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Les déroutes du nucléaire français

Article publié le 20 octobre 2010



S’il on en croit les déclarations des dirigeants d’EDF et d’Areva, de la quasi-totalité du personnel politique, et de la plupart des éditorialistes, la France est "à la pointe" de la technologie nucléaire et peut s’enorgueillir d’une telle compétence dont le pays tire les bénéfices sur le plan économique et même écologique. La réalité est bien différente :



  • 54 des 58 réacteurs nucléaires "français" sont en réalité… américains (sous licence Westinghouse)
  • les réacteurs purement français, des "graphite-gaz" à Superphénix et à l’EPR, sont de véritables flops
  • la France paye à une société étrangère la technologie d’enrichissement de l’uranium
  • le nucléaire est incapable d’assurer à la France son indépendance énergétique
  • la politique du chauffage électrique entraîne de fortes importations d’électricité produite par des centrales au charbon… en Allemagne

Voici l’explication de ces données qui contredisent totalement les idées reçues (et fausses) savamment entretenues dans l’opinion publiques française :

  • 54 des 58 réacteurs nucléaires "français" sont en réalité… américains (sous licence Westinghouse) En 1973/1974, sans consulter la population française ni même le parlement, le Premier ministre Pierre Messmer puis le Président Valery Giscard d’Estaing décident de la construction d’un gigantesque parc nucléaire en France. La technologie "graphite gaz", utilisée pour la dizaine de réacteurs déjà construits, est abandonnée au profit des réacteurs à eau pressurisée. Ce sont des réacteurs sous licence américaine Westinghouse qui sont choisis [1]. Résultat : aujourd’hui encore, 54 de nos 58 réacteurs sont américains. Voilà déjà de quoi écorner sérieusement le mythe du nucléaire français "triomphant"…
  • les réacteurs purement français, des "graphite-gaz" à Superphénix et à l’EPR, sont de véritables flops

* Nous venons de le voir, la technologie des réacteurs "graphite-gaz", développée par le CEA et exploitée dans un premier temps par EDF, a été abandonnée. Premier grave échec pour les réacteurs français. * Seuls les quatre plus récents réacteurs sont réellement français : deux ont été construits à Civaux (Vienne) et deux à Chooz (Ardenne) et mis en service à la fin des années 90. Mais, après à peine quelques semaines de fonctionnement, un de ces réacteurs, à Civaux, connaît une très grave avarie en mai 1998 : il faudra plusieurs jours de tâtonnements pour que les "responsables" parviennent à reprendre le contrôle du réacteur et à le mettre à l’arrêt. Dans le même temps, les trois autres réacteurs sont arrêtés en urgence pour éviter un accident identique. Des réparations et modifications ont depuis été apportées, mais il est clair que le "génie" nucléaire français a encore frappé…

* Autre "fleuron" de la technologie nucléaire française : le surgénérateur Superphénix, qui a englouti 10 milliards d’euros en pure perte : en dix ans de "fonctionnement", ce réacteur a collectionné les pannes plus ou moins graves, certaines entraînant l’arrêt du réacteur pendant près de deux ans ! * Enfin, le dernier avatar du nucléaire hexagonal, l’EPR. Un premier exemplaire a été vendu (à prix cassé) à la Finlande, mais le chantier compte à ce jour 2 ans de retards et près de 2 milliards d’euros de pertes qui vont être couverts… par la France. La construction d’un second exemplaire a commencé en décembre 2007 à Flamanville (Manche) mais, là aussi, le chantier connaît des problèmes graves qui ont contraint l’Autorité de sûreté à le stopper pendant plusieurs semaines. A suivre…

  • la France paye à une société étrangère la technologie d’enrichissement de l’uranium

