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Des accidents nucléaires partout

France : Chinon : Incendie à la centrale, 2 réacteurs arrêtés en urgence

Plan d’urgence interne déclenché, 3 réacteurs sur 4 sont à l’arrêt




10 février 2024


Samedi 10 février 2024, en pleine nuit, le transformateur électrique du réacteur 3 de la centrale nucléaire de Chinon (Indre et Loire) a pris feu. La coupure électrique a provoqué un arrêt d’urgence du réacteur 3. Le réacteur 4 a aussi été arrêté car plusieurs systèmes sont communs aux deux réacteurs. EDF a déclenché le plan d’urgence interne, fait intervenir les secours et prévenu les autorités.


Crédit photo : André Paris

Les raisons de l’incendie du transformateur électrique principal du réacteur 3 sont inconnues. Nulle explication n’est avancée dans le communiqué d’EDF, pas plus dans les informations transmises par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ou l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Le feu a été éteint dans la matinée et le plan d’urgence interne a été levé, avec l’accord de l’ASN, à 15h samedi 10 février 2024. L’incident n’a pas fait de blessé.

Les eaux utilisées pour éteindre l’incendie ont été récupérées et stockées dans un réservoir avant analyses. En effet, outre les poudres des extincteurs, elles se sont chargées de matières en suspension et d’éléments chimiques provenant de la combustion du transformateur. Leur rejet dans l’environnement aurait pu provoquer une pollution. Le réseau d’eau pluvial, qui récupère via les caniveaux tout ce qui est déversé sur les voiries et qui est directement relié à la nature (en l’occurrence la Loire), a lui aussi été bouché au cas où le réservoir déborderait. L’Autorité de sûreté précise qu’elle veillera à ce que l’industriel effectue les contrôles nécessaires avant de ré-ouvrir le réseau et de rejeter dans l’environnement ces eaux souillées par l’accident. N’oublions pas toutefois qu’un incendie d’équipement électrique génère aussi des pollutions atmosphériques (fumées et émanations toxiques).

L’incendie a provoqué l’arrêt automatique du réacteur 3. Les systèmes dits de protection, qui surveillent l’activité du réacteur pour détecter les problèmes de fonctionnement, se sont déclenchés lorsque le réacteur a été privé d’électricité (ces systèmes de protection et d’autres essentiels, comme l’éclairage en salle de commande, sont alimentés en électricité par des groupes électrogènes de secours qui tournent au diesel). Le réacteur 4 a lui aussi été arrêté, volontairement, car il partage plusieurs équipements avec le réacteur 3. Il est probable qu’il ne soit pas redémarré immédiatement, étant donné qu’il devait être mis à l’arrêt la semaine suivante pour changer son combustible.
Le réacteur 1 étant arrêté pour sa 4ème visite décennale (un arrêt de plusieurs mois pour ausculter les circuits, vérifier leur conformité, les remettre en état et faire plusieurs modifications des équipements), il n’y a plus à la centrale de Chinon qu’un seul réacteur (sur quatre) qui produit de l’électricité.

L’incident survenu le 10 février ne met pas en jeu de radioactivité, le feu ayant pris en dehors de la zone nucléaire. Mais un incendie sur un transformateur électrique ne se déclenche pas sans raison. Il faut une fuite d’huile sur des parties chaudes ou un court-circuit, il faut un dysfonctionnement important. Mauvaise maintenance ? Manque d’entretien ? À quand remonte la dernière visite sur ce transformateur électrique ?
Pour mémoire, cet incendie survient à peine deux semaines après qu’une fuite radioactive se soit produite sur ce site nucléaire. À cause d’une vanne qui n’était plus étanche sur le circuit qui collecte les gaz radioactifs produits dans les réacteurs. Un circuit de haute importance donc, mais qui n’a manifestement pas reçu tout le soin que EDF est censé lui accorder pour éviter les rejets accidentels dans l’environnement. En est-il de même avec le transformateur électrique ? Y aurait-il un manque de moyens alloués à la maintenance, ou un manque de rigueur et de compétences sur le site nucléaire ? Espérons que l’Autorité de sûreté ira aussi investiguer de ce côté, et ne se contentera pas de vérifier que l’industriel a bien analysé les eaux souillées par l’incendie avant de les déverser dans le fleuve d’à côté.

Ce que dit EDF :

Mise en œuvre d’un PUI incendie hors zone contrôlée à la centrale de Chinon

Publié le 10/02/2024

Samedi 10 février 2024, vers 2h40, un feu s’est déclaré à la centrale nucléaire de Chinon, au niveau du transformateur principal de l’unité de production numéro 3, situé hors zone nucléaire. L’unité de production numéro 3 de la centrale nucléaire de Chinon s’est arrêtée automatiquement, conformément aux dispositifs de sûreté et de protection du réacteur.

Les équipements incendie nécessaires à l’extinction du feu se sont mis en service. Les équipes d’intervention de la centrale se sont immédiatement rendues sur place, et conformément aux procédures, les secours extérieurs ont été appelés. Le feu a été éteint par les équipements fixes prévus à cet effet sans intervention directe des pompiers. Ces derniers ont lancé une reconnaissance indépendante qui a permis de confirmer le feu éteint.

Cet incident n’a pas d’impact sur la population. Il n’y a pas de blessé, ni d’impact sur l’environnement. L’eau utilisée pour l’extinction du feu a été collectée par un réseau dédié. Le réseau de collecte d’eau pluviale a été isolé à titre préventif. Aucun rejet dans l’environnement n’a été réalisé.

