En effet, au vu de l’ampleur des dégâts, une installation spécifique a été mise en place en mars 2014 pour pomper, traiter et réinjecter l’eau de la nappe. Mais elle reposait sur un procédé destiné à empêcher les tuyaux de s’entartrer que l’Autorité de sûreté nucléaire avait refusé de valider car il conduisait à réinjecter de l’eau acidifiée dans la nappe. Plutôt que de chercher une solution alternative, Orano Cycle a laissé fonctionner l’installation telle quelle, si bien qu’elle se colmatait en permanence : en plus de 6 ans, elle a fonctionné moins de 200 jours ! La pollution a donc persisté dans la nappe.
Différentes négligences ont également été relevées sur le site lors de cette inspection : un robinet censé être maintenu fermé retrouvé ouvert, avec la possibilité d’une nouvelle pollution de la nappe ; un risque de déversement des substances chimiques présentes dans l’installation vers un cours d’eau voisin...
Si Orano Cycle, pressée par l’Autorité de sûreté nucléaire, a enfin consenti à remettre en état de fonctionnement les installations de dépollution de la nappe, certains problèmes persistaient encore à l’été 2020[3].
Afin que cette entreprise – déjà condamnée pour sa gestion calamiteuse des déchets sur une autre installation de Pierrelatte[4] - soit enfin sanctionnée et que cette pollution soit connue au grand jour, nous déposons plainte pour neuf infractions à la réglementation nucléaire et pour délit de pollution des eaux.
Notes :
[1] Classé parmi les cancérogènes probables, ce solvant se dégrade très lentement. Il est toxique pour le système nerveux et les reins, ainsi que pour les organismes aquatiques.
[2] Classé parmi les cancérogènes, ce solvant est toxique pour le système nerveux.
[3] Comme on l’apprend dans un rapport d’inspection daté d’août 2020, Orano avait minimisé de plusieurs tonnes la quantité de déchets produites par les opérations de détartrage de l’installation ; des bordereaux indiquaient une confusion entre déchets liquides (des effluents acides étant étiquetés comme de l’eau hydrocarburée) ; les opérations de détartrage de l’installation étaient réalisées sur un mode hors assurance qualité ; rien n’était prévu pour les déchets produits par certains équipements ; des déchets nucléaires n’étaient pas étiquetés comme tel…