5 février 2024
On l’apprend début février 2024 par un discret communiqué de déclaration d’incident : le 16 décembre 2023, une fuite est apparue sur un circuit de refroidissement de l’îlot nucléaire du réacteur 4 de la centrale du Blayais (Gironde). EDF ne donne aucun détail quant aux raisons de cette fuite, sa durée, le volume perdu, l’impact sur le réacteur etc. On sait seulement que cette fuite a provoqué d’importants rejets de phosphate dans l’environnement et que EDF a mis cinq semaines à la résorber.
Crédit photo : André Paris
Le phosphate est utilisé pour traiter les eaux de refroidissement des centrales nucléaires. Si la substance n’est pas dangereuse et est même un engrais pour les plantes, elle peut en revanche venir déséquilibrer totalement un écosystème. En effet, trop de phosphate favorise le développement et la croissance des plantes et des algues qui deviennent alors envahissantes, favorisent la prolifération de bactéries et empêchent une bonne oxygénation de l’eau, appauvrissant ainsi la biodiversité du milieu et pouvant conduire à son eutrophisation, une pollution naturelle extrêmement délétère et très difficile à éradiquer [1]
Si EDF précise bien que les limites de rejets de phosphate n’ont pas été dépassées, l’industriel ne donne aucune explication sur le pourquoi de cette fuite. À quand remonte le dernier contrôle, la dernière maintenance sur ce circuit de refroidissement ? Quel volume d’eau phosphatée a été rejetée dans l’environnement ? Pourquoi la fuite a perduré cinq semaines, pourquoi l’équipement n’a été remplacé que le 22 janvier alors que la fuite a été identifiée le 16 décembre ?
Ce discret communiqué, dans lequel EDF annonce aussi avoir dépassé la limite maximale pour des fuites de substances chimiques participant activement au réchauffement climatique, démontre un manque de surveillance et d’entretien des installations à la centrale nucléaire du Blayais. Même quand il s’agit des circuits essentiels, comme le refroidissement des équipements situés en zone nucléaire. Même quand l’environnement peut être impacté.
Événements significatifs - janvier 2024
Publié le 05/02/2024
(...)
Déclaration du 24 janvier
Le 16 décembre, une fuite de fluide contenant du phosphate a été détectée au niveau d’un échangeur thermique du circuit de refroidissement de l’îlot nucléaire de l’unité de production n°4.
Les valeurs fixées par l’arrêté de rejet ont toujours été respectée.
Le matériel a été remplacé le 22 janvier et la fuite résorbée.
[1] L’eutrophisation est une forme de pollution qui se produit lorsqu’un milieu aquatique reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent.
(...) le phénomène est accéléré par l’apport d’effluents domestiques, industriels et/ou agricoles et peut conduire à la mort de l’écosystème aquatique en quelques décennies voire même en quelques années.
Les principaux nutriments à l’origine de ce phénomène sont le phosphore (contenu dans les phosphates) et l’azote (contenu dans l’ammonium, les nitrates, et les nitrites).
Étape 1 : apport excessif de substances nutritives ; Étape 2 : croissance et multiplication des algues ; Étape 3 : dégradation de ces algues par les bactéries aérobies ; Étape 4 : asphyxie du milieu aquatique. Source : https://ecotoxicologie.fr/eutrophisation-milieux-aquatiques
La boutique
Informez vous