L’enrichissement de l’uranium est à la Une de l’actualité avec l’Iran qui installe des centrifugeuses capables de produire du combustible pour centrales nucléaires… mais aussi de l’uranium enrichi permettant de faire des bombes atomiques. Hé bien sachez que la France, prétendument "numéro un mondial du nucléaire", est incapable d’enrichir elle-même l’uranium. En effet, la nouvelle usine d’enrichissement, baptisée Georges Besse II, actuellement en construction à Tricastin (Drôme), va utiliser des centrifugeuses… payées à une société Nérlando-Britannique, Urenco. Il a fallu un accord international, et il a même fallu attendre de longs mois la signature de la Reine des Pays-Bas, pour que la France soit enfin autorisée… à payer pour utiliser la technologie Urenco, sans pour autant accéder à cette technologie qui restera cachée aux français par des procédures appropriées. Une véritable humiliation. Notons toutefois que la France sait enrichir l’uranium… mais avec une technologie archaïque, utilisée dans l’usine actuelle, dite Georges Besse (ou Eurodif) : il s’agit de la "diffusion gazeuse", technologie qui consomme 50 fois plus d’électricité que l’utilisation de centrifugeuses. Cela explique un autre record de ridicule dû à la "maestria" nucléaire française : la production des 4 réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin est presque entièrement engloutie par l’usine Eurodif !

  • le nucléaire est incapable d’assurer à la France son indépendance énergétique

Il est souvent dit que le nucléaire protège la France de la montée du prix de l’énergie. Or, l’actualité montre depuis des années que la France est, comme ses voisins, frappée de plein fouet par la montée du prix de l’énergie. Et, effectivement, notre facture énergétique était de 60 milliards en 2008, après avoir monté de 24% en 2004, 35% en 2005 et 19% en 2006. C’est-à-dire respectivement +5,6 milliards d’euros en 2004, +10,6 milliards en 2005, et +7,2 milliards en 2006.

Le ministère de l’Economie avoue : "La facture payée en 2006 pour un approvisionnement énergétique d’origine étrangère est le double de celle de 2003. Sans elle, le commerce extérieur de la France aurait été excédentaire de 15 milliards d’euros. Avec elle, il est déficitaire de 30". Mais aussi : "Avec 58,7 milliards d’euros, la facture énergétique de la France s’envole en 2008. Elle s’aggrave de plus de 13 milliards (+ 29,4 %). Elle dépasse ainsi le record établi en 1981, après le second choc pétrolier" [2]

Il est donc clair que le nucléaire ne protège aucunement de l’envolée du prix de l’énergie. L’explication est simple : même poussé à son maximum comme en France (dont 80% de l’électricité est nucléaire), l’atome ne couvre finalement qu’une faible part de la consommation totale d’énergie : 17% de la consommation française d’énergie. Faites la différence : 83% de l’énergie consommée en France ne proviennent pas du nucléaire lequel, finalement, ne change pas grand-chose… à part apporter des problèmes supplémentaires (risques, déchets radioactifs, etc)

  • la politique du chauffage électrique entraîne de fortes importations d’électricité produite par des centrales au charbon… en Allemagne

Il est de bon ton en France de railler le plan de sortie du nucléaire en cours en Allemagne. Qui n’a pas entendu dire que "L’Allemagne sort du nucléaire… en achetant l’électricité nucléaire française". Or, c’est parfaitement faux : depuis 5 années consécutives, c’est l’Allemagne qui est exportatrice nette d’électricité vers la France : 8,7 TWh en 2004, puis 9,7 TWh en 2005, encore 5,6 TWh en 2006, 9,3 Twh en 2007, et 12,6 Twh en 2008 : c’est plus de la production annuelle de deux réacteurs nucléaires que la France importe annuellement depuis l’Allemagne.

L’explication est simple : pour "justifier" le nucléaire, des millions de chauffages électriques ont été installés en France sous la pression d’EDF et de l’Etat. Du coup, dès qu’il fait un peu froid, la consommation est telle qu’il faut importer massivement de l’électricité, principalement d’Allemagne où elle est produite par des centrales au charbon. Les énormes émissions de CO2 générées à cette occasion devraient donc être comptabilisées à la France (et non à l’Allemagne), et même au nucléaire français, qui est la vraie cause de ces énormes consommations.


