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Sortir du nucléaire n°59



Novembre 2013

Tous concernés !

Uranium : une Aborigène d’Australie témoigne

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°59 - Novembre 2013

 Uranium et mines


Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Mitch Aranda. D’origine aborigène, je viens d’Alice Springs en Australie. J’ai reçu la permission des anciens pour dénoncer les mines d’uranium et le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Muckaty. L’Australie a envoyé des barres de combustibles pour être retraitées à La Hague, leur retour est prévu d’ici à 2015.

Depuis que je suis en France, je suis stupéfaite par ce que j’apprends et marcher dans ce pays va être des plus poignant en songeant aux 58 réacteurs en activité. En France comme ailleurs, les responsables politiques nous disent que tout est sécurisé. C’est inacceptable d’entendre cela.

 

Tu as rencontré les habitants de la Maison de la Résistance à Bure, quelles sont tes impressions ?

Comme nous, ils sont confrontés à un projet d’enfouissement. L’industrie et le gouvernement se comportent chez vous comme chez nous en achetant les communautés. Des millions sont investis localement pour des infrastructures qui devraient être un droit du citoyen et non liées à un développement économique. Ce sont souvent des zones isolées, le désert australien, une zone agricole vaste et peu peuplée, en France. Peu ont le choix économique de refuser.

Alors que l’Europe est connue pour être une société civilisée, pour porter des standards moraux, lorsque je vois comment ils traitent les gens cela me donne envie de pleurer. Vous n’avez pas de mines mais vous utilisez de l’uranium pour lequel Areva ne paie aucune compensation aux travailleurs contaminés ni pour la destruction de l’environnement. Le matériel irradié est utilisé pour construire des routes, des maisons, des parkings... On ne lègue pas cela à ses enfants, à son peuple, à ses petits-enfants qui devront nettoyer.

 

Areva est-elle présente en Australie ?

Depuis 2009 et l’abrogation d’une loi limitant à trois le nombre de mines en exploitation, Areva a obtenu 120 licences d’exploration. Cela m’effraie quant aux impacts sanitaires et environnementaux. L’industrie a déjà une sale histoire en France, aucun de ses comportements n’a changé malgré de nombreuses lois. En Australie le gouvernement est des plus sympathique avec l’industrie minière en lui fournissant de l’eau à volonté (plus de 40 millions de litres d’eau par jour à Olympic Dam !), de l’essence détaxée, des infrastructures routières et ce sans bénéficier d’aucun retour sur les profits de la compagnie.

 

As-tu un message aux Français ?

J’encourage les Français à rester attentifs quant au retour des déchets australiens afin qu’ils ne soient pas enterrés sur les terres aborigènes. Que les droits de mon peuple soient respectés selon les conventions internationales. Nous ne voulons pas les recevoir si c’est pour les enfouir.

 

Un message à ta communauté ?

J’appelle à ne jamais croire ni le gouvernement ni l’industrie minière ou nucléaire. Informez-vous sur ces compagnies et sur ce qu’elles sont capables de mettre en œuvre pour obtenir ce qu’elles veulent. Le minage de l’uranium est une activité très dangereuse. Nous ne sommes pas moralement responsables de la fourniture d’énergie pour des pays qui ne font pas attention à leur exigeante consommation. Nous devons arrêter l’exploitation en Australie comme ailleurs. Il nous faut en urgence utiliser les autres sources d’approvisionnement énergétique disponibles.

 

Pour conclure ?

Je suis ravie d’avoir découvert la France et rencontré une si large variété de personnes et de groupes antinucléaires très bien organisés. Malgré l’omniprésence policière, ils ne sont pas effrayés et manifestent, donnent leur avis. Le fait qu’une opposition au nucléaire existe depuis 40 à 50 ans me donne la force de continuer à lutter localement comme au niveau international. Il nous faut dénoncer ici ce qui se passe en Australie et là-bas ce qui se passe en France. Raconter la réalité.

L’uranium n’est pas raciste. Il se moque de savoir si vous êtes riche ou pauvre. Où vous vivez. À la fin, il l’emportera.

