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Dossier spécial : Face aux crises

Crise économique : que va-t-il se passer pour le nucléaire et les ENR ?

Article paru dans la revue Dossier spécial : Face aux crises -

 Energies renouvelables  Risque nucléaire  Nucléaire et économie


Nous avons voulu en savoir plus sur ce qui attend le nucléaire et les énergies renouvelables face à la crise économique et financière qui s’annonce. Pour cela nous avons interrogé Manon Besnard de l’Institut négaWatt.

Extrait de “Frankushima“, roman graphique disponible sur notre boutique en ligne.


Pouvez-vous évoquer en quelques mots la résilience des différentes sources de production d’électricité face à la pandémie ?

On a encore vu sur ce sujet une spécificité du nucléaire, qui concentre sur un nombre de sites réduit un nombre important de salariés attachés à des missions très précises. La pandémie a contraint le secteur à d’importants changements d’organisation pendant la phase de confinement et au-delà. Les contraintes sanitaires ont conduit à allonger la durée des arrêts de tranches en cours, car certaines opérations de maintenance ne pouvaient pas être réalisées. Ces difficultés ont conduit EDF à réviser son calendrier d’arrêts de réacteurs, avec un impact jusqu’à l’hiver 2021/2022. Par ailleurs, les contraintes sanitaires ont eu un impact sur le contrôle de la sûreté : l’ASN a suspendu ses inspections sur site pendant quelques semaines, ne contrôlant qu’à distance.

Par contraste, les modes de production renouvelables, beaucoup mieux répartis en petits sites sur le territoire, pilotés à distance, plus simples à maintenir et ne présentant pas les mêmes enjeux de sûreté, se sont montrés beaucoup plus souples et résilients.

Cette pandémie a des répercussions financières et économiques sur tous les secteurs. Selon vous, comment cela va-t-il impacter et comment vont s’en sortir les différentes sources de production d’électricité, ENR, nucléaire notamment mais aussi les actions d’économie d’énergie ?

La modification des calendriers d’arrêts de réacteurs a conduit EDF à anticiper d’ores et déjà une forte baisse de production d’origine nucléaire, de plus de 20% en 2020 mais aussi de 7 à 15% en 2021 et 2022 par rapport à 2019. Cette baisse constituera une difficulté supplémentaire pour EDF, déjà dans une situation financière fragile avant la pandémie.

Les investissements dans de nouveaux projets renouvelables, comme dans les autres secteurs, pourraient souffrir de la crise économique, alors même que les leçons de la crise poussent à accélérer ce développement.

La rénovation complète et performante des bâtiments doit être intégrée au plan de relance. Elle permettrait de générer de nombreux emplois non délocalisables. Plus largement, les économies d’énergie permettent de diminuer les dépenses des entreprises et des ménages dans un contexte de crise économique qui risque de peser fortement sur leur pouvoir d’achat.

Après la crise de 2008, on a constaté un net rebond dans les émissions de gaz à effet de serre. Doit-on s’attendre à la même chose en 2021 ou allons-nous vers un changement de cap et de modèle ?

L’aspiration à un changement n’a sans doute jamais été aussi forte. Mais une partie du monde économique et politique et de la société, dans une vision court-termiste, veut relancer l’économie “comme avant“. Il est temps de construire, comme le propose négaWatt, un “plan de relance“ assumant de vrais choix entre secteurs à faire décroître et activités à développer.

Une différence importante par rapport à 2008, c’est la démonstration à l’échelle mondiale que des décisions fortes peuvent être prises très rapidement quand les dirigeants décident de faire passer l’humain avant l’économie. Ainsi, on ne peut plus dire qu’on ne peut pas prendre les mesures qui s’imposent face à l’urgence climatique.

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux

Pouvez-vous évoquer en quelques mots la résilience des différentes sources de production d’électricité face à la pandémie ?

On a encore vu sur ce sujet une spécificité du nucléaire, qui concentre sur un nombre de sites réduit un nombre important de salariés attachés à des missions très précises. La pandémie a contraint le secteur à d’importants changements d’organisation pendant la phase de confinement et au-delà. Les contraintes sanitaires ont conduit à allonger la durée des arrêts de tranches en cours, car certaines opérations de maintenance ne pouvaient pas être réalisées. Ces difficultés ont conduit EDF à réviser son calendrier d’arrêts de réacteurs, avec un impact jusqu’à l’hiver 2021/2022. Par ailleurs, les contraintes sanitaires ont eu un impact sur le contrôle de la sûreté : l’ASN a suspendu ses inspections sur site pendant quelques semaines, ne contrôlant qu’à distance.

Par contraste, les modes de production renouvelables, beaucoup mieux répartis en petits sites sur le territoire, pilotés à distance, plus simples à maintenir et ne présentant pas les mêmes enjeux de sûreté, se sont montrés beaucoup plus souples et résilients.

Cette pandémie a des répercussions financières et économiques sur tous les secteurs. Selon vous, comment cela va-t-il impacter et comment vont s’en sortir les différentes sources de production d’électricité, ENR, nucléaire notamment mais aussi les actions d’économie d’énergie ?

La modification des calendriers d’arrêts de réacteurs a conduit EDF à anticiper d’ores et déjà une forte baisse de production d’origine nucléaire, de plus de 20% en 2020 mais aussi de 7 à 15% en 2021 et 2022 par rapport à 2019. Cette baisse constituera une difficulté supplémentaire pour EDF, déjà dans une situation financière fragile avant la pandémie.

Les investissements dans de nouveaux projets renouvelables, comme dans les autres secteurs, pourraient souffrir de la crise économique, alors même que les leçons de la crise poussent à accélérer ce développement.

La rénovation complète et performante des bâtiments doit être intégrée au plan de relance. Elle permettrait de générer de nombreux emplois non délocalisables. Plus largement, les économies d’énergie permettent de diminuer les dépenses des entreprises et des ménages dans un contexte de crise économique qui risque de peser fortement sur leur pouvoir d’achat.

Après la crise de 2008, on a constaté un net rebond dans les émissions de gaz à effet de serre. Doit-on s’attendre à la même chose en 2021 ou allons-nous vers un changement de cap et de modèle ?

L’aspiration à un changement n’a sans doute jamais été aussi forte. Mais une partie du monde économique et politique et de la société, dans une vision court-termiste, veut relancer l’économie “comme avant“. Il est temps de construire, comme le propose négaWatt, un “plan de relance“ assumant de vrais choix entre secteurs à faire décroître et activités à développer.

Une différence importante par rapport à 2008, c’est la démonstration à l’échelle mondiale que des décisions fortes peuvent être prises très rapidement quand les dirigeants décident de faire passer l’humain avant l’économie. Ainsi, on ne peut plus dire qu’on ne peut pas prendre les mesures qui s’imposent face à l’urgence climatique.

Propos recueillis par Anne-Lise Devaux



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