Renationaliser EDF… et après ? Pour sauver le nucléaire, avoir un capital totalement étatique était une condition nécessaire, mais ce ne sera pas suffisant, car le talon d’Achille de la relance est toujours son financement.
Les estimations pour la construction des trois premières paires de réacteurs français s’élevaient en 2022 officiellement à 51,7 milliards d’euros, hors coût de financement. Il a suffi d’un an pour qu’elles montent à un total de plus de 60 milliards d’euros. Mais les taux d’intérêt étant à la hausse, qu’en sera-t-il dans 10 ans ? Et les investisseurs privés ne veulent plus financer des développements risqués avec de très longs temps de retour.
Puis, en janvier 2023, il est envisagé de piocher sans vergogne dans l’épargne la plus populaire : « Je suis convaincu que l’épargne populaire (Livret A, Livret de développement durable et solidaire, Livret d’épargne populaire) qui, au total atteint 500 milliards d’euros aujourd’hui, peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique » déclarait Eric Lombard, patron de la Caisse des dépôts et consignations, devant les parlementaires. C’est bien là un choix éminemment politique qui relève du racket public et social : alors que les fonds du Livret A sont consacrés essentiellement au financement du logement social, il serait pertinent qu’ils viennent aussi soutenir massivement la rénovation des passoires thermiques, ce qui aurait un impact rapide sur les 10,5 % des Français, soit 3 millions de ménages, en situation de précarité énergétique. L’impact économique, sanitaire et aussi environnemental serait bien plus rapide que de choisir une industrie, qui durant les 10 à 15 ans de construction des EPR ne fera que nuire encore plus à l’environnement.
De nombreux consommateurs ayant choisi de quitter EDF pour protester contre l’électronucléaire risquent donc de se retrouver à financer le ‘’nouveau nucléaire’’ via leur épargne. Il ne leur restera plus qu’à vider leurs livrets et investir autrement dans le renouvelable et la rénovation.
Talon d’Achille de la relance nucléaire, son financement devait être finalisé fin 2023 avant d’être repoussé cet été à fin 2024.
Des projets internationaux qui alourdissent la facture
À l’étranger aussi, EDF peine sur le plan financier. Après le fiasco de l’EPR finlandais, la France, via EDF, finance à 66,5% la construction des deux réacteurs de Hinkley Point C en Angleterre. Estimé à 16 milliards de livres sterling en 2016, le budget pourrait finalement atteindre les 32,7 milliards de livres (soit près de 38 milliards d’euros la paire d’EPR), suite à l’inflation et aux retards entraînant des surcoûts – la mise en service prévue pour 2025 ayant été repoussée à 2027. EDF doit donc trouver des fonds, et il n’est pas certain que le partenaire chinois CGNPC (33,5% des investissements) abonde ces nouveaux dépassements. En résumé, EDF s’engage à renflouer encore la construction des deux réacteurs anglais et s’apprête à en financer deux autres à Sizewell. Combien de temps les contribuables français vont ils permettre à leurs dirigeants de gaspiller le budget de la nation pour construire des centrales nucléaires à l’étranger ? Il n’est pas étonnant que, dans leur fuite en avant, les nucléocrates français cherchent à impliquer le maximum de partenaires européens.
Pire, depuis février 2023, la France organise l’Alliance pour le nucléaire, des réunions fréquentes autour du concept de défense du nucléaire en Europe. Il est demandé à la Commission européenne d’observer une « stricte neutralité financière entre le nucléaire et les renouvelables ». Concrètement, il s’agit de construire 30 à 45 nouveaux grands réacteurs en Europe et de développer de petits réacteurs modulaires (SMR).
Depuis longtemps, les dirigeants d’EDF ont surfé sur le mythe d’une énergie nucléaire abondante et bon marché, sous-estimant constamment les coûts du nucléaire, dépassant de loin les prévisions officielles. Au final, qui va payer ?
Plus que jamais, il faut dénoncer ce racket économique du pays, doublé du mépris de l’éthique indispensable à l’avenir de l’Humanité.