 

Interview d’Aranda Mitch par Bilbo Taylor Traduction par Jocelyn Peyret

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Mitch Aranda. D’origine aborigène, je viens d’Alice Springs en Australie. J’ai reçu la permission des anciens pour dénoncer les mines d’uranium et le projet d’enfouissement de déchets nucléaires à Muckaty. L’Australie a envoyé des barres de combustibles pour être retraitées à La Hague, leur retour est prévu d’ici à 2015.

Depuis que je suis en France, je suis stupéfaite par ce que j’apprends et marcher dans ce pays va être des plus poignant en songeant aux 58 réacteurs en activité. En France comme ailleurs, les responsables politiques nous disent que tout est sécurisé. C’est inacceptable d’entendre cela.

 

Tu as rencontré les habitants de la Maison de la Résistance à Bure, quelles sont tes impressions ?

Comme nous, ils sont confrontés à un projet d’enfouissement. L’industrie et le gouvernement se comportent chez vous comme chez nous en achetant les communautés. Des millions sont investis localement pour des infrastructures qui devraient être un droit du citoyen et non liées à un développement économique. Ce sont souvent des zones isolées, le désert australien, une zone agricole vaste et peu peuplée, en France. Peu ont le choix économique de refuser.

Alors que l’Europe est connue pour être une société civilisée, pour porter des standards moraux, lorsque je vois comment ils traitent les gens cela me donne envie de pleurer. Vous n’avez pas de mines mais vous utilisez de l’uranium pour lequel Areva ne paie aucune compensation aux travailleurs contaminés ni pour la destruction de l’environnement. Le matériel irradié est utilisé pour construire des routes, des maisons, des parkings... On ne lègue pas cela à ses enfants, à son peuple, à ses petits-enfants qui devront nettoyer.

 

Areva est-elle présente en Australie ?

Depuis 2009 et l’abrogation d’une loi limitant à trois le nombre de mines en exploitation, Areva a obtenu 120 licences d’exploration. Cela m’effraie quant aux impacts sanitaires et environnementaux. L’industrie a déjà une sale histoire en France, aucun de ses comportements n’a changé malgré de nombreuses lois. En Australie le gouvernement est des plus sympathique avec l’industrie minière en lui fournissant de l’eau à volonté (plus de 40 millions de litres d’eau par jour à Olympic Dam !), de l’essence détaxée, des infrastructures routières et ce sans bénéficier d’aucun retour sur les profits de la compagnie.

 

As-tu un message aux Français ?

J’encourage les Français à rester attentifs quant au retour des déchets australiens afin qu’ils ne soient pas enterrés sur les terres aborigènes. Que les droits de mon peuple soient respectés selon les conventions internationales. Nous ne voulons pas les recevoir si c’est pour les enfouir.

 

Un message à ta communauté ?

J’appelle à ne jamais croire ni le gouvernement ni l’industrie minière ou nucléaire. Informez-vous sur ces compagnies et sur ce qu’elles sont capables de mettre en œuvre pour obtenir ce qu’elles veulent. Le minage de l’uranium est une activité très dangereuse. Nous ne sommes pas moralement responsables de la fourniture d’énergie pour des pays qui ne font pas attention à leur exigeante consommation. Nous devons arrêter l’exploitation en Australie comme ailleurs. Il nous faut en urgence utiliser les autres sources d’approvisionnement énergétique disponibles.

 

Pour conclure ?

Je suis ravie d’avoir découvert la France et rencontré une si large variété de personnes et de groupes antinucléaires très bien organisés. Malgré l’omniprésence policière, ils ne sont pas effrayés et manifestent, donnent leur avis. Le fait qu’une opposition au nucléaire existe depuis 40 à 50 ans me donne la force de continuer à lutter localement comme au niveau international. Il nous faut dénoncer ici ce qui se passe en Australie et là-bas ce qui se passe en France. Raconter la réalité.

L’uranium n’est pas raciste. Il se moque de savoir si vous êtes riche ou pauvre. Où vous vivez. À la fin, il l’emportera.

 

Interview d’Aranda Mitch par Bilbo Taylor Traduction par Jocelyn Peyret



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