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Sortir du nucléaire n°87



Automne 2020

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Qui a dit que le nucléaire ne rejetait pas de gaz à effet de serre ?

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°87 - Automne 2020

 Nucléaire et climat


Quand on nous parle de réchauffement climatique, on nous parle gaz à effet de serre et CO2. Or, il existe d’autres gaz à effet de serre, dont le pouvoir réchauffant est bien plus important. Et ces gaz sont couramment utilisés dans l’industrie. Par exemple, en huit mois, la centrale nucléaire de Flamanville (50) a dépassé le maximum autorisé pour toute l’année de fuites de SF6 (Hexafluorure de soufre, utilisé comme isolant)  [1], un des plus puissants gaz à effet de serre.

© Havang (NL)


Un kilo de ce gaz équivaut à 22 800 Kg de CO2 en termes de pouvoir réchauffant  [2]. Pour se faire une idée des niveaux d’émissions individuelles, si vous partez de Paris pour aller voir des amis à Bruxelles, votre trajet (312 km) émettra 2,6 Kg de CO2 si vous le faites en train, 40 Kg de CO2 en voiture  [3].

Le site nucléaire de Flamanville a l’autorisation de laisser fuiter 100 Kg de SF6 par an. Ce qui revient à rejeter chaque année plus de 2,2 millions de Kg de CO2. Multiplié par le nombre de centrales nucléaires, ce sont plus de 41 millions  [4] de Kg de CO2 rejetés chaque année dans l’air en France, rien que par les fuites de ce gaz.

Le SF6 n’est pas le seul gaz à effet de serre rejeté par les centrales nucléaires : les fluides réfrigérants deviennent à une pression normale des gaz dont le pouvoir réchauffant dépasse largement  [5] celui du CO2. La centrale de Belleville-sur-Loire (18) a annoncé en juillet 2020 avoir dépassé le maximum autorisé sur toute l’année pour ces fuites qui sont dues à la conception (toute intervention sur un groupe froid génère automatiquement une fuite de gaz réfrigérant) et au vieillissement du matériel. Une raison de plus pour le groupe Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye et le collectif Loire et Vienne de se mobiliser  [6] !

Malgré son impact avéré sur l’environnement, jusqu’en 2018 EDF ne déclarait pas ces fuites  [7] de SF6 . Et même s’il est dorénavant tenu de le faire, ses explications sont pour le moins laconiques : l’exploitant ne précise ni les causes, ni pourquoi la limite annuelle réglementaire a été dépassée en seulement huit mois.

Rappelons que le site de Flamanville est placé sous surveillance renforcée depuis septembre 2019, les équipements du site étant dans un état de délabrement avancé et les déclarations d’incidents dus à des défauts de maintenance s’étant multipliées. L’IRSN a d’ailleurs qualifié la situation de très préoccupante. Les deux réacteurs, arrêtés en janvier et septembre 2019, devraient redémarrer fin octobre 2020  [8].

En plus de produire des déchets dangereux pour des centaines d’années, les sites nucléaires ont donc non seulement le droit de rejeter des radionucléides dans l’air et dans l’eau en fonctionnement normal, mais aussi le droit de rejeter dans l’atmosphère des substances qui contribuent très largement au réchauffement climatique. Même lorsque EDF respecte les limites, ces rejets polluent notre environnement. Un droit à polluer offert par les pouvoirs publics, sans qu’il ne soit remis en question malgré l’urgence climatique. Alors, qui a dit que le nucléaire ne rejetait pas de gaz à effet de serre ? Les faits le prouvent : le nucléaire ne sauvera pas le climat.

Laure Barthélemy


Notes

[422 800 multiplié par 18 = 41 040 000 de Kg de CO2 minimum émis chaque année par les centrales nucléaires françaises (si les taux autorisés de 100 Kg/an sont respectés)

[5Une fuite 1 kg de réfrigérant de synthèse dans l’atmosphère produit un effet de serre équivalent à celui généré par l’émission de 1 000 à plus de 12 000 kg de CO2

Un kilo de ce gaz équivaut à 22 800 Kg de CO2 en termes de pouvoir réchauffant  [1]. Pour se faire une idée des niveaux d’émissions individuelles, si vous partez de Paris pour aller voir des amis à Bruxelles, votre trajet (312 km) émettra 2,6 Kg de CO2 si vous le faites en train, 40 Kg de CO2 en voiture  [2].

Le site nucléaire de Flamanville a l’autorisation de laisser fuiter 100 Kg de SF6 par an. Ce qui revient à rejeter chaque année plus de 2,2 millions de Kg de CO2. Multiplié par le nombre de centrales nucléaires, ce sont plus de 41 millions  [3] de Kg de CO2 rejetés chaque année dans l’air en France, rien que par les fuites de ce gaz.

Le SF6 n’est pas le seul gaz à effet de serre rejeté par les centrales nucléaires : les fluides réfrigérants deviennent à une pression normale des gaz dont le pouvoir réchauffant dépasse largement  [4] celui du CO2. La centrale de Belleville-sur-Loire (18) a annoncé en juillet 2020 avoir dépassé le maximum autorisé sur toute l’année pour ces fuites qui sont dues à la conception (toute intervention sur un groupe froid génère automatiquement une fuite de gaz réfrigérant) et au vieillissement du matériel. Une raison de plus pour le groupe Sortir du nucléaire Berry-Giennois-Puisaye et le collectif Loire et Vienne de se mobiliser  [5] !

Malgré son impact avéré sur l’environnement, jusqu’en 2018 EDF ne déclarait pas ces fuites  [6] de SF6 . Et même s’il est dorénavant tenu de le faire, ses explications sont pour le moins laconiques : l’exploitant ne précise ni les causes, ni pourquoi la limite annuelle réglementaire a été dépassée en seulement huit mois.

Rappelons que le site de Flamanville est placé sous surveillance renforcée depuis septembre 2019, les équipements du site étant dans un état de délabrement avancé et les déclarations d’incidents dus à des défauts de maintenance s’étant multipliées. L’IRSN a d’ailleurs qualifié la situation de très préoccupante. Les deux réacteurs, arrêtés en janvier et septembre 2019, devraient redémarrer fin octobre 2020  [7].

En plus de produire des déchets dangereux pour des centaines d’années, les sites nucléaires ont donc non seulement le droit de rejeter des radionucléides dans l’air et dans l’eau en fonctionnement normal, mais aussi le droit de rejeter dans l’atmosphère des substances qui contribuent très largement au réchauffement climatique. Même lorsque EDF respecte les limites, ces rejets polluent notre environnement. Un droit à polluer offert par les pouvoirs publics, sans qu’il ne soit remis en question malgré l’urgence climatique. Alors, qui a dit que le nucléaire ne rejetait pas de gaz à effet de serre ? Les faits le prouvent : le nucléaire ne sauvera pas le climat.

Laure Barthélemy



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