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Ukraine : Guerre et risques nucléaires

Réfugié·es Ukrainien·nes : des victimes collatérales

Article publié le 24 août 2022



Depuis le début de la guerre en Ukraine, des milliers de citoyen·nes ont fui leur pays pour se réfugier chez des États voisins. En France, Patrick et Catherine, deux militant·es anti-nucléaires, ont proposé à Mylana et sa famille de les accueillir. Écho d’une époque plus douce où la jeune ukrainienne, alors adolescente, se rendait chez eux chaque été grâce à l’association "Enfants de Tchernobyl – Nord-Pas-de-Calais".

© Patrick D.


70 000. C’est le nombre d’Ukrainien·nes enregistré·es en France depuis le début de la guerre. [1]

Parmi ces réfugié·es se trouvent Mylana et sa famille. Pour la jeune femme, rejoindre la France et plus précisément le Nord-Pas-de-Calais n’a rien d’anodin. Chaque été, de ses 10 ans à ses 18 ans, elle était accueillie par Patrick et sa compagne Catherine, anciens bénévoles de l’association "Enfants de Tchernobyl – Nord-Pas-de-Calais". En compagnie d’autres enfants ukrainiens et des petits-enfants des deux militant·es antinucléaires, Mylana a pu profiter de sorties en plein air, d’activités variées, et du potager bio de ses deux hôtes. Un mois ou deux passés loin des terres contaminées par Tchernobyl permettaient à ces enfants de renforcer leur santé. "On essayait de tout mettre de notre côté pour que les enfants soient dans les meilleurs conditions possibles" se souvient Patrick. "On était très heureux, et je pense que les enfants aussi".

Même quand Mylana a atteint la majorité et n’a plus pu participer à ces échanges estivaux, les liens avec ses "grands-parents français" n’ont jamais disparu. Alors, dès qu’ils ont entendu parler de la guerre en Ukraine, les deux nordistes n’ont pas hésité à proposer à Mylana et sa famille de venir se réfugier en France. Un périple loin d’être de tout repos. "On a fait une attestation pour qu’ils puissent passer la frontière polonaise, mais les hommes ont été arrêtés : tout homme valide devait rester pour défendre le pays. Mylana et les autres femmes sont retournées chez elles dans la zone contaminée de Jytonir, à 350 km de la frontière polonaise. Elles voyaient les missiles passer au dessus de leur tête, entendaient les bombardements. Les allers-retours à la cave se faisaient plus nombreux, ça commençait à être risqué... Elles ont décidé de partir." Arrivé·es en France début mars, Mylana, sa mère, sa belle-sœur et son neveu de 3 ans ont finalement été rejoint·es par les hommes début mai. Un faible répit qui n’enlève rien aux horreurs de la guerre. "Quand Mylana est revenue, elle était traumatisée évidemment, mais c’était aussi comme si elle reve nait en vacances. C’est beaucoup plus difficile pour les autres qui suivent en permanence ce qui se passe en Ukraine et voient leur pays complètement dévasté." compatit Patrick.

© Patrick D.

À Beauvais, l’accueil des Ukrainien·nes s’organise. Mylana et sa famille ont pu faire une demande d’Allocation pour Demandeur d’Asile à la préfecture, obtenir un équivalent temporaire à la sécurité sociale et demander le droit de travailler. Des cours de français sont également dispensés par la Croix- Rouge. "Chacun souhaite faire quelque chose à son niveau. Les gens sont sensibilisés au problème ukrainien" décrit Patrick, également ancienne "personne relais" à la CRIIRAD. Dans la commune où il vit, des collectes et un match de foot caritatif ont été organisés. Questionné sur la suite, le militant répond : "le désir de toutes ces personnes c’est de retourner au plus vite dans leur pays. Il n’y a pas un jour où elles ne nous disent pas qu’elles vont partir. On ne sait pas quand, elles-mêmes ne savent pas." L’homme, qui pendant 8 ans a participé aux manifestations "vigie" devant l’OMS, pancarte autour du cou pour dénoncer la catastrophe de Tchernobyl, conclut tristement : "La guerre se terminera de toute façon un jour. On ne sait juste pas comment."

