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5 avril 1979 / 5 avril 2009 : Depuis trente ans, l’Iran est actionnaire de l’usine française d’enrichissement de l’uranium - La France a aidé l’Iran dans son programme nucléaire en lui livrant de l’uranium enrichi

Communiqué du 5 avril 2009



Le 5 avril 1979, le premier ministre de l’époque, Raymond Barre, inaugurait sur le site du Tricastin (Drôme) l’usine Eurodif d’enrichissement de l’uranium. Trente ans plus tard, en attendant de céder la place à une nouvelle usine actuellement en construction, c’est toujours Eurodif, rebaptisée Georges Besse, qui produit l’uranium enrichi pour les centrales nucléaires françaises mais aussi en partie pour l’exportation.

Ce qu’ignorent la plupart des citoyens, c’est que l’Iran est, depuis 1979 et aujourd’hui encore, actionnaire d’Eurodif à hauteur de 10%. Négociée du temps du Shah, cette participation est logiquement restée en vigueur après la prise du pouvoir par les Ayatollahs.

Les citoyens doivent aussi savoir que, alors qu’elle fait aujourd’hui partie des Etats qui condamnent le programme nucléaire iranien, la France a considérablement contribué à l’avancement de ce programme en livrant à l’Iran de l’uranium enrichi produit par Eurodif.

La France a certes envisagé de ne pas livrer aux Ayatollahs l’uranium enrichi prévu pour le Shah, mais l’Iran a réussi à "convaincre" les autorités françaises de respecter les contrats en vigueur. Le documentaire "La République atomique", de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, estime même que c’est là l’explication des attentats dans les magasins parisiens et des prises de journalistes en otages au milieu des années 80.

Toujours est-il que, dans une dépêche du 6 mai 1988 titrée "Paris et Téhéran devraient échanger des ambassadeurs d’ici 40 jours", l’AFP écrit : « Paris a proposé (…) des "garanties politiques" au gouvernement iranien pour "l’octroi sans restriction", par le gouvernement français, de licences d’exportations d’uranium enrichi d’EURODIF vers l’Iran. » (voir ci-joint)

La question aujourd’hui n’est pas de savoir si la France a livré de l’uranium enrichi à l’Iran, mais de savoir pendant combien de temps et en quelle quantité. Les autorités françaises, à commencer par M. Sarkozy, doivent reconnaître les responsabilités de la France et cesser d’abuser les citoyens en dénonçant le programme nucléaire iranien… auquel la France a donc largement contribué.

Pour sortir de cette impasse, il faut reconnaître que tout programme nucléaire, et pas seulement celui de l’Iran, permet d’avancer vers l’arme atomique, et que la seule façon de préserver l’avenir de la planète est de programmer la fin la plus rapide possible de tous les programmes nucléaires, civils ou militaires.




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Annexe :


AFP - Vendredi 6 Mai 1988 - 12:38 - Heure Paris (795 mots) - France Iran otages - par Christian Millet

Paris et Téhéran devraient échanger des ambassadeurs d’ici 40 jours

PARIS - 6 mai 1988 - Paris et Téhéran sont convenues de reprendre leurs relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs au terme de trois étapes étalées sur 40 jours à compter du retour en France des trois derniers otages français au Liban, a-t-on appris vendredi de sources proches des négociateurs.
Aucune information n’a été fournie, en revanche, sur d’éventuels contacts directs avec les ravisseurs et les engagements qui pourraient avoir été pris envers eux.
L’élément le plus déterminant du succès de la négociation pour la libération des otages, assurent ces mêmes sources, réside dans la situation intérieure en Iran, où la tendance favorable à la libération des otages a cherché à se renforcer en vue du deuxième tour des élections au Parlement iranien qui se déroulera le 13 mai. Cette tendance modérée, notamment représentée par l’ayatollah Montazeri, successeur désigné de l’imam Khomeiny, va ainsi pouvoir se targuer d’avoir obtenu un succès diplomatique et d’enclencher un processus devant aboutir à l’apurement du contentieux financier qui opposait Téhéran et Paris.

Autre aspect important de la négociation, en effet : la reprise des conversations entre EURODIF (consortium multinational à majorité française) et l’OEAI (Organisation de l’Energie Atomique Iranienne) afin de parvenir à un accord sur le montant de la créance EURODIF, qui se situe aux alentours de six milliards de francs, selon ces sources. Le contentieux porte sur le remboursement d’un prêt d’un milliard de dollars consenti à la France par le Chah d’Iran en 1974.
Ces conversations sur le contentieux EURODIF doivent commencer "dès la première phase de la normalisation des relations diplomatiques, et parallèlement à celles-ci", a-t-on indiqué de mêmes sources.

De plus, Paris a proposé à Téhéran "d’examiner une participation directe de l’Iran au capital d’EURODIF" et des "garanties politiques" (non précisées) au gouvernement iranien pour "l’octroi sans restriction", par le gouvernement français, de licences d’exportations d’uranium enrichi d’EURODIF vers l’Iran.

