Notre modèle énergétique est en crise : de menace de pénurie de pétrole en risque climatique majeur, cest léquilibre même de notre système économique, dont la croissance
énergivore est le moteur, qui est remis en cause. Dans le bal des prétendants à incarner la filière salvatrice, lindustrie nucléaire se pose volontiers en unique alternative réaliste au problème deffet de serre.
A lappui de cette affirmation, elle développe deux arguments. En premier lieu, face à une demande dénergie en forte croissance, lénergie nucléaire est la seule source dénergie abondamment disponible qui ne produise pas de gaz à effet de serre. Cet argument sarticule avec un discours sur le caractère soutenable de lindustrie nucléaire. Tout en affirmant les qualités de ses équipements actuels, lindustrie est confrontée sur ce terrain à une forte contestation, quelle tente aujourdhui de contourner par des promesses technologiques.
Ses efforts portent dans ce domaine sur la conception de réacteurs du futur, regroupés sous lappellation générique de 4ème génération. La principale initiative est celle du Forum International Génération IV, initié en 2000 par les Etats-Unis, rejoints par une dizaine de pays (Afrique du Sud, Argentine, Brésil, Canada, Corée du Sud, France, Japon, Royaume Uni, Suisse) plus lUnion européenne (via Euratom).
Des groupes de travail regroupant les meilleurs experts de lindustrie nucléaire au niveau international ont été constitués pour élaborer dans un premier temps une liste dobjectifs à atteindre, avec des critères de comparaison des systèmes envisageables, permettant dans un deuxième temps de sélectionner les plus prometteurs dentre eux.
Les objectifs ont été fixés en avril 2001. Sans caractère contraignant, ils désignent huit résultats en matière de durabilité, de sûreté et de fiabilité, et de compétitivité, vers lesquels les systèmes de la Génération IV censés décrire des filières intégrées, et non les seuls réacteurs doivent tendre :
> Caractère durable :
- réduire limpact environnemental et favoriser lutilisation efficace des ressources,
- minimiser les déchets nucléaires et réduire la charge de leur gestion à long terme,
- présenter des garanties accrues contre la diversion ou le vol de matières nucléaires,
> Sûreté et fiabilité :
- exceller en matière de sûreté et de fiabilité,
- présenter une probabilité et un degré très faibles de dommage du cur,
- éliminer le besoin de mesures durgence hors du site,
> Compétitivité :
- présenter un net avantage de coût cycle de vie sur les autres sources dénergie,
- présenter un niveau de risque financier comparable aux autres projets énergétiques.
Entre avril 2001 et octobre 2002, les groupes de travail ont examiné différents concepts applicables pour finalement en retenir six, jugés comme les plus aptes à remplir ces objectifs. Il sagit de filières conventionnelles ou non, de réacteurs de taille très variable, dont les usages peuvent aller au-delà de la production électrique, et qui reposent pour cinq dentre elles sur un cycle fermé non seulement du plutonium mais des autres actinides mineurs.
Utopie technologique ou perspective réaliste ?
Il faut pour en juger, engager le débat sur des bases moins simplistes que lindustrie nucléaire ne le propose aujourdhui, et en particulier développer une réflexion sur :
- les effets systémiques : comment lénergie nucléaire, considérée non plus comme une production en soi, mais comme une composante du système énergétique, sinsère dans celui-ci pour apporter plus largement une réponse adaptée aux besoins de la société ;
- sur une vision dynamique du système, au lieu de la superposition de deux images statiques, celle de la situation actuelle et celle dun futur, jugé désirable, de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre par le recours massif à un nucléaire propre, économique et sûr, sans considération pour la question cruciale de la trajectoire entre les deux.
Ces réflexions peuvent sarticuler autour de trois questions : la légitimité du nucléaire comme moyen, son efficacité comme instrument et sa pertinence comme stratégie de lutte contre leffet de serre (ou tout autre problème de développement durable auquel il prétendrait apporter une solution globale).
Quelle légitimité ?
Cest aujourdhui le point central du débat. Lindustrie nucléaire se voit ainsi contrainte, tout en défendant le caractère soutenable du nucléaire actuel, dadmettre le contraire en promettant le développement de nouvelles filières qui le seront vraiment. Derrière ce paradoxe apparent, les critères développés pour la Génération IV répondent-ils réellement à cette logique ?
