“Les battements du cœur du réacteur”, “l’éveil de l’EPR” : les métaphores de mise en service du réacteur de Flamanville, telle une créature à la Frankenstein, sont de mise depuis ce matin. Pour Yannick Rousselet, consultant en sûreté nucléaire pour Greenpeace France et expert de l’EPR de Flamanville, c’est un faux démarrage ou plutôt un démarrage politique :
« On assiste aujourd’hui à une situation prévisible : EDF fait de la divergence un événement sensationnaliste pour semer la confusion auprès du grand public, alors qu’on est loin d’un démarrage industriel effectif. La divergence de l’EPR de Flamanville n’est qu’un démarrage purement et seulement politique. Personne ne va recevoir dès maintenant de l’électricité provenant de l’EPR. À Civaux, dernier réacteur mis en service en France, il s’est écoulé 4 ans et demi entre l’autorisation de divergence et la mise en service commerciale réelle. EDF veut donner le change, tentant de transformer en réussite ce qui n’est qu’un échec cuisant, industriel comme financier. »
Alors qu’EDF s’enthousiasme d’avoir réussi une étape, l’entreprise passe sous silence de nombreux éléments inquiétants. Le "quoi qu’il en coûte" de la divergence semble prendre le pas : le nouveau couvercle du réacteur est prêt à Chalon-sur-Saône, mais EDF a choisi d’irradier inutilement le couvercle défectueux actuel en le transformant ainsi en un dangereux déchet radioactif venant s’accumuler au gigantesque volume déjà stocké et dont on ne sait comment les gérer. Le fond de cuve subit des problèmes hydrauliques qui ne sont, pour l’heure, pas réglés.
Des détecteurs défectueux, avant même la divergence, ont nécessité une modification dérogatoire des Règles Générales d’Exploitation. EDF met l’accent sur la sûreté de l’EPR pour justifier ses retards. Pour autant, il laisse des problèmes manifestes et sans solution en place pour démarrer la divergence. C’est un contresens pour Marion Rivet, chargée des relations médias au Réseau "Sortir du nucléaire" :
« Nous avons déposé, en juillet, une plainte [1] qui est restée pour le moment sans réponse. Nous avons soulevé des irrégularités concernant des pièces de l’EPR qui ont été constatées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) elle-même. L’absence de réponse de l’ASN à nos questionnements nous fait craindre que la divergence n’irradie des pièces défectueuses, entraînant des risques pour la population. »
Au-delà des pièces défectueuses, de nombreux incidents ont ponctué les essais de démarrage, sans qu’EDF ne communique à ce sujet. Pour André Jacques du CRILAN, c’est une aberration :
« EDF n’a pas pris la peine d’informer la Commission Locale d’Information (CLI) sur le
déroulement des essais comme le prévoit la réglementation. Un manque d’information
qui nous fait craindre un démarrage précipité au détriment des impératifs de sûreté. »
Le démarrage politique depuis cette nuit est à relativiser : le réacteur ne produit aucune électricité. Il va déjà devoir atteindre 25 % de sa puissance maximale avant d’être raccordé au réseau. Les étapes sont donc encore très nombreuses : changement du couvercle, gestion de la cuve défectueuse, raccordement en temps voulu, etc. D’ailleurs, EDF a discrètement annoncé hier que le raccordement n’aura lieu qu’à la fin de l’automne et non comme prévu à la fin de l’été, ce que déclarait pourtant EDF il y a encore quelques jours dans les médias... RTE est même encore plus frileux et table sur une mise en service commerciale pour 2027 [2].
