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Culture antinucléaire

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Interview du réalisateur de "Nous serons toujours là ! Plogoff 1980"

Publié initialement dans la revue Sortir du nucléaire n°102 le 28 juin 2024, mis en ligne le 30 octobre 2024



Épisode emblématique de la lutte antinucléaire, Plogoff voit son histoire revisitée à travers le film "Nous serons toujours là ! Plogoff 1980". Rencontre avec Nicolas Guillou, son réalisateur.



  • Pourquoi avoir choisi de parler de Plogoff ?

À l’époque de la lutte de Plogoff, j’avais à peu près 12 ans et j’ai été marqué par ce mouvement issu d’une petite commune pas très loin des Côtes-d’Armor d’où je viens. Le nucléaire je ne savais pas trop ce que c’était, on avait très peu d’informations. Et là je voyais des gens qui luttaient pour sauvegarder leur territoire contre une centrale nucléaire. Au-delà de la dangerosité du nucléaire, cette petite commune se mettait en route contre un site industriel qui allait devenir énorme, c’était David contre Goliath. Ça m’a ouvert l’esprit, permis de comprendre ce que c’était que la démocratie. Au moment de choisir mon nouveau film, Plogoff s’est imposée comme une évidence.

  • Comment le projet a-t-il été accueilli sur place ?

Le maire et les habitants ne voulaient plus trop entendre parler des événements de Plogoff. Ça m’a étonné, je ne voyais dans cette lutte que des choses positives : la ruralité qui se met en route, les grands messages sur la démocratie, l’environnement… Mais elle a aussi créé des ruptures au sein des familles, entre ceux qui étaient pour la construction de la centrale, à qui EDF avait proposé des postes, et ceux qui étaient contre. Ils avaient peur que l’on réveille les vieux démons. Petit à petit en expliquant le projet, ils se sont assouplis et ont fini par dire ok. On a pu filmer la mairie et la devanture du café telles qu’elles étaient à l’époque. Certains militants des années 80 ont même participé au tournage. Les associations de collectionneurs ont construit le film avec nous. J’ai l’impression que le film a fait du bien et a permis de dépasser ces cicatrices du passé.

  • Quels retours avez-vous eu après les premières projections ?

Les gens qui sortent du film me disent qu’il apporte un vent de fraîcheur, qu’il y a un côté fraternel, positif, qu’ensemble on peut arriver à défendre nos idées. On a eu des discussions très constructives et très humaines avec des militants antinucléaires. J’ai eu beaucoup de joie à prendre contact avec eux. Plogoff est devenu un symbole au-delà de la Bretagne, qui, aux côtés d’autres mouvements populaires, montre bien les fondamentaux de la démocratie. Dans les médias on ne voit plus que des gens qui se tapent dessus, mais ça laisse de côté tous les échanges et les débats apaisés. Le film montre aussi ce qu’il se passe derrière les barrières, derrière la lutte : la vie des gens.

  • Une victoire antinucléaire comme celle de Plogoff est-elle possible aujourd’hui ?

Oui, il ne faut pas perdre espoir ! La grande difficulté c’est de se fédérer et d’accumuler une force pour se faire entendre. S’il n’y a pas cette force, on n’est pas entendus pas nos dirigeants. Plogoff montre que c’est là où on ne pense pas que l’opposition peut naître que ça fonctionne. C’est le miroir d’une grande force qui a existé et qu’il ne faut pas regarder comme un élément du passé. Quand on porte des luttes aussi importantes on pense bien sûr à nous, mais aussi à l’avenir et à la place de nos enfants. La lutte sert à construire demain.

  • Où peut-on retrouver Nous serons toujours là ! Plogoff 1980 ?

Le film peut se trouver dans les salles de cinéma. Il sera projeté en juin au festival de Porquerolles, qui récompense chaque année des films sur le thème de l’écologie. Puis vous pourrez le retrouver aux Bure’lesques en août, en présence d’un des comédiens. Une tournée sous forme de ciné-débats partout en France est également envisagée.

