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18 juillet : redémarrage d’un second réacteur au Japon

Article publié le 18 juillet 2012



Soutien au peuple japonais insulté par la décision de son gouvernement de redémarrer un ­deuxième réacteur malgré la grande manifestation antinucléaire qui a rassemblé 170 000 personnes deux jours plus tôt.



Lundi 16 Juillet, profitant d’un jour férié, c’est plus de 170 000 personnes venues pour l’occasion des 4 îles de l’archipel qui se sont donné rendez vous à Tokyo au parc Yoyogi, répondant à l’appel de la coordination Saroyana « Adieu l’énergie nucléaire ». Le mouvement antinucléaire japonais continue à prendre de l’ampleur, malgré les déclarations mensongères du gouvernement – et derrière lui du lobby industriel - qui sont relayées par les médias.

En effet, sous couvert de neutralité, la presse dans sa majorité continue de soutenir l’industrie du nucléaire, en soulignant la prétendue menace que ferait porter une sortie de cette énergie sur l’économie japonaise. Ainsi Mastutaro Shôriki, l’ancien patron du principal quotidien japonais Yomiuri Shinbun fut aussi l’un des principaux artisans du nucléaire civil [1] . Autour de Fukushima la presse régionale refuse de mener des enquêtes sur la situation sanitaire liée à la catastrophe.

Des journalistes indépendants qui devraient pouvoir travailler sereinement sans craindre une censure de la part de leur hiérarchie, sont soumis à des pressions externes. Dans une publication du 11 juillet dernier [2] Reporters sans frontière « condamne fermement le harcèlement judiciaire dont est victime, depuis mai 2012, le journaliste freelance Minoru Tanaka ». Celui ci est poursuivi en diffamation par le patron d’une entreprise de systèmes de sécurité pour centrales nucléaires et se retrouve menacé d’asphyxie financière suite à la parution d’un article titrant « Il prend sa part du gâteau nucléaire-TEPCO »

Mais, malgré ces tentatives de représailles à l’encontre de toute une profession, le bloc de désinformation se fissure. A l’image du 3e quotidien du pays : Mainichi Shinbun, plusieurs médias nationaux sont décidés à informer leur lectorat sur la réalité de la situation sanitaire. Ils dénoncent les collusions entre les grands groupes du nucléaire et le monde politique.

Alors que le 5 mai 2012 le japon arrêtait totalement l’ensemble de ses 54 réacteurs, le 1er juillet soit moins de 2 mois plus tard, la compagnie Kansai Electricity Power (KEPCO), avec l’accord des autorités locales et gouvernementales, réactive le réacteur numéro 3 de sa centrale d’Ohi. La pétition appelant à l’abandon du nucléaire ayant récolté plus de 7 millions de signatures et le blocage du site par des centaines de personnes n’a pas permis d’empêcher ce redémarrage [3].

L’argument des autorités pour justifier ce redémarrage ? Une possible pénurie d’électricité à cause du recours à la climatisation durant l’été. En réalité, le spectre de la pénurie est largement galvaudé [4] ; elles redoutent surtout de voir le pays s’affranchir définitivement de l’énergie nucléaire.

16 mois après l’accident de Fukushima, le mouvement japonais de contestation de l’atome ne cesse de prendre de l’ampleur après de longues années de sommeil. Les manifestations se succèdent et grossissent : 10 000 personnes au printemps 2011, 60 000 en septembre et 170 000 à présent.

Les manifestants présents le 16 juillet avouent ne pas comprendre cette décision de redémarrage qu’ils perçoivent comme une insulte. Ici, de nombreuses personnes manifestent pour la première fois comme Hokino, 35 ans et institutrice dans la région de Tokyo « Jusqu’à l’accident de Fushima j’étais plutôt favorable à l’énergie nucléaire. En fait, je ne me posais pas la question, c’était comme ça. Et puis, petit à petit, après le désastre, je me suis rendu compte que le gouvernement nous a menti sans arrêt et qu’il n’a pas organisé correctement les évacuations des zones irradiées. On ne peut plus leur faire confiance. » ou Hitoshi, employé dans une maison d’édition qui s’inquiète pour son fils de 8 ans « J’ai eu très peur. Jusque-là je pensais que le nucléaire était sûr. Mais j’ai compris que le gouvernement travaille pour le lobby nucléaire, pas pour le peuple. »

Au sein de la foule plusieurs personnalités engagées pour la sortie du nucléaire sont présentes. Parmi elles, Oé Kenzaburo, le prix Nobel de littérature en 1994 et porte voix du mouvement monte à la tribune [5] :

« Depuis le début de l’année, nous avons récolté plus de sept millions de signatures contre la reprise des centrales. Fin juin, je suis allé la porter au cabinet du Premier ministre. Pourtant, dès le lendemain, il a décidé le redémarrage de Ohi. Il n’écoute pas le peuple. Il l’insulte. Nous vivons dans le mépris. Nous devons faire tomber les mauvais objectifs du gouvernement et nous pouvons y arriver. Je crois que nous pouvons vivre sans la menace et les insultes de la politique nucléaire. Battons-nous. »

Le Réseau « Sortir du nucléaire » manifeste son soutien au mouvement antinucléaire et au peuple japonais face à la décision honteuse de son gouvernement de redémarrer aujourd’hui un second réacteur nucléaire, le numéro 4 de la centrale de Ohi. Il s’agit d’un acte irresponsable alors même que la population aux alentours de Fukushima doit toujours affronter les effets aveugles de la catastrophe. Les Japonais ont souvent été décrits comme allergiques au nucléaire mais s’y étaient résignés sous les coups de la propagande orchestrée par les lobbys.