Plus économe en matières premières, plus propre, plus sûr, non proliférant et moins cher que les autres filières énergétiques : les critères fixés par le Forum apparaissent comme le recyclage moderne des promesses des pionniers du nucléaire, lorsque dans les années 50 ils lançaient le programme Atoms for Peace et annonçaient une énergie maîtrisée, abondante et trop peu chère pour être facturée
Le principe de réalité sest révélé rude. Outre son coût, lindustrie nucléaire sest heurtée successivement à plusieurs problèmes majeurs, dont aucun na jusquici trouvé de solution définitive : les passerelles entre le nucléaire civil et militaire, le risque d’accident majeur, l’accumulation de déchets radioactifs à vie longue et la menace terroriste internationale.
La trop lente pénétration de ces problématiques dans la réflexion des experts de lindustrie se reflète dans les critères retenus, leur hiérarchie et les filières quils conduisent à promouvoir.
- La non prolifération reste un objectif affiché, mais considéré comme acquis. La crise du système de contrôle de lAgence internationale de lénergie atomique (AIEA) face aux évolutions en Corée du Nord, en Irak ou au Brésil, ne se reflète pas dans la sélection des filières dont cinq sur six développent loption, par nature proliférante, dun cycle du plutonium.
- Le risque daccident majeur, révélé par Three Miles Island et surtout Tchernobyl ce dernier postérieur à la conception de la plupart des réacteurs exploités dans le monde aujourdhui concentre les efforts de ce que lindustrie dénomme 3ème génération, qui désigne des versions avancées des filières actuelles, dont fait partie lEPR dAreva. La 4ème génération ne vise pas en soi une diminution supplémentaire de la probabilité daccident, considérant que ce niveau revient, même si on ne peut le démontrer formellement, à rendre inutile toute mesure de protection hors du site.
- Les questions du combustible et des déchets, pour lesquelles la 3ème génération napporte aucune rupture, sont au cur des réflexions sur la Génération IV. Il sagit à la fois de promouvoir une utilisation plus efficace des matières nucléaires et de réduire drastiquement linventaire final des déchets. Malgré léchec patent de Superphénix et du retraitement du combustible (seuls EDF en Europe et les exploitants japonais restent aujourdhui engagés dans cette voie), quatre des six concepts incluent des réacteurs à neutrons rapides, et cinq sur six reposent sur un cycle fermé, visant au recyclage non seulement du plutonium mais de lensemble des actinides.
- Enfin, cette sélection de filières qui impliquent une gestion plus complexe dinstallations, dentreposages et de transports de matières hautement dangereuses en plus grand nombre reflète labsence de prise en compte de la menace terroriste, qui napparaît pas dans les critères initiaux rédigés avant le 11 septembre 2001 , même si elle est mentionnée depuis.
Au final, les objectifs de la Génération IV ne sont pas lexpression directe des attentes de la société mais la vision particulière quen ont les ingénieurs du nucléaire, centrés aujourdhui sur le problème des déchets et de la valorisation des matières réutilisables. Si les groupes de travail avaient réuni, au lieu des 100 meilleurs experts de lindustrie nucléaire, les 100 meilleurs experts mondiaux du terrorisme, il est probable quils auraient produit une vision très différente du nucléaire du futur voire de lavenir du nucléaire. Ils auraient en fait, comme les experts du développement, de lenvironnement ou de la finance, été associés à la réflexion.
Lindustrie nucléaire a reproduit ici le processus sur lequel elle sest appuyée dans les années 60 et 70, où ses orientations technologiques ont été décidées par ses experts, convaincus de cerner les critères dacceptabilité du nucléaire et dapporter les réponses technologiques adéquates. Les mêmes causes provoquant les mêmes effets, les filières développées sous la bannière Génération IV du reste pour lessentiel inspirées de concepts déjà essayés dans les années cinquante se trouveront confrontées au même problème de légitimité.
Quelle efficacité ?
