Communiqué du 23 juin 2004
La peste et le choléra
Dans sa tribune du jeudi 3 juin publiée dans Metro, Francis Sorin faisait
mine de craindre la sortie du nucléaire alors que le puissant lobby dont
il est membre est, au contraire, en passe d’imposer la construction d’un nouveau
réacteur nucléaire, l’EPR. Il s’agit là d’un coup de force
antidémocratique, tout comme ce fut le cas pour la construction des 58
réacteurs actuels, à grand renfort de compagnies de CRS et de
gaz lacrymogènes.
Le nucléaire produit certes de grandes quantités d’électricité,
mais il doit être abandonné car ses tares sont trop graves : risques
de catastrophes, production de déchets nucléaires qui vont durer
des centaines de milliers d’années, rejets radioactifs qui touchent les
riverains, etc. Les défenseurs du nucléaire font penser à
ceux qui, autrefois, approuvaient l’esclavage pour ses "avantages"
incomparables (main-d’oeuvre illimitée, gratuite, flexible !) en "oubliant"
son aspect moralement injustifiable. C’est la même chose pour le nucléaire,
qui doit absolument être abandonné... d’autant plus que ses supposés
avantages n’en sont pas :
- l’indépendance énergétique : l’uranium qui nourrit nos
centrales nucléaires est à 100% importé. Où est
le mieux par rapport au pétrole ?
- l’électricité bon marché : la Cour des comptes a reconnu
(rapport public 1998) que la gestion des déchets nucléaires et
le démantèlement des centrales n’étaient pas budgétés :
la facture, immense, est léguée à nos descendants. Par
ailleurs, le contribuable a payé environ
400 milliards d’euros pour le nucléaire depuis quarante ans. Ces sommes
exorbitantes ne
figurent pas sur les factures EDF, ce qui donne l’illusion d’un courant bon
marché. De fait, nous exportons l’électricité nucléaire
à perte... et nous gardons les déchets nucléaires !
- l’emploi : l’Allemagne et l’Espagne, qui développent massivement les
énergies renouvelables, montrent que ces dernières créent,
pour une production identique, quatre fois plus d’emplois que le nucléaire.
Enfin, contrairement à ce que martèle la propagande officielle,
le nucléaire n’est pas la solution pour lutter contre le réchauffement
climatique qui est causé principalement par les transports, l’industrie
et l’agriculture. Les pays riches surconsomment simultanément des énergies
fossiles (pétrole, gaz et charbon) et du nucléaire. Ce dernier
se substitue peu aux énergies qui produisent des gaz à effet de
serre.
Les solutions que nous proposons pour sortir du nucléaire sont justement
les seules qui permettront de lutter réellement contre le réchauffement
climatique : les pays riches doivent réduire fortement leur consommation
énergétique et, dans le même temps, financer le développement
des énergies renouvelables partout sur la planète. Utopique ?
Pas vraiment : notre consommation d’énergie, artificiellement gonflée
par les lobbys pétroliers et nucléaires, peut être réduite
de moitié sans même réduire le niveau de confort. Il est
temps de s’y mettre, et non de construire de nouveaux réacteurs nucléaires.
stephane.lhomme@wanadoo.fr
Porte-parole du réseau Sortir du nucléaire