Notes

[1Pour la petite histoire : les droits d’utilisation des réacteurs Westinghouse pour la France sont alors détenus par le groupe Schneider, qui fait dont à cette occasion une gigantesques opération financière. Il se trouve que la propre épouse de M Giscard d’Estaing est membre de la famille Schneider. C’est certainement la plus incroyable prise illégale d’intérêt de l’histoire de France. Curieusement, personne n’en parle jamais…

  • 54 des 58 réacteurs nucléaires "français" sont en réalité… américains (sous licence Westinghouse)
  • les réacteurs purement français, des "graphite-gaz" à Superphénix et à l’EPR, sont de véritables flops
  • la France paye à une société étrangère la technologie d’enrichissement de l’uranium
  • le nucléaire est incapable d’assurer à la France son indépendance énergétique
  • la politique du chauffage électrique entraîne de fortes importations d’électricité produite par des centrales au charbon… en Allemagne

Voici l’explication de ces données qui contredisent totalement les idées reçues (et fausses) savamment entretenues dans l’opinion publiques française :

  • 54 des 58 réacteurs nucléaires "français" sont en réalité… américains (sous licence Westinghouse) En 1973/1974, sans consulter la population française ni même le parlement, le Premier ministre Pierre Messmer puis le Président Valery Giscard d’Estaing décident de la construction d’un gigantesque parc nucléaire en France. La technologie "graphite gaz", utilisée pour la dizaine de réacteurs déjà construits, est abandonnée au profit des réacteurs à eau pressurisée. Ce sont des réacteurs sous licence américaine Westinghouse qui sont choisis [1]. Résultat : aujourd’hui encore, 54 de nos 58 réacteurs sont américains. Voilà déjà de quoi écorner sérieusement le mythe du nucléaire français "triomphant"…
  • les réacteurs purement français, des "graphite-gaz" à Superphénix et à l’EPR, sont de véritables flops

* Nous venons de le voir, la technologie des réacteurs "graphite-gaz", développée par le CEA et exploitée dans un premier temps par EDF, a été abandonnée. Premier grave échec pour les réacteurs français. * Seuls les quatre plus récents réacteurs sont réellement français : deux ont été construits à Civaux (Vienne) et deux à Chooz (Ardenne) et mis en service à la fin des années 90. Mais, après à peine quelques semaines de fonctionnement, un de ces réacteurs, à Civaux, connaît une très grave avarie en mai 1998 : il faudra plusieurs jours de tâtonnements pour que les "responsables" parviennent à reprendre le contrôle du réacteur et à le mettre à l’arrêt. Dans le même temps, les trois autres réacteurs sont arrêtés en urgence pour éviter un accident identique. Des réparations et modifications ont depuis été apportées, mais il est clair que le "génie" nucléaire français a encore frappé…

* Autre "fleuron" de la technologie nucléaire française : le surgénérateur Superphénix, qui a englouti 10 milliards d’euros en pure perte : en dix ans de "fonctionnement", ce réacteur a collectionné les pannes plus ou moins graves, certaines entraînant l’arrêt du réacteur pendant près de deux ans ! * Enfin, le dernier avatar du nucléaire hexagonal, l’EPR. Un premier exemplaire a été vendu (à prix cassé) à la Finlande, mais le chantier compte à ce jour 2 ans de retards et près de 2 milliards d’euros de pertes qui vont être couverts… par la France. La construction d’un second exemplaire a commencé en décembre 2007 à Flamanville (Manche) mais, là aussi, le chantier connaît des problèmes graves qui ont contraint l’Autorité de sûreté à le stopper pendant plusieurs semaines. A suivre…

  • la France paye à une société étrangère la technologie d’enrichissement de l’uranium