Les estimations pour la construction des trois premières paires de réacteurs français s’élevaient en 2022 officiellement à 51,7 milliards d’euros, hors coût de financement. Il a suffi d’un an pour qu’elles montent à un total de plus de 60 milliards d’euros. Mais les taux d’intérêt étant à la hausse, qu’en sera-t-il dans 10 ans ? Et les investisseurs privés ne veulent plus financer des développements risqués avec de très longs temps de retour.
Puis, en janvier 2023, il est envisagé de piocher sans vergogne dans l’épargne la plus populaire : « Je suis convaincu que l’épargne populaire (Livret A, Livret de développement durable et solidaire, Livret d’épargne populaire) qui, au total atteint 500 milliards d’euros aujourd’hui, peut davantage encore financer la transformation de notre appareil de production énergétique » déclarait Eric Lombard, patron de la Caisse des dépôts et consignations, devant les parlementaires. C’est bien là un choix éminemment politique qui relève du racket public et social : alors que les fonds du Livret A sont consacrés essentiellement au financement du logement social, il serait pertinent qu’ils viennent aussi soutenir massivement la rénovation des passoires thermiques, ce qui aurait un impact rapide sur les 10,5 % des Français, soit 3 millions de ménages, en situation de précarité énergétique. L’impact économique, sanitaire et aussi environnemental serait bien plus rapide que de choisir une industrie, qui durant les 10 à 15 ans de construction des EPR ne fera que nuire encore plus à l’environnement.
De nombreux consommateurs ayant choisi de quitter EDF pour protester contre l’électronucléaire risquent donc de se retrouver à financer le ‘’nouveau nucléaire’’ via leur épargne. Il ne leur restera plus qu’à vider leurs livrets et investir autrement dans le renouvelable et la rénovation.
Talon d’Achille de la relance nucléaire, son financement devait être finalisé fin 2023 avant d’être repoussé cet été à fin 2024.
Des projets internationaux qui alourdissent la facture
À l’étranger aussi, EDF peine sur le plan financier. Après le fiasco de l’EPR finlandais, la France, via EDF, finance à 66,5% la construction des deux réacteurs de Hinkley Point C en Angleterre. Estimé à 16 milliards de livres sterling en 2016, le budget pourrait finalement atteindre les 32,7 milliards de livres (soit près de 38 milliards d’euros la paire d’EPR), suite à l’inflation et aux retards entraînant des surcoûts – la mise en service prévue pour 2025 ayant été repoussée à 2027. EDF doit donc trouver des fonds, et il n’est pas certain que le partenaire chinois CGNPC (33,5% des investissements) abonde ces nouveaux dépassements. En résumé, EDF s’engage à renflouer encore la construction des deux réacteurs anglais et s’apprête à en financer deux autres à Sizewell. Combien de temps les contribuables français vont ils permettre à leurs dirigeants de gaspiller le budget de la nation pour construire des centrales nucléaires à l’étranger ? Il n’est pas étonnant que, dans leur fuite en avant, les nucléocrates français cherchent à impliquer le maximum de partenaires européens.
Pire, depuis février 2023, la France organise l’Alliance pour le nucléaire, des réunions fréquentes autour du concept de défense du nucléaire en Europe. Il est demandé à la Commission européenne d’observer une « stricte neutralité financière entre le nucléaire et les renouvelables ». Concrètement, il s’agit de construire 30 à 45 nouveaux grands réacteurs en Europe et de développer de petits réacteurs modulaires (SMR).
Depuis longtemps, les dirigeants d’EDF ont surfé sur le mythe d’une énergie nucléaire abondante et bon marché, sous-estimant constamment les coûts du nucléaire, dépassant de loin les prévisions officielles. Au final, qui va payer ?
Plus que jamais, il faut dénoncer ce racket économique du pays, doublé du mépris de l’éthique indispensable à l’avenir de l’Humanité.
Philippe Lambersens et Bernard Cottier
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