Propos recueillis par Louiselle Debiez

Vous faites partie d’un groupe antinucléaire et le projet vous intéresse ? Contactez Marie Liger, chargée de la dynamique associative et des mobilisations du Réseau “Sortir du nucléaire” : marie.liger@sortirdunucleaire.fr

  • Pourquoi avoir choisi de parler de Plogoff ?

À l’époque de la lutte de Plogoff, j’avais à peu près 12 ans et j’ai été marqué par ce mouvement issu d’une petite commune pas très loin des Côtes-d’Armor d’où je viens. Le nucléaire je ne savais pas trop ce que c’était, on avait très peu d’informations. Et là je voyais des gens qui luttaient pour sauvegarder leur territoire contre une centrale nucléaire. Au-delà de la dangerosité du nucléaire, cette petite commune se mettait en route contre un site industriel qui allait devenir énorme, c’était David contre Goliath. Ça m’a ouvert l’esprit, permis de comprendre ce que c’était que la démocratie. Au moment de choisir mon nouveau film, Plogoff s’est imposée comme une évidence.

  • Comment le projet a-t-il été accueilli sur place ?

Le maire et les habitants ne voulaient plus trop entendre parler des événements de Plogoff. Ça m’a étonné, je ne voyais dans cette lutte que des choses positives : la ruralité qui se met en route, les grands messages sur la démocratie, l’environnement… Mais elle a aussi créé des ruptures au sein des familles, entre ceux qui étaient pour la construction de la centrale, à qui EDF avait proposé des postes, et ceux qui étaient contre. Ils avaient peur que l’on réveille les vieux démons. Petit à petit en expliquant le projet, ils se sont assouplis et ont fini par dire ok. On a pu filmer la mairie et la devanture du café telles qu’elles étaient à l’époque. Certains militants des années 80 ont même participé au tournage. Les associations de collectionneurs ont construit le film avec nous. J’ai l’impression que le film a fait du bien et a permis de dépasser ces cicatrices du passé.

  • Quels retours avez-vous eu après les premières projections ?

Les gens qui sortent du film me disent qu’il apporte un vent de fraîcheur, qu’il y a un côté fraternel, positif, qu’ensemble on peut arriver à défendre nos idées. On a eu des discussions très constructives et très humaines avec des militants antinucléaires. J’ai eu beaucoup de joie à prendre contact avec eux. Plogoff est devenu un symbole au-delà de la Bretagne, qui, aux côtés d’autres mouvements populaires, montre bien les fondamentaux de la démocratie. Dans les médias on ne voit plus que des gens qui se tapent dessus, mais ça laisse de côté tous les échanges et les débats apaisés. Le film montre aussi ce qu’il se passe derrière les barrières, derrière la lutte : la vie des gens.

  • Une victoire antinucléaire comme celle de Plogoff est-elle possible aujourd’hui ?

Oui, il ne faut pas perdre espoir ! La grande difficulté c’est de se fédérer et d’accumuler une force pour se faire entendre. S’il n’y a pas cette force, on n’est pas entendus pas nos dirigeants. Plogoff montre que c’est là où on ne pense pas que l’opposition peut naître que ça fonctionne. C’est le miroir d’une grande force qui a existé et qu’il ne faut pas regarder comme un élément du passé. Quand on porte des luttes aussi importantes on pense bien sûr à nous, mais aussi à l’avenir et à la place de nos enfants. La lutte sert à construire demain.

  • Où peut-on retrouver Nous serons toujours là ! Plogoff 1980 ?

Le film peut se trouver dans les salles de cinéma. Il sera projeté en juin au festival de Porquerolles, qui récompense chaque année des films sur le thème de l’écologie. Puis vous pourrez le retrouver aux Bure’lesques en août, en présence d’un des comédiens. Une tournée sous forme de ciné-débats partout en France est également envisagée.

Propos recueillis par Louiselle Debiez

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