L’enrichissement de l’uranium est à la Une de l’actualité avec l’Iran qui installe des centrifugeuses capables de produire du combustible pour centrales nucléaires… mais aussi de l’uranium enrichi permettant de faire des bombes atomiques. Hé bien sachez que la France, prétendument "numéro un mondial du nucléaire", est incapable d’enrichir elle-même l’uranium. En effet, la nouvelle usine d’enrichissement, baptisée Georges Besse II, actuellement en construction à Tricastin (Drôme), va utiliser des centrifugeuses… payées à une société Nérlando-Britannique, Urenco. Il a fallu un accord international, et il a même fallu attendre de longs mois la signature de la Reine des Pays-Bas, pour que la France soit enfin autorisée… à payer pour utiliser la technologie Urenco, sans pour autant accéder à cette technologie qui restera cachée aux français par des procédures appropriées. Une véritable humiliation. Notons toutefois que la France sait enrichir l’uranium… mais avec une technologie archaïque, utilisée dans l’usine actuelle, dite Georges Besse (ou Eurodif) : il s’agit de la "diffusion gazeuse", technologie qui consomme 50 fois plus d’électricité que l’utilisation de centrifugeuses. Cela explique un autre record de ridicule dû à la "maestria" nucléaire française : la production des 4 réacteurs de la centrale nucléaire du Tricastin est presque entièrement engloutie par l’usine Eurodif !

  • le nucléaire est incapable d’assurer à la France son indépendance énergétique

Il est souvent dit que le nucléaire protège la France de la montée du prix de l’énergie. Or, l’actualité montre depuis des années que la France est, comme ses voisins, frappée de plein fouet par la montée du prix de l’énergie. Et, effectivement, notre facture énergétique était de 60 milliards en 2008, après avoir monté de 24% en 2004, 35% en 2005 et 19% en 2006. C’est-à-dire respectivement +5,6 milliards d’euros en 2004, +10,6 milliards en 2005, et +7,2 milliards en 2006.

Le ministère de l’Economie avoue : "La facture payée en 2006 pour un approvisionnement énergétique d’origine étrangère est le double de celle de 2003. Sans elle, le commerce extérieur de la France aurait été excédentaire de 15 milliards d’euros. Avec elle, il est déficitaire de 30". Mais aussi : "Avec 58,7 milliards d’euros, la facture énergétique de la France s’envole en 2008. Elle s’aggrave de plus de 13 milliards (+ 29,4 %). Elle dépasse ainsi le record établi en 1981, après le second choc pétrolier" [2]

Il est donc clair que le nucléaire ne protège aucunement de l’envolée du prix de l’énergie. L’explication est simple : même poussé à son maximum comme en France (dont 80% de l’électricité est nucléaire), l’atome ne couvre finalement qu’une faible part de la consommation totale d’énergie : 17% de la consommation française d’énergie. Faites la différence : 83% de l’énergie consommée en France ne proviennent pas du nucléaire lequel, finalement, ne change pas grand-chose… à part apporter des problèmes supplémentaires (risques, déchets radioactifs, etc)

  • la politique du chauffage électrique entraîne de fortes importations d’électricité produite par des centrales au charbon… en Allemagne

Il est de bon ton en France de railler le plan de sortie du nucléaire en cours en Allemagne. Qui n’a pas entendu dire que "L’Allemagne sort du nucléaire… en achetant l’électricité nucléaire française". Or, c’est parfaitement faux : depuis 5 années consécutives, c’est l’Allemagne qui est exportatrice nette d’électricité vers la France : 8,7 TWh en 2004, puis 9,7 TWh en 2005, encore 5,6 TWh en 2006, 9,3 Twh en 2007, et 12,6 Twh en 2008 : c’est plus de la production annuelle de deux réacteurs nucléaires que la France importe annuellement depuis l’Allemagne.

L’explication est simple : pour "justifier" le nucléaire, des millions de chauffages électriques ont été installés en France sous la pression d’EDF et de l’Etat. Du coup, dès qu’il fait un peu froid, la consommation est telle qu’il faut importer massivement de l’électricité, principalement d’Allemagne où elle est produite par des centrales au charbon. Les énormes émissions de CO2 générées à cette occasion devraient donc être comptabilisées à la France (et non à l’Allemagne), et même au nucléaire français, qui est la vraie cause de ces énormes consommations.