La légitimité nest en tout état de cause pas la seule question à poser. Si tout le monde saccorde sur le très faible niveau démissions de gaz à effet de serre engendrées par la production de kilowatt-heures nucléaires, lefficacité de cet outil pour réduire les émissions ne se mesure pas selon ce seul critère. La production nucléaire sinsère en effet toujours dans un système énergétique global dont seule la diminution du total des émissions compte par comparaison avec dautres options.
La question est beaucoup moins simple quil ny paraît, et les situations actuelles démontrent dimportantes limites à lefficacité du nucléaire contre les émissions. Ainsi les Etats-Unis, producteurs de 30 % de lélectricité nucléaire dans le monde, sont aussi les émetteurs de plus de 25 % des émissions mondiales de carbone, sans perspective de diminution. La France, qui avec près de 80 % de son électricité dorigine nucléaire pousse aussi loin que possible cette solution, napparaît pas pour autant en mesure de stabiliser ses émissions, comme le Protocole de Kyoto ly engage, entre 1990 et 2010 sans parler de lobjectif de réduction dun facteur 4 des émissions à lhorizon 2050.
Ces chiffres ne constituent pas une démonstration : en particulier, lévolution des émissions est très contrastée dans les pays qui nont pas recours au nucléaire, montrant que les déterminants fondamentaux sont ailleurs que dans ce choix de filière. Ils suggèrent cependant une additionnalité, et non une substitution, du nucléaire et des énergies fossiles. Le développement de ces énergies dans la seconde moitié du siècle dernier montre dailleurs que le nucléaire a moins freiné la croissance des énergies fossiles au niveau mondial quaccéléré lexplosion de la consommation dénergie, apparaissant comme une composante, et non une alternative, de ce mode de développement trop gourmand en énergie.
Plus finement, deux phénomènes limitent considérablement lefficacité du nucléaire pour une baisse à long terme des émissions dans les systèmes énergétiques actuels :
- dune part, leffet de substitution du nucléaire est aujourdhui limité par des contraintes de différents ordres à une partie relativement faible de lensemble des sources démissions de gaz à effet de serre, cest-à-dire la production délectricité en base ;
- dautre part lintroduction du nucléaire, qui abaisse le palier des émissions par substitution dune partie de la production fossile, saccompagne en général, par une série deffets structurels et systémiques, dun effet rebond sur dautres pans du système énergétique.
Quelle pertinence ?
La réponse de lindustrie nucléaire est détendre le champ du nucléaire, pour augmenter leffet de substitution : ainsi les concepts de la Génération IV sont fortement axés sur la possibilité dutiliser la chaleur produite pour des process industriels, pour la production dhydrogène (qui se développerait massivement pour les transports), le dessalement ou même la gazéification du charbon. Outre quil est à craindre que leffet rebond sur les émissions non substituées augmente en proportion, la pertinence dune telle stratégie doit être examinée dans sa globalité.
Pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre, face aux scénarios qui reposent sur une politique énergétique en rupture, combinant le développement des renouvelables avec des efforts non seulement defficacité énergétique mais aussi de sobriété sur les usages de lénergie (voir par exemple le scénario développé pour lassociation NégaWatt pour la France), une stratégie sappuyant sur le nucléaire représenterait une rupture non moins importante.
Il sagirait en effet, pour atteindre les niveaux démissions jugés soutenables, de multiplier dun facteur 10, voire davantage, la capacité du parc actuel qui compte environ 440 réacteurs. Le problème de maîtrise des risques, comme celui du niveau dinvestissement à consentir et des infrastructures nécessaires deviennent dune toute autre ampleur lorsquil sagit de raisonner sur 4.000, 5.000 voire 7.000 réacteurs répartis dans le monde, dont la moitié environ devraient être construits avant lavènement de la Génération IV. La faisabilité dun tel développement, le risque déchec et ses conséquences, les modes dorganisation que cela suppose doivent être évalués, et surtout comparés selon les mêmes critères aux scénarios dits alternatifs, qui savèrent globalement dans cette comparaison moins périlleux et plus acceptables.
