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Sortir du nucléaire n°54



Eté 2012

Une avalanche de bonnes pratiques

Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°54 - Eté 2012

 Maîtrise de l’énergie


Les collectivités américaines ne sont pas réputées pour être des modèles de sobriété énergétique. Et jusqu’à l’hiver 2008, Juneau ne faisait pas exception à la règle. En hiver, les 31 000 habitants de la capitale de l’État d’Alaska consomment, bon an, mal an, leur millier de MWh/jour. Tout allait bien, dans cette ville coincée entre le mont Juneau et le Pacifique, jusqu’au 16 avril 2008. Ce jour-là, une avalanche emporte la seule ligne de transport d’électricité alimentant la ville. Immédiatement, les groupes électrogènes se mettent en route. Problème : en ce printemps 2008, le prix du gazole atteint des sommets. Alaska Electric Power & Light, l’électricien local, va donc devoir augmenter ses tarifs, le temps de la réparation. Pour ses clients, cela signifie un quintuplement du prix du kWh (de 11c à 50c/kWh). Insupportable, pour une ville dont une habitation sur quatre se chauffe à l’électricité.

Un comité de crise se met rapidement en place. Son objectif : déployer une stratégie de réduction de la consommation d’électricité. Sans attendre ses conclusions, les Alaskans réagissent. Les thermostats des radiateurs électriques sont baissés. Les cheminées tournent à plein rendement. On n’éclaire plus que les pièces occupées. Dans les supermarchés, on s’arrache les lampes à basse consommation et les prises multiples dotées d’interrupteur. En quelques jours, la population réduit, d’elle-même, de 10 % sa consommation d’électricité.

Initiatives et campagne de publicité

Conseillé par un expert du ministère fédéral de l’Énergie (DOE), le comité de crise lance une campagne en faveur des économies d’électricité. Sous la marque "Juneau, la débranchée" (Juneau Unplugged), elle délivre dans les journaux et sur toutes les chaînes de radios et de télévision (et en plusieurs langues) des conseils simples pour diminuer la demande de courant : réduire la température des chauffe-eau électriques, débrancher les chargeurs d’appareils nomades après utilisation, éteindre la lumière des pièces inoccupées et du jardin. Bombardant l’économie d’électron au rang de valeur morale et patriotique, le Juneau Economic Development Council (JEDC) encourage les commerçants à plonger dans le noir leur boutique sitôt le rideau de fer baissé. Le JEDC milite également pour que chacun modère sa consommation d’eau. Fondamental, dans une cité où l’adduction et l’assainissement sont les deux plus gros postes de consommation d’électricité. Important pôle touristique régional (500 000 visiteurs par an), Juneau demande aussi aux compagnies de ferries (la ville n’est accessible que par avion et par bateau) d’avertir leurs passagers de la situation énergétique locale.

Une consommation réduite de 40 %

Montée à la hâte, cette économie de la pénurie électrique porte pourtant rapidement ses fruits. Selon une étude réalisée par le Lawrence Berkeley National Laboratory (LBNL), l’un des laboratoires du DOE, dès le 7 mai, la ville ne consomme plus que 600 MWh par jour. Soit 40 % de moins que le jour de l’avalanche ! Impressionnant si l’on garde à l’esprit que les années précédentes, Juneau voyait croître sa demande d’électricité de 3% par an, en moyenne. Avec six semaines d’avance, la ligne endommagée est finalement remise en service, le 1er juin. Bien évidemment, bon nombre de citoyens oublièrent rapidement leurs bonnes résolutions. Et la consommation repartit à la hausse, sans pour autant atteindre les pics d’antan. Durant le printemps 2009, Juneau consomma 10 % de moins que l’année précédente à pareille époque et à climat comparable. Les bonnes pratiques n’ont pas été jetées avec la fin de l’Energy Crunch. Le 13 janvier 2009, une coulée de neige emporte de nouveau un tronçon de la ligne reliant la capitale au barrage de Snettisham. En quelques heures à peine, la consommation diminua de nouveau de 10 %. Preuve que de salvateurs réflexes ont bien été acquis dans la tourmente électrique.

Valéry Laramée de Tannenberg Agence Terragram

Source : Les Cahiers de Global Chance n°27,

"Du gâchis à l’intelligence – Le bon usage de l’électricité", janvier 2010.

À commander gratuitement (frais de port restant à votre charge) sur notre boutique en ligne https://boutique.sortirdunucleaire.org ou en utilisant le coupon-réponse accompagnant cette revue.