Les unités de production 3 et 4 sont appairées, un diagnostic technique des éventuels impacts sur l’unité n°4, de la situation rencontrée sur l’unité n°3, a été réalisé. Il a conduit à décider de la mise à l’arrêt préventif de l’unité n°4.

Les unités de production n°3 et n°4 sont à l’arrêt en toute sûreté.

L’unité de production numéro 4 étant en fin de cycle de combustible, et sa visite partielle étant prévue le samedi 17 février prochain, ses modalités de redémarrage devront faire l’objet d’une analyse particulière.

L’Autorité de Sûreté Nucléaire a été informée de l’évènement, ainsi que la Préfecture d’Indre et Loire.

Un plan d’Urgence Interne Incendie Hors Zone Contrôlée déclenché à 3h20 a été levé à 15h00 après concertation et validation avec l’ASN.

Une partie des équipes d’intervention de la centrale est restée sur site pour finaliser le diagnostic de l’évènement et préparer la maintenance à engager.

L’unité de production numéro 2 est actuellement à disposition du réseau électrique. L’unité de production numéro 1 est en arrêt programmé pour sa visite décennale des 40 ans depuis le 7 février dernier.

https://www.edf.fr/la-centrale-nucleaire-de-chinon/les-actualites-de-la-centrale-nucleaire-de-chinon/mise-en-oeuvre-dun-pui-incendie-hors-zone-controlee-a-la-centrale-de-chinon


Ce que dit l’ASN :

Plan d’urgence interne déclenché à la suite d’un incendie à la centrale nucléaire de Chinon (Indre et Loire)

Publié le 10/02/2024

Note d’information

Le 10 février 2024 à 3h29, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a été informée par EDF qu’un plan d’urgence interne était déclenché par la centrale nucléaire de Chinon dans le département d’Indre et Loire (37) en raison d’un feu déclaré du transformateur principal du réacteur 3, situé hors zone contrôlée.

La perte de l’alimentation électrique externe principale du réacteur 3, à la suite de ce feu, a entrainé l’arrêt automatique du réacteur. Les équipements incendie nécessaires à l’extinction du feu se sont mis en service. Les équipes d’intervention de la centrale se sont immédiatement rendues sur place, et conformément aux procédures, les secours extérieurs ont été appelés. Le feu est actuellement éteint et sous surveillance.

Les procédures prévoient que les eaux d’extinction soient récupérées dans une rétention afin de ne pas être rejetées dans l’environnement et que le réseau de recueil des eaux pluviales, commun aux réacteurs 3 et 4, soit isolé de façon préventive, pour garantir qu’un éventuel débordement de cette rétention n’aura pas d’incidence sur l’environnement. Cet isolement a conduit à la mise à l’arrêt préventive du réacteur 4.

L’équipe d’astreinte de l’ASN a suivi cet événement tout au long de son déroulement, en lien avec son appui technique l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), afin de contrôler le bien-fondé des actions mises en œuvre par l’exploitant et de vérifier l’absence d’incidence sur l’environnement et la population. L’ASN sera attentive au contrôle du réseau des eaux pluviales sur les réacteurs 3 et 4 et examinera, en lien avec EDF et l’IRSN, les conditions de levée du plan d’urgence interne, afin d’autoriser sa levée.

***

La centrale nucléaire de Chinon est située sur le territoire de la commune d’Avoine dans le département d’Indre-et-Loire, en rive gauche de la Loire. Elle comporte deux paires de réacteurs (B1 - B2 et B3 - B4) du type REP, qui sont situés au sud du site de Chinon. Chaque réacteur a une puissance électrique de 900 MWe et appartient au palier CP2. Les réacteurs B1 et B2 constituent l’installation nucléaire de base 107. Les réacteurs B3 et B4 constituent l’installation nucléaire de base 132.

https://www.asn.fr/l-asn-informe/actualites/plan-d-urgence-interne-a-la-suite-d-un-incendie-a-la-centrale-nucleaire-de-chinon


Ce que dit l’IRSN :

L’IRSN a activé son organisation de crise à la suite d’un incendie à la centrale nucléaire de Chinon (Indre-et-Loire)

Communiqué de presse - Crise

10/02/2024

L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a activé son organisation de crise le 10 février 2024 à 04h55 après avoir été alerté du déclenchement par EDF d’un plan d’urgence interne à la centrale nucléaire de Chinon suite à un incendie sur le réacteur n°3.

L’événement à l’origine de ce déclenchement est un incendie de transformateur en dehors de la zone contrôlée. L’incendie n’a pas eu de conséquence sur les systèmes de sûreté de l’installation.

Le Centre technique de crise (CTC) de l’IRSN à Fontenay-aux-Roses (92) s’est mis en relation avec EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire, afin d’évaluer la situation et les risques associés pour la population et l’environnement. Les experts de l’IRSN ont suivi le déroulement de l’événement et évalué ses conséquences potentielles. L’incendie est éteint, la situation technique est stabilisée et maîtrisée.

L’événement n’a pas eu d’impact sur la population et l’environnement : le réseau de surveillance en temps réel de la radioactivité de l’environnement de l’IRSN (réseau Téléray) ne montre aucune élévation de radioactivité dans l’environnement. Les données sont consultables sur le site internet https://teleray.irsn.fr.

L’IRSN désactive son organisation de crise mais reste en veille pour le suivi de la situation.

https://www.irsn.fr/actualites/irsn-active-organisation-crise-suite-incendie-centrale-chinon-10022024


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Installation(s) concernée(s)

Chinon

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99