Face à leffet de serre, lindustrie nucléaire noffre pas une solution de continuité. Cette notion apparaît pourtant comme une des clés du succès de son discours : lutopie technologique quelle nous propose nest pas, contrairement à une vision plus traditionnelle du progrès scientifique et technique comme vecteur de transformation de la société qui suscite aujourdhui beaucoup de méfiance , une utopie du changement. Au contraire, les promesses de lindustrie nucléaire dessinent fondamentalement une continuité ; à lopposé des discours sur lindispensable sobriété énergétique, elles offrent une justification pour ne pas remettre en cause les habitudes de consommation.
Un faux nez ?
Ces questions sont en fait secondaires pour lindustrie nucléaire. LAIEA elle-même reconnaît que le nucléaire ne peut répondre dans les délais et avec lampleur nécessaires à la réduction des émissions. Et la Charte du Forum Génération IV affirme en préambule, non pas que lindustrie nucléaire est la solution pour répondre de façon soutenable à une demande de plus en plus forte dénergie, mais que sa contribution doit être reconnue.
Le nucléaire nest pas engagé comme il veut le faire croire dans une renaissance mais bien confronté à une logique de survie. Il faudrait, selon les projections quon peut tirer des statistiques mêmes de lAIEA, construire plusieurs dizaines de gros réacteurs avant 2010 et plus dune centaine supplémentaires avant 2020 pour seulement maintenir la capacité du parc nucléaire actuel à ces échéances.
On en est aujourdhui très loin au vu des commandes et des prévisions, et la capacité nucléaire va donc décroître cependant que la capacité installée dautres filières, comme le gaz ou plus marginalement léolien, se développe rapidement. Le nucléaire voit ainsi sa part dans la production mondiale délectricité diminuer inexorablement, restant cantonné à une contribution à la marge de la consommation finale dénergie dans le monde, autour de 2-3 % environ.
Une utopie aux effets pervers
La Génération IV a donc comme fonction essentielle de créer la perspective davenir indispensable pour enrayer ce déclin. Mais cette utopie technologique, mobilisatrice pour lindustrie et mobilisée par elle, pervertit totalement le débat sur le nucléaire et sa place dans les stratégies énergétiques. Par une sorte de dialectique, si la 4ème génération apporte la caution nécessaire à la poursuite de projets nucléaires autrement dit, à la construction de réacteurs de 3ème génération , elle se présente aussi comme son prolongement inévitable : le recours dans les prochaines années aux filières actuelles repose sur la croyance dans une solution future à leurs problèmes, et porte lengagement de mettre cette solution en uvre.
On voit clairement ce mécanisme à luvre en France aujourdhui. Tout dabord, lindustrie semploie, ce qui semble paradoxal, à repousser lhorizon de la 4ème génération bien au-delà du délai nécessaire au développement de nouvelles filières, et en tout cas bien au-delà des échéances fixées par le Forum Génération IV : celui-ci vise clairement à développer des réacteurs accessibles au marché en 2030 au plus tard, en fait entre 2015 et 2025 selon les concepts parmi les six retenus. En France, EDF, le CEA, Areva et DGEMP sentendent pour faire croire au contraire que ces réacteurs nouveaux ne pourront être mis en service industriel avant 2040 ! Il sagit bien de justifier, par défaut, le déploiement de réacteurs EPR pour faire face aux besoins du renouvellement du parc, essentiellement entre 2020 et 2030 ; ce prolongement des filières actuelles justifiant à son tour la poursuite des options actuelles, en particulier en terme de retraitement.
LAndra a publié fin 2004 un important inventaire des déchets et matières valorisables qui dessine une projection en 2020. En poursuivant le mode de gestion actuel, cest-à-dire le retraitement de 850 tonnes environ de combustible irradié dEDF par an à La Hague, qui nous est aujourdhui présenté comme le moyen de réduire le problème des déchets à celui des colis vitrifiés, enfermant les seuls produits de fission et actinides mineurs (séparés de luranium et du plutonium censés être réutilisés), on voit en réalité se gonfler les stocks de matières en attente de traitement et de réutilisation : par catégorie, ils sont au mieux stabilisés (48 tonnes de plutonium séparé, 10.500 tonnes de combustible UOX usé ), au pire en forte croissance (de 520 à 2.350 tonnes de MOX irradié entre 2002 et 2020, de 16.000 à 25.000 tonnes duranium de retraitement ).