L’examen de ces deux propositions dépend de "la formalisation d’un accord global et définitif" sur le contentieux EURODIF qui passe, entre autres, par des négociations entre le groupement SPIE- Batignolles-Framatome-Alsthom et l’OEAI.

Les négociateurs français ont toutefois souligné à leurs interlocuteurs iraniens que :
1/ c’est aux actionnaires d’EURODIF et non au gouvernement français qu’il appartient d’accepter que l’Iran ait un statut "d’actionnaire plein".
2/ c’est "le président de la République François Mitterrand" qui préside le Conseil de politique nucléaire extérieure, dont l’aval est nécessaire.

Le scénario pour la reprise des relations diplomatiques sur lequel Paris et Téhéran se sont entendues, décrit par des sources ayant suivi de près la négociation, est le suivant :

- Deux jours après le retour en France des trois otages, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères déclare que Paris est disposée à rétablir, "dans les meilleurs délais", ses relations diplomatiques avec l’Iran.
Le porte-parole ajoute que la France remet "une note verbale" au gouvernement italien, qui représente les intérêts français à Téhéran, afin qu’il le fasse savoir aux autorités iraniennes. Cette note propose, en outre, une rencontre à Genève, huit jours plus tard, entre émissaires français et iraniens, mandatés par leurs gouvernements pour arrêter définitivement les modalités techniques de la reprise des relations et la taille des ambassades.

- Trente jours après le retour des otages, les deux gouvernements désignent leur ambassadeur respectif et demandent son agrément à l’autre partie.

- Dix jours plus tard, les deux ambassadeurs arrivent dans l’une et l’autre capitale.
Les négociateurs français ont précisé à leurs interlocuteurs, assure-t-on, que ce scénario n’implique "aucun changement dans la politique de la France face aux crises qui affectent la région", c’est-à-dire à propos de la guerre irako-iranienne. Paris est l’un des principaux fournisseurs d’armes à Bagdad.

Les négociateurs ont également fait savoir aux autorités iraniennes que, si elles le souhaitaient, le ministre français des Affaires étrangères pourrait "envisager" d’effectuer une visite à Téhéran après l’échange d’ambassadeurs. Ils ont toutefois précisé que ce voyage devrait obligatoirement être précédé d’une visite à Bagdad où le ministre français est invité depuis deux ans et où il ne s’est pas encore rendu "dans un souci d’équilibre entre l’Irak et l’Iran".
Enfin, les négociateurs français ont fait savoir au gouvernement iranien que, s’il le souhaitait, une visite à Paris du ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati "pourrait être programmée" après l’élection présidentielle française, dont le deuxième tour se déroule dimanche. (AFP)

Le 5 avril 1979, le premier ministre de l’époque, Raymond Barre, inaugurait sur le site du Tricastin (Drôme) l’usine Eurodif d’enrichissement de l’uranium. Trente ans plus tard, en attendant de céder la place à une nouvelle usine actuellement en construction, c’est toujours Eurodif, rebaptisée Georges Besse, qui produit l’uranium enrichi pour les centrales nucléaires françaises mais aussi en partie pour l’exportation.

Ce qu’ignorent la plupart des citoyens, c’est que l’Iran est, depuis 1979 et aujourd’hui encore, actionnaire d’Eurodif à hauteur de 10%. Négociée du temps du Shah, cette participation est logiquement restée en vigueur après la prise du pouvoir par les Ayatollahs.

Les citoyens doivent aussi savoir que, alors qu’elle fait aujourd’hui partie des Etats qui condamnent le programme nucléaire iranien, la France a considérablement contribué à l’avancement de ce programme en livrant à l’Iran de l’uranium enrichi produit par Eurodif.

La France a certes envisagé de ne pas livrer aux Ayatollahs l’uranium enrichi prévu pour le Shah, mais l’Iran a réussi à "convaincre" les autorités françaises de respecter les contrats en vigueur. Le documentaire "La République atomique", de David Carr-Brown et Dominique Lorentz, diffusé le 14 novembre 2001 sur Arte, estime même que c’est là l’explication des attentats dans les magasins parisiens et des prises de journalistes en otages au milieu des années 80.

Toujours est-il que, dans une dépêche du 6 mai 1988 titrée "Paris et Téhéran devraient échanger des ambassadeurs d’ici 40 jours", l’AFP écrit : « Paris a proposé (…) des "garanties politiques" au gouvernement iranien pour "l’octroi sans restriction", par le gouvernement français, de licences d’exportations d’uranium enrichi d’EURODIF vers l’Iran. » (voir ci-joint)

La question aujourd’hui n’est pas de savoir si la France a livré de l’uranium enrichi à l’Iran, mais de savoir pendant combien de temps et en quelle quantité. Les autorités françaises, à commencer par M. Sarkozy, doivent reconnaître les responsabilités de la France et cesser d’abuser les citoyens en dénonçant le programme nucléaire iranien… auquel la France a donc largement contribué.

Pour sortir de cette impasse, il faut reconnaître que tout programme nucléaire, et pas seulement celui de l’Iran, permet d’avancer vers l’arme atomique, et que la seule façon de préserver l’avenir de la planète est de programmer la fin la plus rapide possible de tous les programmes nucléaires, civils ou militaires.