Les collectivités américaines ne sont pas réputées pour être des modèles de sobriété énergétique. Et jusqu’à l’hiver 2008, Juneau ne faisait pas exception à la règle. En hiver, les 31 000 habitants de la capitale de l’État d’Alaska consomment, bon an, mal an, leur millier de MWh/jour. Tout allait bien, dans cette ville coincée entre le mont Juneau et le Pacifique, jusqu’au 16 avril 2008. Ce jour-là, une avalanche emporte la seule ligne de transport d’électricité alimentant la ville. Immédiatement, les groupes électrogènes se mettent en route. Problème : en ce printemps 2008, le prix du gazole atteint des sommets. Alaska Electric Power & Light, l’électricien local, va donc devoir augmenter ses tarifs, le temps de la réparation. Pour ses clients, cela signifie un quintuplement du prix du kWh (de 11c à 50c/kWh). Insupportable, pour une ville dont une habitation sur quatre se chauffe à l’électricité.

Un comité de crise se met rapidement en place. Son objectif : déployer une stratégie de réduction de la consommation d’électricité. Sans attendre ses conclusions, les Alaskans réagissent. Les thermostats des radiateurs électriques sont baissés. Les cheminées tournent à plein rendement. On n’éclaire plus que les pièces occupées. Dans les supermarchés, on s’arrache les lampes à basse consommation et les prises multiples dotées d’interrupteur. En quelques jours, la population réduit, d’elle-même, de 10 % sa consommation d’électricité.

Initiatives et campagne de publicité

Conseillé par un expert du ministère fédéral de l’Énergie (DOE), le comité de crise lance une campagne en faveur des économies d’électricité. Sous la marque "Juneau, la débranchée" (Juneau Unplugged), elle délivre dans les journaux et sur toutes les chaînes de radios et de télévision (et en plusieurs langues) des conseils simples pour diminuer la demande de courant : réduire la température des chauffe-eau électriques, débrancher les chargeurs d’appareils nomades après utilisation, éteindre la lumière des pièces inoccupées et du jardin. Bombardant l’économie d’électron au rang de valeur morale et patriotique, le Juneau Economic Development Council (JEDC) encourage les commerçants à plonger dans le noir leur boutique sitôt le rideau de fer baissé. Le JEDC milite également pour que chacun modère sa consommation d’eau. Fondamental, dans une cité où l’adduction et l’assainissement sont les deux plus gros postes de consommation d’électricité. Important pôle touristique régional (500 000 visiteurs par an), Juneau demande aussi aux compagnies de ferries (la ville n’est accessible que par avion et par bateau) d’avertir leurs passagers de la situation énergétique locale.

Une consommation réduite de 40 %

Montée à la hâte, cette économie de la pénurie électrique porte pourtant rapidement ses fruits. Selon une étude réalisée par le Lawrence Berkeley National Laboratory (LBNL), l’un des laboratoires du DOE, dès le 7 mai, la ville ne consomme plus que 600 MWh par jour. Soit 40 % de moins que le jour de l’avalanche ! Impressionnant si l’on garde à l’esprit que les années précédentes, Juneau voyait croître sa demande d’électricité de 3% par an, en moyenne. Avec six semaines d’avance, la ligne endommagée est finalement remise en service, le 1er juin. Bien évidemment, bon nombre de citoyens oublièrent rapidement leurs bonnes résolutions. Et la consommation repartit à la hausse, sans pour autant atteindre les pics d’antan. Durant le printemps 2009, Juneau consomma 10 % de moins que l’année précédente à pareille époque et à climat comparable. Les bonnes pratiques n’ont pas été jetées avec la fin de l’Energy Crunch. Le 13 janvier 2009, une coulée de neige emporte de nouveau un tronçon de la ligne reliant la capitale au barrage de Snettisham. En quelques heures à peine, la consommation diminua de nouveau de 10 %. Preuve que de salvateurs réflexes ont bien été acquis dans la tourmente électrique.

Valéry Laramée de Tannenberg Agence Terragram

Source : Les Cahiers de Global Chance n°27,

"Du gâchis à l’intelligence – Le bon usage de l’électricité", janvier 2010.

À commander gratuitement (frais de port restant à votre charge) sur notre boutique en ligne https://boutique.sortirdunucleaire.org ou en utilisant le coupon-réponse accompagnant cette revue.



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