Or, dans le même temps, le stock dannées-réacteurs, cest-à-dire les années dexploitation restantes des réacteurs disponibles pour, officiellement, gérer ces matières, sépuise : en particulier les réacteurs utilisant le combustible MOX sont les 900 MWe mis en service entre 1980 et 1988, pour lesquels une durée de vie de 40 ans en moyenne est loin dêtre assurée aujourdhui. En dautres termes, lindustrie nucléaire française est engagée, depuis les années quatre-vingt, dans une gestion des matières dangereuses qui exclut la possibilité dune sortie du nucléaire.
LEPR, même sil est conçu pour, le cas échéant, utiliser jusquà 100 % de MOX, reste insuffisant pour mettre en uvre le recyclage global de luranium et du plutonium que décrit la doctrine française. Dans le long terme, le parc dEPR, malgré sa durée de vie annoncée de 60 ans, nest donc quune transition : la solution finale au problème des déchets ne peut venir que de lintroduction, plus tard, de nouveaux réacteurs. Dans cette vision, les EPR doivent, dans la continuité du parc actuel, poursuivre laccumulation de matières dites valorisables, stock stratégique pour amorcer le cycle fermé de la Génération IV renforçant ainsi le fait-accompli nécessaire à la justification de ces filières du futur. En dautres termes, la mauvaise performance de lEPR ou des réacteurs similaires, devient aux yeux des ingénieurs nucléaires un plus car il permet, au prix de laccumulation de dizaines de tonnes de plutonium pour des dizaines dannées, de préparer au mieux la génération suivante de réacteurs.
En conclusion : un double danger
Mais cette 4ème génération, dans son développement même, nest rien dautre que lavatar moderne de lutopie fondatrice du nucléaire le rêve dune énergie inépuisable, sûre et pas chère , paradoxalement ressuscitée par léchec du parc nucléaire actuel à tenir ces mêmes promesses.
Pour porter cette utopie, lindustrie nucléaire semploie à incarner une solution unique et globale au problème majeur des politiques énergétiques, le changement climatique, en esquivant les questions de légitimité, defficacité et de pertinence qui se posent si on considère lordre de grandeur du développement du nucléaire que cette stratégie suppose. Peu importe dailleurs que cette perspective soit irréaliste, car lenjeu est ailleurs : il sagit à travers ce discours de maintenir une perspective suffisante pour enrayer le déclin et assurer la survie de lindustrie nucléaire.
Lutopie technologique sous-jacente est dès lors porteuse dun double danger. Face au changement climatique, elle conforte dabord lidée quune rupture de politique énergétique et à travers elle de mode de vie est peut-être évitable ; elle distord lévaluation comparée des alternatives et contribue ainsi à retarder le transfert de priorité, et de moyens, vers des solutions plus tangibles. Mais elle nous entraîne surtout, face aux risques nucléaires, dans une irresponsable fuite en avant, où leur augmentation certaine à court terme serait le prix à payer pour leur improbable solution à long terme.
L’opinion mondiale contre la construction de centrales nucléaires
Une majorité de citoyens interrogés dans 18 pays du monde se sont dits hostiles à la construction de nouvelles centrales nucléaires, selon un sondage publié par l’Agence internationale de l’énergie atomique à Vienne. "Six citoyens sur dix (62%) pensent que les réacteurs nucléaires existants doivent continuer à être utilisés, mais 59% rejettent la construction de nouvelles centrales nucléaires", indique cette étude menée auprès de 18.000 personnes sur les cinq continents.
Une majorité de sondés (54%) a par ailleurs jugé "élevé" le risque d’une attaque terroriste de type nucléaire, contre 28% estimant ce risque "faible".
Le sondage a été réalisé de mai à août 2005 par l’institut américain Globescan en Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Cameroun, Canada, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Hongrie, Inde, Indonésie, Japon, Maroc, Mexique et Russie.
Source : Agence France Presse - 14/12/05
Yves Marignac, directeur de WISE-Paris, au titre de la rédaction des Cahiers de Global Chance.
Mail : yves.marignac@wise-paris.org
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