Louiselle Debiez


Notes

[1CQFD n°209, mai 2022

70 000. C’est le nombre d’Ukrainien·nes enregistré·es en France depuis le début de la guerre. [1]

Parmi ces réfugié·es se trouvent Mylana et sa famille. Pour la jeune femme, rejoindre la France et plus précisément le Nord-Pas-de-Calais n’a rien d’anodin. Chaque été, de ses 10 ans à ses 18 ans, elle était accueillie par Patrick et sa compagne Catherine, anciens bénévoles de l’association "Enfants de Tchernobyl – Nord-Pas-de-Calais". En compagnie d’autres enfants ukrainiens et des petits-enfants des deux militant·es antinucléaires, Mylana a pu profiter de sorties en plein air, d’activités variées, et du potager bio de ses deux hôtes. Un mois ou deux passés loin des terres contaminées par Tchernobyl permettaient à ces enfants de renforcer leur santé. "On essayait de tout mettre de notre côté pour que les enfants soient dans les meilleurs conditions possibles" se souvient Patrick. "On était très heureux, et je pense que les enfants aussi".

Même quand Mylana a atteint la majorité et n’a plus pu participer à ces échanges estivaux, les liens avec ses "grands-parents français" n’ont jamais disparu. Alors, dès qu’ils ont entendu parler de la guerre en Ukraine, les deux nordistes n’ont pas hésité à proposer à Mylana et sa famille de venir se réfugier en France. Un périple loin d’être de tout repos. "On a fait une attestation pour qu’ils puissent passer la frontière polonaise, mais les hommes ont été arrêtés : tout homme valide devait rester pour défendre le pays. Mylana et les autres femmes sont retournées chez elles dans la zone contaminée de Jytonir, à 350 km de la frontière polonaise. Elles voyaient les missiles passer au dessus de leur tête, entendaient les bombardements. Les allers-retours à la cave se faisaient plus nombreux, ça commençait à être risqué... Elles ont décidé de partir." Arrivé·es en France début mars, Mylana, sa mère, sa belle-sœur et son neveu de 3 ans ont finalement été rejoint·es par les hommes début mai. Un faible répit qui n’enlève rien aux horreurs de la guerre. "Quand Mylana est revenue, elle était traumatisée évidemment, mais c’était aussi comme si elle reve nait en vacances. C’est beaucoup plus difficile pour les autres qui suivent en permanence ce qui se passe en Ukraine et voient leur pays complètement dévasté." compatit Patrick.

© Patrick D.

À Beauvais, l’accueil des Ukrainien·nes s’organise. Mylana et sa famille ont pu faire une demande d’Allocation pour Demandeur d’Asile à la préfecture, obtenir un équivalent temporaire à la sécurité sociale et demander le droit de travailler. Des cours de français sont également dispensés par la Croix- Rouge. "Chacun souhaite faire quelque chose à son niveau. Les gens sont sensibilisés au problème ukrainien" décrit Patrick, également ancienne "personne relais" à la CRIIRAD. Dans la commune où il vit, des collectes et un match de foot caritatif ont été organisés. Questionné sur la suite, le militant répond : "le désir de toutes ces personnes c’est de retourner au plus vite dans leur pays. Il n’y a pas un jour où elles ne nous disent pas qu’elles vont partir. On ne sait pas quand, elles-mêmes ne savent pas." L’homme, qui pendant 8 ans a participé aux manifestations "vigie" devant l’OMS, pancarte autour du cou pour dénoncer la catastrophe de Tchernobyl, conclut tristement : "La guerre se terminera de toute façon un jour. On ne sait juste pas comment."

Louiselle Debiez



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 Guerre en Ukraine