publication in extenso du document Confidentiel défense sur les sites web du Réseau "Sortir du nucléaire", de Greenpeace, de parlementaires et de diverses associations en France et à létranger.
Nous tenons à bien préciser que, par cette action de désobéissance citoyenne, nous ne mettons personne en danger puisque lEPR nexiste pour le moment que sur le papier. Pour que les terroristes potentiels ne puissent mettre à profit les informations désormais publiques, il suffit donc
de ne pas construire lEPR !
Nous laffirmons haut et fort en direction des pouvoirs publics, la seule décision à prendre nest pas de pourchasser les militants antinucléaires et leurs informateurs, mais bien dannuler le projet EPR. Nous ajoutons quil faut aussi programmer immédiatement une sortie du nucléaire la plus rapide possible. Car, ne loublions pas, les 58 réacteurs nucléaires qui jonchent le territoire français ne sont pas non plus conçus pour résister au crash dun avion.
Qui plus est, sur dautres questions fondamentales, lindustrie nucléaire continue de nous mener
en bateau. En effet, contrairement à ce que lon nous raconte ici où là, force est de constater que, malgré ses 58 réacteurs nucléaires, la France est frappée par :
- le réchauffement climatique : la canicule 2003 et la sécheresse désormais chronique sont là pour en attester.
- lexplosion de la facture énergétique : +35% en 2005, sûrement bien plus en 2006
A cela, il faut ajouter la propre facture du nucléaire qui va elle aussi être explosive, ne serait-ce que pour le démantèlement des centrales et la gestion (sans solution) des déchets radioactifs.
Pour sauver la planète et, tant quà faire, lavenir du pays, chacun sait bien quil faut arrêter de chercher dillusoires solutions (comme la fusion nucléaire) qui permettraient de continuer à surconsommer et gaspiller lénergie. Comme la reconnu le Président de la République à Johannesburg lors du Sommet de la Terre, si nous continuons ainsi, il nous faudra trois planètes pour y puiser des ressources naturelles. Mais ne suivons pas lexemple du Président qui a continué à agir à lopposé exact de ses propres préconisations, en particulier en soutenant les activités injustifiables de lobbies comme ceux du nucléaire, du transport routier, de lagriculture productiviste, etc.
Il nous faut certes développer massivement les énergies renouvelables, mais la priorité est de réduire de façon considérable notre consommation énergétique. Cela peut dailleurs se faire à confort égal, et même en améliorant la qualité de la vie. Par exemple en démultipliant les habitations dites « passives » qui ne nécessitent pas dêtre reliées au réseau électrique. Et en interdisant le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres : cest la « relocalisation de léconomie ». Utopique ? Sûrement pas : cest même la seule option réaliste
Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau "Sortir du nucléaire"
(*) En effet, ce réacteur nécessite de très grandes quantités deau pour assurer son refroidissement or, avec le réchauffement climatique, il ny a plus assez deau dans les rivières plusieurs mois par an.
Le saviez-vous ?
Le Réseau "Sortir du nucléaire" est un véritable contre-pouvoir citoyen. Totalement indépendants de l’État,
nous dépendons exclusivement du soutien de nos donateur⋅ices. C’est grâce à votre soutien financier que nous pouvons nous permettre de tout mettre en œuvre pour offrir aux générations futures l’espoir d’un avenir sans risques nucléaires. Aidez-nous à obtenir cet objectif et à nous permettre de continuer la lutte au quotidien contre cette énergie mortifère et pour promouvoir la sobriété énergétique et les alternatives renouvelables.
Faire un don