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Annexe :


AFP - Vendredi 6 Mai 1988 - 12:38 - Heure Paris (795 mots) - France Iran otages - par Christian Millet

Paris et Téhéran devraient échanger des ambassadeurs d’ici 40 jours

PARIS - 6 mai 1988 - Paris et Téhéran sont convenues de reprendre leurs relations diplomatiques au niveau des ambassadeurs au terme de trois étapes étalées sur 40 jours à compter du retour en France des trois derniers otages français au Liban, a-t-on appris vendredi de sources proches des négociateurs.
Aucune information n’a été fournie, en revanche, sur d’éventuels contacts directs avec les ravisseurs et les engagements qui pourraient avoir été pris envers eux.
L’élément le plus déterminant du succès de la négociation pour la libération des otages, assurent ces mêmes sources, réside dans la situation intérieure en Iran, où la tendance favorable à la libération des otages a cherché à se renforcer en vue du deuxième tour des élections au Parlement iranien qui se déroulera le 13 mai. Cette tendance modérée, notamment représentée par l’ayatollah Montazeri, successeur désigné de l’imam Khomeiny, va ainsi pouvoir se targuer d’avoir obtenu un succès diplomatique et d’enclencher un processus devant aboutir à l’apurement du contentieux financier qui opposait Téhéran et Paris.

Autre aspect important de la négociation, en effet : la reprise des conversations entre EURODIF (consortium multinational à majorité française) et l’OEAI (Organisation de l’Energie Atomique Iranienne) afin de parvenir à un accord sur le montant de la créance EURODIF, qui se situe aux alentours de six milliards de francs, selon ces sources. Le contentieux porte sur le remboursement d’un prêt d’un milliard de dollars consenti à la France par le Chah d’Iran en 1974.
Ces conversations sur le contentieux EURODIF doivent commencer "dès la première phase de la normalisation des relations diplomatiques, et parallèlement à celles-ci", a-t-on indiqué de mêmes sources.

De plus, Paris a proposé à Téhéran "d’examiner une participation directe de l’Iran au capital d’EURODIF" et des "garanties politiques" (non précisées) au gouvernement iranien pour "l’octroi sans restriction", par le gouvernement français, de licences d’exportations d’uranium enrichi d’EURODIF vers l’Iran.

L’examen de ces deux propositions dépend de "la formalisation d’un accord global et définitif" sur le contentieux EURODIF qui passe, entre autres, par des négociations entre le groupement SPIE- Batignolles-Framatome-Alsthom et l’OEAI.

Les négociateurs français ont toutefois souligné à leurs interlocuteurs iraniens que :
1/ c’est aux actionnaires d’EURODIF et non au gouvernement français qu’il appartient d’accepter que l’Iran ait un statut "d’actionnaire plein".
2/ c’est "le président de la République François Mitterrand" qui préside le Conseil de politique nucléaire extérieure, dont l’aval est nécessaire.

Le scénario pour la reprise des relations diplomatiques sur lequel Paris et Téhéran se sont entendues, décrit par des sources ayant suivi de près la négociation, est le suivant :

- Deux jours après le retour en France des trois otages, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères déclare que Paris est disposée à rétablir, "dans les meilleurs délais", ses relations diplomatiques avec l’Iran.
Le porte-parole ajoute que la France remet "une note verbale" au gouvernement italien, qui représente les intérêts français à Téhéran, afin qu’il le fasse savoir aux autorités iraniennes. Cette note propose, en outre, une rencontre à Genève, huit jours plus tard, entre émissaires français et iraniens, mandatés par leurs gouvernements pour arrêter définitivement les modalités techniques de la reprise des relations et la taille des ambassades.

- Trente jours après le retour des otages, les deux gouvernements désignent leur ambassadeur respectif et demandent son agrément à l’autre partie.

- Dix jours plus tard, les deux ambassadeurs arrivent dans l’une et l’autre capitale.
Les négociateurs français ont précisé à leurs interlocuteurs, assure-t-on, que ce scénario n’implique "aucun changement dans la politique de la France face aux crises qui affectent la région", c’est-à-dire à propos de la guerre irako-iranienne. Paris est l’un des principaux fournisseurs d’armes à Bagdad.

Les négociateurs ont également fait savoir aux autorités iraniennes que, si elles le souhaitaient, le ministre français des Affaires étrangères pourrait "envisager" d’effectuer une visite à Téhéran après l’échange d’ambassadeurs. Ils ont toutefois précisé que ce voyage devrait obligatoirement être précédé d’une visite à Bagdad où le ministre français est invité depuis deux ans et où il ne s’est pas encore rendu "dans un souci d’équilibre entre l’Irak et l’Iran".
Enfin, les négociateurs français ont fait savoir au gouvernement iranien que, s’il le souhaitait, une visite à Paris du ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Velayati "pourrait être programmée" après l’élection présidentielle française, dont le deuxième tour se déroule dimanche. (AFP)


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