Contacts presse :
- Greenpeace France : Mary Chevallier mary.chevallier@greenpeace.org, 06 14 73 92 29
- Réseau "Sortir du nucléaire" : Marion Rivet marion.rivet@sortirdunucleaire.fr 06 64 66 01 23
- CRILAN : André Jacques contact@crilan.fr 06 08 84 22 22
Lire aussi le communiqué du CRILAN "EPR : une divergence nucléaire politique avant tout"
Image de couverture : Centrale nucléaire de Flamanville en 2023 - JKremona - CC BY-SA 4.0 - image modifiée
“Les battements du cœur du réacteur”, “l’éveil de l’EPR” : les métaphores de mise en service du réacteur de Flamanville, telle une créature à la Frankenstein, sont de mise depuis ce matin. Pour Yannick Rousselet, consultant en sûreté nucléaire pour Greenpeace France et expert de l’EPR de Flamanville, c’est un faux démarrage ou plutôt un démarrage politique :
« On assiste aujourd’hui à une situation prévisible : EDF fait de la divergence un événement sensationnaliste pour semer la confusion auprès du grand public, alors qu’on est loin d’un démarrage industriel effectif. La divergence de l’EPR de Flamanville n’est qu’un démarrage purement et seulement politique. Personne ne va recevoir dès maintenant de l’électricité provenant de l’EPR. À Civaux, dernier réacteur mis en service en France, il s’est écoulé 4 ans et demi entre l’autorisation de divergence et la mise en service commerciale réelle. EDF veut donner le change, tentant de transformer en réussite ce qui n’est qu’un échec cuisant, industriel comme financier. »
Alors qu’EDF s’enthousiasme d’avoir réussi une étape, l’entreprise passe sous silence de nombreux éléments inquiétants. Le "quoi qu’il en coûte" de la divergence semble prendre le pas : le nouveau couvercle du réacteur est prêt à Chalon-sur-Saône, mais EDF a choisi d’irradier inutilement le couvercle défectueux actuel en le transformant ainsi en un dangereux déchet radioactif venant s’accumuler au gigantesque volume déjà stocké et dont on ne sait comment les gérer. Le fond de cuve subit des problèmes hydrauliques qui ne sont, pour l’heure, pas réglés.
Des détecteurs défectueux, avant même la divergence, ont nécessité une modification dérogatoire des Règles Générales d’Exploitation. EDF met l’accent sur la sûreté de l’EPR pour justifier ses retards. Pour autant, il laisse des problèmes manifestes et sans solution en place pour démarrer la divergence. C’est un contresens pour Marion Rivet, chargée des relations médias au Réseau "Sortir du nucléaire" :
« Nous avons déposé, en juillet, une plainte [1] qui est restée pour le moment sans réponse. Nous avons soulevé des irrégularités concernant des pièces de l’EPR qui ont été constatées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) elle-même. L’absence de réponse de l’ASN à nos questionnements nous fait craindre que la divergence n’irradie des pièces défectueuses, entraînant des risques pour la population. »
Au-delà des pièces défectueuses, de nombreux incidents ont ponctué les essais de démarrage, sans qu’EDF ne communique à ce sujet. Pour André Jacques du CRILAN, c’est une aberration :
« EDF n’a pas pris la peine d’informer la Commission Locale d’Information (CLI) sur le
déroulement des essais comme le prévoit la réglementation. Un manque d’information
qui nous fait craindre un démarrage précipité au détriment des impératifs de sûreté. »
Le démarrage politique depuis cette nuit est à relativiser : le réacteur ne produit aucune électricité. Il va déjà devoir atteindre 25 % de sa puissance maximale avant d’être raccordé au réseau. Les étapes sont donc encore très nombreuses : changement du couvercle, gestion de la cuve défectueuse, raccordement en temps voulu, etc. D’ailleurs, EDF a discrètement annoncé hier que le raccordement n’aura lieu qu’à la fin de l’automne et non comme prévu à la fin de l’été, ce que déclarait pourtant EDF il y a encore quelques jours dans les médias... RTE est même encore plus frileux et table sur une mise en service commerciale pour 2027 [2].
Contacts presse :
- Greenpeace France : Mary Chevallier mary.chevallier@greenpeace.org, 06 14 73 92 29
- Réseau "Sortir du nucléaire" : Marion Rivet marion.rivet@sortirdunucleaire.fr 06 64 66 01 23
- CRILAN : André Jacques contact@crilan.fr 06 08 84 22 22
Lire aussi le communiqué du CRILAN "EPR : une divergence nucléaire politique avant tout"