À présent ils se demandent : Pourquoi devons-nous exposer nos vies à un tel risque juste pour de l’électricité ?

Lundi 16 Juillet, profitant d’un jour férié, c’est plus de 170 000 personnes venues pour l’occasion des 4 îles de l’archipel qui se sont donné rendez vous à Tokyo au parc Yoyogi, répondant à l’appel de la coordination Saroyana « Adieu l’énergie nucléaire ». Le mouvement antinucléaire japonais continue à prendre de l’ampleur, malgré les déclarations mensongères du gouvernement – et derrière lui du lobby industriel - qui sont relayées par les médias.

En effet, sous couvert de neutralité, la presse dans sa majorité continue de soutenir l’industrie du nucléaire, en soulignant la prétendue menace que ferait porter une sortie de cette énergie sur l’économie japonaise. Ainsi Mastutaro Shôriki, l’ancien patron du principal quotidien japonais Yomiuri Shinbun fut aussi l’un des principaux artisans du nucléaire civil [1] . Autour de Fukushima la presse régionale refuse de mener des enquêtes sur la situation sanitaire liée à la catastrophe.

Des journalistes indépendants qui devraient pouvoir travailler sereinement sans craindre une censure de la part de leur hiérarchie, sont soumis à des pressions externes. Dans une publication du 11 juillet dernier [2] Reporters sans frontière « condamne fermement le harcèlement judiciaire dont est victime, depuis mai 2012, le journaliste freelance Minoru Tanaka ». Celui ci est poursuivi en diffamation par le patron d’une entreprise de systèmes de sécurité pour centrales nucléaires et se retrouve menacé d’asphyxie financière suite à la parution d’un article titrant « Il prend sa part du gâteau nucléaire-TEPCO »

Mais, malgré ces tentatives de représailles à l’encontre de toute une profession, le bloc de désinformation se fissure. A l’image du 3e quotidien du pays : Mainichi Shinbun, plusieurs médias nationaux sont décidés à informer leur lectorat sur la réalité de la situation sanitaire. Ils dénoncent les collusions entre les grands groupes du nucléaire et le monde politique.

Alors que le 5 mai 2012 le japon arrêtait totalement l’ensemble de ses 54 réacteurs, le 1er juillet soit moins de 2 mois plus tard, la compagnie Kansai Electricity Power (KEPCO), avec l’accord des autorités locales et gouvernementales, réactive le réacteur numéro 3 de sa centrale d’Ohi. La pétition appelant à l’abandon du nucléaire ayant récolté plus de 7 millions de signatures et le blocage du site par des centaines de personnes n’a pas permis d’empêcher ce redémarrage [3].

L’argument des autorités pour justifier ce redémarrage ? Une possible pénurie d’électricité à cause du recours à la climatisation durant l’été. En réalité, le spectre de la pénurie est largement galvaudé [4] ; elles redoutent surtout de voir le pays s’affranchir définitivement de l’énergie nucléaire.

16 mois après l’accident de Fukushima, le mouvement japonais de contestation de l’atome ne cesse de prendre de l’ampleur après de longues années de sommeil. Les manifestations se succèdent et grossissent : 10 000 personnes au printemps 2011, 60 000 en septembre et 170 000 à présent.

Les manifestants présents le 16 juillet avouent ne pas comprendre cette décision de redémarrage qu’ils perçoivent comme une insulte. Ici, de nombreuses personnes manifestent pour la première fois comme Hokino, 35 ans et institutrice dans la région de Tokyo « Jusqu’à l’accident de Fushima j’étais plutôt favorable à l’énergie nucléaire. En fait, je ne me posais pas la question, c’était comme ça. Et puis, petit à petit, après le désastre, je me suis rendu compte que le gouvernement nous a menti sans arrêt et qu’il n’a pas organisé correctement les évacuations des zones irradiées. On ne peut plus leur faire confiance. » ou Hitoshi, employé dans une maison d’édition qui s’inquiète pour son fils de 8 ans « J’ai eu très peur. Jusque-là je pensais que le nucléaire était sûr. Mais j’ai compris que le gouvernement travaille pour le lobby nucléaire, pas pour le peuple. »

Au sein de la foule plusieurs personnalités engagées pour la sortie du nucléaire sont présentes. Parmi elles, Oé Kenzaburo, le prix Nobel de littérature en 1994 et porte voix du mouvement monte à la tribune [5] :

« Depuis le début de l’année, nous avons récolté plus de sept millions de signatures contre la reprise des centrales. Fin juin, je suis allé la porter au cabinet du Premier ministre. Pourtant, dès le lendemain, il a décidé le redémarrage de Ohi. Il n’écoute pas le peuple. Il l’insulte. Nous vivons dans le mépris. Nous devons faire tomber les mauvais objectifs du gouvernement et nous pouvons y arriver. Je crois que nous pouvons vivre sans la menace et les insultes de la politique nucléaire. Battons-nous. »

Le Réseau « Sortir du nucléaire » manifeste son soutien au mouvement antinucléaire et au peuple japonais face à la décision honteuse de son gouvernement de redémarrer aujourd’hui un second réacteur nucléaire, le numéro 4 de la centrale de Ohi. Il s’agit d’un acte irresponsable alors même que la population aux alentours de Fukushima doit toujours affronter les effets aveugles de la catastrophe. Les Japonais ont souvent été décrits comme allergiques au nucléaire mais s’y étaient résignés sous les coups de la propagande orchestrée par les lobbys.

À présent ils se demandent : Pourquoi devons-nous exposer nos vies à un tel risque juste pour de l’électricité ?