28 octobre 2021
EDF rattrape in extremis des objets contaminés qui sortaient du site nucléaire de Belleville-sur-Loire (Centre - Val de Loire), pour la seconde fois en quelques mois. Les faits se sont passés le 7 octobre 2021, mais c’est 3 semaines après qu’ils sont communiqués par l’industriel. Un camion benne chargé de déchets conventionnels (non radioactifs) a déclenché les alarmes en sortant du site nucléaire. Ces déchets étaient expédiés vers une déchetterie classique. Mais le déclenchement des portiques de détection de radioactivité a stoppé net le convoi. Renvoyé dans la zone nucléaire du site, des contrôles sont faits sur son chargement. Ô surprise, une palette métallique radioactive était parmi les déchets classiques.
D’où vient cette palette ? Comment se fait-il qu’elle se soit retrouvée au milieu d’un changement de déchets non radioactifs ? Comment se fait-il que se soit seulement à la sortie du site nucléaire que sa radioactivité ait été détectée et pas avant ? Quid des contrôles ? Quid de l’exposition des celles et ceux qui ont été à son contact ? Pas un mot d’explication d’EDF. L’exploitant ne précise pas non plus à quel seuil de détection sont réglés ses portiques. Ni pourquoi, sur les 2 contrôles effectués à la sortie du site, le premier n’a rien détecté.
Dans son communiqué du 28 octobre 2021, l’industriel se veut rassurant : aucune dispersion de radioactivité, tous les autres déchets contenus dans la benne ont été contrôlés. Manifestement, ils ne l’avaient pas été avant. Probablement car ces déchets n’étaient pas censés être contaminés. Mais alors, d’où vient cette radioactivité ? Comment, quand et pourquoi la palette métallique est devenue radioactive ? EDF ne le sait pas. L’industriel ne maîtrise apparemment pas si bien que ça le confinement des radionucléides dans ses installations.
Que se passe-t-il sur les chantiers de Belleville ? Car cet incident, déclaré comme significatif pour l’environnement [1]
, est le second du genre en quelques mois. Les faits datent de cet été mais ils n’ont été communiqués par EDF que tout récemment, le 28 septembre : le 1er juillet, un camion benne a aussi déclenché les alarmes de détection de radioactivité à la sortie du site nucléaire. Au milieu du chargement de déchets conventionnels qui partait pour la déchetterie, se trouvait un pot de peinture qui renfermait un sac de gravats et de poussières radioactives. Heureusement, les poussières ne se sont pas dispersées aux quatre vents. Mais quid de la personne qui les a placé là ? Était-elle informée de la radioactivité de ces gravats ? Était-elle protégée ?
En France il n’y a pas de seuil limite, tout ce qui est radioactif doit être envoyé vers une filière de déchets spécifique. Le but est de ne pas disperser dans l’environnement des particules radioactives, sinon il pourrait se créer des chaînes de contamination invisibles et incontrôlables, et des êtres vivants pourraient être irradiés, surexposés aux rayonnements ionisants sans le savoir. Impossible dès lors de protéger la nature et les populations des radiations.
Ces deux incidents très similaires laissent planer le doute sur la gestion des chantiers et des déchets sur le site nucléaire. Mais aussi sur la protection des personnes. Et sur le confinement de la radioactivité dans l’installation. Si des déchets radioactifs ne sont détectés qu’au moment de sortir du site, c’est bien que personne n’avait identifié avant qu’ils étaient contaminés par des radioéléments. Et comment se fait-il que sur les 2 contrôles effectués à la sortie du site, l’un des 2 n’ait pas détecté cette radioactivité ?
Des lacunes dans les vérifications semblent évidentes, mais les faits pointent aussi une absence de maîtrise du confinement de la radioactivité. Cette maîtrise est pourtant une des pierres angulaires sur laquelle EDF base la protection des personnes et de l’environnement contre les effets délétères de ses centrales nucléaires. Certes, ce coup-ci pas de conséquences réelles pour l’environnement dira l’exploitant, EDF a rattrapé in extremis les objets contaminés qui allaient sortir de son site. Mais l’industriel est-il capable de garder le contrôle des radioéléments et d’éviter qu’il ne se dispersent là où ils ne sont pas censés aller ? EDF maîtrise-t-il vraiment ce qu’il se passe dans ses installations nucléaires ?
Déclenchement du portique de contrôle radiologique de chargement de véhicule en sortie de site
Evénement environnement
Publié le 28/10/2021
Le 7 octobre 2021, la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire s’apprête à évacuer une benne de déchets conventionnels vers la filière de traitement conventionnelle.
Conformément aux procédures, deux contrôles radiologiques sont réalisés afin de valider l’absence de contamination au niveau des déchets évacués avant leur évacuation. Lors du deuxième contrôle, une activité radiologique est détectée. La benne est immédiatement conduite dans la partie nucléaire des installations. Son contenu est trié et contrôlé afin de déterminer la source de cette détection. Il est identifié que la cause de ce déclenchement provient d’une ancienne palette métallique. La recherche de l’origine de l’activité associée à cette palette métallique est en cours. Elle sera ensuite traitée par la filière adaptée.
Cet évènement n’a eu aucun impact réel sur la santé des salariés ni sur l’environnement. Les contrôles réalisés sur la zone concernée n’ont révélé aucune dispersion de la contamination. La benne n’est pas sortie du site.
Le 12 octobre 2021, la direction de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire a déclaré cet évènement auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire, comme événement significatif environnement.
[1] Événements significatifs : incidents ou accidents présentant une importance particulière en matière, notamment, de conséquences réelles ou potentielles sur les travailleurs, le public, les patients ou l’environnement. https://www.asn.fr/Lexique/E/Evenement-significatif
La boutique
Informez vous
