Orano pointé du doigt une nouvelle fois pour son greenwashing sur le nucléaire
Le JDP a en effet sanctionné Orano pour sa publicité sur le prétendu « recyclage » des déchets radioactifs, publicité clairement accusée d’être « de nature à induire en erreur le public ».
Dans sa pub, l’industriel se targue de pouvoir recycler 96 % du combustible usé. Des propos rassurants mais complètement faux puisque seulement 1 % du combustible usé est réellement réutilisé !
Actuellement 34 000 tonnes d’uranium de retraitement (URT) sont entreposées dans la Drôme sur le site de Pierrelatte sans aucun débouché.
Contrairement à ce que laisse penser la publicité d’Orano, l’uranium de retraitement (URT) n’est pas recyclé en France mais expédié en Sibérie !
Dans son délibéré, le JDP « constate qu’Orano ne dispose pas, à l’heure actuelle, des moyens techniques de réutiliser les URT, selon les indications qu’elle a elle-même fournies en séance et qui sont confirmées par son site internet (lequel indique que « il ne dispose pas des équipements pour assurer la phase préliminaire de conversion »). De fait, seuls des opérateurs étrangers, en particulier russes, sont en capacité de procéder à ces opérations d’amont nécessaires au recyclage ».
Ce procès a donc écorné le mythe du recyclage dont la France serait la championne, en mettant en évidence les liens de sous-traitance d’Orano sur l’épineuse question des déchets radioactifs. Pour faire face à cette accumulation d’URT (plus de 1000 tonnes supplémentaires chaque année), le site de Pierrelatte, malgré son agrandissement, ne suffit pas ! Orano a ainsi signé en 2020 un contrat avec le géant russe Rosatom pour envoyer
une partie de cet URT en Sibérie, dans l’usine de Seversk. Il y a donc un décalage flagrant entre la publicité d’Orano incitant les jeunes à postuler dans une filière soi-disant propre et vertueuse alors qu’en réalité la matière radioactive termine soit entassée dans la Drôme sans projet crédible de réutilisation, soit envoyée en Russie où son traitement et stockage final soulèvent de grandes inquiétudes aussi bien pour l’environnement sur place que pour la santé et la sécurité des travailleurs.
La Russie : « celle dont on ne doit pas prononcer le nom »
Cette affaire a mis l’accent sur les liens de dépendance extrêmement problématiques de l’industrie nucléaire française avec la Russie, seul pays à posséder une usine de retraitement de l’URT. Incapable de gérer ses propres déchets en France, la filière a fait le choix de contracter avec des pays peu scrupuleux des droits de l’homme pour se débarrasser de tonnes de matières radioactives dont elle ne sait que faire et ainsi évacuer le problème de leur devenir. Malgré la violence du conflit en Ukraine et l’appel aux sanctions, elle n’a manifesté aucune intention d’y mettre fin. Ces relations toxiques sont particulièrement inquiétantes et mettent à mal l’idée reçue, largement véhiculée par les deux finalistes à l’élection Présidentielle, selon laquelle le nucléaire rendrait la France forte et indépendante. Il y a quelques semaines, l’Union Européenne a sommé les entreprises de cesser toute relation commerciale avec la Russie mais il semblerait que le nucléaire fasse encore une fois figure d’exception...