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Crédit photo : Réseau "Sortir du nucléaire"

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Défendre l’agriculture paysanne : une manière de lutter contre Cigéo

Romain Balandier est éleveur paysan en transformation laitière. Installé depuis 2004 dans une ferme de reprise familiale à une cinquantaine de kilomètres de Bure, il a fait le choix de l’agriculture locale et biologique. Militant à la Confédération paysanne, il raconte son engagement pour une agriculture de territoire et contre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo.

Déchets radioactifs Bure - CIGEO

• Comment as-tu rejoint la Confédération paysanne ?

Je suis arrivé à la Confédération paysanne en 2006 par le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne qui porte la notion d’éducation populaire et qui permet de mener des projets de développement local. Ça m’a apporté une ouverture qui m’a fait grandir.
Ce que je recherchais à la Conf c’était un espace de résistance à des injonctions de trajectoires, où pour exister il faut agrandir son exploitation. Je me suis rapidement aperçu qu’il y avait besoin de créer un rapport de force pour mener nos luttes paysannes et de nous ouvrir à d’autres luttes.

• Qu’est-ce qui t’a amené à t’investir dans la lutte contre le projet Cigéo ?

En 1998-99, il y avait déjà des paysans mobilisés contre Cigéo. On a pris leur relais. En 2012, la Conf a été interpellée par des militant·es de Bure. J’ai découvert une autre réalité du territoire. Ça m’a choqué la façon dont on peut imposer ce genre de projet aux habitant·es, aux paysan·nes. On a participé aux 100 000 et 200 000 pas à Bure [1], puis assez rapidement est venu l’occupation du Bois Lejuc [2]. Mais il y a eu peu de participation paysanne pendant celle-ci.
Cette lutte à Bure m’a énormément apporté dans ma façon de vivre et de penser la résistance collective.

• En quoi défendre le monde paysan signifie aussi lutter contre le projet Cigéo ?

L’agriculture telle que je veux la vivre est une agriculture de territoire, qui respecte son environnement naturel et social. Dans ce que j’observe à Bure aujourd’hui, il n’y a aucun projet de territoire, hormis celui d’une poubelle nucléaire. Avant le projet Cigéo, Bure était un territoire de polyculture-élevage [3], qui est un monde dur et très exigeant, et qui nécessite des pâtures autour des bâtiments. L’Andra, porteur du projet Cigéo et misant sur les difficultés de ce modèle d’élevage, a proposé des champs aux agriculteur·ices pour s’installer et cultiver des céréales, ce qui a accompagné la disparition de l’exploitation de polyculture-élevage.
L’agriculture paysanne est un projet de territoire, elle entretient un lien fort avec le sol. Cigéo est antinomique de ce lien car avec lui le territoire perd sa vocation nourricière. Défendre l’agriculture paysanne c’est défendre cet attachement à la terre nourricière, et ne pas faire de concession sur d’autres façons de se servir de cette terre.

• Un dernier mot ?

Le sujet de l’accaparement des terres, de l’extractivisme et de l’accaparement des ressources me parle beaucoup, y compris sur le sujet de l’uranium, car des camarades paysan·nes à l’étranger subissent aussi le joug de l’industrie nucléaire dans leurs pays, avec des expulsions de leurs terres et des changements de leur environnement. Nos luttes ne sont pas que locales ou même nationales, elle sont vraiment universelles.

• Propos recueillis par Mathilde Damecour, chargée de campagne


Notes

[1Le 7 juin 2015 puis le 5 juin 2016, plusieurs associations opposées au projet de stockage de déchets nucléaires à Bure ont organisé une randonnée et une chaîne humaine autour du "laboratoire" de l’Andra.

[2À l’été 2016 des opposant·es au projet Cigéo ont investi le bois Lejuc, épicentre de la lutte contre la poubelle nucléaire de l’Andra, en y construisant palissades et habitations. En février 2018 les occupant·es ont été expulsé·es par les forces de l’ordre.

[3Culture de plusieurs espèces végétales et animales dans une même exploitation agricole.

• Comment as-tu rejoint la Confédération paysanne ?

Je suis arrivé à la Confédération paysanne en 2006 par le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne qui porte la notion d’éducation populaire et qui permet de mener des projets de développement local. Ça m’a apporté une ouverture qui m’a fait grandir.
Ce que je recherchais à la Conf c’était un espace de résistance à des injonctions de trajectoires, où pour exister il faut agrandir son exploitation. Je me suis rapidement aperçu qu’il y avait besoin de créer un rapport de force pour mener nos luttes paysannes et de nous ouvrir à d’autres luttes.

• Qu’est-ce qui t’a amené à t’investir dans la lutte contre le projet Cigéo ?

En 1998-99, il y avait déjà des paysans mobilisés contre Cigéo. On a pris leur relais. En 2012, la Conf a été interpellée par des militant·es de Bure. J’ai découvert une autre réalité du territoire. Ça m’a choqué la façon dont on peut imposer ce genre de projet aux habitant·es, aux paysan·nes. On a participé aux 100 000 et 200 000 pas à Bure [1], puis assez rapidement est venu l’occupation du Bois Lejuc [2]. Mais il y a eu peu de participation paysanne pendant celle-ci.
Cette lutte à Bure m’a énormément apporté dans ma façon de vivre et de penser la résistance collective.

• En quoi défendre le monde paysan signifie aussi lutter contre le projet Cigéo ?

L’agriculture telle que je veux la vivre est une agriculture de territoire, qui respecte son environnement naturel et social. Dans ce que j’observe à Bure aujourd’hui, il n’y a aucun projet de territoire, hormis celui d’une poubelle nucléaire. Avant le projet Cigéo, Bure était un territoire de polyculture-élevage [3], qui est un monde dur et très exigeant, et qui nécessite des pâtures autour des bâtiments. L’Andra, porteur du projet Cigéo et misant sur les difficultés de ce modèle d’élevage, a proposé des champs aux agriculteur·ices pour s’installer et cultiver des céréales, ce qui a accompagné la disparition de l’exploitation de polyculture-élevage.
L’agriculture paysanne est un projet de territoire, elle entretient un lien fort avec le sol. Cigéo est antinomique de ce lien car avec lui le territoire perd sa vocation nourricière. Défendre l’agriculture paysanne c’est défendre cet attachement à la terre nourricière, et ne pas faire de concession sur d’autres façons de se servir de cette terre.

• Un dernier mot ?

Le sujet de l’accaparement des terres, de l’extractivisme et de l’accaparement des ressources me parle beaucoup, y compris sur le sujet de l’uranium, car des camarades paysan·nes à l’étranger subissent aussi le joug de l’industrie nucléaire dans leurs pays, avec des expulsions de leurs terres et des changements de leur environnement. Nos luttes ne sont pas que locales ou même nationales, elle sont vraiment universelles.

• Propos recueillis par Mathilde Damecour, chargée de campagne



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